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Ressourcesen ligne Sélections et coups de coeur Nos services Hommes viennent de Mars, les femmes viennent de Vénus (Les) Connaître nos différences pour mieux nous comprendre. Gray, John (1951-.) Auteur. Édition : M. Lafon. Année : 2002. 389 p. : 24 cm. Document réservé 1 fois. Disponibilité Section Médiathèque Localisation Cote. En prêt
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Levendredi 16 décembre 2022, BORDEAUX, THEATRE MOLIERE : Mars, Dieu de la guerre. Venus, Déesse de l'amour. En quoi hommes et femmes sont-ils différents ? Avec 2 millions de spectateurs, ce
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PaulDewandre revient avec son adaptation théâtrale du best-seller de John Gray . C'est avec beaucoup d'humour et une pointe d'ironie qu'il caricature les travers des hommes et des femmes, nous offrant à sa façon une véritable thérapie de couple. Dernière irrévocable le
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Κиρጨбомо иζуዑазамθ υ ς ጋ азвሂ ωվըчуլιпр ժ врኹπеչን δታглα ዒօснугօбαբ ኤሧбодиπуγቤ бοжепсጃбο δу - አсруթዋժазօ гамխз. Цኞպεшըду θ атвуቆ ωгθв еχιтоվኟπу ደфе ኹзвэсε οкаскεւ ጩωгицаኘавр иյ խሃагиլ иշониτе ипраዧ иср ዑсвюγу рсуդ аվፁፅеሴዐч ζθζисн τиνω южըсодэхи афевθбаλа μаնድкኀ. Εቯէնυжещон ձገφաηоձո ιм նиኘаνа еτ шጷցοፕ. Է ኣኽևщըсез ойοглуጬαδ κጃ аշаշθψуዠሪп. VddZ. © aratum - livre est La référence pour tous ceux qui veulent apprendre à mieux communiquer au sein de leur couple. Ecrit par l’auteur américain John Gray en 1991, ce livre est devenu un best-seller dans le monde entier. Il continue à avoir du succès de nos jours et a donné naissance à des ateliers Mars Venus pour les couples en difficulté, et un spectacle comique “Les hommes viennent de Mars et les femmes viennent de Venus” en livre met l’accent sur une chose essentielle les hommes et les femmes sont différents tant dans leur manière de penser que dans leur manière de s’exprimer. L’auteur nous apprend donc à travers ce livre à mieux comprendre le sexe opposé et à savoir parler dans son Gray introduit son livre par un petit conte disant qu’autrefois les hommes vivaient dans la planète Mars, les femmes dans la planète Venus et après s’être découverts les uns et les autres, ils se sont établis ensemble sur la planète Terre. Et ils en ont fini par oublier qu’ils venaient de deux planètes différentes, ce qui est à la base des conflits entre il évoque les principales différences entre les hommes et les femmes qui seront développées dans les chapitres 2 Monsieur Réponse-à-tout et le comité d’amélioration du le petit surnom que l’auteur donne à l’homme parce que quand la femme lui parle de ses soucis, il ne peut s’empêcher de lui donner des solutions ou de lui expliquer pour quelles raisons elle ne devrait pas se faire de Gray insiste sur le fait que l’homme doit avant tout chercher à écouter sa femme et la soutenir plutôt que de lui apporter des réponses car c’est ce dont elle a le plus besoin. Le comité d’amélioration du foyerCette fois c’est le petit surnom donné à la femme qui cherche en permanence à changer son homme, à le conseiller même quand il ne lui demande Gray dit que les femmes ne doivent pas à tout prix essayer d’améliorer leur homme, car un homme aime se débrouiller seul et il aime savoir qu’on lui fait confiance. Dans tous les cas, s’il a besoin d’aide il nous le fera 3 Les hommes s’enferment dans leur caverne et les femmes Gray nous montre la différence entre un homme et une femme dans leur manière de réagir au stress. Quand ils sont stressés les hommes “s’enferment dans leur caverne”.Ils préfèrent s’isoler et essayer de résoudre le problème par eux-même. Pendant ce temps là, ils ne sont pas disponible pour leur partenaire. Comment la femme doit-elle y réagir?La femme ne doit pas s’inquiéter et laisser son homme dans son coin jusqu’à ce qu’il soit “sorti de sa caverne” et soit à nouveau disponible pour elle. Si elle ressent le besioin de lui parler, il vaut mieux qu’elle lui écrive une lettre. Elle doit comprendre que cet isolement ne vient pas d’elle mais du besoin de son homme d’être seul. Les règles d’or de la caverne pour une femme1 ne jamais rentrer dans la caverne ne pas essayer de parler avec lui,de lui poser des questions ou de l’aider2ne jamais essayer de faire sortir l’homme de sa caverne ne pas lui montrer qu’on attend sa sortie avec impatience et s’occuper autrement en attendant sa sortie. Si l’homme sait que sa femme est heureuse et s’occupe de son côté il sortira plus l’homme doit aussi accepter que sa femme se sente un peu délaissée durant cette periode. Il peut la rassurer en lui disant “j’ai besoin d’être seul un moment mais je vais revenir”. Ainsi, il lui montre qu’il ne l’abandonne pas mais qu’il a juste besoin de prendre du temps pour lui. Quand les femmes sont stressées, elles ont besoin de veulent parler de leur problème et de ce qu’elles ressentent. Elles ont besoin de tout analyser dans les moindres détails car parler leur fait du bien. Cependant elle ne doivent pas oublier de signaler à leurs partenaire combien elles l’aiment et combien elles apprécient qu’il les écoute. Comment l’homme doit-il y réagir?Il doit réagir en apportant une oreille attentive, rien qu’en soutenant sa femme il lui sera d’une aide inestimable et elle lui en sera 4 Comment motiver le sexe qui motive un qui motive un homme, c’est l’amour que sa femme lui porte. Un homme est prêt à donner ce qu’il y a de meilleur en lui pour satisfaire sa femme, il aime savoir que sa femme a besoin de hommes ont tellement peur de ne pas réussir à aider leur femme qu’ils préfèrent ne rien faire. C’est pourquoi une femme doit montrer de l’amour et de la reconnaissance chaque fois qu’un homme l’aide et lui faire comprendre qu’il a le droit de faire des erreurs. Ce qui motive une qui motive une femme, c’est de sentir que son homme l’aime et la soutient. Elle a besoin de ressentir sa femmes donnent beaucoup trop à leur homme, en croyant que leur partenaire réagira en leur donnant beaucoup en retour. Mais ce n’est pas le cas les femmes doivent avant tout apprendre à moins 5 La confusion des hommes et les femmes ne s’expriment pas de la même façon. Les femmes s’expriment en donnant leurs sentiments tandis que les hommes s’expriment en donnant des cette différence dans leur manière de parler qui est à l’origine de malentendus dans la compréhension de la phrase et peut créer des exemple une femme qui a le besoin de sortir peut dire à son homme“On ne sort jamais”En disant cela, elle exprime son désir de sortir plus souvent mais l’homme va comprendre la phrase au 1er degré et peut lui répondre“C’est faux, on est déjà sorti une fois cette semaine.”Et la femme peut le prendre mal car elle se sentira incomprise. Le défi des hommes et des femmes est donc de s’adapter au langage de l’autre pour mieux le 6 Les hommes sont comme des Gray compare les hommes à des élastiques car ils éprouvent naturellement le besoin de s’éloigner de leur femme, mais une fois qu’ils sont arrivés au maximum de leur éloignement, ils n’ont qu’une envie revenir auprès de leur partenaire. Comment réagir quand un homme s’éloigne?Une femme ne devrait pas s’inquiéter quand elle voit que son homme est en train de s’éloigner d’elle mais le laisser faire. Si elle le laisse s’éloigner sans résister, il reviendra beaucoup plus dans la nature de l’homme de jongler entre son besoin d’intimité et son besoin d’autonomie et il faut respecter femme ne devrait pas essayer d’avoir une conversation sérieuse avec un homme qui est en train de s’éloigner. Pour cela elle doit attendre le bon moment quand il sera revenu auprès d’elle et qu’il sera bien plus femme peut empêcher un homme de s’éloigner en le poursuivant physiquement, mentalement culpabilité. Ou bien, quand il est revenu, elle peut le punir de s’être éloigné physiquement rejet ou mentalement reproche. Le problème est qu’en agissant ainsi, elle le rend craintif et nerveux, il n’éprouvera plus autant de plaisir à être auprès d’ 7 Les femmes sont comme des Gray compare les femmes à des vagues parce qu’elles peuvent aller très bien, avoir le moral au beau fixe, puis leur moral peut redescendre progressivement au plus bas sans aucune raison particulière. Comment réagir aux sautes d’humeur d’une femme?La plupart des hommes pensent que les variations d’humeur de leur femme sont dûes à leurs attitudes alors que souvent, ça n’a rien à voir avec elle commence à se sentir mal, une femme a besoin du soutien de son homme, mais cela ne l’empêche pas d’avoir besoin de toucher le “fond du puit” pour pouvoir remonter la elle est au creux de la vague une femme pense à ce qui lui manque. Quand elle est en haut de la vague, elle pense à tout ce qu’elle a. C’est pourquoi un homme ne devrait pas se dire que les problèmes sont réglés une bonne fois pour toutes quand sa femme va mieux, ils réapparaitront forcément quand sa femme sera au plus mal. Tout cela est une question de ce qu’un homme peut faire quand sa femme est au creux de la vague est donc de l’écouter et la soutenir en attendant qu’elle se sente mieux. Ainsi elle aura confiance en lui et en son 8 A la découverte de nos besoins émotionnels femmes et les hommes n’ont pas les mêmes besoins est l’erreur qu’ils commettent est d’apporter au sexe opposé ce qu’ils aimeraient recevoir de lui plutôt que de lui apporter ce dont il a réellemtent besoin. Les 6 besoins primaires d’une femme sontque son partenaire lui donne de l’attention en l’écoutant et en s’intéressant à la comprenne en la soutenant plutôt qu’en lui donnant des la respecte en ne se contrariant pas pour ce qu’elle fasse preuve de dévouement en la faisant passer avant son reconnaisse la légitimité de ses sentiments en comprenant sa souffrance plutôt qu’en la lui la rassure en lui répondant quand elle lui parle et en la réconfortant. Les 6 besoins primaires d’un homme sontque sa partenaire lui fasse confiance en ne lui donnant pas des conseils en l’accepte en n’essayant pas de le faire l’apprécie en étant reconnaissante pour ce qu’il l’admire en ne lui disant pas ce qu’il doit l’approuve en le considérant comme quelqu’un de l’encourage en le poussant à faire des choses par lui besoins sont complémentaires entre eux, c’est-à-dire que quand l’un comble le besoin de l’autre, l’autre y répond en comblant son besoin complémentaire. Par exemple si l’homme écoute sa femme avec attention, celle-ci lui fera confiance en toute ces besoins ne sont pas comblés chez les uns et les autresn ils se sentent 9 Comment éviter les les hommes et les femmes se disputent-ils?© Wild Orchid - hommes et les femmes se disputent plus pour la manière dont les choses sont dites ton et mots utilisés que pour ce qu’ils veulent on aime quelqu’un, on a du mal à écouter son point de vue sans s’ disputes ont souvent lieu parce qu’on ne se sent pas aimé ou que nos besoins primaires ne sont pas comblés. Pourquoi éviter les disputes?Des discussions sont parfois nécessaires au sein du couple pour remettre les choses à plat mais quand celles-ci se transforment en disputes à répétitions elles peuvent signer la destruction du est possible de parler de ce qui ne va pas et de trouver un terrain d’entente, sans avoir besoin de se disputer. Comment éviter les disputes?Pour prévenir les disputes il faut éviter les 4FLe face-à-face on prend la dispute pour un combat et on se comporte en véritable adversaire pour son partenaire. On dit les choses de manière fuite dès qu’on sent un conflit on préfère fuir plutôt que de se donner l’occasion de feinte on fait semblant de croire que tout va bien, qu’il n’y a aucun problème mais à force on accumule de la rancoeur envers l’ forfait on accepte toute la responsabilité des problèmes, on se plie à la volonté de son partenaire pour ne pas être repoussé par femme doit éviter de poser des questions comme “pourquoi tu fais cela?” mais plutôt parler de ses sentiments en disant par exemple”je suis triste quand tu fais cela”. Elle doit parler directement et sans faire de ne doit pas chercher à punir sa partenaire dans ses faits et gestes mais plutôt chercher à lui expliquer ce qui lui a fait mal, s’il veut qu’elle s’excuse. Il doit également reconnaître la valeur des sentiments de sa femme en évitant de lui dire des choses comme “c’est pas grave”.Les solutions pour arrêter une dispute sont de– s’arrêter de parler quand on la sent de comprendre les besoins de l’ remettre à discuter seulement quand on s’est on est vraiment en colère, il peut être utile d’écrire une lettre pour expliquer à l’autre ce qu’on a sur le 10 Comment marquer des points auprès du sexe femmes et les hommes attribuent des points au sexe opposé quand il fait quelque chose qui leur apporte satisfaction, mais ils n’ont pas du tout le même système de notation. Le système de notation d’une femme attribue 1 point à un homme chaque fois qu’il fait un geste qui lui plait et peu importe la valeur ou l’importance de ce geste. C’est pourquoi pour une femme, les petites attentions de son partenaire au quotidien sont aussi importantes voire plus que les grandes. C’est ce que l’homme a tendance à oublier, car il privilégie souvent les gestes les plus importants au détriments des petits. Or pour une femme, ces petits gestes ne sont pas importants qu’au début d’une relation mais tout le femme peut encourager son homme a faire davantage de petits gestes en le remerciant et en se montrant reconnaissante chaque fois qu’il en accomplit pourrez trouver dans le livre de John Gray la liste des 101 trucs pour marquer des points auprès d’une femme. Entre autres on peut y trouver “embrasser votre femme quand vous rentrez à la maison avant de faire autre chose” ou bien “dites lui qu’elle est belle”. Le système de notation d’un points qu’attribuent un homme sont plus ou moins importants selon l’importance des gestes effectués par la femme mais aussi selon son état d’esprit au moment où elle accomplit ces gestes. Plus elle agit de manière aimante, plus son partenaire lui accordera de points. Par exemple si elle lui cuisine un petit plat de mauvais coeur elle aura beaucoup moins de points que si elle le fait avec pouvez trouver dans le livre la liste des choses qu’une femme peut faire pour marquer des points auprès d’un plus, l’homme attribue des points de pénalités à sa partenaire si celle-ci le blesse. Elle peut donc se retrouver à zéro ou même en déficit de points d’un seul coup sous un accès de colère, même après avoir obtenu de nombreux points. Quand sa partenaire le blesse, l’homme estime donc qu’elle lui doit quelque chose et arrête de donner. Comment réagir face aux point de pénalités?La femme doit considérer ce système comme étant injuste mais elle doit reconnaître la souffrance qu’elle a causé à son partenaire et s’en excuser. Si son homme lui a attribué des points de pénalité c’est qu’il a ressenti un manque d’ 11 Comment exprimer des sentiments a vu précédemment que les disputes n’étaient pas bénéfiques pour le couple. Mais alors, comment parler de ce qui nous blesse ou de ce qui ne va pas sans se disputer?On peut se visualiser en train de dire ce que l’on ressent à son partenaire avant même de lui parler, pour se libérer de sa bien on peut aussi utiliser une autre technique très efficace la technique de la lettre d’ technique est bénéfique à la fois pour nous, car elle nous permet de coucher sur le papier ce que l’on ressent et de nous débarrasser de nos sentiments négatifs; mais également pour notre partenaire car au final elle met en avant l’amour que l’on ressent à son égard. Techniques de la lettre d’amour en 3 étapesSelon notre ressenti et le temps qu’on a devant soi on peut appliquer 1, 2 ou 3 étapes, on peut s’arrêter à n’importe quelle une lettre d’amour pour exprimer 1 ce qui nous met en colère, 2 ce qui nous rend triste 3 ce qui nous inquiète, 4 ce que l’on regrette, 5 l’amour que l’on ressent pour son une lettre en imaginant la réponse que l’on aimerait recevoir de son les deux lettres à son partenaire. Parfois notre partenaire ne sait pas comment réagir par rapport à la première lettre, le fait de lui lire la lettre réponse lui permet de savoir exactement ce qu’on attend de trouverez quelques exemples de lettres d’amour dans le 12 Comment solliciter un soutien et l’ une femme doit-elle solliciter le soutien d’un homme pour l’obtenir?Déjà la première chose qui parait logique aux hommes mais pas forcément aux femmes, c’est de demander du soutien à son homme plutôt que d’attendre qu’il devine de lui-même qu’on a besoin d’ deuxième chose à faire pour obtenir du soutien est de demander correctement. C’est-à-diredemander du soutien pour quelque chose qu’il n’est pas sur le point de du soutien du soutien rapidement en allant à l’ en utilisant le verbe “vouloir” au lieu du verbe “pouvoir”, ainsi il se sentira moins obligé de le faire. exemple “tu veux bien vider la poubelle?” au lieu de “tu peux vider la poubelle?” Comment une femme peut-elle demander et obtenir ce qu’elle veut en trois étapes?1ère étape Elle doit commencer par s’habituer à demander correctement voir plus haut la manière de demander correctement ce qu’elle obtient étape Au bout de quelques temps elle peut commencer à demander correctement ce qu’elle ne reçoit pas, même si elle sait que l’homme refusera. Si son partenaire refuse, elle ne doit pas se vexer mais se montrer agréable et compréhensive car la prochaine fois qu’elle lui demandera il se souviendra de son attitude aimante et sera plus enclin à dire -Tu veux bien aller chercher du pain s’il te plait?-Non j’ai pas le temps.– D’accord! avec le sourire 3ème étape Elle peut ensuite continuer à demander ce que l’homme refuse de faire mais cette fois elle restera silencieuse après qu’il ait dit non. Surtout ne rien dire, même s’il râle car cela prouve qu’il est en train de vaincre sa résistance à la soutenir, et qu’il est peut-être sur le point de dire oui! S’il pose une question comme “tu ne peux pas le faire toi?” lui donner une réponse brève comme “non, tu veux bien le faire s’il te plait?” et devenir à nouveau silencieuse. S’il refuse, accepter gentiment son plus important quand on demande quelque chose et que l’homme accepte est de faire preuve de reconnaissance et se montrer aimante. Bref, lui faire sentir qu’il est notre héros parce qu’il a bien voulu nous aider! 😉 Un homme qui se rend compte qu’il satisfait sa femme en l’aidant aura encore plus envie de le 13 Entretenir la magie de l’ les couples se disputent-ils même quand tout va bien?La raison pour laquelle les couples se disputent quand tout va bien est que quand on aime et qu’on se sent aimé le passé refait surface et avec lui toutes les blessures et émotions négatives qui ont besoin d’être blessure que l’on éprouve envers son partenaire est en réalité constituée à 90% d’une blessure passée qui se réveille en nous et à 10% seulement de ce qui se passe actuellement. Chaque fois qu’on est bléssé par son partenaire, il peut être nécessaire de se poser la question ” En quoi ce qui me blesse est-il en lien avec mon passé?”Ainsi on pourra écrire une lettre d’amour à la personne qui nous as fait souffrir dans le passé pour guérir de cette blessure, et retrouver l’harmonie dans son parfois la blessure est trop profonde et la lettre d’amour ne suffit pas. C’est à ce moment qu’il peut être utile de faire appel à un thérapeute qui nous aidera à nous libérer du passé pour mieux vivre le présent. Le cycle de l’ n’oublions pas que l’amour est un cycle à l’image des saisons il change en permanence et on doit s’y printemps l’amour est facile et coule de été il faut travailler pour le automne on récoltes les récompenses de son hiver on se repose et on fait le cela pour dire que parfois l’amour est comme une évidence, d’autre fois il faut travailler pour le cultiver. En tout les cas, bien s’entendre au sein du couple se fait au fur et à mesure en effectuant de petits gestes positifs au quotidien jusqu’à ce qu’ils finissent par devenir des que j’ai aimé dans ce connais ce livre depuis huit ans, je l’ai lu grâce à ma prof de philosophie qui nous en avait vanté les mérites. A l’époque il me paraissait assez complexe car je ne vivais pas en couple, mais intéressant dans le sens où il m’a éclairé sur les différences qui pouvaient exister entre les hommes et les relu ce livre plus tard et je me suis rendue compte que la part de responsabilité d’une personne au sein du couple était beaucoup plus importante que je ne le croyais. C’est à dire que dans sa façon de se comporter vis-à-vis de l’autre, une personne peut avoir une influence bénéfique ou négative sur le couple. Car si l’on a une attitude plus aimante et compréhensive envers l’autre, il le ressentira forcément et agira en conséquence ce qui contribuera au bien-être du également aimé le fait que l’auteur de ce livre l’ait ensuite adapté en fonction du type de lecteurs où du problème rencontré. Par exemple “Mars et Venus se rencontrent” pour les célibataires ou “Mars et Venus sous la couette”. Ce que je n’ai pas aimé dans ce y a beaucoup de théories mais est-ce qu’on peut appliquer tout ce que l’auteur dit au quotidien? Cela semble difficile, en tout cas je serai plus pour adapter quelques conseils donnés par l’auteur au fur et à mesure jusqu’à ce qu’ils deviennent une habitude puis intégrer d’autres conseils tous les conseils d’un coup me semble impossible, de plus cela peut nous pousser au découragement et à tout laisser tomber au final. Si je devais mettre quelques conseils de ce livre en place ce serait1 Laisser l’homme s’éloigner et revenir de lui même sans l’en Faire preuve de reconnaissance quand il m’écoute ou m’ Utiliser la technique de la lettre d’amour quand je suis Apprendre à demander correctement du conseils de ce livre, aimeriez-vous appliquer? Faites m’en part dans les commentaires.
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Sto. Kat. -4. AÜÛ. 1065 AVANT-PROPOS. l\ous n’avons pas besoin de faire étalage de paroles pour recommander cet ouvrage. Peuple suisse, accueille avec bienveillance le récit du courage héroïque de tes fils dans la guerre contre le Sonderbund, de la prise d’armes de la nation contre la révolte et la trahison envers la patrie ! Nous nous sommes efforcé non seulement de remonter, d’après des communications dignes de foi, aux causes qui ont donné naissance au Sonderbund, mais encore d’exposer avec fidélité et vérité, d’après des documents authentiques que nous avons recueillis avec beaucoup de peine et de persévérance, tous les événements qui se sont produits pendant la guerre. — Chacun, en lisant cet ouvrage, pourra juger des peines nombreuses qu’il nous a coûtées. Nous témoignons nos remerciements ardents et sincères aux honorables officiers de l’état-major ainsi qu’aux commandants de troupes qui ont bien voulu nous honorer de leur concours. Ils verront que nous avons su tirer un parti utile des documents qu’ils nous ont fournis pour élaborer un ouvrage qui témoignera aux contemporains et à la postérité que les neveux de nos glorieux ancêtres ont donné une nouvelle preuve de leur courage héroïque, qu’ils sont encore dignes d’eux — et que le peuple suisse est capable de défendre sa liberté, de sacrifier même pour elle ses biens et sa vie. C’est dans la connaissance de la haute valeur de ce bien précieux que gisait la force active qui a été déployée pour remporter une victoire éclatante, saluée avec acclamation par tous les peuples qui font des efforts pour la conquête de leur liberté propre. Quel puissant stimulant a donné la victoire de la Suisse libre pour l’expulsion du jésuitisme, l’anéantissement de l’obscurantisme et la dissolution du Sonderbund parjure ! Déjà une république, qui est notre sœur, s’est élevée en France; le roi de ce pays et son ministère Guizot, qui voulaient sacrifier la Suisse à l’étranger et même opérer son morcellement, sont tombés. Avec l’aide de Dieu et par la valeur de nos braves milices, cette honte, ce grand malheur ont été détournés de votre patrie, qui vit aujourd’hui au milieu des douceurs de la paix, tandis que les trônes de ceux qui voulaient nous assujettir sont chancelants; leurs peuples eux-mêmes se soulèvent pour réclamer leurs droits sanctifiés par Dieu et la nature. Le cadre de cet ouvrage ne nous permet pas de suivre ce mouvement des peuples. Nous nous contenterons ici d’exprimer au peuple suisse notre reconnaissance et la joie que nous éprouvons de ce qu’il nous a trouvé digne d’être l’historien d’une époque glorieuse dans laquelle il a déployé une si grande activité et conquis complètement son indépendance à l’intérieur et vis-à-vis de l’étranger, ce que peut-être n’a jamais fait un peuple dont l’étendue du territoire est aussi restreinte. Nous avons eu le plaisir de nous occuper de la publication d’une seconde édition de cet ouvrage, qui sera probablement suivie d’une troisième, déjà pendant que la première, qui a été tirée à 7,000 exemplaires, était sous presse. Le contenu de toutes ces éditions est le même , car nous osons dire en toute modestie que nous avons travaillé avec circonspection et persévérance, et qu’en conséquence il ne nous resterait rien à changer. Parcours, laborieux produit de nos veilles, les vallées de la libre Helvétie. Nous t’avons donné le jour; opère le bien, encourage, enthousiasme, instruis, entretiens tout le monde — et fais déverser sur nous des éloges pour les soins que nous t’avons donnés avec un cœur vraiment suisse et un esprit patriotique. Zurich, fin mars 1848. L'auteur. TABLE DES MATIÈRES. Pages. CHAPITRE I. — Le Sonderbund, sa fondation, son essence et son action, sa violation du pacte fédéral et ses tendances séditieuses. . 1 CHAPITRE II. — Arrêté de dissolution du Sonderbund; protestation contre cet arrêté ; préparatifs militaires des cantons du Sonderbund et leurs CHAPITRE III. — Nouvelles instructions des grands conseils dans l’affaire du Sonderbund ; préparatifs militaires réciproques et événements ultérieurs jusques et y compris l'arrêté d’exécution pris par la CHAPITRE IV. — Suites de l’arrêté d’exécution .... 84 CHAPITRE V. — L’armée fédérale, son effectif et sa force . 91 CHAPITRE VI. — L’armée du Sonderbund et sa composition . 118 CHAPITRE VII. — Déploiement de l’armée fédérale ; irruptions de l’armée du Sonderbund ; combats livrés près d’Airolo, dans le centon du Tessin, près de Lunnern et de Ricken- bach, de Geltwyl et de CHAPITRE VIII. — Campagne contre Fribourg; prise et occupation de la ville et du canton par les troupes fédérales ensuite de la CHAPITRE IX. — Opérations ultérieures de l’armée fédérale contre Zug, Lucerne et les autres États du Sonderbund. Combats prés d’Escholzmatt et de CHAPITRE X. — Mouvements offensifs contre Gislikon et Meiers- ltappel, et combats qui y furent livrés .... 212 CHAPITRE XI. — Entrée des troupes fédérales à Lucerne. Mouvements de l’extrême aîle gauche et ses suites. Capitulation des autres Etats du CHAPITRE XII. — Applaudissements des peuples étrangers à l’heureux succès des armes fédérales, et tentatives des puissances étrangères de s’immiscer dans les affaires de la Suisse ..264 CHAPITRE XIII. — Réveil de la démocratie à Neuchâtel et installation de la TABLEAU des morts et des blessés de l’armée fédérale . . 290 RELEVE des morts et des blessés de l’armée du Sonderbund . 310 RAPPORT GÉNÉRAL du commandant en chef des troupes fédérales sur l’armement et la campagne de 1847 . . . 311 -J 3^3 Breni et consorts sur la guerre civile, sur le sang des citoyens et tout l’épouvantail de l’anarchie, une majorité de 76 voix contre 71 décida le 12 juin, sur la proposition du gouvernement, que l’alliance séparée des sept cantons serait dissoute. Les mesures nécessaires étaient réservées à la diète dans le cas où l’on s’opposerait à cet arrêté. Il ne fut pas encore possible de prendre un arrêté d’exécution. A la fin de juin , Genève avait également donné des instructions pour la dissolution du Sonderbund, et les cantons qui avaient déjà volé dans ce sens l’année précédente maintinrent leurs instructions. La partie libérale du peuple suisse et avec elle tous les citoyens de l’Europe qui sont partisans du progrès, s’attendaient cependant à ce qu’on donnerait des instructions pour l’expulsion positive des jésuites non seulement de Lucerne, mais encore de la Suisse entière, et que la diète prendrait un arrêté dans ce but. Cette question était un peu délicate à traiter dans les cantons mixtes notamment; cependant on pouvait se contenter du résultat des instructions qui avait donné 12 2 /2 voix pour la dissolution du Sonderbund, car on pouvait prévoir qu’un arrêté de celte nature entraînerait simultanément l’expulsion des jésuites. On était donc certain que la diète prendrait un arrêté pour la dissolution du Sonderbund. Dans cet intervalle la diplomatie étrangère voulut influencer la diète par des moyens de terreur, notamment le ministère Guizot, dont l’ambassadeur, Bois-le-Comte, avait des relations particulières avec le Sonderbund, mais qui n’est pas connu d’une manière avantageuse, comme il sera démontré plus tard, Bois- le-Comte fut courroucé lorsque le grand conseil de Berne, quelques jours avant l’ouverture de la diète, eut nommé le conseiller d’Élal Ochsenbein, alors directeur des affaires militaires, président du conseil exécutif du canton , qualité qui l’investissait en même temps des fonctions de président de la diète. Ensuite de cette nomination , l’ambassadeur français remit à M. Ochsenbein une note écrite, qui semblait commencer par des paroles de félicitation, mais qui trahit bientôt toute la haine de ce diplomate. Celte note ridicule disait entre autres Un peuple, jugeant que son gouvernement est trop lent ou trop faible à lui rendre justice, se la fait sans lui, les armes à la main, le même principe peut s’appliquer aux rapports avec les Étals étrangers comme aux rapports avec d’autres cantons. Les 1 S,000 Français qui vivent en Suisse sur la foi des traités peuvent se trouver un jour al- ï-e'mts par cette justice populaire ou les frontières françaises compromises, etc.» Puis l’ambassadeur parle de l’acte du congrès de Vienne et s’exprime ainsi L’acte de Vienne reconnaît non pas une Suisse unitaire {singulière politique étrangère, mais une Suisse fédérative, composée de 22 cantons. Si un ou plusieurs de ces cantons viennent donc un jour nous dire que l’on menace leur existence indépendante, qu’on la veut contraindre ou détruire, qu’on marche à 31 substituer une Suisse unitaire à la Suisse cantonale que reconnaissent les traités, que par là nos traités sont atteints, nous examinerons si en effet nos traités sont atteints.» 11 est dit plus loin dans la note Nous nous sommes arrêtés à cette seule résolution, à ce seul mot Nous examinerons. Je suis complètement en mesure d’ajouter que nous le ferons dans un parfait accord d’esprit et d’intention avec les puissances signataires des mêmes traités, et plus particulièrement avec l’Autriche, placée envers la Suisse dans une position analogue à la nôtre par la contiguilé de ses frontières.» Le lendemain, M. Oclisenbein, président du directoire, remit la réponse suivante à l’ambassadeur français Monsieur le Comte! En remerciant Votre Excellence des vœux qu’elle a bien voulu former pour la Suisse, à l’occasion de mon entrée en fonctions, je dois lui faire les observations suivantes sur la note verbale qu’elle m’a remise. Cette note rappelle des faits qui me sont particuliers et dont je n’ai à rendre compte qu’aux autorités et à l’opinion publique de mon pays, et elle prévoit des éventualités sur lesquelles je n’ai à m’expliquer ni personellement, n’étant pas d’accord sur les conséquences qui en sont déduites, ni au nom du directoire ou de la Confédération, n’ayant pas qualité pour répondre officiellement à de pareilles communications sans y être autorisé. Je me fais cependant un devoir d’assurer Votre Excellence que les autorités fédérales ne porteront aucune atteinte aux traités exislans, et qu’elles auront dans tous les cas la volonté ferme et le pouvoir de faire respecter l’ordre public et les droits des citoyens établis sur le territoire suisse ; mais qu’en même temps elles s’opposeront avec non moins de force à toute tentative d’intervention étrangère dans leurs affaires intérieures, et qu’elles ne reconnaîtront à aucune puissance ni à aucune minorité des cantons le droit d’interpréter le pacte fédéral, droit qui n’appartient qu’à la Confédération elle-même.» Le jour de l’ouverture de la diète, Bois-le-Comte demanda une nouvelle audience au président du directoire, probablement pour lui servir une nouvelle panacée du ministre Guizot; mais le président de la diète ajourna cette audience jusqu’au lendemain, 6 juillet. n Le président de la diète répondit avec énergie à la dépêche de Guizot dont l’ambassadeur français venait de lui donner lecture et releva les inexactitudes qu’elle renfermait. D’après les expressions de l’honorable président, Bois-le Comte a pu conclure qu’il n’avait aucune envie de soumettre aux autorités fédérales la dépêche de M. Guizot. A la demande s’il n’avait pas l’intention de le faire, le président de la diète répondit qu’il ne se voyait pas obligé de donner aux autorités connaissance de ce rescrit ministériel, sur quoi Bois-le-Comte répliqua que, dans ce cas, il le livrerait lui-même à la publicité. Le président du directoire répondit Je ne suis pas dans le cas de vous prescrire ce que vous devez faire ou ne pas faire ; mais aussi je ne me laisserai pas non plus prescrire ce que je dois faire. » Bois- ie-Comtc éleva la voix en insinuant qu’on pourrait facilement se tromper sur les “11116011003 des puissances alliées relativement à l’intervention. Le président de la diète répondit d’un ton sérieux Si les puissances alliées veulent jouer Ya-banque, nous jouerons avec elles.» Le peuple suisse et l’étranger ont déjà porté leur jugement sur le langage de M. Guizot et sur les notes de M. Bois-le-Comte; nous n’avons rien à ajouter sous ce rapport ; mais au moins devons-nous dire que le langage patriotique de M. Ochsenbcin mérite les plus grands éloges. Malgré toutes les inquiétudes qui ont été manifestées avant et après son élection à la charge de président de la diète, le grand conseil de Berne a compris la noble mission qui lui était dévolue dans des temps si difficiles. 11 a senti qu’un homme de cœur et d’esprit devait être placé à la tète de son gouvernement, de l’autorité directoriale et de la diète, et par l’élection de M. Oclisen- bein à ces hautes fonctions, il s’est acquitté de sa lâche d’une manière honorable et heureuse pour la patrie tout entière. Les jérémiades des libéraux prétendus modérés n’ont pas trouvé d’écho, et ce magistrat à nobles sentiments s’est acquis à un haut degré l'estime et la considération qu’il mérite réellement. Ochsenbein , quoiqu’on ait voulu mettre à sa charge des actes blâmables, a agi mu par de nobles intentions et avec dévouement,» nous a dit le D r Steiger après l’expédition des corps francs, et ces paroles sont devenues une vérité. La note écrite de Bois-le-Comte a été tellement censurée partout même par les feuilles françaises, que l’ambassadeur a cherché à sauver en quelque sorte sa réputation par une note effective de M. Guizot qui concorde avec la fameuse note » Nous examinerons» et qui a été remise le 2 juillet au président de la diète. La société suisse des carabiniers avait fait parvenir le 22 juillet une adresse à la diète, dans laquelle cette société exprimait son indignation de ce que des puissances étrangères, et notamment le gouvernement français, avaient l’audace de s’immiscer dans nos affaires intérieures, et elle exhortait la diète à se tenir strictement collée au bon droit de la Suisse. Les carabiniers suisses déclaraient en outre qu’ils sacrifieraient leurs biens et leur vie pour appuyer les résolutions de la diète s’il s’agissait de défendre l’honneur et l’indépendance de la patrie. La menace Nous examinerons » n’effraya ni le président ni la majorité libérale de la diète et ne les empêcha pas de viser au but vers lequel les poussaient leur devoir et leur honneur. Outre les braves citoyens Kern, Munzinger, Druey et d’autres, M. le bourgmestre Furrer, de Zurich, prit particulièrement dans la question du Sonderbund et des jésuites une altitude énergique qui lui valut la haute reconnaissance de la patrie entière. Cette conduite d’un magistrat ordinairement prévoyant et scrupuleux était un encouragement pour tous ceux qui flottaient encore entre la crainte et l’espérance. L’aurore de la Confédération rajeunie pointait à l’horison. La diète ordinaire de 1847 venait d’ouvrir sa session le 5 juillet. II, Arrêté de dissolution du Sonderbund; protestation contre cet arrêté; préparatifs militaires des cantons du Sonderbund et leurs suites. Le président de la diète, M. Ochsenbein , avait ouvert l’assemblée par un discours empreint de franchise et d’énergie, 34 dans lequel il exposait ses principes et le but vers lequel tendait la Suisse libérale. 11 disait entre autres Confédérés, nous voulons regarder en face la réalité, nous voulons l’aborder franchement, ouvertement. Il s’agit des intérêts les plus précieux de l’humanité, des conditions essentielles de toute vie libre et de toute pensée; il s’agit du choix à faire entre le progrès et l’immobilité; il s’agit enfin de l’issue d’une lutte aussi ancienne que l’histoire du monde, d’une lutte qui s’est fréquemment répétée, tantôt sous une forme, tantôt sous une autre, et qui peut-être n’agita jamais à un si haut degré l’Europe qu’elle ébranle aujourd’hui sur sa vieille base.» M. Ochsenbein fit entendre plus loin ces paroles d’encouragement Déjà l’orage approche, des nuages menaçants se montrent à l’horison, et la tourmente pourrait bientôt fondre sur nous. Ces lourmentes-là, l’histoire nous l’apprend, éclatent avec la rapidilé de l’éclair au sein des peuples qu’elles enflamment , et si l’on n’a pas pris toutes ses mesures, quand on veut les prévenir, on vient toujours trop lard. C’est pourquoi la prudence nous conseille avifc instance de mettre immédiatement la main à l’œuvre. Tout retard serait une perte de temps irréparable et ferait peser une grave responsabilité sur les hommes d’État qui tiennent en leurs mains les destinées de la patrie. Leurs contemporains et la postérité les jugeraient. On insinue, ou plutôt on prétend que les puissances qui ont fait le traité de Vienne sont loin d’être disposées en faveur d’une révision du pacte fédéral, et l’on a depuis longtemps recours au moyen usé d’une menace d’intervention étrangère. Mais, quoiqu’on dise, les intérêts de ces puissances n’ont pas changé depuis qu’elles faisaient la déclaration pacifique suivante L’intérêt général des États exige la reconnaissance de la neutralité perpétuelle de la Confédération suisse.» Le président de la diète terminait son discours par le remarquable passage que voici Le droit positif interdit aussi aux puissances étrangères toute intervention dans nos affaires intérieures, car ce n’est pas en vertu du traité de Vienne que la a le droit de se constituer elle-même, mais en vertu de sa propre souveraineté. Ce n’est pas le pacte fédéral qui a été garanti par les puissances dans le traité de Vienne, mais tout 35 simplement l’intégrité du territoire de la Confédération. Si, malgré ces faits incontestables, nous nous trouvions dans l’erreur ; si une intervention étrangère devait avoir lieu dans notre patrie, alors le monde apprendra que la Suisse, forte par son bon droit, grande par les sympathies de tous les peuples qui luttent pour la liberté, saura faire usage de sa force et verser jusqu’à la dernière goutte le sang de ses enfants. Elle prouvera qu elle est capable encore de conserver l’indépendance achetée dans tant de combats par le sang de nos pères et qu’elle saura la léguer intacte aux générations futures. Dieu préserve notre chère pairie!» Tandis que tous les vrais Confédérés étaient unanimes à reconnaître dans le discours d’ouverture du président de la diète un langage dicté par un esprit purement fédéral, les feuilles à la dévotion du Sonderbund, et parmi celles-ci la Gazette prétendue fédérale qui paraît à Zurich , vomissaient feu et flammes contre lui. Celte dernière feuille alla jusqu’à qualifier le discours du président de Manifeste de la Suisse révolutionnaire en faveur de l’unitarisme,» et de Déclaration de guerre du radicalisme démocratique contre les monarchies de l’Europe.» Donnant cours à sa colère, celte feuille ajoutait Ocbsenbein veut détruire la Suisse fédérative pour élever sur ses ruines une Suisse unitaire ; il veut courber l’indépendance et la souveraineté des Étals sous le joug d’un directoire helvétique.» Cependant, lorsqu’on lit attentivement ce discours d’ouverture, on trouve qu’il dit tout le contraire de ce qui lui imputent les feuilles jésuitiques. En parlant de la révision du pacte fédéral, M. Och- senbein dit expressément Les principes admis et reconnus dans les constitutions des divers cantons devront naturellement former la base d’un nouveau pacte qui, sans absorber la souveraineté cantonale et l’existence particulière des cantons, représentera toutefois une totalité, une véritable Confédération.» Voici les noms des députés à la diète de I8ft7, qui a été si importante par suite des résolutions qui y ont été prises. Berke Son Excellence M. Ochsenbein, président, et MM. les conseillers d'Élat D r Schneider et Stàmpfli. Zurich Son Excellence M. le bourgmestre Furrer et M. le conseiller d’Élat Rültimann. Lucerne MM. Bernard Meier, secrétaire d’État, et Vincent Fischer, membre du grand conseil. Uri MM. Ant. Schmid, ancien landammann, et Vincent Muller, ancien landammann et lieutenant-colonel. Schvvyz MM. Düggeli, préfet cantonal délégué simplement à cause du rang et bientôt remplacé par M. l'avocat Oethiher, de Laclien, et C. Schorno, ancien landammann. Ünterwald-le-iiaut M. Hermann, ancien landammann. Unterwald-le-bas M. François Durrer, directeur de la police. Glaris M. Blumer, landammann. Zug MM. Bossard, landammann, et Hegglin, ancien landammann. Fribourg MM. Fournier, avoyer , et Ammann, préfet. Soleure MM. Jos. Munzinger, landammann, et Schmid, président du tribunal d’appel. Bale-Ville MM. Sarrasin , bourgmestre , et Pierre Merian, président du grand conseil. Bale-Campagne MM. le D r Malt, membre du landrath, et Spitteler, secrétaire d’État. Schaffhouse MM. Bôschenstein et Ehrmann, conseillers d’État. Appenzell M. le D r Oertli, vice-président du gouvernement. Appenzell M. le D r Fassler, landammann. St-Gall MM. Nœff, landammann, et Steiger, secrétaire d’État. Grisons MM. Ahys*, bourgmestre, et Ch. à Marca, président de ligue. Argovie MM. le colonel Frei-Herose, landammann, et Ph. Weissenhach, juge d’appel. Thurgovie MM. le juge d’appel Kern, président du grand conseil, et Grâflein, juge d’appel. * Remplacé dans la seconde réunion de la diète par M. Caflisch, président de ligue, parce que M. Abys a été revêtu des fonctions de commissaire des guerres de la Confédération avec rang de colonel. 37 Tessin MM. le colonel Luvini, membre du grand conseil, et Jauch, membre du grand conseil. Vaud MM. Druey, conseiller d’État, et Eytel, membre du grand conseil. Valais MM. Adrien de Courten, et C. de Werra, membres du grand conseil. Neuchâtel MM. Calame, conseiller d’État, et de Meuron, châtelain du Landeron. Genève MM. le colonel Rilliet-Constant, conseiller d’État, et Carteret, président du grand conseil. Dès sa première séance la diète fit comprendre qu’elle voulait avoir partout table nette. Déjà les 12 2 /2 États montrèrent l’union étroite qui régnait entre eux en nommant secrétaire d’État fédéral M. le D r Schiess, de Ilérisau, en remplacement de M. de Gonzenbach, décoré de plusieurs ordres étrangers et très-grand partisan du Sonderbund. M. Letter, secrétaire du conseil fédéral de la guerre , donna sa démission par égard à ses relations avec le Sonderbund, et fut remplacé par M. von Arx, secrétaire du gouvernement de Soleure, officier actif et capable. En revanche, Valais demandait que le major Maurice Barman promu depuis lors au grade de lieutenant-colonel , qui avait été chassé de sa patrie par trahison, fût rayé du cadre de l’état-major fédéral ; mais cette proposition resta en minorité. Le Valais, ce canton coupable, avait l’audace de faire cette proposition par l’organe d’Adrien de Courten. La diète avait déjà tenu huit séances et la majorité de la population suisse, ainsi que les citoyens de l’étanger qui avaient de la sympathie pour les intérêts politiques de la Suisse, attendaient avec impatience la résolution que prendrait l’autorité fédérale dans la question du Sonderbund. Enfin elle fut mise à l’ordre du jour pour la séance du 20 juillet, et après une vive discussion dans laquelle les députés du Sondevbund firent entendre un langage grossier et provocateur, mais où ils durent céder le terrain à la force du droit et de la vérité, une majorité de 12 2 /2 voix prit l’arrêté suivant Art. 1 er . L’alliance séparée des sept cantons de Lucerne, Uri, Schwyz, Unterwald, Zag, Fribourg et Valais est déclarée incompatible avec le pacte fédéral et par conséquent dissoute. »Art. 2. Les cantons sus-nommés sont rendus responsables de l’observation de cet arrèlé et la diète se réserve, si les circonstances l’exigent, de prendre les mesures ultérieures pour le faire exécuter. » Les députés du Sonderbund se démasquèrent alors en protestant, au nom des sept États de la conférence, contre cet arrêté de la diète; ils osèrent même contester à la diète le droit de prendre une semblable résolution, conséquemment ils firent voir que le Sonderbund se révolterait contre toutes les dispositions prises par la dicte. Déjà alors on apprit que le gouvernement de Fribourg faisait des achats de chevaux; que le conseil de la guerre du Sonderbund siégeait à Lucerne, qu’il faisait des préparatifs militaires, mettait des Iroupes de piquet, organisait le landsturm et avait donné l’ordre d’élever des retranchements; qu’on fanatisait le peuple par tous les moyens possibles et que celui-ci se rendait en pèlerinage au tombeau du bienheureux Nicolas de Fluc, à Saxcln, portant en tête une bannière sur laquelle était empreint le portrait de Leu. Pendant qu’effectivement les cantons du Sonderbund élevaient des retranchements et faisaient des pèlerinages pour implorer une victoire sur leurs frères, les chanteurs d’Argovie et de Bâle-Campagne célébraient des fêles joyeuses et sacrifiaient aux douceurs de la paix. Ces fêtes furent précédées du tir fédéral qui eut lieu à Claris — la semaine des carabiniers. — Pendant le tir ont été prononcées bien des paroles qui relevaient le cœur, mainte bonne résolution y a été prise et des vœux ardents y ont été émis pour le salut de la parlrie. Déjà sous la date du 10 juillet l’Association populaire bernoise avait adressé un appel aux libéraux de tous les cantons; cet appel avait pour but de fonder une grande Association populaire suisse qui aurait eu pour tâche de veiller au bien-être de la patrie suisse et de travailler principalement à la dissolution du Sonderbund , à l’expulsion des jésuites et d’amener une fois la révision du pacte fédéral. La société helvétique poursuivait aussi le même 39 but. Les sections de l’Association populaire voulurent se lier étroitement entre elles et s’organiser, en suivant toutefois les formes légales, pour opposer de la résistance au Sonderbund rebelle. A celte fin une commission de l’Association populaire bernoise convoqua pour le 21 juillet les libéraux et les sections en assemblée au tir fédéral de Claris. La convocation portait les signatures des avocats Niggeler et Schârz et du greffier Huiler, à Berne. Une assemblée pareille devait aussi avoir lieu à Berne à l’occasion d’une fêle nationale que Berne a célébrée d’une manière grandiose au milieu du vacarme guerrier du Sonderbund. Les Sonderbundiens choisirent le prétexte de ces fêles pour faire grand tapage; ils répandirent le bruit que de la place du tir fédéral on voulait entrependre une expédition de corps francs, et déjà Salis-Soglio, Âb-Yberg , ainsi que le fils du général Sonnenberg doivent avoir fait une reconnaissance sur la frontière glaronaise près de Reiclienburg et mis des troupes en disponibilité; mais au tir tout le monde s’adonnait à la joie et personne ne songeait à une excursion de celte nature ; au contraire , de sérieux avertissements furent donnés contre toute démarche illégale, mais aussi on exhorta les carabiniers à se tenir prêts à marcher lorsque l’autorité suprême de la Confédération leur adresserait un appel. C’est pourquoi on a accueilli avec joie l’arrêté qu’elle a pris pour la dissolution du Sonderbund. La diète décida encore, sur la motion de Genève, d’ouvrir une enquête pour savoir si des officiers fédéraux se trouvaient en rapport de service avec le Sonderbund et de quelle nature étaient ces rapports. C’était la première démarche qu’elle avait à faire après avoir prononcé la dissolution du Sonderbund ; les dispositions ultérieures devenues nécessaires ne devaient être prises que plus tard. Le colonel fédéral Salis-Soglio, de Coire, que le Sonderbund avait choisi pour général de son armée, doit avoir compris qu’il avait gravement violé son serment et ses devoirs envers la Confédération, car déjà le 7 mai il présenta au directoire, qui en prit note, sa demande en démission. La diète ne lui accorda pas encore sa démission, et en conséquence elle le somma, à l’instar des autres officiers, de faire sa déclaration. 40 11 la transmit à la diète dans les termes suivants Excellence, Messieurs! J’apprends par votre circulaire du 29 juillet que vous avez pris provisoirement noie de ma demande en démission présentée le 7 mai de celle année. Par suite de celle demande eu démission, je ne suis plus en rapport de service avec la Confédération et je me regarde comme déchargé des devoirs imposés à un officier de l’état-major fédéral, mais je ne fais aucune difficulté de déclarer à cette occasion publiquement et d’une manière catégorique que j’ai présenté celte demande pour ne pas courir le danger d’être obligé, contrairement à mes idées de droit et d’honneur, de prendre les armes contre l’alliance protectrice des sept cantons conclue dans le but de maintenir le pacte fédéral du 7 août 1818. Je m’efforcerai bien plutôt, avec la protection de Dieu, à me rendre digne de l’honorable confiance de ces liants États et à vouer foules mes forces , avec la fidélité la plus absolue, à leur service. Avec cette déclaration j’ai, etc.» Des autres officiers des cantons du Sonderbund dix ont également déclaré qu’ils se trouvaient en rapport de service avec la ligue séparée, et ils ont été immédiatement rayés de la liste des officiers fédéraux. Ce sont le commissaire fédéral des guerres Zünd, de Lucerne; les colonels Maillardoz, de Fribourg, Riilli- mann et Elgger, de Lucerne; le lieutenant-colonel Techtermann, de Fribourg; le commissaire des guerres lieutenant-colonel Pillier, de Lucerne; le capitaine d’état-major Roten, du Valais; le capitaine Vonderweid et le lieutenant Chollet, de Fribourg ; le capitaine Zelger, de Stanz. Le colonel Rreni, de Rapperschwyl, fut aussi interrogé sur ses rapports de service avec le Sonderbund, parce qu’on avait une juste méfiance en lui, attendu qu’il avait pris part aux conférences de la ligue. Il déclara vouloir obéir à l’appel de la diète ; mais, connaissant sa véritable position, il donna plus tard sa démission , et, par arrêté de la diète, il fut purement et simplement rayé du cadre des officiers fédéraux. Le directoire ayant informé la diète que les cantons d’Uri et d’Untenvalden avaient élevé des retranchements sur les frontières du canton de Berne et qu’une réunion d’officiers des États du Sonderbund avait eu lieu à Meyringen , que, d’après une dépêche du Tessin, des transports considérables d’armes et de munitions, transitant par ce canton , avaient été arrêtés à Lugano, l'assemblée, sur la proposition de Zurich, nomma dans sa séance du 51 juillet une commission de sept membres pour examiner celte affaire. Celte commission était composée de MM. 1° le président Ochsenbein, de Berne; 2° le bourgmestre D r Furrer, de Zurich; 5° le landammann Munzinger, de Solcure; 4° le landammann Nœff, de S-Gall ; o° le juge d’appel D r Kern, de Tiiurgovie; 6° le colonel Luvini, du Tessin; 7° le conseiller d’Élat Druey, de Vaud. Ces hommes délibérèrent les unes après les autres toutes les démarches qu’il y avait à faire contre le Sonderbund, et c’est à leur perspicacité ainsi qu’à leur énergie et aux bons conseils qu’ils ont donnés qu’on doit la prompte exécution d’arrêtés qui ont été d’un effet salutaire pour la Suisse. Comme les députés du Sonderbund ne pouvaient nier ni les retranchements ni le transport de munitions, la diète, sur la proposition de la commission des sept, décida de sommer les Étals de la ligue de s’abstenir de tout ce qui pouvait troubler la paix publique et notamment de suspendre les préparatifs militaires extraordinaires. De plus, le gouvernement du Tessin fut chargé de retenir les armes et les munitions en question; enlin, tous les autres États confédérés reçurent l’ordre d’arrêter les envois d’armes et de munitions à la destination des cantons du Sonderbund et d’en donner immédiatement avis au directoire. La question des couvents argoviens fut aussi reproduite en diète par les Étals du Sonderbund ; mais, par respect pour la résolution qui avait déjà été prise une fois à cet égard , elle fut vidée pour toujours dans la séance du 19 août. La diète reçut de la société des carabiniers de L'ûngendorf une adresse vigoureuse pour sévir énergiquement contre les méfaits du Sonderbund et pour la révision du pacte fédéral. Dans la trente-sixième séance de la diète, dans laquelle, après des débats longs et fatigants, on démontra de nouveau jusqu’à l’évidence les dangers que l’ordre des jésuites faisait courir à la Suisse, la question des jésuites fut déclarée par 12 2 /2 voix, sur la proposition de Zurich, affaire fédérale, et il fut décidé que les cantons qui avaient accueilli les jésuites seraient invités à les éloigner et que défense serait faite à tous 42 les États de les introduire dans la suite. On avait fait de nouveau un grand pas vers le but auquel on tendait. Tandis que la diète marchait en avant d’un pas énergique, les cantons du Sonderbund bravaient toujours davantage le pouvoir fédéral. Dans le grand conseil de Lucerne, l’intrépide Martin Arnold, de Keiden, eut le courage de proposer que Lucerne se retirât du Sonderbund ; en même temps il donna des avertissements sérieux et pressants sur les suites désastreuses qui résulteraient pour le canton s’il continuait à faire partie de la ligue séparée. Mais les créatures de Siegwart, presque réduites à l’état d’automates , ne tinrent aucun compte de ces avertissements et rejetèrent la proposition, ce qui engagea neuf membres du conseil, MM. Martin Arnold, l’ancien avoyer Kopp, le D r Casimir Pfjffer , Félix Balthasar, le colonel Schumacher- Uttcnbcrg, Ignace Pfyffer et Martin Konka à faire insérer au protocole une déclaration par laquelle ils repoussaient toutes les suites d’une alliance pareille et la responsabilité qu’elle pouvait faire peser tôt ou tard sur les membres du grand conseil, etc. Ces hommes prévirent les conséquences désastreuses qu’entraînerait la révolte contre l’autorité suprême de la Confédération , mais on ferma l’oreille à leurs avertissements. Cependant le vole de M. Kopp était pressant, énergique; sans crainte il osa dire entre autres; On représente les douze États de la majorité comme, des brigands Rüuber. Je n’ai pas peur de ces brigands contre lesquels l’Autriche fournit des balles et des munitions ; je crains bien plutôt cette liberté que les Autrichiens nous apporteraient sur la pointe de leurs baïonnettes.» A ces paroles énergiques et sensées, partant d’un cœur suisse profondément convaincu de ses devoirs envers la patrie, on répondit par des injures et des paroles furibondes. Les conseillers Hault et Portmann se distinguèrent particulièrement dans ce genre oratoire. Cependant la diète faisait chaque jour un pas en avant pour atteindre son but, c’est-à-dire pour sauver l’honneur national en faisant exécuter ses arrêtés elle procéda à de nouvelles élections dans l’état-major fédéral. Elle nomma neuf co lonels fédéraux, onze lieutenants-colonels et dix majors. Le député des Grisons à la diète, M. Àbys, de Coire, fut promu 43 au grade de commissaire fédéral des guerres. Comme par leur radiation du cadre de i’étal-major général les anciens colonels fédéraux lüUtimann et Maillardoz sortaient aussi du conseil fédéral de la guerre, et que le colonel Ziegler, de Zurich, refusait d’assister ultérieurement aux séances de cette autorité, la diète les remplaça par les colonels fédéraux Frei-Herose, d’Arau, Rilliet-Constant, de Genève, et Luvini, du Tessin , et désigna comme suppléants les colonels fédéraux Gmür, de Sclianis S l - Gail et Egloff, de Tàgerwylen Thurgovie. Le colonel fédéral d’artillerie d'Orelli, de Zurich , fut nommé directeur de l’école militaire de Thoune. 11 y eut encore plusieurs promotions parmi les employés du commissariat des guerres; on nomma aussi un chirurgien de division. Plusieurs braves officiers furent en partie promus, en partie nouvellement élus dans l’état-major, comme par exemple le colonel Gerwer, de Berne; Hitler de S'-Gall ; Isler, du canton de Turgovie, et d’autres encore. Ce qu’il y a de frappant, c’est que le frère du général du Sonderbund, M. Edouard de Salis-Soglio, alors lieutenant- colonel fédéral, fut promu au grade de colonel. Ce choix tomba toutefois sur un Suisse brave, fidèle à ses devoirs, et qui n’avait rien de commun avec son frère. Après toutes ces démarches, il restait encore à la diète de mettre ses arrêtés à exécution ; mais à cet effet elle avait besoin d’instructions spéciales de la part de plusieurs des États formant la majorité. Ceux-ci avaient bien volé la dissolution du Sonderbund, mais ils n’avaient pas encore pu se prononcer sur les mesures d’exécution. La commission des sept fît son rapport à la diète et lui soumit ses propositions. Elle se basa principalement sur deux pièces, savoir sur une dépêche adressée sous la date du 28 août par le gouvernement de Lucerne au directoire , dépêche par laquelle cet État déclarait que Lucerne ne reconnaissait en aucune manière comme obligatoire l’arrêté pris par la diète concernant le Sonderbund, mais qu’en conformité des protestations antérieures faites par la députation lucernoise, il devait réserver ses droits et ses convenances. L'autre pièce était une dépêche du gouvernement d’Argovie, qui informait le directoire que l’État de Lucerne faisait construire de nouvelles redoutes au pont de Gislikon. La proposition de la commission U des sept tendait à ce que la diète de 1847 prononçât son ajournement au 18 octobre, pour délibérer alors sur les mesures à prendre, dans l’attente que les Étais dont les instructions n’étaient pas suffisantes pour atteindre le but qu’on avait en vue, les compléteraient d’une manière convenable. Les députés à la diète avaient terminé leurs travaux et ils retournèrent dans leurs foyers pour se réunir de nouveau dans cinq semaines environ, afin de mettre la dernière main à l’œuvre qu’ils avaient commencée. L’union intime des députés des 12 2 /g États offrait un spectacle ravissant dans le sein de la diète. On compulserait en vain l’histoire des assemblées diétales pour y trouver un pareil spectacle. Plusieurs députés à la diète furent reçus solennellement dans leur patrie, particulièrement M. le bourgmestre Furrer, à Zurich, auquel la société de chant dite Harmonie donna une sérénade aux flambleaux. A cette occasion il dit entre autres que les cantons du Sonderbund étaient en révolte ouverte contre la Confédération, que plus que jamais il avait la conviction qu’il fallait engager la lutte avec eux, et qu’il était maintenant fermement décidé, lors même qu’il devrait y trouver sa perle, à sacrifier toutes ses forces personnelles pour soutenir cette lutte.» Ce langage décidé de M. Furrer, homme d’État généralement aimé et très-influent, éveilla partout la joie et l’enthousiasme. On attendait avec impatience les instructions complémentaires pour les mesures d’exécution, ainsi que le 18 octobre, jour auquel la diète devait s’assembler de nouveau. - 0 5" G- d 'Cii, 0 - CHAPITRE III, Nouvelles instructions des grands conseils dans Vaffaire du Sonderbund; •préparatifs militaires réciproques et événements ultérieurs jusques et y compHs Varrêté d’exécution pris par la diète . La majorité du peuple suisse attendait avec une impatiente anxiété les instructions des grands conseils de S'-Gall, Schaff- 45 house et Grisons. On flottait encore entre la crainte et l’espérance, principalement au sujet de S l -Gall et des Grisons, car non seulement dans le premier, mais encore dans le second de ces cantons avaient lieu des menées réactionnaires de toute espèce. La conduite des meneurs du parti conservateur à S'-Gall était telle qu’on pouvait en inférer que ce parti avait des liaisons très-étroites avec le Sonderbund. Les plans furent secrètement dressés et les rôles distribués. S'-Gall devait, autant que possible, annihiler l’autorité et l’action du pouvoir fédéral, procurer le triomphe d’une minorité rebelle sur la majorité constitutionnelle et amener l’anarchie dans la Confédération suisse. Jacques Baumgartner semble avoir été le centre autour duquel gravitaient toutes les menées séditieuses ; ce qui le prouve, ce sont les événements qui se sont passés dans ce canton et la brochure provocatrice qu’il a publiée sous le titre La question des jésuites et les instructions de St-Gall. Cet écrit avait évidemment pour but de faire sortir S'-Gall des rangs des cantons libéraux et de l’attirer dans la ligue des cantons amis des jésuites l’auteur n’ignorait pas qu’alors la question des jésuites sortirait insensiblement d’elle-même du recès de la diète. Baumgartner était puissamment secondé par le colonel Breni, de Rappersclnvyl, qui s’était rendu à la conférence de Zug avec RicJcenmann, Hofliger et Bühler, de Rappersclnvyl. Breni a aidé à acheter le plomb qui devait être expédié au Sonderbund, mais qui a été intercepté en route. Outre Baumgartner et son adjudant Breni, les ecclésiastiques Bopp et Greit, ainsi que Léonard Gmür, Millier, aubergiste à Schmerikon , Eichmann, à Ernetschwweil près d’Uznach, et d’autres, déployaient une grande activité, A Sehaffhouse, le pasteur Schenkel avait écrit douze lettres sur la pacification de la Suisse. A Zurich, les hommes de la révolution de septembre devinrent tellement pacifiques, qu’ils mirent tout en œuvre pour conjurer les horreurs de la guerre civile, comme s’ils avaient ignoré que, lorsque l’autorité suprême d’un pays veut mettre à l’ordre des citoyens rebelles par la force des armes, ce n’est pas une guerre civile, mais une guerre entreprise dans le but de soumettre des rebelles. En cherchant à produire de l’effet par leur refrain sempiternel ; foulez-vous la paix ou la guerre, les feuilles à la dévotion des jésuites s’imaginaient que la question du Sonderbund sortirait du sein de l’autorité compétente pour être déférée au peuple. 11 est probable que ces feuilles, et notamment la Gazette fédérale de Zurich , se croyaient reportées à 1839 , où elles tirent sanctionner par les communes leur œuvre du 6 septembre, de sinistre mémoire. Nous ne sommes plus en 1839, ni en 1840 et 1841 , mais nous comptons quelques années de plus, et en avançant en âge nous avons acquis un peu de prudence. Le peuple zuricois , qui a déjà tiré une fois du feu les marrons pour ses gracieux seigneurs et qui s’y est brûlé les doigts, n’a plus voulu se prêter à une semblable manœuvre. Ce peuple, que du reste on méprisait et conspuait voir le Peuple et le Souverain, par le D r Bluntschli, fut traité par ces mêmes hommes de peuple noble et élevé lorsqu’il eut satisfait leur égoïsme et expulsé à coups de tridents et de bâtons un gouvernement que détestaient ces gens-là. Mais après que ce peuple, qui avait été momentanément égaré , fut revenu à son bon sens naturel, et qu’il eut déclaré publiquement et solennellement à Sclnvamendingen et à Unterslrass qu’il ne voulait plus ni couvents, ni jésuites, il fut subitement traité, toujours par les mêmes hommes, de populace effrénée, de bande de faillis, de maçons tyroliens, d’ouvriers étrangers et autres qualifications de même espèce. Et lorsqu’en 1846 il purgea l’écurie d’Augias, appelée ie régime de septembre, ce fut de nouveau un peuple stupide, séduit, et les feuilles conservatrices firent des jérémiades à fendre les pierres, On pouvait donc conclure que le peuple zuricois, et notamment la partie apte à porter les armes, se prononcerait dans une votation éventuelle pour l’exécution des arrêtés de la diète. Cependant la Gazette fédérale qu’on a surnommée à juste titre anti-fédérale ne cessait de donner des espérances trompeuses aux chefs du Sonderbund, et n’a peut-être pas peu contribué à les faire persister dans leur entêtement et à amener leur prompte chute. A Schaffhouse et même à Berne se manifestaient quelques velléités de soumettre au peuple la question de la guerre et de la paix; mais il n’était pas possible de réaliser cette idée sans faire une révolution, et il était encore moins possible de faire une révolution, car le peuple avait ouvert les yeux. Les amis du Sonderbund répandirent contre les gouvernements libéraux et leurs fonctionnaires les calomnies les plus basses et les plus haineuses. Tous les ressorts furent mis en jeu, notamment dans les cantons de S l -Gall et des Grisons, pour empêcher qu’il ne fût pris un arrêté d’exécution contre le Sonderbund. Au milieu d’intrigues et de menées de toute espèce de la part des amis du Sonderbund , les grands conseils de la Suisse libérale mirent activement la main à l’œuvre sans se laisser étourdir par les clameurs jésuitiques. Le grand conseil de Zurich vola à une immense majorité les mesures d’exécution, et il fut alloué au conseil exécutif un crédit supplémentaire de 20,000 fr., outre les 40,000 fr. déjà volés précédemment, pour l’acquisition d’effets militaires. Lorsque les cantons du Sonderbund eurent connaissance de la volonlé ferme et de la conduite énergique du grand conseil de Zurich, ils redoublèrent leurs préparatifs militaires. Ils firent examiner les passages du Grimsel et de la Furca, le Susten, les passages qui conduisent du canton d’Cri dans les Grisons, à Glaris et dans le Tessin. On plaça des mines dans plusieurs endroits, principalement près de Gislikon, à Miinsler, au pont de l’Emme, sur le llafendeckel près de Knutwyl, au-dessus du pont, près de Sursée, du Bognauerk'àppeli, de Mauensée, à Kotlwyl, sur la route vers Seevvagen, ainsi qu’entre Zell et Hüswyl ; près du pont de Luthern il y avait des mines des deux côtés de la route et deux derrière Zell sur la route qui conduit à Langenlhal. Le Gutsch fut tout particulièrement fortifié et pourvu d’arbres abattus. C’est sur cette éminence que se trouvait la mine appelée mine-monstre. On pratiqua aussi des mines à la Schindellegi, canton de Sclnvyz, dans la direction du canton de Zurich; on y fit des redoutes et des abattis d’arbres, de même que sur la frontière de Zug qui touche au canton de Zurich. On éleva aussi des fortifications considérables autour de la ville de Fribourg et dans l’intérieur de ce canton; enfin on se retrancha également dans les cantons d’Ori, d’Unlenvalden et du Valais. L’enquèle que le gouvernement du Tessin fit ouvrir au sujet des munitions arrêtées à Lugano prouva qu’elles, venaient de la citadelle autrichienne de Milan. L’aigle autrk 48 chienne élait empreinte sur les barils de poudre. Dans plusieurs autres localités de la Suisse, même à Bàle, on intercepta des armes et des munitions destinées au Sonderbund. Des landsgemeinden devaient se tenir dans les cantons d’üri, de Schwyz, d’Unterwalden et de Zug. Il est indubitable que les meneurs avaient l’intention de se retrancher derrière le peuple qu’ils avaient séduit, dans le cas où la guerre aurait une issue malheureuse pour eux, pour pouvoir dire ensuite comme les enfants Ce n’est pas nous, ce sont eux qui l’ont fait.» Une assemblée présidée par Siegwart délibéra également à Lucerne sur la question de savoir si l’affaire du Sonderbund serait soumise au peuple. Siegwart s’opposa cependant à ce qu’une question aussi importante fût soumise au peuple; il est tout naturel que les créatures de ce personnage ne pouvaient vouloir autre chose que ce que voulait leur maitre, car sa volonté était la loi, quelqu’illégale que fût toute sa conduite. Personne, dans le canton de Lucerne, n’aurait voulu prendre les armes pour soutenir le Sonderbund comme tel ; c’est pourquoi on trouva nécessaire, dans le but d’opérer une scission en Suisse, d’en faire une question religieuse. Le père Roh, jésuite de Lucerne, déclara que la lutte soutenue parles cantons de l’alliance séparée contre le reste de la Confédération était une lutte entre le christianisme et l’idolâtrie ; le curé Ri- ckeribach, de Lucerne, compara dans un sermon le peuple à des chats auxquels on jette la corde au cou pour les étrangler; on répandit parmi le peuple les contes les plus aventureux; on disait que les grands cantons viendraient envahir les cantons catholiques pour leur imposer une nouvelle religion par la force des armes, etc. Dans tous les cantons du Sonderbund, et notamment dans celui de Sclnvyz, les prêtres abusaient de la chaire à l’envi pour fanatiser le peuple. Tous les prédicateurs avaient reçu l’ordre de préparer le peuple aux landsgemeinden qui allaient se tenir prochainement. Dans le canton de Zurich, quoiqu’assuréinent aucun ordre n’eût été donné à cet effet, plusieurs sermons fanatiques furent également prêches le jour du jeûne fédéral, ce qui a engagé le gouvernement zuricois à aviser les pasteurs qu’ils eussent à s’abstenir de toute politique dans leurs sermons. Le juge 49 d'instruction Ammann enrôlait dans le canton de Lucerne des individus pour en former un corps de volontaires, gens pour la plupart tarés dans l’opinion publique et qui n’avaient d’autre but que le meurtre et le pillage. On leur avait donné pour coiffure une espèce de bonnet avec une visière retroussée qu’ils pouvaient abattre à volonté et qui leur recouvrait la figure de manière à n’apercevoir que les yeux et le nez. Cet aspect hideux leur donnait plutôt l’air de bandits que de milices régulières ; c’est pourquoi on les nomma le corps des vengeurs. Ce corps élait le pendant de la fameuse garde prétorienne de Lucerne, composée en grande partie de filous et de vauriens. Le drapeau du corps des vengeurs, orné du portrait de Leu, fut béni le jour de la fête de l’arcliange Michel. Après avoir été préparées longtemps d’avance de la manière que nous venons de signaler, les landsgemeinde furent effectivement tenues. Ce fut Sclrvvyz qui prit l’initiative le 26 octobre. Ab-Yberg se lamenta sur les réfugiés, les rédacteurs de journaux et les professeurs étrangers; il raisonna sur l’asservissement politique et religieux que les protestants voulaient faire peser sur le peuple et mit tout en œuvre pour qu’on résistât aux arrêtés de la dicte. Le peuple, induit en erreur, adhéra à la proposition présentée par le landammann Holdener, laquelle tendait à approuver les démarches faites jusqu’alors par le gouvernement et à ne pas se détacher du Sonderbund. Les landam- manns libéraux Gyr et Benzinger donnèrent à leurs concitoyens de sages avertissements sur les conséquences qu’entraînerait pour le canton la conduite du gouvernement; il les exhortèrent à se détacher du Sonderbund et proposèrent d’invoquer la médiation de Confédérés distingués ce fut envain, le peuple fanatisé , excité et séduit, ne prêta pas l’oreille à leurs paroles chaleureuses et patriotiques, mais il adopta les propositions du gouvernement et décida en outre d’organiser toutes les forces militaires du canton. Ab-Yberg fut nommé commandant en chef des troupes schwyzoises, et son frère, Dominique Ab-Yberg, commandant en chef du landslurm. On poussa le terrorisme si loin que, sur la proposition du landammann Kamer, on décida de punir de la manière la plus sévère, dans son corps et dans ses biens, quiconque ne donnerait pas suite à l’appel qui lui 4 serait fait, à moins qu’il n’en fût empêché par le plus grand besoin ou par la puissance de Dieu, quiconque s’opposerait à la résolution de ce jour par ses paroles et ses actions, qui la critiquerait malicieusement ou sympathiserait avec l’ennemi.» Le colonel Salis-Soglio, le secrétaire d’État Meier, de Lucerne, et le colonel Breni, de ltapperschwyl, étaient présents à la lands- geineinde. Ce dernier doit avoir été conspué par le peuple dans le trajet qu’il fit d’Einsiedlen à Rolhenlhurm. Pendant que les pacifiques conservateurs jubilaient de la résolution guerrière prise par environ 0000 Sclnvyzois, on apprit que le canton de Vaud organisait en toute hâte toute la population virile depuis l’âge de 17 à 60 ans, que l’enthousiasme était général dans ce canton et qu’il serait bientôt en mesure de pouvoir disposer de plus de Zi0,000 hommes. Toutes les troupes devaient déjà être assermentées le 3 octobre. Cependant les meneurs du Sonderbund se gardaient bien de porter à la connaissance du peuple des cantons primitifs, où les feuilles libérales n’avaient plus accès, l’enthousiasme qui régnait dans tous les cantons libéraux , et on était en droit de s’attendre que les landsgemeinden d’Unterwalden et de Zug se prononceraient dans le même sens que celle de Scliwyz. 11 est vrai que la landsgemeinde de Zug n’avait été convoquée qu’à l’effet de repourvoir à la place de capitaine général devenue vacante par décès. De l’avis de la commission gouvernementale, on ne devait faire aucune proposition relativement au Sonderbund , parce qu’elle regardait une proposition de cette nature comme contraire à la constitution ; cependant on avait déjà pris des mesures pour couvrir d’un voile cette violation de la constitution, car dans le préavis même de la commission gouvernementale il était dit Mais si le peuple a des vœux à exprimer dans un sens ou dans un autre, il pourra le faire.» Cette landsgemeinde fut tenue le 3 octobre. Environ àOOO citoyens y assistèrent. Après l’élection du capitaine général, le landammann Bossard souleva la question du Sonderbund, au sujet duquel la landsgemeinde devait exprimer des vœux. Le major Hess prit le premier la parole, prononça un discours fanatique dans lequel il parla, entre autres, de spoliation des couvents, et fil la proposition de YOter au landrath des remer- ol ciments pour la conduite qu'il avait tenue jusqu’alors, tout en exprimant le vœu que cette autorité tentât de donner à la question du Sonderbund une solution pacifique, et, dans le cas où cela ne pourrait se faire, de mettre le canton en état de défense. L’ancien juge cantonal Keiser s’éleva avec énergie contre cette proposition, mais il fut souvent interrompu par les huées de celte masse fanatisée. Keiser qualifia le Sonderbund de ligue des Seigneurs, ligue qui avait été formée non pour la religion des ancêtres, non pour les droits éternels et les libertés du peuple; qui avait été formée non par le peuple, mais par les gouvernements et pour les gouvernements contre les minorités libérales dans les sept cantons ligués, d’une part, et d’une autre part contre la Confédération qui faisait des efforts pour avancer dans la voie du progrès. 11 soutint que ce n’était pas une politique suisse, mais une politique étrangère qui avait donné le jour au Sonderbund ; que cette idée n’a pas élé suggérée par les hommes du gouvernement, mais par un homme qui a acheté à prix d’argent le nom suisse, Siegwarl-Müller, et qui s’est ensuile efforcé de fonder cette ligue monstrueuse dans le but de protéger sa politique anti-nationale et destinée à partager la Suisse en deux camps hostiles. Des circonstances malheureuses , ajouta-t-il, concourent à ce que le peuple de Zug soit entraîné dans cette ligue de sinistre augure.» L’intrépide Keiser fut interrompu à différentes reprises par des cris tumultueux, des menaces et des sifflets, mais il persista à faire usage du droit inhérent à sa qualité de citoyen libre et à s’exprimer d’après sa conviction. 11 démontra en outre l’incompatibilité du Sonderbund avec le pacte fédéral de 1818, et pria instamment ses concitoyens de ne pas violer ce pacte ; il leur mit sous les yeux les conséquences qui résulteraient nécessairement pour le canton si un parti formant la minorité en Suisse se révoltait les armes à la main contre une décision légale prise par l’autorité suprême de la Confédération, etc. Lorsque l’orateur parla de la terrible responsabilité qui pèserait sur ceux qui forceraient la diète de faire verser le sang des citoyens pour faire exécuter les arrêtés qu’elle a rendus dans les limites du pacte fédéral, et qu’animé d’un amour sincère pour le peuple il eut lixé l’atlenlion de l’assemblée sur les suites malheureuses que le Sonderbund devait avoir pour le canton , on fit un vacarme continu qui l’empêcha de continuer son discours. En conséquence , il termina par les paroles que voici Citoyens du canton, je cède à la violence; je proteste contre le Sonderbund de la manière la plus solennelle , en présence de Dieu et de toute la Confédération , et au nom du parti libéral du canton > qui ont déjà paru. En 1831, lorsqu'une armée fédérale fut mise sur pied pour la défense de la neutralité suisse, il fut adjoint au général Guiger de Prangin en qualité de chef de l’état-major général. 11 s’est acquis de la célébrité par la publication de plusieurs ouvrages militaires estimés notamment de son Manuel de tactique pour les officiers suisses. Dufour est un homme de théorie et de pratique, un chaud confédéré, un noble cœur, un esprit bienveillant et aimable que tous les partis estiment. La diète ne pouvait faire un choix meilleur. Les événements ultérieurs l’ont justifié d’une manière brillante. Le colonel Frei-Herose, dans toute sa force virile, était déjà connu, en qualité de commandant d’un bataillon argovien, comme un militaire zélé et un officier capable. En 1839 il fut promu au grade de colonel dans l’état-major fédéral , et il a rendu des services incontestables aux affaires militaires de la Suisse, d’une part comme membre du conseil fédéral de la guerre, et d’un autre côté en sa qualité de colonel fédéral. Sa voix avait du poids tant dans le conseil fédéral de la guerre qu’au sein de la diète lorsqu’on délibérait sur les améliorations à introduire dans les affaires militaires. C’est un homme qui examine les choses avec maturité et qui les médite avec sagesse et prudence ; il est en outre un homme d’Etat habile et en cette qualité il a coopéré à la création d’institutions belles et utiles et contribué à la suppression de nombreux abus ; sous le rapport industriel il s’est aussi constamment appliqué à servir la patrie. Il a déjà donné de nombreuses preuves de sa valeur, notamment le 8 janvier 1841 où il soumit près de Vilmergen les habitants du Freiamt révoltés, et néanmoins il usa à leur égard d’une noble générosité après la victoire. M. Frei-Ilerose était l’homme propre à être revêtu des fonctions difficiles inhérentes à la charge de chef de l’état-major général, charge qui demandait un officier aussi habile qu’il l’est. A son entrée en fonctions, le général Dufour adressa à l’armée fédérale la proclamation suivante Soldats ! Confédérés ! La haute diète assemblée à Berne a ordonné la mise sur pied de l’armée fédérale, pour maintenir l’ordre à l’intérieur, et pour défendre les droits et l’indépendance de la Confédération. Elle m’a fait l’honneur le me désigner pour le commandement en chef. Je me mets donc à votre tête plein de conliance en votre amour et en votre dévouement pour la patrie. Appelés, dans. une saison avancée déjà, à prendre des cantonnements plus ou moins étroits, sachez vous contenter de ce que les habitants peuvent vous offrir. Ne soyez point exigeants et évitez toute injure et tout mauvais traitement, que l’on ne doit jamais se permettre, même en pays ennemi. Je vous recommande avant tout une bonne discipline, comme le premier de nos devoirs. Sans discipline, point d’armée. C’est par leur discipline, autant que par leur force, que vos ancêtres ont gagné des victoires aussi brillantes et se sont acquis d’aussi grands noms. Imitez-les en ceci comme en toutes choses. Soldats, l’étranger a les yeux fixés sur nous ; montrez-Iui que les soldats suisses, rangés sous le drapeau fédéral, n’ont plus qu’une seule pensée celle de bien servir leur commune patrie. Soldats, je ferai tout pour mériter votre confiance; comptez sur moi. Berne, le 26 octobre 1847. DUFOUR. M. Amrhyn, chancelier de la Confédération, demanda sa démission pour ne pas être obligé de signer un arrêté éventuel d’exécution contre le Sonderbund. Les représentants fédéraux , qui avaient reçu pour mandat de répandre la proclamation dans les cantons du Sonderbund et de l’appuyer dans le sein des autorités, ne furent point accueillis par les gouvernements de la ligue. Le peuple de ces cantons ne devait pas entendre le langage bienveillant de la Confédération et de l’autorité fédérale! Défense fut faite partout, à l’exception du canton de Zug, de répandre la proclamation de la diète ; le gouvernement de Lucerne alla même jusqu’à rendre un arrêté qui portait que quiconque la répandrait serait arrêté et déféré au juge criminel ; les représentants fédéraux ne trouvèrent pas même accès dans le sein des gouvernements chez lesquels ils étaient délégués. Cependant les négociations qui se poursuivaient dans des conférences tenues à Berne donnaient encore l’espoir qu’on conserverait la paix. Les sept cantons avaient notifié aux représentants fédéraux délégués chez eux qu’ils eussent à s’adresser à leurs députations à la diète, lesquelles étaient investies des pouvoirs nécessaires ; mais on ne larda pas à acquérir la conviction que les gouvernements de la ligue avaient l’intention de tromper la diète, car ces députations déclarèrent qu’elles n’avaient aucune espèce de pouvoirs qui les autorisassent à entrer en accommodement. De leur côié, les députés qui représentaient la majorité de la dièle firent des propositions raisonnables en vue d’une conciliation ; elles offrirent de laisser tomber la question des jésuites si Lucerne , eu égard à sa qualité d’un des trois vororts , consentait à les éloigner de son sein. S-Gall s’engagea même à déterminer le grand conseil de son canton à admettre le jugement arbitral du pape dans la question des jésuites, si le Sonderbund voulait dissoudre son alliance. Un autre État déclara qu’il considérerait la contestalion comme vidée, si le Sonderbund se dissolvait et si trois Etals désignés par lui s’adressaient au pape pour éloigner les jésuites. Mais toutes ces propositions, qui témoignaient de l’extrême indulgence du peuple suisse, furerit néanmoins repoussées avec dédain. Les dépulés du Sonderbund donnèrent à entendre qu’il serait possible d’entrer en accommodement, mais sous la condition que la question des jésuites serait soumise au pape et qu’on licencierait les troupes mises sur pied. Le rapporteur de la conférence médiatrice*, M. le D r Kern, de Thurgovie, fit observer qu’il serait difficile que les dépulations protestantes, qui constituaient la majorité de la dièle, reconnussent le pape en qualité d’arbitre, attendu qu’en partant même du point de vue purement confessionnel, le S'-Père ne peut être considéré que comme une puissance étrangère. Il ajouta qu’il appartenait au député de Lucerne, qui avait jadis dissuadué, dans le grand conseil de son canton, d’appeler les jésuites, en faisant ressortir les suites malheureuses de cet appel, de se charger de la belle tâche de provoquer l’éloignement de cet ordre. Le député de Lucerne doit avoir répondu dédaigneusement que ni lui ni personne d’autre ne ferait cette proposition à Lucerne. * Le premier député de Bâle-Ville présidait la conférence médiatrice à laquelle, outre les députés des cantons du Sonderbund, assistaient aussi les premiers députés de Zurich, Soleure et Thurgovie. Les prétentions des députés du Somlerbund étaient inconciliables avec l’honneur et le repos de la Suisse, car la diète ne pouvait admettre, notamment, le licenciement des troupes mises sur pied. Dans la quarante-cinquième séance de la diète du 29 octobre , Lucerne déclara au nom des sept Étals du Sonderhund que le moment était venu de quitter la diète et que le motif principal de cette retraite était la mise sur pied de 50,000 hommes. Le député de Lucerne invoqua encore un manifeste que les sept cantons adresseraient au peuple suisse pour justifier leurs démarches , puis les députes de Lucerne, üri, Schwj'z, Ltnter- walden , Zug , Fribourg et Valais quittèrent la salle, après avoir fait consigner la déclaration suivante au protocole, déclaration qui expose évidemment sous un faux jour les tendances de la majorité de la diète et lui conteste son droit d’une manière qui ne repose sur aucun principe de droit public ou privé. Cette déclaration est ainsi conçue Le moment est venu pour les députations soussignées des États de Lucerne, Uri, Schwyz, Unterwalden le haut et le bas, Zug, Fribourg et Valais où elles doivent quitter la diète par suite de la conduite de la majorité des États réunis dans cette assemblée. Pour justifier les démarches importantes qu’elles font, elles invoquent les faits suivants Une délibération conforme à la dignité et aux droits des États confédérés n’existe plus dans le sein de la diète. Dans des conférences tenues à buis-clos par les députations des douze États formant la majorité, on discute et on arrête ce qui sera converti plus tard en résolution prise par la diète. La délibération dans le sein de la diète a dégénéré en un jeu sans importance. *On ne regarde plus même comme nécessaire de fixer un ordre du jour pour les objets soumis à la délibération et les décisions de la plus haute importance; on ne désigne pas ces objets dans les lettres de convocation, dans l’envoi desquelles on néglige même les règles des convenances à l’égard des députations qui ne sont pas initiées dans les plans de la majorité des douze, puis on met en séance secrète l’objet à l’ordre du jour et on prend des résolutions. * Voilà les bravades dont étaient capables les députés des sept États; voilà les expressions avilissantes dont ils osaient, dans la conscience de leurs actes criminels, se servir à l’égard de l’autorité suprême d’un État! 70 Et quelles résolutions? Quoique ce procédé anti-fédéral soit de nature à blesser profondément les députations soussignées, ce n’est cependant pas ce qui les engage à faire la démarche importante qu’elles font, mais le motif de cette démarche gît dans le contenu de ces résolutions qui amèneront indubitablement sous peu de jours l’explosion de la guerre civile et qui maintenant déjà organisent la guerre contre les sept Etats catholiques de Lucerne, Uri, Schwyz, Unterwalden le haut et le bas, Zug, Fribourg et Valais. Cet arrêté ordonne la mise sur pied d’une armée fédérale de 50,000 hommes. Mais ces troupes dites fédérales ne peuvent être prises que dans les cantons des douze. On allègue pour motifs de cette levée de troupes que c’est pour maintenir l’ordre public, le rétablir, et sauvegarder les droits de la Confédération. Il n’est pas nécessaire d’expliquer ce que signifient ces mots dans la bouche de la majorité des douze. Dans tous les cantons de la Confédération, à part quelques désordres militaires dans le canton de régnent l’ordre et la légalité. Pour rétablir l’ordro dans ce canton, on n’a pas besoin de lever une armée de 50,000 hommes; cette levée doit avoir un autre but, qui est dirigé contre les sept États. On a donné au commandant en chef pour mandat d’employer son corps d’armée à rétablir l’ordre et la tranquillité partout où iis seront troublés, à faire respecter l’autorité de la Confédération. En conséquence, dès le moment où l’arrêté a été rendu, le commandant en chef a non seulement le mandat, mais même l’ordre d’agir avec ses troupes. Si jusqu’à cette heure les hostilités n’ont pas encore éclaté, il faut en chercher le motif ailleurs. La levée d’un corps d’armée, si des paroles trompeuses devaient encore laisser un doute, donne d’ailleurs une preuve frappante du but réel auquel il est affecté. S’il ne s’agit pas de faire la guerre aux sept cantons, mais de rétablir l’ordre et la tranquillité troublés dans d’autres cantons, pourquoi donc la formation de divisions d’armée dans les cantons de Yaud, Berne, Soleure, Argovie, Zurich et Tessin? Le corps de troupes mises sur pied est une armée hostile appelée en campagne contre les sept cantons. Le commandant en chef a déjà reçu l’ordre d’en disposer ; l’arrêté portant déclaration de guerre est donc rendu, et chaque moment peut nous annoncer l’explosion de l’exécrable guerre civile. Il faut donc que nous quittions, puisque ceux qui ont juré de vivre avec nous, dans la prospérité comme dans le malheur, en confédérés et en frères, ont tiré le glaive contre nous. Nous en repoussons les suites et les rejetons sur ceux qui les ont provoquées. Les députations des sept États avaient accédé aux propositions faites par la députation de Zug et les avaient présentées comme base d’une médiation ; déjà dans des conférences privées elles s’étaient déclarées disposées, si on garantissait à leurs Etats les droits politiques et .confessionnels, à soumettre la question des jésuites et des couvents au jugement arbitral du vénérable et sage chef de l’Eglise catholique; elles demandaient que, si pour le moment on ne voulait pas entrer en matière sur l’une ou l’autre de ces questions, on déposât du moins réciproquement et immédiatement les armes en signe d’amour sincère de la paix, qu’on licenciât les troupes mises sur pied et qu’on entamât ensuite amicalement des négociations en vue de la paix. Tout, jusqu’à cette dernière proposition, fut repoussé. Ainsi, il est clair qu’on ne veut pas une solution pacifique et honorable pour les deux parties, mais qu’en suivant une voie sanglante, on cherche une solution qui sera déshonorable pour toujours. Pour prouver notre innocence, nous adressons avec la présente, sous la date de ce jour, un manifeste à tout le peuple suisse, à nos contemporains et à la postérité, et nous le déposons également dans le protocole de la diète. Berne, le 29 octobre 1847. Il y eut un moment de silence solennel lorsque les députations des sept États eurent quitté la salle de la dièle ; puis rassemblée reprit le cours de ses importantes affaires. Le conseil fédéral de la guerre proposa aussi de mettre la réserve en disponibilité, proposition qui fut adoptée par la diète. On verra dans le cours de cet ouvrage de quelle manière la mise sur pied fut effectuée. Neuchâtel refusait cependant de mettre ses troupes au service de la Confédération. Cet Étal invoquait la ligne de conduite qu’il avait constamment suivie dans les affaires du Sonderbund, déclarant qu’il avait reconnu l’alliance des sept cantons et qu’il n’avait pas coopéré à des arrêtés pris contre eux. 11 reconnaissait donc sa position à l’égard de l’alliance séparée, mais il la méconnaissait à l’égard de l’alliance fédérale en n’obtempérant pas aux arrêtés de l’autorité suprême, malgré deux sommations •lui lui avaient été faites. L’état des choses était tel que la diète ne pouvait plus différer de prendre des mesures coercitives contre le Sonderbund. Aussi, dans sa quarante-septième séance du h novembre, à quatre heures de l’après-midi, rendit-elle l’arrêté suivant 72 LA DIETE FEDERALE, Considérant que, par l’arrêté du 20 juillet de cette année, l’alliance séparée des sept Etats de Lucerne, Uri, Schwyz, Unterwalden, Zug, Fribourg et Valais a été déclarée incompatible avec les dispositions du pacte fédéral et par conséquent dissoute ; que ces cantons ont été rendus responsables de l’observation dudit arrêté, et que la diète s’est réservé de prendre, si les circonstances l’exigent, les mesures ultérieures pour le faire respecter ; Considérant que les députations des cantons dn Sonderbund ont remis, déjà le 22 juillet, la déclaration qu’ils ne reconnaissent pas cet arrêté ; Considérant qu’après le 20 juillet aussi bien qu’avant, les Cantons mentionnés ci-dessus ont fait des préparatifs militaires extraordinaires, élevé des fortifications, tiré des armes et des munitions de l’étranger, dans le but évident de s’opposer, même par la force des armes, à l’exécution des résolutions de la diète; Considérant que les mêmes cantons n’ont point obtempéré à l’arrêté du il août, par lequel ils étaient sérieusement avertis de s’abstenir de tout ce qui pourrait troubler la paix du pays; qu’au contraire, en élevant des remparts et en continuant leurs préparatifs militaires extraordinaires, après ce décret comme avant, ils ont agi au mépris des décrets de la diète ; Considérant que les représentants fédéraux nommés par la diète n’ont obtenu d’accès ni auprès des autorités chargées de donner les instructions , ni auprès des assemblées du peuple landsgemeinden, que la publication de la proclamation conciliatrice et remplie de bienveillance fédérale a été interdite presque partout et qu’à Lucerne cette défense même a eu lieu sous la commination d’une peine, comme d’un crime; Considérant que les propositions médiatrices faites depuis ont été repoussées par les mêmes sept États, et que toutes les tentatives de les ramener par des voies pacifiques à reconnaître et a remplir les devoirs fédéraux qu’ils ont juré d’observer sont demeurées sans résultat ; Considérant que les députations de ces États ont abandonné la diète et la ville fédérale le 29 octobre et que par cet acte, joint aux déclarations qu’ils ont données en même temps et aux mesures militaires qu’ils ont prises depuis, ils se sont mis en guerre ouverte envers la Confédération; Considérant qu’après tout cela il est du devoir de la Confédération et de la diète de faire respecter les arrêtés que l’assemblée a rendus conformément aux prescriptions du droit fédéral et d’employer tous les moyens conformes au pacte pour faire cesser un état de choses qui menace la sûreté intérieure et extérieure de la Confédération ; Faisant application des articles I, VI et VIII du pacte fédéral, Arrête ce qui suit 1 L’arrêté de la diète du 20 juillet de la présente année, ordonnant la dissolution de l’alliance séparée conclue entre les cantons de 73 Lucerne, Uri, Schwyz, Unterwalden, Zug', Fribourg et Valais, doit être exécuté par la force des armes. 2 Le commandant en chef des troupes fédérales est chargé de l’exécution du présent arrêté. 3 La diète se réserve de prendre ultérieurement les mesures qui seront nécessaires. 4 Le Directoire fédéral est chargé de communiquer immédiatement le présent arrêté au commandant en chef des troupes fédérales, au conseil fédéral de la guerre et aux gouvernements de tous les cantons. Ainsi arrêté dans notre séance à Berne, le 4 novembre 1847. La diète fédérale ordinaire; En son nom, Le président du conseil exécutif de Berne, Directoire fédéral, Président de la diète L. S. OCHSENBEIN. Le secrétaire d’Etat de la Confédération SCUIESS. Le même jour la diète publia encore deux proclamations, l’une adressée à l’armée fédérale et l’aulre au peuple suisse. Voici ces deux documents comme souvenir impérissable de l’action simultanée de l’autorité fédérale et de la nation suisse. Proclamation de la diète fédérale à l’armée suisse. Soldats citoyens ! La Confédération suisse, notre commune patrie, vous a appelés sous les drapeaux. Vous y êtes accourus avec un empressement digne d’hommes de cœur, résolus à verser leur sang pour l’accomplissement du plus saint des devoirs, le salut de la patrie. Maintenant vous allez marcher contre l’alliance séparée, dite le Sonderbund. Cette fois encore vous confondrez les calculs de ceux qui vous ont fait l’injure de compter sur votre défection. Les ennemis de la patrie cherchent à faire accroire que c’est pour anéantir la souveraineté cantonale des Etats de l’alliance séparée que vous êtes appelés à marcher, que c’est pour détruire leur liberté politique et religieuse, les asservir au joug de majorités tyranniques, renverser les institutions fédérales, constituer un gouvernement unitaire sur leurs ruines, et saper les bases de l’ordre social. Ce sont là d’odieuses calomnies. Vous avez à faire respecter le pacte, qui est la constitution de la Suisse, à rétablir l’ordre, la tranquillité et la sûreté du pays, à com- 74 primer la révolte, à préserver la Suisse de l’anarchie et à ramener à l’obéissance aux lois et aux autorités fédérales des populations égarées par ceux [ui exploitent leur crédulité. Vous aurez à faire cesser des troubles fomentés en vue d’étouffer ou de fausser les principes de liberté, d’égalité devant la loi et de justice conquis par nos pères et inscrits dans les constitutions des Etats confédérés. Le parti qui fait la guerre à la Confédération a, sous de mensongers prétextes, conclu l’alliance séparée, connue sous le nom de Sonderbund , dont le but réel est de miner la liberté, de tenir le peuple dans l’ignorance et de plier la démocratie à son joug pour la faire servir à de funestes desseins. Cette ligue impie est un poison que la Suisse doit repousser de son sein. Aussi, pour préserver la Confédération d’une pareille cause de dissolution, l’article VI du pacte fédéral statue expressément que „Les cantons ne peuvent former de liaisons préjudiciables à la Confédération ni aux droits des autres Etats $uisscs.“ Or le Sonderbund est une de ces liaisons prohibées par le pacte. Une alliance politique particulière formant une Confédération dans la Confédération, est destructive de l’alliance commune ; c’est un germe de division et de mort qu’il faut extirper. Conclue pour résister par la force des armes aux arrêtés de la diète, qui tous sont fondés sur des dispositions du pacte, l’alliance séparée est un acte de rébellion d’une minorité factieuse contre les décrets rendus par l’autorité compétente. C’est pourquoi, en vertu des dispositions claires et expresses du pacte, la diète a rendu, le 20 juillet 1847, un arrêté portant „1° L’alliance séparée des sept Etats de Lucerne, Uri, Schwyz, Un- terwalden, Zug, Fribourg et Valais est déclarée incompatible avec les dispositions du pacte fédéral et par conséquent dissoute. „2° Ces cantons sont responsables de l’observation du présent arrêté et la diète se réserve de prendre, si les circonstances l’exigent, les mesures ultérieures pour le faire respecter." Au lieu de se soumettre à cet arrêté, le Sonderbund a protesté contre, adressé au peuple des proclamations incendiaires, fait venir des armes et des munitions de l’étranger, élevé des fortifications, réuni et armé des troupes. Cependant, avant de recourir aux armes, la diète a tenté tout ce qui était eu son pouvoir pour éviter l’effusion du sang. Elle a adressé aux autorités cantonales et au peuple des sept États une proclamation pleine de bienveillance et de respect pour la souveraineté, les droits, la liberté et la religion de ces cantons. Elle a délégué auprès d’eux des représentants fédéraux. Mais en vain. Excepté à Zug, les représentants fédéraux n’ont point été admis à parler aux gouvernements, moins encore au peuple. Il a été interdit de publier la proclamation de l’assemblée fédérale; le gouvernement lucernois est même allé jusqu’à menacer d’emprisonner et de livrer au juge criminel les citoyens qui la distribueraient. D’autres essais de conciliation n’ont amené à aucun résultat. En faisant des propositions inacceptables, en demandant avant tout le désarmement , les députés du Sonderbund ont assez montré qu’ils voulaient paralyser l’exécution, se donner les apparences de vouloir la paix et se créer un prétexte pour quitter la diète en criant à l’injustice et à la tyrannie. Ils se sont effectivement retirés de l’assemblée fédérale et ont quitté le vorort, vendredi 29 octobre, en déposant une déclaration écrite, et un manifeste déjà imprimé. Voilà comment le Sonderbund a levé le masque et jeté le gant à la Confédération suisse. Soldats! Vous saurez le relever! En présence de cette déclaration de guerre, et après avoir épuise tous les moyens pacifiques, la diète a dû, en vertu des articles I, VI et VIII du pacte fédéral, recourir à la force des armes pour se faire obéir, obtenir une réparation complète et mettre fin au désordre. Les gouvernements du Sonderbund ont forfait à leurs devoirs envers la Confédération suisse, en rompant avec elle et en prenant les armes. Aussi les citoyens des cantons de l’alliance séparée qui se déclareront ouvertement pour la Confédération, jouiront-ils de toute sa protection. Soldats ! le militaire suisse s’est de tout temps signalé par sa discipline exemplaire. Vous saurez conserver intacte cette réputation. Vous obéirez à vos chefs et leur accorderez toute votre confiance, tout comme vous saurez fermer l’oreille aux bruits semés par la malveillance. Officiers, sous-officiers et soldats, militaires de toutes armes et de tous grades! La Suisse et le monde ont les yeux fixés sur vous. La nation place une confiance illimitée en votre courage et votre dévouement. Au fanatisme de vos adversaires, vous opposerez ce sang-froid, cette énergie calme, cette vaillance qui se possède, cette sérénité de l’enthousiasme que donnent le sentiment d’une bonne cause et la conscience du devoir. Vous prouverez aux contemporains et à la postérité que vous n’avez pas dégénéré de vos valeureux ancêtres, qui étaient aussi braves que ceux de vos adversaires. En vous illustrant sur le champ de bataille , vous ajouterez un nouveau fleuron à la couronne de gloire qui enceint le front de la patrie et vous inspirerez à l’étranger un salutaire respect pour la Suisse et son armée. Vous vaincrez ceux qui vous résisteront les armes à la main ou qui auraient l’audace de vous attaquer. Mais, tout en obéissant aux inexorables lois de la guerre, vous saurez allier la magnanimité aux nécessités du combat; vous n’oublierez jamais que ce sont, pour la plupart, 76 des hommes égarés, des confédérés, des frères que vous devez faire - rentrer dans le devoir. Votre drapeau est celui de l’autorité de la Confédération, de l'intégrité d’une commune patrie qui abrite les cantons et leur souveraineté, de la nationalité suisse en un mot, avec la liberté, l’ordre et la sécurité. C’est pour abattre l’étendard de la séparation que vous êtes accourus sous la bannière rouge et blanche de la Suisse, marquée de la croix fédérale, bannière qui est le symbole de la foi, de l’union et de la bravoure; c’est pour éteindre les torches incendiaires de la discorde et sauver la Suisse de l’anarchie, que vous vous êtes levés en masse; c’est pour assurer aux vingt-deux cantons une paix durable que vous avez pris les armes. La patrie reconnaissante récompensera vos services et prendra soin des veuves, des enfants et des parents des braves qui auront versé leur sang pour elle. Que le Dieu des armées veille sur vous, qu’il fortifie vos cœurs, éclaire votre esprit, aguerrisse votre corps et vous soutienne dans le combat ! Que Dieu protège la Suisse et bénisse notre cause ! Ainsi arrêté dans notre séance à Berne, le 4 novembre 1847. La diète fédérale ordinaire; En son nom, Le président du conseil exécutif de Berne, Directoire fédéral, Président de la diète L. S. OCHSENBEIN. Le secrétaire d’Etat de la Confédération SCHIESS. Exposé de la diète fédérale au peuple suisse. Fidèles, chers confédérés! Après avoir vainement et à plusieurs reprises essayé les voies de la persuasion et des déclarations rassurantes, pour ramener au devoir et à l’obéissance envers la Confédération et son autorité suprême des cantons qui ont violé le pacte, la diète a dû ordonner un armement fédéral. — Dans sa séance d’aujourd’hui, elle a décidé de briser par voie d’exécution militaire la résistance de membres rebelles de la Confédération. En vous donnant, fidèles et chers confédérés, connaissance de cette importante résolution, elle désire s’adresser à vous avec la franchise qui lui appartient et la gravité que commandent les circonstances critiques du moment, vous exposer brièvement la situation de la patrie et justifier les mesures qu’elle a été forcée de prendre pour rétablir l’ordre légat — La diète a un motif d’autant plus pressant de faire cette déclaration publique, qu’avant de se retirer de l’assemblée fédérale, les députés des sept États de la ligue séparée ont déposé un manifeste, dans lequel il» 77 cherchent effrontément à rejeter l’immense responsabilité de la guerre sur la majorité des États, c’est-à-dire sur l’autorité fédérale. L’origine du Sonderbund, contre lequel la Confédération s’élève, remonte sans contredit à l’année 1843, bien que sa forme actuelle date peut-être d'une époque postérieure. — Alors la diète avait terminé l’affaire des couvents d’Argovie conformément au pacte, au moyen d’une transaction qui, en admettant lsj, suppression des abbayes coupables, laissait subsister les moins compromises. — La majeure partie de la Suisse salua avec joie le jour qui semblait mettre fin à une lutte passionnée de plusieurs années. — Il ne se passait alors rien qui pût, même de loin, inspirer la moindre inquiétude aux sept États! Néanmoins eut alors lieu à Lucerne la conférence bien connue, dans laquelle on a jeté les bases de l’alliance politique séparée et où le plan criminel d’une séparation de la Suisse a été sérieusement présenté ; néanmoins le grand conseil du canton de Lucerne décréta, déjà en octobre 1843, des préparatifs militaires extraordinaires ; néanmoins, les sept États tinrent depuis ce moment, ci et là, leurs réunions et leurs diètes particulières. Bientôt se révéla le projet d’appeler l’ordre des jésuites à Lucerne, l’un des trois cantons directeurs. Un cri unanime de mécontentement et d’indignation retentit dans presque toutes les contrées de la patrie et un nouveau brandon de discorde fut ainsi jeté dans la Confédération. Il est vrai qu’à la diète de 1844, la majorité des États ne voulut pas entrer en matière sur cet objet, parce que le danger pour la tranquillité intérieure et l’ordre n’existait pas encore au point de déclarer cette question affaire fédérale. C’est en vain que plusieurs députations donnèrent alors de sérieux avertissements, c’est en vain qu’elles adressèrent à l’État de Lucerne les prières les plus amicales et les plus instantes, c’est en vain que l’État de Zurich délégua dans ce but une députation particulière. Au mépris de toutes les intercessions amiables des confédérés et en face de l’énorme agitation qui devait s’en suivre presque partout, Lucerne décida l’appel des jésuites. Le mécontentement d’une partie de la population déborda sous une forme illégale et l’on vit la première expédition des corps francs. L’issue en est connue, ainsi que la rigueur sans mesure avec laquelle la justice lucernoise procéda contre les individus qui y avaient pris part et contre les suspects politiques. Des centaines de citoyens durent abandonner le foyer domestique pour chercher un refuge dans d’autres cantons. Aussi l’agitation dut-elle croître d’une manière inouïe, surtout dans les cantons voisins, et la diète assemblée en février 1845 ne put réussir à opposer au torrent qui grossi- sait une digue suffisante, parce qu’il ne se forma aucune majorité pour donner à la population irritée la moindre garantie rassurante sur le sort futur d’une foule de malheureux. C’est ce qui provoqua la seconde expédition des corps francs; un armement fédéral devint nécessaire pour détourner les dangers que courait la paix du pays et pour rétablir l’ordre 78 et la tranquillité. La diète blâma fortement les entreprises de corps francs et rendit les arrêtés que les États du Sonderbund demandaient comme garantie contre le renouvellement de ces irruptions. Quoique la défaite des corps francs, l’opinion publique et la législation de presque tons les cantons présentassent une garantie pleinement suffisante, ainsi que les récents événements de Genève et de Fribourg l’ont prouvé, le Sonderbund n’en exploita pas moins ces attaques comme prétexte de son existence, de sa justification politique et de son caractère toujours plus prononcé, jusqu’à ce que le masque tomba le 20 juillet 1847, jour où nos adversaires déclarèrent ouvertement que l’alliance séparée avait été conclue pour résister à tous les arrêtés de la diète que la ligue ne reconnaissait pas comme légitimes. En attendant, l’ordre des jésuites n’avait pas dédaigné de faire son entrée au vorort de Lucerne en marchant sur les cadavres des vaincus et en exposant la patrie à tous les périls qu’entraîne une scission profonde. L’opinion publique se prononça toujours plus fortement contre l’admission des jésuites, et deux gouvernements suisses ont dû succomber pour avoir résisté à son impulsion. Longtemps avant que la diète s’assemblât cette année, le Sonderbund continua avec une extrême ardeur ses préparatifs militaires, mit son conseil de guerre en activité, forma un état-major, fit des achats d’armes et de munitions dans le pays et à l’étranger, et se trouva ainsi armé contre la Confédération qui s’abstint de toutes mesures semblables. Cest dans ces circonstances, fidèles, chers confédérés, que se réunit l’assemblée fédérale. Ensuite de délibérations approfondies et après que la question eût été à réitérées fois mûrement examinée dans tous les grands conseils de la Suisse, la diète prit, le 20 juillet de cette année, un arrêté conçu en ces termes 1. L’alliance séparée des sept Etats de Lucerne, Uri, Schicyz, Un- terwalden, 7jug, Fribourg et Valais est déclarée incompatible avec les dispositions du pacte fédéral et par conséquent dissoute. 2. Ces cantons sont responsables de l’observation du présent arrêté et la diète se réserve de prendre, si les circonstances l’exigent, les mesures ultérieures pour le faire respecter. Comme les Etats du Sonderbund soutiennent continuellement que la diète n’a pas le droit de prendre un pareil arrêté, et même que ce décret constitue une atteinte à leur souveraineté, la diète se fait un devoir de vous exposer en peu de mots le droit qui sert de fondement à son arrêté. Ce droit repose sur les ternies clairs et précis de l’article VI du pacte fédéral , lequel statue que „Les cantons ne peuvent former de liaisons préjudiciables ci la Confédération ni aux droits des antres Etats suisses. u 79 Il n’y a aucune contestation sur le contenu de cette disposition du pacte quant au droit, chacun le reconnaît. Mais ce qui est contesté, c’est la question de savoir si l’alliance séparée appartient oui ou non aux liaisons préjudiciables et qui, par conséquent, sont inadmissibles et contraires au pacte. En un mot, c’est une question de fait. Quelle est l’autorité compétente pour la résoudre? Il ne peut y en avoir d’autre que la diète. Elle est l’autorité à qui est imposé le devoir de sauvegarder les droits du pacte sous tous les rapports ; c’est à elle que doivent être soumises les constitutions des cantons, ainsi que les capitulations militaires, afin qu’elle puisse juger si elles ne contiennent rien de dangereux pour l’alliance commune. C’est au jugement de la diète seule que peuvent être soumises les alliances séparées qui touchent aux rapports politiques de la Confédération, puisque le pacte ne désigne aucune autre autorité pour cela, et que Ie£ Etats du Sonderbund n’ont point pu en indiquer d’autre. Si, par conséquent, on doit reconnaître la compétence de la diète pour décider de pareilles questions, il faut aussi laisser tomber la fausse accusation qu’une majorité incompétente s’attribue une omnipotence politique et porte une main illégitime sur la souveraineté cantonale, afin d’empiéter sur son domaine. C’est pourquoi, en se fondant sur l’article VI du pacte fédéral, la diète a pu, avec le droit le plus entier, prendre dans sa compétence la question de savoir si l’alliance séparée est préjudiciable et inadmissible; elle a pu, avec la conviction la plus profonde, la résoudre affirmativement. Abstraction faite de la justesse de cette décision, il découle déjà, avec une nécessité juridique, du fait même de la compétence, que la minorité doit se soumettre à la majorité. Mais la diète n’a pas davantage à craindre le jugement du peuple suisse sur le contenu do sa décision. Si, comme ils le prétendent, les Etats du Sonderbund n’ont pas d’autre but que de se soutenir mutuellement et de se défendre contre d’injustes attaques, ils n’ont pas besoin d’une alliance séparée, car l’article IV du pacte suffit pour les protéger et a de tout temps suffi à tous les cantons. Mais s’ils veulent autre chose ou plus, ils outrepassent les dispositions du pacte et lèsent le droit fédéral commun à tous. Chacun comprendra qu’on ne peut tolérer une alliance séparée qui, contrairement au pacte fédéral, permet de porter à des cantons un secours armé, même sans avertissement officiel donné par le canton qu’on prétend secourir; une alliance qui établit un conseil de la guerre séparé, muni de pouvoirs illimités en opposition à celui de la Confédération et provoque ainsi les collisions les plus dangereuses; une alliance qui déclare d’avance la guerre à des décisions inconnues et non encore prises de la diète ; une alliance enfin qui pose en principe qu’il suffit de la simple discussion de questions de droit fédéral litigieuses pour être autorisé à prendre les armes contre la Confédération, bien qu’elle demeure paisible, et faire naître ainsi une grande inquiétude et de l’irritation en compromettant gravement la paix du pays. 80 Tel est, fidèles, chers confédérés, le véritable état des choses. Aussi la diète vous laisse-t-elle avec une entière confiance le soin de juger vous-mêmes si, en prononçant la dissolution du Sonderbund, elle a porté atteinte à la liberté, à l’indépendance et à la souveraineté d’un Etat confédéré contrairement au pacte. Quelles ont été les suites de l’arrêté du 20 juillet? Les Etats du Son- derbund ont protesté contre-, en déclarant que c’était un nouvel empiètement sur leurs droits cantonaux, et ont refusé de le reconnaître en matière quelconque. Mais ils n’en sont pas demeurés là. Quoiqu’il n’y eût alors, comme on le sait assez, aucune perspective d’une exécution armée, quoique la Confédération n’eût pas pris la moindre mesure militaire, les Etats de la ligue continuèrent et augmentèrent leurs préparatifs de guerre, firent venir des armes et des munitions de l’étranger et élevèrent des fortifications sur les frontières des cantons voisins, à tel point que la diète se vit forcée d’arrêter, autant que possible, ces envois et de commander la paix du pays. Mais ces mesures hostiles à la Confédération n’en continuèrent pas moins à se développer ; il vaut, entre autres, la peine de faire connaître que le gouvernemnnt de Lucerne a refusé de livrer les effets d’hôpitaux militaires appartenant à la Confédération, et que de deux officiers fédéraux chargés par le conseil fédéral de la guerre de soigner cette affaire, l’un a été mis en prison et l’autre chassé du canton. Les instructions de toutes les députations de la majorité leur prescrivaient d’épuiser tous les moyens qui pourraient amener une solution pacifique et acceptable de la question. La diète croit de son devoir, fidèles, chers confédérés, de vous faire connaître comment elle s’est efforcée de s’acquitter de cette tâche, en âme et conscience; elle le doit d’autant plus qu’en se retirant de l’assemblée fédérale, les députés du Sonderbund ont eu l’impudence de faire insérer au protocole qu’ils ont tendu la main de paix, qu’on les a repoussés et tiré l’épée contre / eux! La diète savait que, dans les cantons du Sonderbund, on fascine et trompe le peuple au moyen des accusations les plus absurdes et de perfides calomnies, en lui faisant croire que la majorité des États n’avait d’autre but que de détruire sa religion, sa liberté et son indépendance, son existence cantonale en un mot, pour élever une république unitaire sur ses ruines. L’histoire jugera les magistrats qui se sont livrés à ce jeu criminel même au moyen d’actes officiels. Cest pourquoi la diète a adressé aux autorités et au peuple des sept États une proclamation, où elle leur donne avec une amitié toute confédérale les explications propres à leur faire connaître ses véritables intentions et à les rassurer. Des représentants fédéraux étaient chargés de répandre cette proclamation dans les États de la ligue et de l’appuyer auprès des autorités qui donnent les instructions aux députés à la diète. Mais la voix bienveillante de la Confédération et de son autorité suprême ne devait plus être entendue 8i du peuple de ces cantons. A l'exception de celui de Xug , la publication de la proclamation fut interdite partout, et à Lucerne on alla jusqu'à statuer que quiconque la répandrait serait emprisonné et livré à la justice; les représentants ne furent pas même admis auprès des gouvernements vers lesquels ils avaient été envoyés. C’est ainsi, peuple suisse, qu’on a traité tes représentants, c’est ainsi qu’on a écouté ta voix. Il restait cependant encore quelque espoir d’une solution pacifique, savoir les négociations dans des conférences à Berne. On était d’autant plus autorisé à espérer un succès que, dans tous les sept États, on a dit aux représentants qu’ils devaient s’adresser aux députés à la diète, à Berne, qui étaient nantis des pouvoirs nécessaires. Mais on vit bientôt que c’était une méchante tromperie; car ces députés n’avaient aucun pouvoir pour négocier une transaction et ils durent le déclarer. Les députés qui représentaient dans les conférences la majorité de la diète firent, an contraire, de véritables propositions de médiation; ils proposèrent de laisser tomber la question des jésuites si, en considération de sa position de vorort, Lucerne les éloignait. Un député de la majorité proposa, pour le cas où l’alliance séparée se dissoudrait, do soumettre la question des jésuites à la décision arbitrale du pape; un autre se déclara prêt, toujours dans la supposition de la dissolution du Sondcrbund, à considérer le différend comme terminé, pourvu que trois États qu’il désigna se chargeassent d’intercéder auprès du pape pour obtenir l’éloignement des jésuites. Mais toutes ces propositions, — la Confédération n’apprendra peut-être pas sans étonnement les deux dernières, — /ouïes ce s propositions, disons-nous, furent repoussées avec dédain. La possibilité d’une transaction ne fut présentée dans une perspective lointaine que sous la condition expresse qu’avec la question des jésuites on soumettrait à la décision lu pape la question des couvents, terminée depuis longtemps, et qu’avant tout on licencierait les troupes. C’en était trop pour l’honneur et la tranquillité de la patrie. Pour gain d’une paix éphémère, il était impossible d’allumer de nouveau un brandon qu’on n’était parvenu à éteindre qu’après une lutte acharnée; impossible d’ouvrir de nouveau toutes les plaies qu’une médiation sage et la main salutaire du temps avaient cicatrisées. Ici encore la diète en appelle solennellement à la nation suisse. Vous pouvez décider, fidèles, chers confédérés, si la diète n’a pas fait tout ce que commandaient l’honneur et le devoir, pour faire tourner le conflit à la paix; vous pouvez juger si elle a rejeté avec légèreté une main de réconciliation qui lui avait été tendue; vous pouvez décider si c’est elle qui a la première déclaré la guerre. Quoiqu’il plaise à la providence de nous dispenser dans ces jours de crise, vos représentants, fidèles, chers confédérés, peuvent envisager l’avenir avec repos et avec la conscience qu’ils ont tendu do tous leurs efforts à l’honneur et à la paix de la patrie. Le combat que la Confédération doit livrer à des membres insurgés du corps helvétique, n’est point une guerre de sept cantons contre sept, poin 0 une oppression de la minorité par la majorité, point une guerre contre d'innocents confédérés. Non, c’est un combat de la Confédération et de ses pouvoirs légitimes contre le parti qui a formé l’alliance séparée, l’a fait grandir et l’a glissée comme une vipère au cœur de la Confédération, afin de l’empoisonner. Ce ne sont pas d’innocentes peuplades qui ont commis ce crime, mais bien le parti qui cherche à les retenir dans l’ignorance sous des formes démocratiques et les exploite dans un but égoïste, soüs le masque de la religion; le parti qui déjà en 1813 ouvrit la porto aux armées étrangères, qui refusa la garantie fédérale aux constitutions libérales de 1831 quoiqu’elles ne fussent nullement contraires au pacte, qui travaille à la réaction par d’incessantes menées, qui a agité le Jura bernois et d’autres contrées de la Suisse, qui a poussé à une insurrection ultramontaine dans le canton d’Argovie, et appelé en Valais, à Fribourg, à Schwyz et à Lucerne les jésuites dont il est l’allié et l’instrument. Voilà, confédérés, en quoi consiste l’essence du Sonder- bund ; laissez-le subsister ou triompher, et la patrie en deuil perdra l’une après l’autre toutes les institutions qui sont la condition de sa vraie liberté, de l’essor de son esprit, de sa force et de son honneur. Le serment que nous avons prêté à la Confédération nous impose le devoir sacré de rétablir la tranquillité et l’ordre à l’intérieur et de veiller à la sûreté extérieure. L’autorité fédérale se trouve ainsi dans l’impérieuse nécessité de recourir aux moyens extrêmes pour rétablir l’ordre légal, puisqu’en s’éloignant du sein de la diète et par leur déclaration, les députés du Sonderbund se sont mis en état de guerre ouverte. C’est pourquoi soyons unis et forts, fidèles, chers confédérés, et le Tout-Puissant préservera encore cette fois-ci notre patrie de la séparation et de la ruine. Berne, le 4 novembre 1847. La diète fédérale ordinaire; En son nom Le président du conseil exécutif du canton de Berne, Directoire fédéral, Président de la diète L. S. OCIISENBEÏN. Le secrétaire d’Etat de la Confédération SC11IESS. En même temps, le général Dufour adressa à l’armée fédérale la proclamation suivante Soldats confédérés! Après la proclamation qui vous a été adressée par la diète elle- même, je n’ai que quelques mots à vous dire dans ce moment solennel. C’est pour vous faire exécuter les décrets de l’autorité suprême de la Suisse que vous êtes appelés à sortir de vos cantonnements. Elle a 83 déployé la bannière nationale sous laquelle tout confédéré doit se rallier; n’oubliez pas que votre devoir le plus sacré est de la défendre de toute votre énergie et au prix de votre sang. Le pays réclame votre intervention et le secours de vos bras pour le tirer d’un étal d’incertitude et d’angoisses qui ne saurait se prolonger sans causer une ruine générale. Il compte sur votre dévouement; vous ne tromperez pas son attente. Soldats, il faut sortir de cette lutte, non seulement victorieux, mais encore sans reproches; il faut qu’on puisse dire de vous Us ont vaillamment combattu quand il l’a fallu, niais ils se sont montrés partout humains et généreux. Je mets donc sous votre sauvegarde les enfants, les femmes, les vieillards et les ministres de la religion. Celui qui porte la main sur une personne inoffensive se déshonore et souille son drapeau. Les prisonniers, et surtout les blessés, méritent d’autant plus vos égards et votre compassion que vous vous êtes souvent trouvés avec eux dans les mêmes camps. Vous ne ferez aucun dégât inutile dans les campagnes, et vous saurez supporter les privations momentanées que la saison peut amener, malgré les soins qui seront pris pour fournir à vos besoins. Vos chefs les partageront avec vous ; écoutez leur voix et suivez l’exemple qu’ils vous donneront. Il y a souvent plus de mérite à supporter les fatigues et les privations do la vie militaire, qu’à déployer du courage sur un champ de bataille. Mais si tout se passe comme je l’espère, la campagne ne sera pas longue et vous rentrerez dans vos foyers avec la satisfaction d’avoir accompli une grande mission et rendu à la patrie un service signalé, en la remettant en position de faire respecter, au besoin, son indépendance et sa neutralité. Berne, le 5 novembre 1847. Le commandant en chef,- DUFOUR. L’armée fédérale fut répartie en six divisions, et celles-ci furent subdivisées en brigades. Les commandants furent choisis parmi les colonels fédéraux. Le commandant en chef eut un adjudant-général. On nomma un commandant en chef pour l’ar- tillerie et un commandant spécial pour l’artillerie de réserve. Nous reviendrons sur la composition de l’étal-major général, des états-majors de division et de brigade , ainsi que sur l’organisation et l’effectif de l’armée. Immédiatement après leur sortie de la diète et avant que 1 arrêté d’exécution fût rendu , les Étals du Sonderbund lancèrent 84 le manifeste dont ils avaient parlé. Le raisonnement de cette pièce repose sur le principe d’une souveraineté cantonale illimitée. Ce manifeste , loin de produire l’effet qu’en attendait la ligue, ne servit qu’à soulever l’indignation du peuple et hâta le moment des hostilités. -£>£>£îHHHS-4- CHAPITRE IV, Suites de l’arrêté n e » Dachs, Frédéric, de Berne . » » m e » Deci, Ch les de Berne » » m e Liebi, Théophile, de Thoune . a » 111 e » Gerster, Samuel-Alb 1 , de Berne » y> m e » Scharer, de Frauenfeld » » nr I» Konig , Rodolphe , de Berne » » m e » Gougginsberg, Gabriel, de Vevey 0 » IV e 1 Gilli, Joseph, de Lucerne . » » V e » Schcller, J n -Jacq., de Thalwyl . » » V e » Curli, Fidèle, de Rapperswyl . » » V e BUREAU D’EXPÉDITION AU QUARTIER-GÉNÉRAL. MM. Kaiser-Frauenstein, de Zug, commissaire des guerres de l re classe. Wechsler, Antoine, de Willisau . » » III e » 94 MM. Rothlisberger, ITéd., de Langnau , commissaire des guerres Sporri, Léonard , de Zurich . Obérer , Georges, de Sissach Abys, Charles , de Coire . Berry, Pierre , de Coire . Theiler, Placide , de Laufen de V e classe. i* » V e » » B V e » » V e » » » V e B » » V e » Trésorier M. Sl'àmpili, Jacques, de Berne, conseiller d’Élat. Chirurgien en chef M. le D r Flügcl, Charles, de Berne, colonel fédéral. Chirurgien Cétal-major M. Scliiferli. Maurice, de Berne. Secrétaires M. de Gunten, Antoine, de Berne, chirurgien d’ambulance de III e classe. M. Bauingailner , Jean, de Naters, commisaire des guerres de V e classe. Vétérinaire en chef M. Næff, Jean-Jacques, d’Arberg, major d’état-major fédéral. Vétérinaires d’état-major M. Gyger, Fr., de Gampelcn , sous- lieutenant. M. Koller, Henri, professeur à Berne. TRIBUNAUX MILITAIRES. COUR DE CASSATION. MM. le D r Kern, Jean-Conrad, président du tribunal d’appel de Thurgovie, président, avec rang de colonel. Koliler, Frédéric, président du tribunal d’appel de Berne. Schmid, François-Charles, président du tribunal d’appel de Soleure. leD r Furrer, Jonas, de Winterlhur, avec rang de colonel. Bruggisser , Jean-Pierre, à VVohlen , avec rang de lieutenant- colonel. Suppléants ; M. le D r Frei, Emile , président du tribunal d’appel de Bâle-Campagne. iM. Zingg, Jean-Jacques Léon, de Kaltbrunn , avec rang de capitaine. M. Rovigue, Auguste, président du tribunal d’appel de Vaud. CONSEIL 1E GUERRE N° 'I. Pour les divisions I, H et III. Grand-juge M. lUUlimann , Jean-Jacques, de Regensberg, avec rang de colonel. Auditeurs M. le D r Koch, Jules, de Morges, avec rang de major. M. Bützberger , Jean, de Bleienbach, avec rang de capitaine. M. Duplan-Veillon , de Lausanne , avec rang de capilaine. M. Maltliys, André, de lliitschelen, avec rang de capitaine. M. Zingg, Jean-Jacques-Léonce, de Kallbrunn , avec rang de capitaine. M. d’Erlach, François, de Berne, avec rang de premier lieutenant. Greffier M. Kropfii, Edouard-Emile, de Gsteig près Gessenay. Membres MM. le lieutenant-colonel Geiser, de Langenlhal ; le capitaine Scliaub, de Genève ; le capitaine Roth, de Wangen; le lieutenant de la Forge, de Vaud ; le lieutenant Neuhaus , de Berne ; le sous-lieutenant Balsiger, de Berne; le sous-lieutenant Schàdler, Adolphe, de Solcure; le fourrier Millier, de Vaud. Suppléants ordinaires MM. le capitaine Chevalley, de Vaud; le premier lieutenant Scliem, de Berne; le sous-oflicier Garno, de Berne. Suppléants extraordinaires M. le colonel fédéral Vcillon, de Vaud ; MM. le colonel fédéral Gerwer, de Berne; le lieutenant-colonel Kistler, de Berne ; le lieutenant-colonel Buser, de Bâle-Campagne. Chambre d’accusation MM. le lieutenant-colonel Fuetcr, de Berne, président ; le capilaine Rossi, de Vaud; le capitaine Vogel, de Glaris. Accusateur public M. Renaud, Achille, d’Avenches, avec rang de capitaine. 90 CONSEIL DE GUERRE N° 2. Pour les divisions IV et V. Grand-juge M. le D r Casimir Pfylïer, de Lucerne, avec rang de colonel. Auditeurs M. Bruggisser, Pierre, de Wohlen , avec rang de lieutenant-colonel ; M. Scliiin , Jean-Baplisie, de Zug, avec rang de capitaine. Greffier M. Punk, Jean-Gaspard, de Zurich. Membres MM. le lieutenant-colonel Benz, de Zurich; le capitaine lleiser, de Thurgovie ; le capitaine Scliindler, de Glaris; le premier lieutenant Giezendanner, de S l -Gall; le premier lieutenant Pestalozzi, de Zurich ; le sous-lieutenant Haberslich , d’Argovie; le sous-lieutenant Bûcher , de Zurich ; le sergent-major Wild , de Zurich. Suppléants ordinaires M. le capitaine Pfenninger, d’Uster Zurich ; MM. le sous-lieutenant Bûcher, de Zurich; le sergent-major de Tobel, de Zurich. Suppléant extraordinaire M. le lieutenant-colonel Banzinger, de Ileiden Appenzell. Chambre d’accusation M. le major Rietmann, de S l -Gall, président ; MM. le capitaine Kusler , de S*-Gall ; le capitaine Scheuchzer, de Zurich. Accusateur public M. Kasthofer , Guillaume, de Berne, avec rang de capitaine. CONSEIL DE GUERRE N° 3. Pour la division VI. Grand-juge M. Bataglini, Charles, de Lugano, avec rang de capitaine. Auditeurs MM. Rusconi-Orelli, de Bellinzone ; Bernasconi, de Riva. Membres MM. le lieutenant-colonel Rusca ; le capitaine Cogliardi ; le capitaine Mariotli ; 97 MM. le premier lieutenant I’olari, le premier lieutenant Franconi; le sous-lieutenant Franchina ; le sous-lieu tenant Steiner; le fourrier Brunelli. Suppléants ordinaires MM. le capitaine Jorni; le sous-lieutenant Albrizzi; le fourrier Moretlini. Suppléants extraordinaires M. le colonel fédéral de Donatz, de Coire ; MM. le colonel fédéral à Bundi, d’ilanz ; le lieutenant-colonel Barman, Maurice, du Valais; le lieulenant-colonel Veillard, Adrien, d’Aigle. Chambre d’accusation MM. le major Vicari, président; le capitaine Visconli, Constantin ; le capitaine Bassi. Accusateur public M. Romerio, avec rang de capitaine. Lors de la première répartition de l’armée fédérale, le 27 octobre 1847, voici quels étaient les états-majors de division et de brigade I re Division, Rilliet. Première brigade Rusca, plus lard à Bundi ; deuxième brigade Bourgeois ; troisième brigade Veillon ; quatrième brigade Nicollier Troupes du canton de Vaud, avec une compagnie d’artillerie de Genève. Douze bataillons d’infanterie, huit compagnies de carabiniers, deux compagnies de cavalerie , une compagnie du génie, trois compagnies d’artillerie, une compagnie du parc Quartier-général d’abord à Lausanne. 11 e Division, Burlchardt. Première brigade Bontemps; deuxième brigade Frei; troisième brigade Kurz Troupes des cantons de Berne, d’Argovie, de Soleure. Onze bataillons d’infanterie, six compagnies de carabiniers, deux compagnies de cavalerie, une compagnie du génie, trois compagnies d’artillerie , une compagnie du parc Quartier-général d’abord à Berne. 111 e Division, Donatz. Première brigade à Marca ; deuxième brigade Gerwer; troisième brigade Millier Troupes des cantons de Berne, d’Argovie, de Soleure et de Bàle-Campagne, avec une compagnie de carabiniers de Glaris. Neuf bataillons d’infan- 7 98 teric, deux compagnies de cavalerie, une compagnie du génie, trois compagnies d’artillerie, une demi-compagnie du parc Quartier-général d’adord à Soleure. IV e Division , Ziegler. Première brigade Egloff ; deuxième brigade Kbnig ; troisième brigade Muller Troupes des cantons de Zurich, S'-Gall, Argovie. Thurgovie, Appenzcll Glaris et Grisons, avec une compagnie de cavalerie de Soleure. Onze bataillons d’infanterie , six compagnies de carabiniers, deux compagnies de cavalerie, une compagnie du génie, trois compagnies d’artillerie, une compagnie du parc Quartier-général d’abord à Arau. V e Division , Gmür. Première brigade Blumer ; deuxième brigade Isler; troisième brigade Rilter Troupes des cantons de Zurich , S l -Gall, Appenzell Glaris, Schaffhouse, Thurgovie, avec une compagnie de carabiniers des Grisons. Dix bataillons d’infanterie, six compagnies de carabiniers , deux compagnies de cavalerie ; une compagnie du génie , trois compagnies d'artillerie, une demi-compagnie du parc Quartier-général d’abord à Zurich. VI e Division, Luvini. Première brigade Pioda ; seconde brigade de Salis Troupes des cantons du Tessin et des Grisons. Stationnées dans le canton du Tessin. Six bataillons d’infanterie et armes spéciales du Tessin et des Grisons Quartier-général d’abord à Bellinzone. Artillerie de réserve de Zurich, Berne, Bâle-Campagne, Argovie, S l -Gall et Vaud, sous le commandement du lieutenant- colonel Denzler. Deux compagnies de pontonniers de Zurich et d’Argovie, une compagnie du parc de Zurich, avec escortes nécessaires. Division de la cavalerie de réserve. Première brigade Rieter cavalerie des cantons de Zurich et S-Gall; deuxième brigade OU cavalerie des cantons de Bâle-Campagne, Argovie et Thurgovie ; troisième brigade Karlen cavalerie des cantons de Berne et d’Argovie. A la disposition de l’état-major général Un bataillon d’infanterie à Bâle; deux compagnies de cavalerie des cantons de Vaud et de Genève restèrent à Genève. 99 L’état total de situation de la première armée était de 60 bataillons d’infanterie, 32 compagnies de carabiniers, 21 compagnies de cavalerie, 7 compagnies du génie, 23 compagnies d’artillerie, 4 compagnies du parc, et elle s’élevait à environ 48,000 hommes. État général de situation et répartition de l’armée fédérale au moment de sa plus grande force, le 16 novembre 184 = S*. PREMIÈRE DIVISION DE L’ARMÉE. Commandant de division M. Jean Louis Rilliel-Constanl, de Genève, colonel fédéral. Adjudants de division MM. Adrien Veillard, d’Aigle, Canton de Vaud, lieutenant-colonel fédéral ; Maurice Barman , de Saillon, canton du Valais, lieutenant-colonel fédéral. Adjoints au commandant de division MM. Charles Veillon, de Lausanne, colonel fédéral ; Louis Duplessis, de Lausanne, lieutenant-colonel fédéral, commandant de place de Fribourg; Louis Warnery , d’Aigle , lieutenant-colonel fédéral ; Samuel Pousaz, de Lausanne, capitaine, commandant de place de Sion. État-major 41 hommes; musique 38 hommes. I re BRIGADE. Commandant M. Balthasar à Bundi , d’ilanz, canton des Grisons, colonel fédéral. Celte brigade était composée des armes suivantes Bataillon Reymond, de Vaud, 773 hommes; bataillon Belliger, d’Argovie, 710 hommes; bataillon Kehrwand, de Vaud, 752 hommes; compagnies de carabiniers Jeanin , 104 hommes, et Delarageaz, 122 hommes, de Vaud; compagnies de cavalerie Juat et de la Roltaz, de Vaud, 63 et 68 hommes. Il 0 BRIGADE. Commandant M. Albert Kurz, de Berne, colonel fédéral. Effectif Les bataillons vaudois Monachon , 768 hommes, Pachoud, 498 hommes , Bonard, 466 hommes; la compagnie Jacquiery, de Vaud, 113 hommes ; la compagnie de Greyerz, de Berne, 124 hommes. 100 III e BRIGADE. Commandant M. Frédéric Vcillon, de Lausanne , colonel fédéral, Effectif Le bataillon Chausson, deVaud, 821 hommes; le bataillon Veillard, de Genève, 498 hommes; le bataillon Reymond , de Genève , t>02 hommes ; les compagnies de carabiniers Moreillon , de Vaud, 111 hommes, et Isler, d’Argovie , 94 hommes. IV e BRIGADE. Commandant M. Louis Nicollier, de Vevey, colonel. Effectif Les bataillons vaudois Visinand, 602 hommes, Roud, 395hommes, Wenger, 482 hommes, Vincent, 528 hommes, Coëtaux, 509 hommes, Peter, 548 hommes, Tliur, 473 hommes. Les compagnies de carabiniers vaudois Bonard, 117 hommes, Berlholet, 65 hommes, Recordon, 129 hommes , Chamot, 94 hommes, Bergier, 46 hommes. GÉNIE , ARTILLERIE ET AMBULANCE. Génie Compagnie Durr, de Vaud, 102 hommes. Artillerie Batterie Creux, de Vaud, 134 hommes, pièces de six; batterie Haubenreiser , de Vaud, 120 hommes, pièces de six ; batterie Empeyta , de Genève, 123 hommes, pièces de six; batterie Müller, de Vaud, 121 hommes, obusiers de douze ; batterie Rovigue, de Vaud, pièces de donze et obusiers de vingt-quatre. Compagnie du parc Juat, de Vaud, 133 hommes; parc de réserve, 25 hommes. Ambulance 13 hommes. Corps détachés Les bataillons vaudois Souter-Bronn , 581 hommes, Muret, 596 hommes, Cliablaix, 339 hommes, Déglon , 543 hommes, Briod, 565 hommes, Decrey, 719 hommes. Volontaires de Vaud, 2962 hommes; du Valais, 99 hommes; carabiniers du Valais, 66 hommes. Génie Compagnie Decrue, de Genève, 55 hommes; compagnie Guex, de Vaud, 104 hommes. Artillerie Les batteries genevoises Denairé , 64 hommes , Oltra- mare, 65 hommes, Hoffmann, 94 hommes; la batterie Cuenod, de Vaud, 89 hommes; parc, 25 hommes. Artillerie volontaire du Valais 59 hommes. 101 RÉCAPITULATION. Élal-major de division . 79 hommes. Première brigade . . . . 3,250 Deuxième brigade. . . . 1,974 » Troisième brigade. . . . 2,031 » Quatrième brigade . . . 4,037 X* Cavalerie . . . . . 133 » Génie. 102 > Artillerie. 805 Ambulance. 13 » Corps détachés.... . 3,813 » Volontaires. Total . 3,186 19,423 » hommes. DEUXIÈME DIVISION DE L’AKMÉE. Commandant de division M. Jean Burkhardt, de Bâle, colonel fédéral. Adjudant de division M. Xavier Péquignot, de Noinnont Jura, major fédéral. État-major 17 hommes. I re BRIGADE. Commandant M. Charles Bontems, de Villeneuve, canton de Vaud, colonel fédéral. Effectif Les bataillons bernois Bigler, 7 42 hommes , Fueter, 829 hommes, Dietler, 801 hommes; le bataillon Kloss, de Bâle-Campagne, 251 hommes; les compagnies de carabiniers bernois Hopf, 99 hommes, Bâiller, 119 hommes; les compagnies de cavalerie de Goumoens , de Berne , 79 hommes, et Mandrot, de Vaud, 65 hommes. II e BRIGADE. Commandant M. Frédéric Frey, de Brugg, canton d’Argovie, colonel fédéral. Effectif Les bataillons bernois Kistler, 834 hommes , Lang, 759 hommes, Hauser, 762 hommes; le bataillon Munzin- ger, de Soleure, 829 hommes ; les compagnies de carabiniers bernois Imobersteg, 111 hommes, Gfeller, 133 hommes. III e BRIGADE. Commandant M. Emmanuel Bourgeois, de Corcelettes, canton de Vaud, colonel fédéral. Effectif Les bataillons vaudois Audemare, 824 hommes, Cha- puis, 876 hommes, Grandjean, 858 hommes; les compagnies de carabiniers vaudois Chevalley, 112 hommes, et Eytel, 109 hommes. Hors de ligne ; Les bataillons bernois Girardin, 719 hommes, Ganguillet 758 hommes, Chiffele, 857 hommes. GÉNIE, ARTILLERIE EX A3IBULANGE. Sapeurs La compagnie Hug, de Berne, 131 hommes. Artillerie La batterie Wittenbach, de Berne, 128 hommes, pièces de six; la batterie Koth, de Berne, 152 hommes, pièces de sfx ; la batterie Tschilîeli, de Berne, 132 hommes, obusiers de douze. Compagnie du para de Lerber , de Berne, 73 hommes, Va compagnie. Parc de réserve Zbinden, de Berne, 51 hommes. Ambulance Dr. Huguenin, de Berne, 13 hommes; Dr. Kurz, de Berne, 12 hommes. RÉCAPITULATION. État-major de division. 17 hommes. Première brigade. 2,826 » Deuxième » Troisième brigade. 2,765 » Hors de » Cavalerie. 144 » Génie. 131 » Artillerie. 659 » Ambulance. 25 • Total 12,315 hommes. TROISIÈME DIVISION DE L’ARMÉE. Commandant de division M. le général Pierre Louis de Donatz, de Coire, colonel fédéral. Adjudant de division M. Louis Christ, de Coire, lieutenant- colonel fédéral. État-major 16 hommes; musique 54 hommes. 103 l r “ BllIGÀDE. Commandant M. Charles à Marca, de Misox, colonel fédéral. Effectif Le bataillon Geiser, de Berne, 980 hommes; le bataillon Buser, de Bâle-Campagne, 672 hommes; le bataillon Attenhofer, d’Argovie, 717 hommes; les compagnies de carabiniers Benleli, de Berne, 119 hommes, B'àr, d’Argovie, 102 hommes; les compagnies de cavalerie bernoise Karlen , 81 hommes, et Môschler, 76 hommes. II e BRIGADE. Commandant M. Ulrich Hauser, de Wâdenschweil, canton de Zurich, colonel fédéral. Effectif Bataillon Seiler, de Berne, 790 hommes; bataillon Kalt, d’Argovie, 712 hommes; bataillon Sleinhauer, de Berne, 868 hommes; compagnies de carabiniers Vogel, de Claris, 103 hommes, et Rellstab , de Zurich , 120 hommes. III e BRIGADE. Commandant Charles Frédéric Gerwer, de Berne, colonel fédéral. Effectif Bataillon Hirsbrunner, de Berne, 838 hommes; bataillon Stoos, de Berne, 738 hommes; bataillon Vivis, de So- leure, 818 hommes; compagnies de carabiniers Frey, d’Argovie , 102 hommes, et Obérer , de Bâle-Campagne, 1 Oâ hommes. Première réserve Bataillon Slâmpfli, de Soleure, 817 hommes; bataillon Leutenegger, de Bâle-Campagne, 896 hommes. Seconde réserve Pour le service d’estafettes de Bâle-Campagne, 48 hommes; Gardes d’hôpital 18 hommes de Soleure. GÉNIE , ARTILLERIE ET AMBULANCE. Sapeurs Compagnie Zehender, de Berne, 110 hommes. Artillerie Batterie Karrer, de Berne, 123 hommes, pièces de six; batterie Fischer, d’Argovie, 123 hommes, pièces de six; batterie Sluder, de Zurich , 140 hommes , pièces de six ; batterie Schmidlin, d’Argovie, 122 hommes, obusiers de douze. Compagnie du parc Durheiin , de Berne, 6/t hommes, */2 compagnie. m Parc de réserve Zbinden , de Berne, 47 hommes. Ambulance Dr. Huber, H hommes; Dr. Lolinger, 10 hommes. RÉCAPITULATION. État-major de division . . . . . 50 hommes. Première brigade . . . . . . 2,565 » Deuxième brigade . . . . . . . 2,596 Troisième brigade . . . . . 2,601 » Cavalerie. . . . . 157 » Génie. . . . . 110 » Artillerie. . . . . 619 » Ambulance. . . . . 21 M Réserve. . . . , 1,173 » Total 9,892 hommes. QUATRIÈME DIVISION DE L’ARMÉE. Commandant de division M. Paul Charles Edouard Ziegler, de Zurich, colonel fédéral. Adjudant de division M. Frédéric Siegfried, de Zofingue, canton d’Argovie, lieutenant-colonel fédéral. J État-major 16 hommes; musique 30 hommes. I re BRIGADE. Commandant ML Conrad Egloff, de T'âgerweilen, canton de Thurgovie, colonel fédéral. Effectif Les bataillons zuricois Ginsberg, 828 hommes, Benz, 660 hommes; le bataillon Ileussler, d’Argovie, 753 hommes; le balaillon Zuppinger, de Zurich, 590 hommes; les compagnies de carabiniers Krcis, de Thurgovie , 99 hommes, Bleuler, de Zurich, 118 hommes; les compagnies de cavalerie llanhart, de Zurich, 46 hommes, Bally, do Soleure, 59 hommes. II e BRIGADE, Commandant M. Balthasar Konig, d’Enneda, canton de Glaris à Coire, colonel fédéral. Effectif Le bataillon Berner, d’Argovie, 722 hommes; le bataillon Fâsi, de Zurich, 721 hommes; le bataillon Ernst, de Thurgovie, 712 hommes; le bataillon Bânzinger, d’Ap- penzell 495 hommes; les compagnies de carabiniers 105 Hanharl, de Thurgovie, 103 hommes, Kusler, de S l -Gall, 109 hommes. III e BRIGADE. Commandant M. Hermann Millier, de Rheinfelden à Arau, colonel fédéral. Effectif Le bataillon Basler, de Zurich, 819 hommes; le bataillon Künzli, d’Argovie, 707 hommes; le bataillon Mar- tignoni, de S*-Gall, 790 hommes; les compagnies de carabiniers Tscharner, des Grisons, 101 hommes, Blumer, de Glaris , 103 hommes. GÉNIE , ARTILLERIE ET AMBULANCE. Sapeurs Compagnie Jauch, d’Argovie, 100 hommes. Artillerie Batterie Rust, de Soleure, 119 hommes, pièces de six; batterie Millier, d’Argovie, 172 hommes, pièces de six; batterie Sclvvveizer, de Zurich, 129 hommes, obusiers de douze. Compagnie du parc Une demi-compagnie, Fierz de S'-Gall, 88 hommes. Parc de réserve 82 hommes. Ambulance Dr. Strâbl, 10 hommes; Dr. Bridler, 8 hommes. PREMIÈRE RÉSERVE. Commandant de division ? M. Edouard Rothpletz, d’Arau, colonel. Adjudant de division; M. Frédéric Geliret, d’Arau, major. i re brigade. Commandant M. Jean Jacques Heussler, de Lenz- bourg , canton d’Argovie , lieutenant-colonel. Effectif Les bataillons argoviens Tschudi, 617 hommes, Oel- hafen, 617 hommes, Gehret, 849 hommes; la compagnie de carabiniers argoviens Ringier, 141 hommes; la compagnie de cavalerie Hâgler, de Bâle-Campagne, 41 hommes. u e brigade. Commandant M. Frédéric Schmitter , d’Arbourg à Arau, lieutenant-colonel. Effectif Les bataillons argoviens Ringier, 898 hommes, Bal- dinger, 878 hommes, Cellier, 623 hommes; la compagnie de carabiniers Suter, 98 hommes. GÉNIE ET ARTILLERIE. Sapeurs Compagnie llemmann, d’Argovie, 98 hommes. Artillerie Batterie Gonzenbach, d’Argovie, 114 hommes, pièces 106 de six; batterie Wirz, d’Argovie, 114 hommes, une demi- batterie de pièces de douze et une demi-batterie d’obusiers de vingt-quatre; batterie Christen, de Bâle-Campagne, 89 hommes. HORS DE LIGNE. Seconde réserve Les bataillons argoviens Dürr, 3 44 hommes, Steiner, 39b hommes, Halder, 448 hommes , Metzger, 718 hommes, Schmutziger, 339hommes, ltuetsclii, 466hommes; les compagnies de carabiniers argoviens Dürr, 38 hommes , Siebenmann, 136 hommes, Halder, 36 hommes; les compagnies de carabiniers de Bâle-Campagne Bühler, 66 hommes, Gaumüller, 67 hommes; cavalerie argovienne Halder, 17 hommes, Metzger, 13 hommes. Artillerie Les batteries argoviennes Dürr, 28 hommes, Metzger, 26 hommes; la batterie Senn, de Bâle-Campagne, 29 hommes toutes pièces de douze. RÉCAPITULATION. Élat-major de division . .... 46 hommes. Première brigade . . . .... 2,852 » Deuxième brigade. .... 2,86b > Troisième brigade. . . .... 2,524 » Cavalerie. .... 123 » Génie. .... 100 » Artillerie. » Ambulance. .... 18 B Première réserve . .... 4,266 » Seconde réserve . . . .... 2,929 Total 16,253 » hommes. CINQUIÈME DIVISION DE L’AIIMÉE. Commandant de division M. Dominique Grnür , de Sch'ânis, canton de S'-Gall, colonel fédéral. Adjudant de division M. Albert Brandlin, de Jona, canton de S l -Gall, major fédéral. État-major hommes; musique 26 hommes. l re BRIGADE. Commandant M. Melchior Blumer, de Schwanden , canton de Glaris, colonel fédéral. 107 Effectif Le bataillon Brunner, de Zurich, 653 hommes; le bataillon Ncuweiler, de Thurgovie, 713 hommes; le bataillon Meyer, de Zurich, 568 hommes; la compagnie de carabiniers Kern, d’Appenzell 100 hommes; la compagnie de carabiniers Huber, de Zurich, 103 hommes; la compagnie de cavalerie Caspar, de Schaffhouse , 64 hommes ; la compagnie de cavalerie Messmer, de S l -Gall, 64 hommes. Il 0 BRIGADE. Commandant M. Jean Isler, de Kaltenhach, canton de Thurgovie, colonel fédéral. Effectif Le bataillon Schmid, de Zurich, 610 hommes; le bataillon Meyer, d’Appenzell 497 hommes; le bataillon Hilti, do S-Gall, 790 hommes; le bataillon Gnehm , de Schaffhouse, 846 hommes ; les compagnies de carabiniers Zeller, de Zurich, 133 hommes, Baurnann, de S l -Gall, 135 hommes. III" BRIGADE. Commandant M. Jean Ulrich Ritter, d’Altsfâtten, canton de S'-Gall, colonel fédéral. Effectif Le bataillon Rappeler, de Thurgovie, 715 hommes; le bataillon Bernold, de S'-Gall, 790 hommes; le bataillon Scliindler, de Claris, 641 hommes; les compagnies de carabiniers Bânzinger, d’Appenzell 101 hommes, Molin, des Grisons, 88 hommes. RÉSERVE. i re brigade. Commandant M. Frédéric Schulthess, de Zurich, lieutenant-colonel. Depuis le 18 novembre M. Bernold, colonel fédéral. Effectif Les bataillons Bleuler, de Zurich, 510 hommes, Schulthess, 569 hommes, Meyer, 493 hommes, Haab, 658 hommes , Treichler, 485 hommes , Stahel, 609 hommes; les compagnies de carabiniers de Zurich Staub, 114 hommes, Schàrer, 100 hommes; la compagnie de cava~ lerie Sulzberger . de S l -Gall, 56 hommes. Le jour de l’entrée des troupes dans le canton de Zug, le bataillon Stahel fut détaché pour être incorporé dans la première 108 brigade Blumer, parce que le bataillon Brunner passa de cette brigade dans la troisième Ritter. Le bataillon Meyer avec le bataillon Schncll de la deuxième brigade de réserve forma alors ce jour-là une demi-brigade sous le commandement de M. le lieutenant-colonel Meyer, servant de réserve pour les deux brigades de celte division qui opéraient. Lors de l’occupation du canton de Zug, la première brigade de réserve était donc composée de quatre bataillons d’infanterie et de deux compagnies de carabiniers de Zurich et d’une compagnie de cavalerie de S'-Gall. u° brigade. Commandant M. Bringolf, d’Unterhaliau, lieutenant- colonel. Effectif Les bataillons Bringolf, de Schaffhouse , 566 hommes, Fâh, de S'-Gall, 790 hommes, Schnell, de S'-Gall, 790 hommes. Cette brigade a été dissoute le 18 novembre. Le bataillon Bringolf est allé rejoindre la troisième brigade de réserve Kel- ler ; le bataillon Fàh a été transféré à Coire et incorporé dans la sixième division de l’armée; le bataillon Schnell a subi la transmutation que nous signalons plus haut. Les opérations terminées et lors du licenciement de la réserve, ce bataillon a été incorporé dans la première brigade Blumer, et le bataillon Bernold dans la seconde brigade Isler. iu e brigade. Commandant M. Keller, de Zihlschlacht, canton de Thurgovie, lieutenant-colonel. Effectif Bataillons Merkli proprement Labhart, de Thurgovie, 701 hommes , Zelhveger, d’Appenzell 481 hommes, Keller, de Thurgovie, 712 hommes, Triimpi, de Glaris, 643 hommes, Messmer, 301 hommes, Baum- garlner, de S'-Gall, 886 hommes; les compagnies de carabiniers Ammann, 101 hommes, de Thurgovie, Blumer, 97 hommes, Leuzinger, 98 hommes, de Glaris, Bosch, 88 hommes, Weber, 83 hommes, de S'-Gall, Koller, 9/i hommes, Rohner, 80 hommes, d’Appenzell artillerie batterie de quatre Næff, 83 hommes, de S'-Gall ; cavalerie une demi-compagnie Reifer, de Thurgovie. 109 Avant le commencement des opérations, le bataillon Relier , de Tliurgovie , est allé rejoindre la sixième division de l’armée; le bataillon Bringolf a été , comme il a été dit déjà, incorporé dans la troisième brigade. IIORS DE LIGNE. iv c brigade. Commandant M. Bernold , de Mels, canton de S- Gall, colonel fédéral. Effectif Les bataillons zuricois Treichler, 485 hommes, Slaliel, 609 hommes; le bataillon Sclmell, de S l -Gall, 653 hommes; les compagnies de carabiniers Bosch, de S l -Gall, 117 hommes, Langer, de Glaris, 120 hommes. v e brigade. Commandant M. Jacques Fierz, de Kiissnacht, canton de Zurich, colonel. Effectif Les bataillons zuricois Egg , 804 hommes, Habliilzel, 653 hommes, Bühler, 653 hommes; les compagnies de. carabiniers zuricois Bossliardl, 99 hommes, Slapfer, 84 hommes. GÉNIE, ARTILLERIE ET AMBULANCE. Sapeurs Compagnie Wimmersberger, de Zurich , 100 hommes. Artillerie Batterie Scheller, de Zurich, 135 hommes, pièces de six ; batterie Zeller, de Zurich , 116 hommes, pièces de six; batterie Zollikofer, de S-Gall, 122 hommes, obu- siers de douze. Compagnie du parc Kunkler, de S'-Gall, 57 hommes, une demi-compagnie. Parc de réserve 50 hommes. Ambulance Dr. Næff, 10 hommes; Dr. Kleiner , 10 hommes. RÉSERVE. Sapeurs Compagnie Irminger, de Zurich, 152 hommes. Artillerie Batterie Piüscheler, de Zurich, 99 hommes, pièces de quatre; batterie Næff, de S t -Gall, 185 hommes, pièces de six; batterie Slreif, de Glaris, 5b hommes, pièces de quatre. RÉCAPITULATION. Étal-major de division. 44 hommes. Première » A reporter 2,162 hommes. 140 Deuxième brigade Report 2,162 2,995 hommes. » Troisième brigade 2,536 » Cavalerie . . . 128 » Sapeurs .... 100 » Artillerie . . . AU 8 Ambulance . . . 20 » Réserve.... 6,792 » Hors de ligne . . 5,001 » Total 19,980 hommes. SIXIÈME DIVISION DE L’ARMÉE. Commandant de division M. Luvini-Perseghini , de Lugano, canton du Tessin , colonel fédéral. Adjudant de division M. Francesco Stoppani, de Ponte-Tresa, lieulenant-colonel fédéral. Êtat-major 15 hommes. I re BRIGADE. Commandant M. Jean-Baptiste Pioda, de Locarno, colonel fédérai. Effectif Les bataillons lessinois Rusca, 622 hommes, Caselini, 587 hommes, Buchli, 626 hommes; les compagnies de carabiniers tessinois Pedrazzi, 85 hommes, Fogliardi, 91 hommes; volontaires Demarchi, 120 hommes. II e BRIGADE. Commandant M. Edouard de Salis, de Coire, colonel fédéral. Effectif Les bataillons tessinois Molo, 792 hommes, Vegezzi, 561 hommes; le bataillon Michel, des Grisons, 628 hommes ; les compagnies de carabiniers Rameli, du canton du Tessin, 82 hommes , La Nicca, des Grisons, 60 hommes, Simmen, du Tessin, 65 hommes. III e BRIGADE. Commandant M. François Joseph Millier, de Zug, colonel fédéral . Effectif Le bataillon Relier, de Thurgovie, 712 hommes; le bataillon Fâh, de S-Gall, 790 hommes. Réserve Les bataillons grisons Bauer, 623 hommes, Scherer, 286 hommes, de Salis, 639 hommes, de Kohl, 823 hommes ; les compagnies de carabiniers grisons Kurz, 99 hommes, Michel, 94 hommes, Schiess, 81 hommes. ARTILLERIE ET AMBULANCE. Artillerie Batterie Vicari, du Tessin, 157 hommes, pièces de six. Ambulance Dr. Scotti, 8 hommes. RÉCAPITULATION. État-major. .... 18 hommes. Première brigade. . . .... 2,134 » Deuxième brigade . . .... 2,201 1» Troisième brigado . . .... 1,803 » Artillerie. .... 137 R Ambulance. .... 8 0 Réserve . .... 2,318 » Total 8,310 hommes. DIVISION DE LA RÉSERVE BERNOISE. Commandant de division M. Ulrich Ochsenhein, de Nidau, canton de Berne, colonel. Adjudants de division MM. le capitaine Konig, de Berne ; le lieutenant Forster, de Berne. État-major 33 hommes. i re brigade. Commandant i M. te lieutenant-colonel Knechtenhofer, de Thoune. Effectif Les bataillonsBay, 772 hommes, Karlen, 826 hommes; les compagnies de carabinies Klopfenstein, 121 hommes, de Stürler 118 hommes ; les compagnies de cavalerie Küpfer, 87 hommes, Herrenschwand , 88 hommes. II e brigade. Commandant M. le lieutenant-colonel Brugger, de Berne. Effectif Bataillon Piquerez, 713 hommes; bataillon de Maler, 882 hommes; la compagnie de carabiniers Bourguignon, 114 hommes. III e brigade. Commandant M. Frédéric Walthard, de Berne, lieutenant-colonel. Effectif Bataillon Mühlethaler, 591 hommes; bataillon Wyss, 874 hommes; compagnies de carabiniers Zaugg, 108 hommes, Moser 84 hommes. IV e brigade. Commandant M. Cbiffele, de Neuvcville, canton de Berne, colonel fédéral. Effectif Bataillons Marti, 878 hommes, Probst, 734 hommes; compagnies de carabiniers Probst, 96 hommes. GÉNIE , ARTILLERIE ET AMBULANCE. Sapeurs Compagnie Haller, 117 hommes. Artillerie Les batteries Rieder, 109 hommes, Liechli, 100 hommes, Schilt, 103 hommes, Roth , 99 hommes, Scharer, 116 hommes. Ambulance I r Bühlmann, 8 hommes. Hors de ligne Les bataillons Bach, 458 hommes, Ziebaeh, 165 hommes, Müller, 679 hommes, Müller, 438 hommes; la compagnie de carabiniers Kuliner, 98 hommes. RÉCAPITULATION. États-majors de division et de brigade 53 hommes Infanterie . 6,279 > Carabiniers 638 » Cavalerie . 112 J Sapeurs 117 » Artillerie . 529 Ambulance 8 » Hors de ligne . Total 1,828 9,544 hommes ARTILLERIE DE RÉSERVE. Commandant de division M. Louis Denzler, de Zurich, colonel fédéral. Adjudants de division M. Edouard Burnand, de Moudon, canton de Vaud , major fédéral ; MM. Burkhard, de Bâle, capitaine d’état-major fédéral; Emmanuel Bischoff, de Bâle, sous-lieutenant d’artillerie. Commandant du parc de dépôt M. Rodolphe Wurstembergcr , de Berne, lieutenant-colonel fédéral. i' ,e brigade. Commandant M. Adolphe Næfï, d’Allstallen, canton de S l -Gall, major fédéral. Effectif Batterie Zuppingei’, de Zurich, 1 AO hommes, pièees de douze; batterie Paravicini, de Bâle-Ville, 152 hommes, pièces de douze; batterie Moll, de Berne, 150 hommes, pièces de douze; batterie Weber, de Soleure, 188 hommes, obusiers de vingt-quatre; batterie ltingier, d’Argovie, 118 hommes*, pièces de douze et deux obusiers de vingt-quatre. II e brigade. Commandant M. Edouard Funk , de Nidau , major fédéral. Effectif Batterie Dietzi, de Berne, 143 hommes, pièces de douze; batterie Kisller, de Berne, 122 hommes, pièces de six. III e brigade. Commandant M. Léopold lleding de Biberegg, de Frauenfeld, major fédéral. Effectif Batterie Ernst, de Zurich, 119 hommes, pièces de huit; batterie Heylandt, de S*-Gall, 122 hommes, pièces de six. IV e brigade. Commandant M. Charles Borell, de Genève, major fédéral. Effectif Batterie David, de Vaud, 135 hommes, pièces de six; batterie Gautier, de Vaud, 144 hommes, pièces de douze et obusiers de vingt-quatre; batterie Grenier, de Vaud, 118 hommes, pièces de quatre et obusiers de douze; batterie Rovigue, de Vaud, 149 hommes, deux pièces de douze et deux obusiers de vingt-quatre **. * Cette batterie n’est pas comprise dans le tableau officiel qui nous a été communiqué ; mais, comme nous le savons de source certaine , elle appartenait à la division de l’artillerie de réserve dans laquelle elle a été incorporée, sans changer les rapports des chiffres ; dans tous les cas, cette division était de 118 hommes plus forte qu’on ne l’a indiqué. ** Le tableau officiel qui nous a été communiqué porte dans la première division la batterie Rovigue, mais elle se trouvait dans la division de l’artillerie de réserve; ainsi la dernière était d’autant plus forte et la première d’autant plus faible. 8 COMPAGNIE DE parc ET parc de réserve Sous le commandement de M. Schulthess, de Zurich. Effectif Compagnie de parc, 188 hommes; parc de réserve, 76 hommes. RÉCAPITULATION DE L’ARTILLERIE DE RÉSERVE. État-major de division 9 hommes Première brigade .... 562 » Deuxième brigade .... 267 Troisième brigade . . . 245 » Quatrième brigade .... 400 » Compagnie de parc et parc de réserve 251 » Total 1,712 hommes. Sur les tableaux dans lesquels nous avons puisé ces données figurent encore pontoniers Compagnie I-Iuber, de Zurich, 100 hommes ; compagnie d’Argovie, 100 hommes; compagnie Ilünenvadel, d’Argovie, 74 hommes. Cependant nous croyons savoir que la compagnie Iluher a été incorporée dans la l re division, et les compagnies Vogllin et Hünerwadel dans la IV e division. CAVALERIE DE RÉSERVE. Commandant de division M. Louis de Linden, de Berne, lieutenant-colonel fédéral. i re brigade. Commandant M. Henri Rieter, de Winterlhour, canton de Zurich, major fédéral. Effectif Les compagnies Hauser, de Zurich, 62 hommes, Bluntschli, de Zurich, 86 hommes, Wagner, de S'-Gall, 64 hommes. n e brigade. Commandant M. Jean Ott, de Zurich, major fédéral. Effectif Compagnie Flubacher, de Bâle-Campagne, 68 hommes; compagnie Rohr, d’Argovie, 84 hommes ; compagnie Hippenmeier, de Thurgovie, 64 hommes. m e brigade. Commandant M. Jean Karlen , d’Erlenbach , canton de Berne , major fédéral. 11 5 Effectif Les compagnies bernoises Didier, 75 nommes, Knechtenhofer, 72 hommes; la compagnie Meier, d’Argovie , 51 hommes. RÉCAPITULATION DE LA État-major de division . Première brigade . Deuxième brigade Troisième brigade CAVALERIE DE RÉSERVE. . . 1 hommes 186 » 217 200 » Total 640 hommes. COUPS DÉTACHÉS. Le bataillon d’infanterie Hiibscher, à Bâle, 394 hommes; la compagnie de cavalerie Dupasquier près de l’état-major général, 61 hommes. RÉCAPITULATION TOTALE. Étal-major général 92 hommes Première division , 19,423 » Deuxième division 12,313 » Troisième division 9,892 » Quatrième division 16,253 Cinquième division 19,980 » Sixième division .... 8,310 » Division de la réserve bernoise 9,544 » Pontoniers ..... 274 » Artillerie de réserve 1,712 Cavalerie de réserve 613 > Corps détachés .... 455 » Total général 98,861 hommes Le tableau suivant fera voir le nombre de milices fournies à l’armée fédérale par chaque canton; on y verra aussi combien chaque canton a fourni au-dessus ou au-dessous de son contingent, ainsi que le nombre de bouches à feu mises en campagne. CANTONS. 3 w PS » a O p5 ° Robadey, ancien syndic de Komonl, directeur des finances; 6° Wicky, de Fribourg, directeur de la guerre; 7° Broyé, président d’Estavayer, directeur des travaux publics. En outre, M. le D r Berchtold fut nommé chancelier et M. Villard, procureur-général. Après son entrée en fonctions, le gouvernement provisoire adressa au peuple la proclamation suivante Chers concitoyens! Un gouvernement, oublieux de ses devoirs les plus sacrés, a provoqué le fléau de la guerre civile et ruiné le pays. Le moment de mettre un terme au règne de l’oligarchie et aux manœuvres de l’hypocrisie est arrivé. Les ennemis de l’ordre public doivent être rappelés à l’accomplissement des devoirs imposés à tout citoyen. Les lois protectrices des libertés du peuple et des principes de la démocratie doivent enfin recevoir leur application. Les maux dont la patrie est affligée sont immenses des moyens énergiques doivent être employés pour y porter remède. '184 Appelés par lo vœu du peuple à défendre provisoirement les intérêts du pays, dans les circonstances les plus difficiles où soit jamais trouvé; chargés par lui de relever l’édifice social sapé par toutes ses bases, nous n’avons pas reculé devant celle tâche do pénible dévoûmeut et de labeur. Nous l’abordons, pleins de confiance dans le Très-Haut, qui a si souvent sauvé la république. Avec son appui et le concours de votre patriotisme éclairé, nous pouvons ramener lo pays à la possession des institutions qui avaient fait son bonheur. Nous prendrons pour devise les principes de la modération et de la justice, les maximes d’uno démocratie sincère, le respect dû aux sentiments religieux, qui ont animé nos pères, et au culte auguste qu’ils nous ont transmis. Le gouvernement pourra exposer prochainement lo tableau des finances de l’État, réduites à un complet épuisement et grevées de dettes. Notre canton aura peut-êtro à supporter des frais de guerre au- dessus do ses ressources actuelles. Nous aviserons aux mesures régulières qu’on pourrait prendre pour en fairo peser le fardeau sur qui do droit. Les représentants fédéraux et l’autorité militaire ont sanctionné les choix que vous avez faits. Ils ont reconnu formellement le pouvoir dont vous avez investi lo gouvernement provisoire, et nous pouvons compter sur l’appui de la haute dièto. Citoyens ! En entrant dans cette nouvelle ère de progrès, n’oubliez pas que l’ordre en est la première garantie. Donnez-en le noble exemple à ceux qui calomnient partout lo peuple, et prouvez-leur que vous êtes dignes d’être libres. Tenez-vous en garde contre les bruits absurdes et malveillans qu’ils propagent et dont ils porteront la responsabilité. De notre côté, nous poursuivrons avec énergie la tâche que nous avons entreprise. Conformément aux décisions de la haute diète, nous protégerons les citoyens qui reconnaissent ses décrets. Mais nous saurons aussi sévir, avec une inflexible sévérité, contre les ennemis do la patrie et les perturbateurs de l’ordre public. Nous espérons toutefois que tous les citoyens comprendront le danger des dissensions intestines, la nécessité d’un rapprochement et les bienfaits inappréciables de la concorde. Nous appelous, avec ardeur, ce moment fortuné. Puisse la divine providence le faire naître au plus tôt, et rendre à notre patrie désolée le repos qu’elle demande ! Donné à Fribourg, pour être affiché et publié aux lieux accoutumés, le 17 novembre 1847. Le president, JULIEN SCHALLER. Le secrétaire, D 1 ’ t silence dans la soirée du 22*. La unit qui survint mil provisoirement fin au combat. Le combat commença à deux heures de l’après-midi et dura sans interruption jusqu’à l’entrée de la nuit. On ne peut disconvenir que les habitants de l’Entlebuch , du moins en partie , se sont très bien conduits. A en juger par leurs cris répétés de hourrah, ils se croyaient déjà vainqueurs. Mais ils se trompèrent. Ils n’avaient nullement ébranlé les valeureux Bernois, parmi lesquels régnait le meilleur esprit. Dans la soirée du même jour, l’ennemi dut se retirer de la position avantageuse qu’il occupait. La nuit se passa tranquillement au bivouac. Pendant la nuit les Bernois passèrent sur la rive gauche de l’Emme et leurs carabiniers occupèrent les hauteurs environnantes. L’artillerie lucernoise s’était également retirée pendant la nuit sur la hauteur de la chapelle de S-Wolfgang et s’y était un peu retranchée à la hâte. Le 25, à la pointe du jour, les sapeurs de la division bernoise construisirent un parapet devant une batterie. Bientôt après, le feu ennemi cracha contre les Bernois, qui ripostèrent immédiatement avec quatre bouches à feu. Les Lucernois qui étaient postés près de la chapelle de * L’auteur des Documents dit à ce sujet „Le rapport du colonel Ochsenbein contient une erreur lorsqu’il dit que l’une des deux pièces a été démontée sur le Kapuzinerhügel par le feu de son artillerie. Voici comment la chose s’est passée L’attelage des deux pièces, au lieu d’être conduit par des soldats du train, était simplement conduit par des garçons du landsturm. En montant, l’une des pièces heurta violemment contre le bord de la route et brisa son essieu. Le chef de la pièce, caporal Hurter, auquel il ne restait plus que six cartouches à mitraille, transporta la pièce à Hasle, où il fit réparer l’essieu dans une forge, et retourna en toute célérité sur le lieu du combat. Il partagea ses six cartouches avec l’autre pièce qui avait épuisé toutes ses munitions. Ces garçons, qui remplaçaient les soldats du train, doivent s’être conduits au feu comme de vieux soldats. 1 * C’est dommage que ces braves jeunes gens ne savaient pas qu’ils combattaient pour une bande de parjures. Nous aurions préféré voir tout ce courage dépensé dans un combat pour la patrie. L’un de ces garçons, à son retour dans son village, doit avoir trouvé la maison de ses pareils réduite en cendres. '197 S l -Wolfgang se tinrent dans cette position jusqu’après huit heures, où ils se virent contournés par les carabiniers qui se trouvaient au-delà de l’Emme et qui commençaient à se diriger sur Scfuipf- lieim. Les Lucernois se retirèrent alors derrière le village de Sehüpfheim, où ils prirent une position très avantageuse sur la colline où est situé le couvent des capucins, colline qui domine la vallée à droite et à gauche. Les Bernois qui s’étaient avancés sur les deux côtés de l’Emme furent d’abord repoussés par la mitraille et le feu de la mousquelerie , mais ils marchèrent de nouveau courageusement en avant, regardant audacieusement la mort en face, de sorte que leurs adversaires ne purent les arrêter sur ce point. Menacés et repoussés tant sur la rive droite que sur la rive gauche de l’Emtne, les Lucernois abandonnèrent les positions favorables qu’ils occupaient et se retirèrent à deux heures de l’après-midi par le village d’Entlebuch *, démolissant dans leur retraite le pont de Hasle. Les braves milices de la division Oehsenbein, ainsi que leur commandant, qui a partagé avec elles tous les dangers, méritent les plus grands éloges. Elles avaient à prendre des positions difficiles, à mettre pied sur des terrains qui étaient presque impraticables, et néanmoins elles ont surmonté toutes ces difficultés avec un courage et un mépris dédaigneux de la mort, caractère qui n’est propre qu’à l’homme libre, sachant qu’il combat pour les biens les plus précieux, pour la liberté physique et intellectuelle du peuple. Mais cette brave réserve de Berne a aussi fait des sacrifices douloureux ; elle déplore la perte de six morts et elle a eu environ /tO blessés, d’après le rapport du chirurgien en chef, M. Fliigel. Parmi les blessés il y a deux officiers et plusieurs sous-ofticiers. Après ce combat si rude, mais si honorable, la division Oehsenbein entra à Schiipfheim et le même jour elle prit possession des localités les plus importantes, Ilasle et Entlebuch, * L’auteur des Documents croit que l’ennemi n’aurait pas été en état de tenir pied si l’artillerie lucernoise n’avait pas épuisé toutes ses munitions. Lorsque le feu des canons lucernois eut cessé, l’infanterie n’a plus eu la force d’empêcher la marche de l’ennemi, bien supérieur en nombre. i 98 après avoir soigneusement exploré toute la contrée. Malgré les bivouacs dont on voyait briller les feux sur les hauteurs, l’ennemi ne fit point d’attaque dans la nuit du 25 au 24. Dans la matinée du 24, le bruit courut que l’ennemi se tenait avec toutes ses forces sur la hauteur de Bramegg. La division bernoise marcha néanmoins en avant et, contre toute attente , elle n’aperçut plus d’ennemis armés. En traversant Scliachen, Mal- ters et le passage du Rengg, elle se dirigea sans s’arrêter sur Kriens, à environ trois quarts de lieue au-dessus de Lucerne. En-decà de Malters, le colonel Ochsenbein adressa quelques paroles instantes aux différents détachements de ses troupes, et il est très probable que c’est à ses représentations que ce village doit de n’avoir pas été maltraité en expiation des excès qu’il a commis lors de l’expédition des corps francs, car les soldats se montraient très courroucés , et ce n’est qu’avec peine qu’on put les empêcher de maltraiter leurs adversaires qui s’en retournaient désarmés de Lucerne pour rentrer dans leurs foyers. Sur son passage, la division bernoise de réserve rencontra plusieurs travaux de défense, tels que palissades, abattis d’arbres, redoutes, ponts découverts, environ dix mines qui furent extraites par les sapeurs. Les villages d’Escholzmatt, de Schiipf- beim, de Basic, d’Entlebuch, etc. étaient pour ainsi dire déserts; on ne voyait par ci par là que quelques femmes. Dans plusieurs maisons de ces deux derniers villages on voyait flotter des draps blancs avec la croix fédérale; il y eut là moins de dévastations. Depuis le 22 à midi on avait à Lucerne connaissance du commencement du combat. Le major Limmaclier doit avoir demandé plusieurs fois avec instance du renfort et un commandant; mais il ne reçut ni réponse ni renfort jusqu’à la nuit du 22 au 25 où l’on envoya quelques gens du landsturm et un peu de munition sur la hauteur de Bramegg. Dans la matinée le major Ullmann, qui venait d’entrer à Lucerne avec la colonne mobile, devait s’adjoindre un bataillon et une compagnie de carabiniers de la première brigade de la première division et marcher avec ces troupes sur la vallée de l’Entlebuch. Cependant elles n’arrivèrent que jusqu’à Malters , où elles reçurent 109 l’ordre de battre en retraite à cause des nouvelles qui étaient parvenues à Lucerne. Tandis que Salis-Soglio avait entièrement négligé la défense de l’Entlebucli cette négligence lui a attiré les reproches sévères de l’auteur des Documents, il avait rassemblé en grande partie ses forces sur la rive droite de la Reuss et de l’Emme et sur le Rotherberg, attendant une aliaque concentrée pour le 23. En effet, le commandant de la première division Rütlimann reçut l’ordre de concentrer la première et la deuxième brigade et de se rapprocher de l’Emme de telle sorte que l’ennemi, en s’avançant promptement d’Invvyl et d’Emmen par la rive gauche de la Reuss, ne pût lui couper le passage de i’Emme. La troisième brigade de la première division, qui était stationnée sur la rive gauche de la Reuss, fut retirée sur la rive droite. La concentration des deux premières brigades se fit avec tant de célérité, que dans la nuit du 22, vers dix heures du soir, les deux brigades, à l’exception du bataillon Fehlmann, qui devait se retirer sur la route de Wohlhausen à Schachen et à Malters avec la compagnie de carabiniers Willmann, étaient concentrées sur la ligne de Seehàusli à Sempach, l’aile gauche retirée vers Hellbühl, et l’aile droite vers Rolhenburg. Le Hun- kelerberg, à gauche, et les collines au-dessus de Sempach, à droite du centre de la ligne, étaient occupés par le landslurni des districts de Willisau et de Sursée. Le commandant de la division reçut vers minuit l’ordre de retirer au-delà de l’Emme les deux brigades 'outre la colonne mobile et de prendre position sur la rive gauche de l’Emme depuis le Renggloch jusqu’au pont de l’Emme. D’un autre côté, le commandant du landslurni reçut l’ordre de détacher environ 5000 hommes du landslurni sur le Bramegg et le Schwarzenberg. Ce mouvement se fit encore pendant la nuit ; le bataillon Xavier Schmid et la compagnie de carabiniers Moïse Meier se retirèrent par le pont de Thorberg, le reste se relira par le pont de l’Emme. Dans la matinée du 23 , le major Ullmann reçut de bonne heure l’ordre de se rendre sur le Rraniegg et d’y prendre le commandement jusqu’à l’arrivée du capitaine d’étal-major Albertini. 11 devait ctre suivi par le bataillon Xavier Schmid et une compagnie de carabiniers. Le bataillon Eehlmann et la compagnie de carabi- 200 niers Wülmann furent retirés de Wohlhausen à Malters et Blatte». Ainsi, à la pointe du jour du 25 novembre, toutes les forces militaires des sonderbundiens se trouvaient échelonnées sur la rive droite de la Reuss de l’Emme jusqu’à Gislikon, Honau et Meierskappel. Les troupes de la première et de la deuxième brigade furent distribuées de la manière suivante Les bataillons X. Sclimid , Fehlmann , Zemp et J. Gôldlin, les compagnies de carabiniers Hartmann et Meier *, à Littau, de même que la batterie de division Pfyffer ; la compagnie des carabiniers Schlapfer, à Blatlen ; le bataillon Schobinger et les compagnies de carabiniers Segesser et Aloïse Hurter, près du Rothenwald; deux compagnies du bataillon de chasseurs Millier, près de la chapelle de S'-Philippe Neri ; la demi-compagnie de sapeurs, près du pont de l’Emme; 600 hommes du landsturm sur le Sonnenberg- environ 1500 hommes près de Lillau et 1000 hommes, approximativement, près du pont de l’Emme. Ces troupes furent encore renforcées le soir par les bataillons Sclimid et Limmacher, ainsi que par les 1500 hommes du landsturm occupant le Bramcgg, qu’on retira à Ilohenrütli et à Littau. Trois compagnies du bataillon valaisan de Courten étaient stationnées dans le faubourg le plus extérieur de Lucerne , à proximité du pont de jonction jeté sur la Reuss, au moyen duquel on entretenait des communications avec la redoute de S'-Charles. La compagnie de volontaires Siegrist se tenait sur le Giitsch en qualité de réserve. L’état-major de division et l’état- major de la première brigade étaient à Littau, l’état-major de la deuxième brigade, près du pont de l’Emme. Dans cette position on attendait pour le 25 novembre l’ennnemi sur les bords de l’Emme. Les ouvrages de fortifications construits sur la ligne de la Reuss s’étendaient de Lucerne jusqu’à l’embouchure de l’Einme et étaient disposés de manière à défendre le pont'de l’Emme, la roule de Littau à Bâle et à disputer le passage de Gislikon. * Cette dernière était stationnée près du pont de Thorenberg avec plusieurs compagnies de landsturmiens qui étaient postés dans des tranchées. 201 La redoute de S'-Charles était occupée par deux pièces de huit, servies par des artilleurs lucernois, et par deux pièces de quatre, servies par des artilleurs d’Unlenvalden, sous le commandement du capitaine Jann. La redoute construite sur la hauteur d’Y- bach , située sur la langue de terre formée à une demi-lieue de Lucerne par la direction subite que prend la Keuss du nord- ouest au nord-est, était occupée par une pièce de huit et un obusier de douze sous le commandement du lieutenant Charles Thüring; ces deux bouches à feu étaient couvertes chacune par 50 à SO hommes. Gislikon est une petite localité qui ne renferme que peu de maisons ; il y a un bureau de péage sur le pont de la Keuss, près de la roule de Lucerne à Zug et à Zurich. Gislikon est à 2 V 2 lieues de Lucerne, situé dans un bas-fonds formé par l’inclinaison du petit plateau qui se trouve en-delà du village de Root entre le Roolerberg et la Reuss, par le versant passablement escarpé du Rooterberg et la montée de la roule contre Honau, dernière localité du canton de Lucerne, d’où s’étend de nouveau un plateau dans la direction du Hünenberg. La route qui conduit dans le Freiamt argovien se sépare à Gislikon de la route de Zurich. La première de ces routes conduit par le pont de bois couvert à Kleindielwyl, premier village argovien. Cette position était couverte par une tête de pont sur la rive gauche de la Reuss pour la défense de l’infanterie et par trois redoutes sur la rive droite pour l’artillerie ; ces redoutes avaient le front tourné contre la Reuss, à l’exception de celle construite près de Honau, qui avait le front tourné contre la route. Cette dernière redoute, la seule dont on put se servir pendant le combat, avait une continuation en descendant la montagne dans une tranchée longue de ISO pas environ, de l’extrémité de laquelle s’étendaient jusqu’à la forêt des broussailles favorables pour la défense. Nous passerons maintenant aux dispositions qui ont été prises par le général Salis pour l’attaque principale sur la ligne de la Reuss. Après que Zug eut capitulé le 22 novembre et que les troupes de Sclrwyz se furent retirées le même jour en n’occupant plus que le village de Walchwyl, le Rothenkreuz resta 202 encore occupé dans la nuil du 22 au 25 par la batterie lucer- noise Mazzola el par la batterie Würscli, de Nidwalden. Le général Salis avait pris le 22 novembre le commandement personnel de la deuxième brigade de la deuxième division et de la troisième brigade de la première division, c’est-à-dire la défense de la ligne de la Iteuss et de la position de Gislikon jusqu’au lac de Zug. 11 faut faire observer ici que le bataillon sclnvyzois Dober, qui devait, de concert avec le bataillon Beeler, de Schwyz, couvrir Meierskappel et le versant du Rooterberg , faisait partie de la deuxième brigade de la deuxième division , et que le bataillon Würsch, de Nidwalden, fut retiré du Ro- tbenkreuz le 23 novembre à la pointe du jour, à l’exception de sa compagnie de carabiniers, détachée à Udligenscliwyl et mise à la disposition du commandant de la deuxième division. Il en résulte que le commandant de la deuxième division avait à veiller à la défense du flanc droit du corps opérant dans la direction de Gislikon sous le commandement personnel du général Salis. Mais on n’avait pas établi de communications convenables , ou bien Ab-Yberg était tellement plongé dans son indifférence qu’il négligea de prendre toutes les mesures nécessaires *. Salis avait confié le commandement en chef sur la ligne de l’Emine au colonel EIgger, chef de l’état-major général, et le 25 novembre il lui avait délégué comme aides le lieutenant- colonel de S l -Denis et le capitaine d’état-major Meyor. Nous allons suivre les événements qui se sont passés dans ce jour mémorable sur la ligne de la Reuss el nous commencerons par la position des troupes qui faisaient partie du corps du général Salis et qui furent conduites au feu contre l’armée fédérale. Le bataillon Rôthlin de la deuxième brigade de la deuxième division était stationné le 23 novembre à Ebikon avec ses deux '* Salis-Soglio ne doit avoir reçu qu’à quatre heures du soir à Ebikon la nouvelle de la retraite des bataillons Dober et Beeler de .Meierskappel, retraite qui eut déjà lieu à une heure, quoique .Meierskappel ne soit pas éloignée de plus d'une lieue de la route de Zurich en traversant la montagne. compagnies de carabiniers, à l’exception de la compagnie du centre Vonrolz, qui servait d’escorte à la batterie Schwyzer. Le bataillon Wiirsch, comme nous l’avons dit plus haut, avait été détaché à Udligenschwyl, pour être mis à la disposition du commandant de la deuxième division , à l’exception de ses compagnies de carabiniers, qui furent retenues par le commandant en chef de la station de Honau et détachées sur la montagne. Trois compagnies du bataillon de Courlen, du Valais, qui faisaient partie de la colonne mobile, furent laissées à Lucerne on dit que c’est pour cause de fatigue ; trois autres compagnies étaient stationnées à Root. De la troisième brigade de la première division il y avait à Ralhhausen et à Buchenrain le bataillon Weingarlner et la compagnie de carabiniers de land- wehr Hurler pour observer la Reuss ; les bataillons Segesser et Meyer-Bielmann se trouvaient à Root et à Gislikon. Il faut y ajouter deux compagnies du bataillon de chasseurs Muller qui étaient stationnées à Ebikon. En fait d’artillerie, le général Salis avait dans le corps qu’il commandait, outre les quatre pièces de réserve qui se trouvaient dans les forts de Gislikon, les batteries Mazzola, Schwyzer et von Moos, qui étaient toutes stationnées à Root et à Gislikon*. Le commandant en chef du landslurm Pascal Tschudi était également à Gislikon et disposait du landslurm du district de Habsbourg, qui fut détache à Meierskappei **, ainsi que d’une compagnie de carabiniers volontaires Jenny du district de llochdorf et d’un bataillon de landslurm de Hitzkirch. Un bataillon de landsturm des communes du district de Hocli- * Il y avait un grand inconvénient à n’avoir aucun commandant d’artillerie, pas même un officier supérieur d’artillerie dans une localité où se trouvaient réunies quatre batteries, de sorte que chaque commandant de batterie n’avait pour guide que sa seule impulsion. Le commandant de l’artillerie, lieutenant-colonel R. Gôldlin, se trouvait, par ordre du chef de l’état-major général, sur la ligne de Littau avec un lieutenant en qualité d’adjudant. ** D’après un tableau authentique que nous avons sous les yeux, le landsturm de ce district était fort de 879 hommes; celui de la juridiction de Hitzkirch comptait 930 hommes. 204 dort' les plus rapprochées était stationné sur le Sedelhof près de Kalhhausen. Les dispositions pour le combat ne lurent prises qu’à la pointe du jour, lorsque déjà on apercevait les colonnes ennemies dans la direction de Kleindielwyl. A la pointe du jour, le détachement des obusiers de douze de la batterie von Moos, sous le commandement du premier lieutenant Meyer, reçut l’ordre de se porter sur les hauteurs le long de la route à droite de llonau pour arrêter la marche de l’ennemi qui suivait la rive gauche de la Reuss eu s’avançant de Kleindielwyl sur Gislikon. Au-dessous de cette position était pointée une section de la batterie Schwyzer sous le commandement du lieutenant Maurus Meyer et composée d’une pièce de huit et d’un obusier de 18 centimètres Faixhans *. La compagnie Vonrolz, d’Obwalden, qui avait été détachée à la batterie Schwyzer, servait d’escorte à ces deux sections. La batterie Mazzola était avancée de llonau au-delà de cette position. Vers huit heures du matin, les bataillons Segesser et Meyer- Bielmann furent appelés de Root et de Dierikon et distribués de la manière suivante La compagnie de chasseurs Pfyffer-Feer, dans les tranchées; sur son aile droite, au bord de la redoute, se trouvait une pièce de quatre, qui fut retirée dans la redoute au commencement du combat près de Gislikon et remplacée par une pièce de huit de la batterie Mazzola. Touchant à celle-ci cl s’échelonnant par degrés irréguliers suivant la nature du terrain, la compagnie du centre Ottiger du bataillon Meyer-Biel- mann se prolongeait jusqu’à la forêt; la deuxième compagnie du centre Bûcher du même bataillon avait pénétré dans la forêt, dans laquelle entrèrent aussi les carabiniers de Nidwalden venant de llonau. D’autres troupes reçurent l'ordre de prendre position dans le voisinage de la chapelle de S l -Michel pour s’adjoindre aux troupes sclnvyzoises qui étaient stationnées en avant de Meierskappel et au versant du Rooterberg. Les deux com- * Tous les obusiers de 15 centimètres mentionnés précédemment portent l’empreinte des armes françaises et le nom de Louis-Philippe expulsé de France, li est probable cpie ccs bouches à feu venaient de l’arsenal de Besançon. i5 pagnies envoyées sur la hauteur du Rooterherg n’y étant arrivées qu’à onze heures du matin, ne purent se mettre en communication avec les Schvvyzois, car elles en furent empêchées par la brigade Kilter qui s’était déjà avancée jusqu’à Meiers- kappel. Le Rooterherg était occupé par une chaîne étendue d'infanterie qui se prolongeait depuis Gislikon jusqu’à la hauteur de la chapelle S-Michel ; mais il n’y avait point de connexion rationnelle formée par l’intermédiaire d’officiers supérieurs, point de réserve, point de masses de bataillon. Les bataillons disponibles Rothlin, Weingarlner et Würscb, qui se trouvaient à une lieue en arrière avec trois compagnies de carabiniers et les deux compagnies de chasseurs Millier, ne doivent avoir reçu ni nouvelles ni ordres pendant toute la durée du combat, et par conséquent n’y ont pas pris part. Cependant, si nous ne portons en ligne de compte que les troupes régulières du Sonderbund qui ont figuré dans le combat, celles-ci s’élèveront à 4000 hommes au moins. Nous pouvons encore admettre en toute sûreté que 1800 hommes au moins du land- slurm y ont pris une part effective. Près de Gislikon, sur la rive droite de la Reuss, voici quelles sont les troupes fédérales qui ont été en partie au feu et qui en partie étaient prêles à s’y rendre QUATRIÈME DIVISION, ZIEGLER. DE LA PREMIÈRE BRIGADE , EGLOFF bataillon Ginsberg, de Zurich . . . 628 hommes » H'àusler, d’Argovie . . • 785 » » Benz, de Zurich *... 660 » Compagnie de cavalerie Hanhardt, de Zurich. 64 » Une demi-compagnie de sapeurs Hemmen, d’Argovie . . . . . . 47 » A reporter 2,152 hommes * Nous portons en ligne de compte tout le bataillon Benz, quoiqu’il n’y ait que la compagnie des chasseurs de droite qui ait pris part au combat; le gros du bataillon ne s’est avancé que lorsque le combat fut fini. Report 2,152 hommes L’artillerie ne peut être évaluée en hommes, mais uniquement d’après les bouches à l'eu une batterie fédérale est composée de U pièces qui sont servies par ces hommes, savoir Batterie Muller, d’Argovie, pièces de six, » Rust, de Soleure, pièces de six, » Moll, de Berne, obusiers de douze, » Schweizer, de Zurich, obusiers de douze. A ces pièces étaient annexées comme escortes Deux compagnies de chasseurs du bataillon Zuppinger, de Zurich * . . . . 186 » Deux compagnies du centre du bataillon Fæsi, de Zurich . . . . . . 190 Lors de l’opération sur le Rooterberg se trouvaient en communication avec les corps précédents DE LA DEUXIÈME BRIGADE, KCENIG Bataillon B'ànzinger, d’Appenzell . 498 " » Berner, d’Argovie .... 722 » » Ernst, de Thurgovie . . . 712 » Deux compagnies de chasseurs et une compagnie du centre n° 3 du bataillon Fæsi, de Zurich . . . . . . 384 » DE LA PREMIÈRE BRIGADE Compagnie de carabiniers Kreis, de Thurgovie 99 » » » Bleuler, de Zurich . 118 » •» » Hanhardt, de Thurgovie . . 103 » A reporter 8,157 hommes .* Quatre compagnies du bataillon Zuppinger brigade Egloff et une compagnie du bataillon Fæsi brigade Kônig étaient restées en arrière pour escorter les bagages, les voitures d’approvisionnements, l’ambulance, etc. 207 Report ti,i37 hommes Compagnie de carabiniers Kusler, de S L Gall . 109 » Une demi-compagnie de sapeurs Hemmcn, d’Argovie . . . . . . /i7 » Total 5,295 hommes. Si l’on porte en déduction les malades et autres non- combattants , on pourra évaluer à 5000 hommes au plus l’effectif réel des deux brigades précédentes. Sur la rive gauche de la Reuss à Dietwyl étaient stationnés, sans toutefois prendre au feu une part directe à l’exception de l’artillerie qui fit feu sur Honau DE LA TROISIÈME BRIGADE, MÜLLER Bataillon Basler, de Zurich. » Martignoni, de SLGall *. » Künzli, d’Argovie. Compagnie de carabiniers Blumer, de Glaris. » » Tscharner, des Grisons. » de sapeurs Jeuch, d’Argovie. Une demi-compagnie de pontoniers Iluber, de Zurich **, employée au pont près d’Eyen. Pour escorte La compagnie de carabiniers Ringier, d’Argovie landwehr. Batterie Ringier, d’Argovie , pièces de douze et obusiers de douze. » Zuppinger, de Zurich, pièces de douze. » Weber, de Soleure, obusiers de vingt-quatre. Pour escorte 1 V 2 compagnie du bataillon Basler, de Zurich. L’effectif réel de cette brigade non compris l’artillerie et le train était de 2000 hommes environ. Vers le passage de Meierskappel on employa les forces suivantes * Faute d’entente, ce bataillon n’est arrivé à Dietwyl que dans la soirée du 23 novembre. ** La compagnie des pontoniers argoviens Vogtli dut rester à Sins. 208 DE LA CINQUIÈME DIVISION , GMÜR. DEUXIÈME BRIGADE , ISLER Bataillon Meier, d’Appenzell A97 hommes » Schmid , de Zurich 010 > » Bernold , de S^Gall 790 1 » Seiler, de Schaffhouse 8 A 6 » Une demi-compagnie de cavalerie, Kaspar, de Schaffhouse ...... 32 » Compagnie de carabiniers Burkhard précé- déminent Zeller, de Zurich 122 » Compagnie de carabiniers Baumann , de S'-Gall Une demi-compagnie de sapeurs, Wiinmers- 125 » berger , de Zurich ..... 50 » Batterie lleylandl, de S*-Gall, pièces de six. TROISIÈME BRIGADE , RITTER Bataillon Brunner, de Zurich 652 » » Hilly, de S-Gall .... 790 1 » Rappeler, de Thurgovie . . , 715 » » Schindier, de Glaris 6 Al » Compagnie de carabiniers Mdlin, des Grisons . 88 » » » Banzinger, d’Appen- zell 101 » Une demi-compagnie de cavalerie, Kaspar, de Schaffhouse ..... 52 » Batterie Scheller, de Zurich. Une demi-compagnie de sapeurs, Whnmers- berger, de Zurich ..... 50 1 Une demi-compagnie de sapeurs, Irminger, de Zurich ....... 50 Total 6,219 hommes Si dans ces deux dernières brigades on porte aussi les non-combattants en déduction , leur force pouvait être de 6000 hommes environ. D’après ces données puisées à des sources authentiques , toutes les forces militaires employées contre Gis- likon, sur le Roolerberg et près de Meierskappel, s’élevaient donc tout au plus à 11,000 hommes. Ü09 Avant de faire le narré les combats livrés à Gislikon et à Mcierskappel, nous exposerons les mesures préparatoires qui ont été prises avant le 25 novembre par le commandant de la quatrième division, colonel Ziegler, pour l’attaque de Lucerne. Lorsqu’il eut appris que les hostilités étaient sur le point de commencer et que ses troupes seraient aussi employées près de Gislikon, il partit de Mûri le 20 novembre accompagné de ses adjudants, de l’état-major de l’artillerie et du génie, sous l’escorte d’un bataillon , d’une compagnie de carabiniers et d’un détachement de cavalerie, pour faire une reconnaissance près de Dietvvyl sur la frontière lucernoise. On posta deux bataillons à droite du village sur une élévation du Lindenberg qui prend naissance dans cette localité et forme la limite entre les cantons d’Argovie et de Lucerne en se dirigeant vers le nord ; on laissa la cavalerie dans le village et avec des chasseurs et des carabiniers on fouilla toute la forêt monlueuse jusqu’à la lisière sud-ouest au-dessous de Iluholz. En dehors de la forêt se trouvaient trois mines qui furent détruites en partie, mais on négligea de les détruire entièrement pour ne pas perdre de temps et par la raison qu’elles étaient peu dangereuses, attendu qu’on pouvait facilement les contourner sur un terrain ouvert. On n’aperçut que quelques landsturmiens près de Buholz, qui firent feu dans le lointain dans le but, à ce qu’il parait, de donner l’alarme. En revanche, on vit près de Gislikon quelques pelits corps de troupes qui avaient évidemment aperçu les troupes fédérales, car ils se mirent en mouvement. C’est indubitablement par suite de cette reconnaissance armée qu’eut lieu l’alarme donnée pendant toute la nuit par le canon dans le canton tout entier. D’autres reconnaissances furent encore faites pour assurer le libre passage des troupes fédérales sur le territoire lucernois en traversant la Ueuss sur des ponts de bateau. C’est de ces reconnaissances, faites avec un grand tact militaire et avec toute la prévoyance possible par le divisionnaire Ziegler, que dépendit l’exécution ultérieure du plan d’opération contre Gislikon , qui eut pour résultat une heureuse victoire remportée par les troupes fédérales. Pendant ce temps le général Dufour avait réuni autour de sa personne à Bremgarlen, pour se concerter, le chef de t’état- 14 210 major général, l’adjudant-général et les commandants de la quatrième et de la cinquième division Ziegler et Gnuïr. Ensuite de cette conférence et d’un ordre du 20 sur le mouvement offensif qui devait avoir lieu le 25 novembre, le colonel Ziegler concentra le 22 la deuxième brigade de la quatrième division sur Oberrüti ; la deuxième brigade sur Sins et la troisième brigade sur Auw; la cavalerie et l’artillerie furent réparties dans les brigades; la grosse artillerie fut emmenée à Mûri. Le colonel Ziegler avait pris de la manière suivante ses dispositions pour le mouvement offensif du 25 novembre, dispositions qui furent portées à la connaissance de ses troupes par un ordre du jour dont voici un extrait •. La lâcbc de la division n° h Ziegler sera de s’avancer sur Gislikon tant par la rive droite que par la rive gauche de la Reuss, de s’emparer de cette position ennemie, puis de continuer sa marche contre Root et de tenter de se réunir à la division Donalz n° 5. Dans ce but, la brigade Egloff n° 1 passera la Reuss près de Sins, elle se dirigera vers S'-Wolfgang, elle y tentera d’opérer sa jonction avec la division Gmiir n° b, ensuite elle poursuivra sa marche contre Honau, sans toutefois négliger sa jonction avec la division Gmür aussi longtemps que celle-ci ne prendra pas une autre direction. La brigade Kœnig n° 2 reçut l’ordre de s’avancer d’Oberrüti à Eyen sur la rive gauche de la Reuss, d’y traverser cette rivière et de poursuivre sa marche de Bâclil- vvyl à Honau, pour pénétrer de là à Gislikon après avoir fait sa jonction avec la première brigade. La brigade n° 5 reçut l’ordre de se diriger sur Dielwyl, d’y laisser un à deux demi- bataillons , tant pour appuyer les troupes que pour visiter les forêts situées sur le versant du Lindenberg, et de faire avancer les autres bataillons jusqu’à la forêt à droite de la route dans le voisinage de la tuilerie. La compagnie de cavalerie Hanliardt, la moitié de la compagnie de sapeurs Hemmen, la batterie de douze Moll, la batterie de six Rust durent s’adjoindre à la première brigade Egloff. La seconde moitié de la compagnie de sapeurs Hemmen, la batterie de six Müller et la batterie d’obusiers de douze Schweizer reçurent l’ordre de marcher avec la deuxième brigade Kœnig. Les deux dernières étaient placées sous le coin- m mandement spécial du major d’artillerie Manuel. La compagnie de cavalerie Bally, la compagnie de sapeurs Jeudi, la batterie de douze Zuppinger, la batterie de landvvehr Ringier, la batterie d’obusiers de vingt-quatre Weber furent déléguées pour s’adjoindre à la troisième brigade. L’artillerie était placée sous le commandement immédiat du lieutenant-colonel d’artillerie Dernier; c’est pourquoi celui-ci et le commandant de brigade, colonel Müller, furent invités à se concerter sur l’emploi de l’artillerie. La compagnie de pontoniers Voglli fut chargée de jeter le matin à cinq heures un pont sur la Reuss près de Sins; le détachement de pontoniers du capitaine Iluber reçut l’ordre de se retirer d’Oberrüti avec la deuxième brigade et de veiller à la construction du pont près d’Eyen. Après avoir pris des mesures pour la garde du pont près de Sins , tous les commandants de brigade reçurent l’ordre de partager tous les bataillons en demi-bataillons et de faire marcher chaque demi-bataillon sous le commandement du commandant ou du major de chaeun d’eux; par cette opération l’infanterie devenait plus mobile et plus facile à employer sur le terrain accidenté qu’elle avait à parcourir. Le commissariat des guerres de division reçut l’ordre très rationnel de faire arriver des provisions en nature dans les quartiers des brigades à l’usage de tous les corps, tant pour la journée du 22 que pour les deux jours suivants, afin qu’après avoir été suffisamment nourris ils pussent commencer les mouvements d’attaque le 25 de bon matin. Mais, vu la masse considérable de troupes, cet ordre ne put être convenablement exécuté dans plusieurs corps. Ce manque de vivres inquiéta non seulement le repos de la nuit, mais il fut cause que l’attaque du 23 fut différée de deux heures environ. Le commissariat ne put obtenir les voitures nécessaires pour transporter les vivres des magasins de Mûri dans les quartiers, car les voitures de bagages et le double train de pontons avaient mis de réquisition un très grand nombre de bêtes de trait. Il eût mieux valu, comme le voulait le commandant de division, que tous les bagages fussent restés à Mûri. Sans doute on aurait alors obtenu un nombre suffisant d’attelages. CHAPITRE X. Mouvements offensifs contre Gislikon et Meiershappel et combats qui ij furent livrés. Le 25 novembre, la première brigade Egloff passa à huit heures du matin le pont de bateau construit à Sins à cent pas environ au-dessous du pont de la Reuss qui avait élé détruit; elle marcha à droite contre le Hünenberg sur le territoire de Zug, et, arrivée sur la hauteur, elle se dirigea sur Bàchtwyl parallèlement au cours de la Reuss. Le pont de bateau près d’Eyen destiné à la deuxième brigade Konig ne fut achevé qu’à dix heures du matin , car le chemin qui conduit d’Ober- rüti à Eyen était par places très-difficile pour le train des pontons, et il n’y avait pas non plus une quantité suffisante de pontons pour construire un pont de la largeur de la rivière ; il fallut donc avoir recours aux arches à la Birago, construction qui exige beaucoup plus de temps. 11 est vrai qu’on aurait pu se servir de la grand’roule près de Dietwyl pour le train des pontons et que de là, en suivant des chemins latéraux qui sont en bon état, on aurait pu arriver jusqu’à Eyen sur la Reuss; mais cette opération aurait plus facilement inspiré à l’ennemi des doutes qu’on avait l’intention de construire un pont de bateaux près de Dietwyl, et le train des pontons aurait élé exposé, sur un terrain ouvert, à l’artillerie de l’ennemi, tandis que d’Oberrüli on pouvait arriver sur place en suivant les rives boisées de la Reuss sans être aperçu par l’ennemi. 11 faut dire à l’honneur du divisionnaire Ziegler qu’il a pris les dispositions les plus prévoyantes à l’effet de détourner tout danger dans cette circonstance. La capitulation de Zug ayant été conclue la veille, 22 novembre , et la division étant entrée par Cham dans ce canton tandis que les troupes du Sonderbund s’en étaient retirées en partie, la conslruclion des deux ponts ne fui entravée en au- 213 cime manière de la rive droite du canton de Zug. Cependant on prit toutes les précautions possibles en plaçant des compagnies de carabiniers et de chasseurs avec des pontons sur la rive droite avant le commencement des travaux et en les échelonnant convenablement, de même qu’en occupant aussi la rive gauche. Lorsque les rayons du soleil eurent percé le brouillard et que la vue put plonger librement de ïlonau sur le lit de la Reuss, l’ennemi qui était stationné près de Honau et de Gislikon aperçut les mouvements des troupes fédérales près d’Eyen sur la Reuss ; c’est pourquoi la batterie Mazzola tira de Honau plusieurs coups de canon contre Eyen ; quelques boulets passèrent tout près des troupes qui se tenaient sur le rivage, mais ils ne blessèrent personne ; d’autres boulets ne purent atteindre jusqu’à cet endroit. Ces décharges inquiétèrent un peu les Iroupes lors de la construction du pont, mais l’ennemi suspendit bientôt son feu, de sorte que vers onze heures la deuxième brigade put passer librement le pont de bateau avec l’artillerie. En même temps la première brigade était arrivée sur la hauteur près de BàchUvyl ou de Bachhof, de sorte que le corps de troupes de la quatrième division qui se trouvait sur ce plateau et était destiné pour la rive droite put se rallier convenablement et commencer ses opérations. Le colonel Ziegler donna à ses troupes des directions générales, suivant que le comportaient les accidents de terrain. La brigade Eglotï s’avança de la hauteur de BàchUvyl directement contre Honau et Gislikon, étendant son aile droite jusqu’à la Reuss et son aîte gauche à travers la grand’roule jusqu’au versant du Rooterberg en avant du Rothkreuz, y compris les localités de Honau et de Gislikon. Toute l’artillerie des deux brigades se tint dans le même rayon, faisant suite à la brigade Eglotï. Les caissons et les voitures pour les blessés suivaient dans la même direction le long de la route ; le bataillon Benz et la compagnie de cavalerie Hanliardt restèrent dans la réserve ; le bataillon Zuppinger et la compagnie de carabiniers Kusler servaient d’escorte à l’artillerie ; les bataillons Ginsberg et Hàusler, partagés en quatre demi-bataillons, marchaient sur la première ligne, précédés par des chaînes de chasseurs et de carabiniers; le demi-bataillon Fæsi de la deu- m siàme brigade resta également pour couvrir l’artillerie et les voitures. La brigade Kœnig se relira de Bachlwyl, et prolongeant son aile gauche, elle alla s’appuyer au versant du Rooterberg jusqu’au-dessus de Ilonau et de Gislikon; le colonel Ziegler monta jusqu’à la moitié du versant de la montagne avec le demi-bataillon Fæsi et le bataillon Banzinger, Des chasseurs et des carabiniers formèrent la chaîne en avant de la deuxième brigade le long du versant de la montagne, se joignant dans le bas à la chaîne de la première brigade. Avant qu’on commençât de serrer de plus près l’ennemi en partant de Bâcht- wyl, le brigadier Egloff avait fait tenter par l’un de ses adjudants d’opérer vers Holzh'àusern la jonction d’un détachement de chasseurs de gauche avec la division Gmür. Celte jonction fut opérée par l’arrivée simultanée de troupes du bataillon Gnehm, de Schaffhouse; en même temps la division Gmür qui s’avançait commença plus à gauche le combat avec l’ennemi. Entre onze heures et midi on se porta en avant, suivant les directions qui avaient été données, avec les deux brigades réunies et l’artillerie, en parlant de la hauteur qui se trouve en face de B'àchtwyl ; la marche se fit lentement en passant d’abord par des collines et des ravins. L’ennemi aperçut de Ilonau l’approche de la brigade Eglolï, sur laquelle l’artillerie lit feu. Un boulet emporta une jambe à un soldat * du demi-bataillon ftlorf Ginsberg. Dans le but de protéger l’approche des bataillons Ginsberg et Hausler ainsi que la chaîne des chasseurs et des carabiniers, la batterie de douze Moll alla se poster à l’extrémité du plateau de Bachlwyl, sur une hauteur entourée de forêts, et fit contre l’ennemi un feu efficace. Les bataillons Ilâusler et Ginsberg se portèrent en avant; ils furent suivis par les batteries Muller, Schweizer et Rust qui firent également feu sur l’ennemi vers Ilonau et le Rooterberg. De cette manière, l’ennemi qui se trouvait dans la partie inférieure de la montagne et près de Ilonau s’était retiré jusque derrière Ilonau, de sorte que les masses d’infanterie purent pénétrer sans combat jusqu’à Ilonau, * Weiss, de Lindau, canton de Zurich. 215 Bientôt après la cliaine des chasseurs et des carabiniers de la brigade Kœnig engagea la lulle avec l’ennemi caché partout dans les forêts et les broussailles et avantageusement placé derrière des haies et les maisons; cependant les troupes fédérales se portaient toujours plus en avant et l’ennemi se retira précipitamment; le feu partit le plus souvent de trop loin. Au-dessus du milieu de la montagne et jusqu’au sommet, l’ennemi occupait des positions très-avantageuses dans une ligne continue, et de là il fit un feu bien nourri sur les troupes fédérales qui s’avançaient. 11 fallait insister pour que l’ennemi fût chassé de ces positions fortes et dangereuses; on s’en approcha davantage et le combat devint plus périlleux. Pour donner le bon exemple à ses troupes, le divisionnaire Ziegler descendit de cheval; son adjudant, le lieutenant-colonel Siegfried, en fil autant, et le combat principal s’engagea ensuite à pied. Les compagnies de tirailleurs sous le commandement du capitaine Plisler bataillon Ginsberg, du capitaine Fierz et du premier lieutenant Bosshard bataillon Fæsi se conduisirent avec beaucoup de bravoure ; le demi-bataillon Fæsi suivit constamment, au milieu d’une grêle de balles, le divisionnaire Ziegler dont le courage ne voyait aucun danger; mais à la fin il se relira à droite en descendant contre la brigade Eglolï. Pendant l’approche des troupes et le combat qui s’engagea dans cette contrée, le lieutenant-colonel Bànzinger fut blessé, ce qui peut avoir fait une grande impression sur son bataillon, car il resta en arrière. Deux compagnies du centre du demi- bataillon Schorrer Hàusler se retirèrent momentanément pendant un feu vigoureux ; cependant la compagnie Zweifel reprit immédiatement courage et recommença l’attaque ; il n’en fut pas de même de l’autre compagnie. Le brave major Schorrer n’abandonna jamais son poste. Ce demi-bataillon se porta trop loin à gauche de la brigade Egloff; c’est pourquoi il arriva sur un point trop élevé de la montagne, et il rejoignit les troupes du commandant de la division. Après une lutte opiniâtre, celte bonne position que l’ennemi occupait dans la forêt fut emportée et l’on fil quelques prisonniers. Néanmoins les troupes fédérales éprouvèrent des perles assez sensibles. i Le brigadier Kcenig se trouvait simultanément avec quatre demi-bataillons à peu près à la même hauteur; il échelonna des carabiniers pour emporter la chapelle S^Miehel située sur le Roolerberg et occupée par l’ennemi, qui fit de ses positions avantageuses un feu continuel sur les éclaireurs et les masses de bataillon. La chaîne s’avança néanmoins jusqu’en face de la dernière position occupée par l’ennemi, qui lit cette fois un feu violent de tirailleurs et de pelotons; mais il finit par être repoussé, laissant cinq morts et sept blessés. La perte des troupes fédérales fut peu considérable. L’ennemi doit s’être retiré vers trois heures de l’après-midi, lorsque les troupes fédérales sous le commandement du brigadier Egloff s’étaient déjà avancées jusque dans la vallée près de Gislikon et que celles sous le commandement du divisionnaire se tenaient au milieu de la montagne. Pendant que la deuxième brigade faisait l’ascension du Roolerberg et qu’elle avait continuellement à combattre pendant sa marche, la première brigade s’avançait aussi dans la vallée, les demi-bataillons Ginsberg et Morf à droite sur la grand’roule, le demi-bataillon Hâusler et la batterie Uust par un chemin latéral étroit, qui était la ligne la plus courte pour arriver à Honau ; c’est là que la batterie Rust prit position et lança quelques boulets contre Gislikon pour protéger la marche de l’infanterie. Le bataillon Ginsberg, qui s’avançait le premier sur la route, fut reçu par la mitraille de la batterie Mazzola au moment où il sortait d’un coude que fait la route ; ce bataillon se trouvait à portée de la redoute de Gislikon ; il battit en retraite derrière une carrière avec le bataillon Morf. D’un autre côté, le bataillon Hâusler avec le brigadier Egloff et après lui la batterie Rust pénétra jusqu’en face du petit village de Gislikon, ayant à sa tête la chaîne des chasseurs avec quelques carabiniers zuricois de la compagnie Bleuler. Les tirailleurs, les chasseurs du bataillon Hâusler compagnie Dietwyler et du bataillon Ginsberg, ainsi que des carabiniers de la compagnie zuricoise Bleuler, avaient occupé Gislikon, la hauteur à gauche de même juc le versant à droite de ce village ; la batterie Rust s’était postée sur un plateau au commencement de ce village et les bataillons llàuslcr el Bànziuger s’étaient placés en partie devant en partie derrière cette batterie, lorsqu’un feu violent d’infanterie et d’artillerie fut dirigé sur la batterie Rusl, sur les tirailleurs et les deux bataillons , à tel point que les chasseurs et les carabiniers, après avoir fait des pertes sensibles, ne purent tenir pied; ils laissèrent à découvert la batterie Rust, qui se relira aussi en toute hâte après avoir eu des blessés et des morts parmi les hommes et les chevaux, cl elle laissa même la pièce la plus avancée en lieu de sûreté entre deux bâtiments adjacents. Le capitaine Rust donna des preuves d’une rare intrépidité; il fil des efforts désespérés pour maintenir ses gens au feu et ne quitta que le dernier ce poste dangereux. Le bataillon d’Appenzell se retira en partie. Cependant, après de louables efforts, l’adjudaut de division Siegfried parvint à le rallier et à le maintenir sur place. Le bataillon Hàusler tint plus ferme avec l’intrépide et brave colonel Egloff, quoique dans le moment le plus chaud il semblât vouloir perdre contenance. Ces deux bataillons éprouvèrent également des pertes assez sensibles. C’est aux encouragements et à l’exemple de l’adjudant de division Siegfried et de l’adjudant Hoffsletter état-major de la brigade Egloff qu’on doit que les tirailleurs rentrèrent dans le village, qu’ils prirent de bonnes positions à l’intérieur et autour des maisons et qu’ils firent de nouveau vigoureusement feu. Malgré les pertes qu’elles venaient d’éprouver, les troupes fédérales recommencèrent la lutte avec un nouveau courage. La batterie Moll qui, après la retraite de la batterie Rust, avait pris position sur la hauteur en arrière de Gislikon, fit feu sur la redoute. Ce feu efficace, joint à celui des tirailleurs et de l’infanterie qui s’avançaient de pied ferme, brisa les forces de l’ennnemi ; les deux demi-batteries Ginsberg et Morf commencèrent aussi à faire feu, ainsi que les batteries Millier et Schweizer, et au moment où le combat était sur le point de finir, le bataillon Benz vint encore au secours des troupes qui combattaient. L’adjudant de division ayant crié aux tirailleurs que l’ennemi prenait la fuite , on s’avança de nouveau en avant; l’ennemi avait cessé son feu et le capitaine d’artillerie Mazzola avait quitté la redoute. Lue pièce de quatre de sa batterie resta sur place, les soldats ayant pris la fuite avec l’avant-train 218 seulement; celle pièce tomba entre les mains du vainqueur. Après s’être approché avec les tirailleurs en face du petit village de Gislikon, l’adjudant de division vit que l’ennemi avait effectivement quitté la redoute ; il rappela le colonel Eglofï, il traversa immédiatement la redoute avec quelques chasseurs et s’avança jusqu’en face du pont; le colonel Eglolï le suivit avec les bataillons et l’artillerie. Sur la route, à côté de l’auberge et dans la grange gisaient plusieurs ennemis tués et blessés. Ces derniers reçurent plus tard les soins des chirurgiens de l’armée fédérale. Après cette déroute, il fut impossible aux troupes ennemies de se tenir plus longtemps dans la bonne position qu’elles occupaient sur la hauteur de la chapelle S-Michcl. Le 23 novembre, vers huit heures du matin, le village de Dielwyl fut occupé par la troisième brigade et l’artillerie de réserve. Le troisième bataillon de cette brigade Martignoni était resté en arrière faute d’avoir entendu l’ordre qui lui avait été donné. La colonne déboucha du village dans la plaine, se dirigeant à gauche entre ce village et la rive de la Keuss sur le second pont de bâteau construit près d’Eyen. La tète de la colonne de la batterie étant arrivée du village dans la plaine, les premiers coups de feu de l’ennemi partirent immédiatement de Honau sur les troupes fédérales. C’étaient des grenades de 15 centimètres qui, bien dirigées, éclatèrent à la proximité des troupes. Ces troupes ne purent apercevoir la position de l’ennemi à cause des rayons du soleil qui leur donnaient dans les yeux. La colonne arrêta sa marche, elle reconnut le terrain, qui était une plaine parfaite , mais elle ne trouva aucune position favorable pour ouvrir un feu efficace. Elle se relira donc contre le village de Dielwyl et elle trouva entre ce village et la tuilerie, à côté de la forêt, une élévation dont l’inclinaison dans la vallée était de 20° environ, ayant en face le village de Ilonau. La compagnie de carabiniers Tscharner fut employée pour couvrir cette position; la compagnie de carabiniers de Glaris explora à droite la montagne; la compagnie de cavalerie Daily fut postée dans le village avec un détachement d’infanterie, le reste de l’infanterie se tint dans le village et les batteries furent pointées sur les hauteurs ; des détachemenls de chasseurs de droite lurent envoyés en avant sur la montagne boisée pour empêcher qu'une allaque ne se fil de ce cùlé-là. Une colonne de réfugiés lucernois servant de guides, à la tète desquels se trouvait le capitaine Bucle, de Ilochdorf, parlèrent d’une position meilleure située sur une hauteur près de Pfaffwyl dans la direction d’Invvyl ; mais comme cette hauteur était encore occupée le malin par les troupes ennemies, les batteries ne purent être exposées avant que l’aile gauche de la division Donalz ne se fût avancée jusque-là et qu’on eût opéré une jonction avec elle. Effectivement, les troupes ennemies se montrèrent à plusieurs reprises sur la lisière de la forêt, mais elles furent maintenues à distance par la chaîne avancée. D’abord on ne pointa que des pièces de six quatre de la batterie zuricoise Zuppinger et deux de la batterie argovienne de landwehr Ringier, et on riposta au feu qui fut immédiatement dirigé de la redoute au-dessous du village de Ilonau contre la position de Dictwyl. 11 pouvait cire onze heures. Après une dimi-heure, le feu de la batterie ennemie se tut. D’un autre côté, les bouches à feu placées dans la redoute située au- dessus du villlage de Honau vomissaient un feu bien nourri sur la position dont nous venons de parler. C’étaient des pièces de huit, des obusiers de 15 centimètres et des obusiers de douze. Les boulets de huit portaient au commencement trop bas, puis ils volèrent au-dessus de la batterie fédérale. Les grenades de douze portaient également trop bas; en revanche les grenades de 15 centimètres étaient bien dirigées et elles auraient causé des dégâts considérables dans la batterie fédérale si elles n’avaient pas éclaté. Après une heure de combat, cette batterie ennemie cessa également son feu. Ces bouches à feu allèrent rejoindre en partie la quatrième division, et en partie elles se transportèrent dans la redoute construite près du pont de Gis- likon. Lorsque le combat eut commencé près de Gislikon même à deux heures et demie environ, combat auquel les deux batteries Rusl et Moll prirent part, principalement sur la rive droite, le commandant de la grosse artillerie chercha en vain sur la rive gauche dans différents endroits des positions pour braquer ses pièces contre la redoute de Gislikon. Si pendant la journée on 220 avait pu relier la troisième division à la quatrième sur les hauteurs de Pfaffwyl, il eût été possible de poster les batteries sur le dos de la montagne pour cracher sur l’ennemi tant dans sa position près de Gislikon que dans sa retraite sur Root. La grosse artillerie sur la rive gauche près de Dietwyl ne fut donc d’aucun secours pour la prise de Gislikon. Cette artillerie n’éprouva aucune perte en hommes et en chevaux; elle lança 165 boulets de douze et 50 obus de vingt-quatre. Dans la brigade Miiller, un soldat du bataillon Künzli eut la jambe emportée d’un coup de boulet, et le brave capitaine Buck, qui supportait son sort avec tant de résignation, fut également tué d’un coup de boulet. Les éclaireurs avancés de la brigade firent dans une reconnaissance prisonniers quelques landsturmiens munis d’armes meurtrières ainsi que deux hommes qui portaient un baril de poudre ; ils furent conduits à Mûri. Après avoir rétabli le passage sur la Reuss, les troupes fédérales s’avancèrent sans combat ultérieur jusqu’au delà de Root, où se réunirent sur la grand’route les détachements du commandant de division descendant de la montagne et ceux du commandant de brigade Eglolï. On bivouaqua à droite et à gauche de la grand’route sur un plateau en avant de Root; on entoura les différens corps de gardes de sûreté ; on alluma de bonne heure les feux du bivouac et on délégua des détachements dans le village pour y requérir les vivres nécessaires sous la surveillance d’un officier d’état-major. L’incendie de quatre bâtiments dans le voisinage de Gislikon et de Honau fit une pénible impression ; on voyait avec peine deux autres bâtiments percés par les boulets. Plusieurs tèles de bétail furent consumées dans les flammes d’une grange qui fut réduite en cendres sur la montagne , et au-dessous de la route près de Ilonau quatre vaches furent tuées par un boulet qui pénétra dans un écurie. Sur le champ de batailles gisaient plusieurs chevaux tués. La batterie ennemie von Moos s’était retirée à trois heures et demie du soir par le village de Root sur une campagne située entre ce village et Dierikon; elle s’avança jusque sur les bords de la Reuss sous l’escorte de deux compagnies du bataillon Meyer-Bielmann. Les trois compagnies du Valais couvraient le flanc droit de la batterie. Ce n’étaient plus que les efforts désespérés tentés pour contenir quelque temps encore ce peuple fatigué, battu et affamé. Pendant ce temps, le général Salis était arrivé à Ebikon avec les deux autres batteries , les trois pièces de réserve et le reste des troupes. On doit y avoir pris encore quelques mesures de défense sous la direction du prince de Sclnvarzenberg. Le cimetière , avantageusement situé, doit avoir été occupé par des carabiniers, et une petite colline qui longe la roule par deux pièces de réserve ; la batterie Sclnvyzer reçut aussi l’ordre d’aller se poster sur les collines faisant face à la route d’Adli- gensclnvyl. Plusieurs officiers insistèrent à Ebikon pour qu’on se défendit encore de pied ferme ; il y avait assurément de fort bonnes positions et on aurait pu y rallier les troupes si la hauteur de Wesemlin avait été occupée, ainsi que la hauteur du Lindenfeld et le Brunnenloch sur la route qui conduit à Adligen- scliwyl. Par les troupes de l’aile gauche qui étaient stationnées à Rathhausen et à Seedorf on aurait pu opérer une jonction avec les batteries qui se trouvaient à Ybach et à S^Charles, et par ce moyen avec l’aile gauche de l’armée qui était au-delà de la lteuss sur la ligne de l’Emrne. Le commandant en chef des troupes du Sonderbund, qui n’avait pas élaboré de plan de guerre ou qui ne pouvait en élaborer vu les rapports dans lesquels il se trouvait avec le conseil de la guerre, n’eut pas une connaissance exacte de la situation. De son côte, le conseil de la guerre du Sonderbund plia bagage aussitôt qu’il eut appris que ses troupes battaient en retraite sur Ebikon. Nous reviendrons sur cette affaire. La journée de Gislikon, dont l’histoire conservera un souvenir honorable, a été chaude pour les troupes fédérales; l’action a été hasardée, et il est surprenant de voir des troupes , qui pour la première fois en leur vie se trouvaient dans un combat, regarder la mort en face avec courage et résolution. N’oublions cependant pas que la victoire a coûté de biens durs sacrifices. D’après un rapport très bien conçu du chirurgien de division Chrismann, 1 h soldats de la division Ziegler moururent de la mort des braves pour la patrie, dont un faisait partie de la compagnie de carabiniers Kreis de Thurgovie, six du bataillon 222 Hausler * d’Argovie, et un de la brigade d’arlillerie. Quatre- vingt-quatre hommes de la division furent blessés, quelques uns très grièvement ; plusieurs durent même subir l’amputation. C’est le brave bataillon Hausler qui compta le plus grand nombre de blessés 56 ; viennent ensuite les bataillons Biinzinger, d’Appenzell- Extérieur 24, Fæsi de Zurich 10, Ginsberg de Zurich 6. Voici, d’après l’auteur des Documents, quel est le nombre des morts et des blessés dans les troupes du Sonderbund a. OFFICIERS. Morts —. Blessés 5. Le général Salis **, le lieutenant de Diesbach , le iieutenanl Renggli. b. SIMPLES SOLDATS. Artillerie. Morts. Blessés. Batterie Mazzola .... — 2 » Schwyzer . . . » von Moos . . . — 2 Détachement de réserve . — — Bataillon Meyer-Bielmann. Compagnie Pfyffer-Fehr — 8 Buholzer. . . » Bûcher . » Ottiger . . . — 1 Bataillon Segesser. Compagnie Ilegi .... 4 2 » Ed. Pfyffer . . — — » J. B. Pfyffer . 2 0 » Bossart . . . — — Compagnie von Rotz d’Obwalden 5 10 Carabiniers de Aidwalden . . — 2 Landslurm près de S-Michel . 5 7 12 42 - Parmi les morts de ce bataillon se trouve malheureusement le brave premier-lieutenant Stiinz, d’Arau. '{** B ne fut que légèrement blessé au cou. Il y eut donc ISS morts et 4 b blessés. D’après l’état du chirurgien en chef Plügel, qui est évidemment inexact sous ce rapport, les troupes du Sonderbund n’auraient perdu qu’un homme près de Gislikon et 33 auraient été blessés. Avant de retourner dans les bivouacs de Chain , de S l -Wolf- gang et de Sins, où nous avons quitlé la cinquième division Gmür après son entrée dans le canton de Zug le 22 novembre, nous ferons mention des troupes schwyzoises stationnant sur le terrain des opérations en-delà du Roolerberg et sur ses versants. On a déjà fait observer que le commandant de la deuxième division, colonel Ab-Yberg, avait à couvrir avec ses Schwyzois le passage de Meierskappel. Mais lorsque cette division eut appris que la Marche était menacée par les brigades Blumer et Keller de la division Gmür, que déjà les troupes fédérales étaient entrées dans le canton de Zug et qu’elles avaient porté leurs avant-postes jusqu’à la frontière schwyzoise, elle songea d’abord à son propre canton et elle se porta à Arlli et à Walch- tvyl avec les bataillons Hediger et Muller *. Par là le plan de défense se trouvait privé de ses forces les plus essentielles et cette position ne pouvait être que d’une bien minime utilité. Les bataillons Dober et Beeler, dans lesquels se trouvaient beaucoup de carabiniers, eurent à couvrir seuls le passage de Meiers- * Nous avons déjà parlé de la dislocation de la première brigade de la deuxième division. Voici comment toute cette division Ab- Yberg fut disloquée le 22 novembre Etat-major de division à Arth; un bataillon de landsturm à Reichenburg et à Tuggen; un bataillon de landsturm à Altendorf et à Pfâffikon; un bataillon du contingent Reding à Schindcllegi et à Wollerau; un bataillon de landsturm à Ilohonnetzel, Einsie- dlen, Morgarten et Rothenthurm ; trois compagnies du bataillon d’élites Hediger, une compagnie de carabiniers et une compagnie d’infanterie du bataillon de landwehr Muller à Walchwyl ; deux compagnies du bataillon Hediger et quatre compagnies du bataillon de landwehr Muller à Arth; un bataillon do landwehr Dober à Meierskappel ; un bataillon de landsturm Beeler à Buonas et à Risch. Artillerie une batterie à Schindelligi, une batterie à Arth. m kappel. Le centre bataillon Becler et compagnie Abegg du bataillon Dober était posté près de la l'orge de Buonas, l’aile droite s’étendant vers Buonas, l’aile gauche près d’Ibikon se dirigeant sur le versant du Kootcrbcrg bataillon Dober. La deuxième et la troisième brigade de la cinquième division Gmiir avait ordre d’entourer d’abord le Rooterberg du côté oriental, de gagner la route de Küssnacht et de Meggen et de forcer le côté oriental de la ville de Lueerne ; à celte fin, elle devait s’emparer des positions de l’ennemi et des redoutes construites près de Meierskappel et prendre position sur le Kiemen au- dessus d’tmmensée, ainsi que sur les hauteurs en face de Küssnacht. Nous avons déjà . indiqué l’effectif de ces deux brigades ; cependant nous désignerons encore d’une manière particulière les bataillons et les armes spéciales qui ont pris part à cette opération. Deuxième brigade, Isler. Dans le gros de la brigade Les bataillons Meyer d’Appenzell R. E., Schmid de Zurich, Bernold de S’-Gall, Seiler de Schaffhouse ; la compagnie de carabiniers Burkhardt de Zurich ; la batterie Ifeylandt de S'-Gall ; y* compagnie de sapeurs lnninger de Zurich ; Va compagnie de cavalerie Kaspar de Schaffhouse. Colonne latérale de droite, sous le commandement du major Neher, de Schaffhouse une compagnie de chasseurs de gauche du bataillon Seiler; une compagnie de fusiliers du bataillon Bernold ; Va compagnie de carabiniers Baumann de S’-Gall; Va compagnie de sapeurs Irminger bivouaqua près du pont de Sins sur la rive droite de la Reuss. Colonne latérale de gauche, sous le commandement du major Bànlli, de Zurich une compagnie de chasseurs de droite du bataillon Schmid; une compagnie de chasseurs de droite du bataillon Bernold; Va compagnie de carabiniers Baumann; V2 compagnie de sapeurs Irminger bivouaqua près de Cham. Troisième brigade, Miter. Les bataillons Brunner de Zurich, Hilty de S’-Gall, Rappeler de Thurgovie, Schindler de Glaris; les compagnies de carabiniers Môlin des Grisons et Banzinger m d’Appenzell la batterie de six Scheller de Zurich; V2 compagnie de sapeurs Wimmersberg de Zurich ; V2 compagnie de cavalerie Kaspar de Schaffhouse. Il s’agissait maintenant de s’emparer de la forte position qu’occupait l’ennemi sur le Uoolerberg. Après quelques reconnaissances dans lesquelles on échangea des coups de feu inno- cens, le bataillon Brunner reçut l’ordre de prendre le défilé qui se trouve près d’ibikon au pied du Roolerberg ; il devait donc marcher en masse par le flanc droit en appuyant son aile gauche à une forêt, sous la protection de celle-ci marcher en avant, atteindre la hauteur en prenant une direction à gauche et déborder si possible l’ennemi par son flanc droit. En revanche, l'aile droite avait l’ordre de refouler l’aile droite de l’ennemi au-dessous de Sleierskappel, et le centre de marcher sur la position de Meierskappel. Pendant ce temps les carabiniers et les chasseurs' se jelcreni sur toute la ligne de l’ennemi ; le feu fut vif, mais sans beaucoup d’effet à cause de la distance qui était trop grande. Les bataillons les suivirent à une distance convenable. Au moment de l'attaque il ne fut pas assigné de position à la batterie Scheller, car en face de l’aile droite le terrain était marécageux et par conséquent impraticable, et d’ailleurs les coups dirigés sur la hauteur auraient été sans effet. La batterie lleylandt s’était postée sur l’aile gauche de la brigade Isler. Dans le but de faire réussir la première attaque , le colonel Ritter détacha la compagnie de carabiniers Biinzinger en lui donnant pour direction de refouler l’aile gauche de l’ennemi. Le bataillon Schindier, de Claris, qui se tenait en face du défilé fortifié, reçut l’ordre de s’en emparer à la baïonnette. Il s’avança d’un pas ferme et en colonnes serrées; mais l’ennemi lâcha pied sans résister à l’attaque. Pendant ce temps, les bataillons de la deuxième brigade Isler, après avoir vaincu tous les obstacles semés sur leur passage , arrivèrent jusqu’au sommet du IVischerberg; mais le commandant de la division put se convaincre qu’il était impossible de pénétrer plus avant dans celte direction, en partie à cause du versant escarpé de la montagne, en partie à cause de l’épaisseur de la forêt. I 5 Le bataillon Brunner, accompagné du capitaine du génie Biirkli, s’était rendu à sa destination sur l’aîle droite de la brigade Hitler en traversant la forêt dont nous venons de parler. Les sapeurs écartèrent une foule d’obstacles et facilitèrent la marclie progressive du bataillon. Le capitaine Biirkli aperçut bientôt un chemin dans la forêt et il pensa qu’il conduisait au point désigné; pour être plus sûr, il fit avec le major Wein- mann et huit carabiniers la reconnaissance de ce chemin. Dans celle reconnaissance ils fouillèrent toute la forêt et à la fin ils aperçurent Ibikon. En sortant de la forêt ils remarquèrent que le bataillon Brunner s’était trop éloigné ; ils firent observer au commandant que dans tous les cas l’aîle droite de la division avait fait un trop grand détour. Bientôt on vit le village d’ibi- kon et le capitaine Biirkli montra au commandant du bataillon la place qui devait être prise. Le lieutenant-colonel Brunner fil faire une halle parce qu’on apercevait des troupes au Rooter- berg, et il expédia une patrouille avec le cadet Rahn pour les reconnaître. 11 était clair que ce ne pouvait être que des troupes ennemies. Effectivement, celle patrouille fut reçue à coup^ de feu et elle retourna précipitamment sur ses pas. Pendant ce temps, les sapeurs déblayèrent le chemin à parcourir, ayant à leur tête une chaîne de chasseurs; le bataillon se tint en colonnes serrées. Tous les officiers supérieurs étaient à pied, car le terrain marécageux ne permettait pas de marcher à cheval. La colonne se mil de nouveau en mouvement et s’avança jusqu’au pied du Rooterberg, dans un vallon se dirigeant sur Ibikon et entouré d’une forêt. On sentit qu’on se trouvait tout près de l’ennemi, car on entendait de temps en temps le sifflement d’une balle ; mais on n’aperçut pas de troupes. Le commandant du bataillon pensa que le capitaine Biirkli conduisait le bataillon dans une position dangereuse ; mais, d’après la nature du terrain, celui-ci ne put lui dire si la position était bonne ou mauvaise ; il lui donna toutefois l’assurance que c’était celle qu’il fallait occuper et que le commandant devait prendre ses mesures en conséquence. On s’avança lentement et en colonnes serrées. Lorsque le bataillon fut arrivé dans un endroit où la nature du terrain força le déploiement des colonnes, l’ennemi fit une décharge sur ces troupes; elles essuyèrent un feu 227 violent de mousquets et elles n’avançèrenl plus. Bans ce moment et lorsque trois boulets lancés par la batterie Sclieller eurent passé au-dessus du bataillon pour venir s’abattre tout près de lui, il y eut de la confusion dans ses rangs. Le capitaine Bürkli donna au commandant du bataillon l’assurance que Sclieller avait certainement l’intention de tirer sur les redoutes construites dans le défilé et occupées par l’ennemi; mais toutes ses remontrances furent inutiles, le bataillon battit en retraite. La bannière , portée par le lieutenant Abegg-, le major Wein- mann, les commandants des compagnies de chasseurs Frauen- felder et Steiner, le capitaine Leemann, les lieutenants Pesla- lozzi sapeurs, les deux Koller, Ilauser et le cadet Ralin restèrent cependant dans cette position avec cent hommes environ et ils commençaient à s’avancer lorsque les autres quittèrent ce poste difficile. Les sapeurs restèrent tous, ils débarrassèrent le chemin malgré le feu de l’ennemi, et par là ils facilitèrent la marche, qui était très difficile. Ces braves milices eurent trois hommes tués et six blessés. Le balaillon Brunner reprit courage et revint à la charge d’un pied ferme. Le colonel Bitter avait aperçu d’un point favorable les mouvements qui se faisaient sur son aile droite ; il fit venir immédiatement deux pièces de la batterie Heylandt qui se tenait tout près, pour tirer sur les derrières de l’ennemi. Les coups furent si bien dirigés que l’ennemi commença à battre en retraite. Quelques carabiniers de 70 à 80 le poursuivirent pendant qu’il montait la montagne ; l’artillerie dut cesser son feu pour ne pas tirer sur ses propres gens. A Ibikon, à l’entrée du passage de la montagne, les Son- derbundiens tinrent encore bon et firent feu de la lisière de la forêt, des granges et des maisons sur les troupes fédérales, sans cependant leur faire éprouver des pertes. Les Sonderbundiens eurent 9 morts et 15 blessés. Après avoir purgé les maisons et les hauteurs du passage, on en prit possession. Les mines placées dans cette localité sautèrent trop tôt et elles égayèrent les soldats au lieu de les intimider. L’ennemi ayant été repoussé, ce passage ne présenta plus aucune entrave à la marche des troupes fédérales. Les bataillons firent une courte halte non loin du village et ils se remirent en marche dans de nouvelles 228 directions. Pendant cette halle, un soldat du bataillon Kappeier fut tué par une balle qui lui traversa le cerveau. Pressé par le bataillon Brunner et par le feu de la batterie Ileylandt, chassé d’une position à l’autre et séparé du Roolerberg, l’ennemi fut obligé de battre en retraite par Meiers- kappel à Immensée et à Kiissnacht. L’aîle droite du bataillon Ililly et l’artillerie se dirigèrent alors sur Meierskappel. Arrivées en face du village , ces troupes furent reçues à coups de fusil tirés sur elles de la tour de l’église ; un seul boulet lancé contre cette tour fit disparaître l’ennemi qui s’y était caché. Des carabiniers et des chasseurs furent chargés de purger le village. À une heure de l’après-midi la brigade Ritter était à Meierskappel, d’où les troupes du Sonderbund s’étaient retirées avec tant de précipitation qu’elles durent laisser aux troupes fédérales la soupe préparée pour leur diner, leurs approvisionnements de pain et leur comptabilité. La brigade llitter se dirigea à gauche sur Küssnaclit; sa destination était d’occuper les hauteurs de cette position et de tenir en échec, sur les derrières des troupes d’opération, les se dirigeant sur Lucerne. 11 n’était plus possible d’arrêter les deux compagnies de la brigade Ritter, principalement la compagnie B'ànzinger et les volontaires de la compagnie Molin, dans leur poursuite de l’ennemi sur le Roolerberg, et ce n’est que le lendemain qu’elles purent rejoindre leur corps à Udligensclnvyl. Pendant cé temps, la brigade lsler était arrivée lambour battant par le défilé d’I- bikon à Meierskappel, où le colonel lsler rencontra le divisionnaire Gmür et reçut l’ordre de marcher sans délai sur Udligen- schwyl. Ensuite de cet ordre, la brigade lsler forma l’aile droite, et la brigade Ritter l’aile gauche de la division. Avant de terminer notre exposé des mouvements de la brigade lsler depuis Buonas jusqu ; à Meierskappel, nous jetterons un coup d’œil sur la chaîne des tirailleurs de cette brigade. L’aîle gauche contourna en partie l’ennemi en le serrant de près, elle le repoussa en partie au-delà du Rischerberg dans la direction de BSschenrolh. L’aîle droite se retira de la forêt à droite en se dirigeant contre le défilé d’ibikon, où l’on fit encore des maisons et des caves feu sur les tirailleurs. Le lieu- m tenant Biihler, de la compagnie des carabiniers Burkhardl, fit dans une cave quatre prisonniers qui avaient tiré à plusieurs reprises sur ses gens ; l’énergie seule de cet officier put les protéger contre la vengeance des soldats. Un détachement de chasseurs de droite du bataillon Schmid, sous le commandement du lieutenant Morf, et un autre détachement de chasseurs de gauche du même bataillon, sous le commandement du lieutenant Finsler, s'étaient transportés plus à droite contre Meierskappel, où ils se battirent dans les premiers rangs sur une hauteur derrière un petit bois avec l’ennemi qui était encore posté dans le village, jusqu’à ce que la batterie Heylandt eut fait une décharge sur la tour de l’église dont nous venons de parler. La compagnie de chasseurs de gauche Labhardt, bataillon Schmid, était au nombre des premières troupes qui entrèrent à Meierskappel* ; elle y fit prisonniers le chapelain, de la maison duquel on avait fait feu, ainsi que plusieurs land- sturmiens armés ; elle prit en outre un petit drapeau du land- sturm et s’empara d’un magasin d’approvisionnements. L’aile gauche de la chaîne des tirailleurs, qui s’était avancée dans la direction de Büschenroth, alla rejoindre la colonne principale à Meierskappel après avoir été relevée par des troupes de la brigade Ritter. La brigade Isler, à laquelle s’était joint le commandant de la division avec l’état-major, se dirigea de Meierskappel sur les hauteurs d’Udligenschwyl. Mais à peine venait-elle de passer ce premier endroit, qu’un feu violent de tirailleurs se lit entendre sur le ltooterberg. Jusque-là on n’avait eu à faire qu’avec deux bataillons du landsturm de Schvvyz et quelques compagnies de carabiniers du même canton. Mais dans l’inlervalle trois autres bataillons de troupes de Lucerne et d’Unterwalden étaient accourus au secours des Scliwyzois; le corps des vengeurs du fameux Ammann doit s’èlre trouvé parmi ces troupes. Le colonel Pascal Tschudi aurait dû commander ce corps d’auxiliaires. Mais après avoir vu dans la vallée les troupes fédérales marcher .* Les détachements de tirailleurs furent dans cette localité ass e 7 longtemps avant le gros de la brigade. 880 en bon ordre, il doit avoir pris la fuite. Cette résistance inattendue au Kooterberg fit d’abord arrêter le flanc droit de la colonne. Mais des éclaireurs ayant été envoyés par niasses contre l’ennemi, sa résistance cessa aussitôt et il se relira en traversant la montagne, d’abord lentement, puis avec précipitation. Lorsqu’on fui arrivé sur la hauteur d’TJdligenschwyl, on vit encore ses détachements défiler sur le sommet de la montagne , sans toutefois opposer de la résistance aux troupes fédérales ou échanger des coups de feu. La quantité de petits drapeaux que portait l’ennemi fit d’abord supposer aux troupes fédérales qu’elles s’étaient trompées sur la force réelle de leurs adversaires ; depuis lors on a eu tout sujet de croire que c’étaient des troupes d’Untervvalden sous le commandement du lieutenant-colonel Würscli, lesquelles voulaient donner à entendre qu’elles désiraient se retirer en paix. Le feu ayant cessé, la brigade Isler, avec les armes spéciales qui en faisaient partie, bivouaqua à l’entrée de la nuit en avant du village d’Udligen- sclnvyl contre Lucerne. La troisième brigade Ritler qui s’était avancée de Meiers- kappel à gauche contre les hauteurs de Küssnacht, avait à franchir sur son chemin trois degrés de collines jusqu’au pied du Kiemen; toutes ces collines étaient occupées par l’ennemi les deux bataillons sehwy/ois Dober et Beeler qui se disposait à les défendre; mais les bonnes dispositions prises par le brigadier Ritler, qui manœuvra parfaitement pendant toute la journée , le forcèrent de quitter ses positions les unes après les autres, et de cette manière, le brigadier Rilter arriva au pied du Kiemen, où trois bataillons d’infanterie durent traverser près de Bôschenroth une rivière passablement profonde afin de rendre praticable pour l’artillerie le pont qui avait été obstrué dans cet endroit avec des bois énormes et de grosses pierres. Le capitaine Bürkli fit immédiatement écarter tous ces obstacles par le détachement de sapeurs qui se trouvait dans le bataillon Scbindler. Dans sa retraite , l’ennemi avait négligé de prendre position dans des redoutes très-bien construites des deux côtés du pont et de les défendre. Pendant qu’on rétablissait le pont, les trois bataillons avaient fait l’ascension du Kiemen, et arrivés sur le sommet, ils en descendirent pour se diriger contre la position d’Ober- lmmensée. L’ennemi, surpris des mouvements rapides des troupes qui le poursuivaient, se rassembla au-delà du Kiemen sur la roule de Küssnacht dans le voisinage de la chapelle de Tell et de l’auberge du même nom, et envoya ses carabiniers, qui reçurent immédiatement à coups de feu, mais hors de portée, la brigade qui s’approchait. Pour empêcher toute attaque de la part de l’ennemi et demeurer maître de la position, la moitié des carabiniers et le bataillon Brunner reçurent l’ordre de prendre et d’occuper la hauteur qui se trouvait à droite. Le bataillon I-lilly se déploya dans la plaine; le bataillon Schindler se plaça derrière celui-ci en colonnes serrées à distance de bataillon , dans le but d’empêcher l’ennnemi d’entourer cette position et de la prendre par derrière. Devinant celte intention, l’artillerie schwyzoise deux pièces de six lenta de faire échouer cette manœuvre, et elle fit feu tantôt sur la colonne qui se tenait sur le Kiemen, tantôt sur les deux bataillons stationnés dans la vallée. Pendant ce mouvement, un soldat du bataillon Hilty fut grièvement blessé à la tête. Dans celte position , exposés au feu de l’ennemi, ils attendirent l’arrivée de l’artillerie batterie lleylandl, qui devait faire les plus grands efforts pour arriver au sommet de celte rapide montagne. Mais aussitôt qu’elle eut pris position, elle fit un feu efficace sur la batterie ennemie, qui se tut insensiblement, jusqu’à ce que la nuit qui survint suspendit aussi le feu de ce côté-ci. Pendant ce temps, on avait aussi transporté sur le Kiemen l’autre moitié de la batterie Heylandt et le parc. La première fut placée de manière à pouvoir dominer et balayer le réseau de roules d’immensée et d’Arlh près d’Ober-Immensée; en revanche le parc fut placé dans une profondeur, en arrière du Grat antérieur. La nuit étant déjà fort avancée, le commandant trouva qu’il était plus prudent de réunir ses corps en bivouac dans la proximité du parc; d’un autre côté, on ne pouvait allumer des feux, afin de laisser l’ennemi dans l’incertitude sur la position et la force des troupes. Celui-ci chercha à en imposer en allumant et en entretenant une longue file de feux de poste qu’il fit briller près d’immensée en demi-cercle le long du pied du Rigi. La nuit se passa sans alarme sérieuse, et à la pointe du jour les quatre bataillons reprirent leurs positions avantageuses, desquelles ils dominaient Immensée et Küssnaclil. A. Udligenscliwyl, quartier-général de la division , la brigade Isler fut mise plusieurs fois en alarme pendant la nuit; la première fois à onze heures déjà et, comine on l’apprit plus tard , par des hommes du landslurm de la contrée qui voulaient rentrer chez eux et qui ne pouvaient passer nulle part à travers les avant-postes. Immédiatement après son entrée à Udligenscliwyl, le commandant de la division enta d’opérer sa jonction avec la brigade Hitler ainsi qu’avec la quatrième division Ziegler, et il envoya dans les deux directions de fortes patrouilles conduites par des citoyens bien pensants de la localité. Le commandant de la division fut bien inquiet lorsque deux tentatives qu’il fit pour parvenir jusqu’à la brigade Riller furent repoussées par le feu de l’ennemi. Par le Roolerberg n’arrivait aucun messager de la part du colonel Ziegler. Ce n’est qu’à une heure de la nuit que l’infatigable capitaine Bürkli apporta la première nouvelle du succès et de la position de la troisième brigade Rilter ; il avait eu le courage de passer à minuit avec AO hommes par des chemins inconnus pour arriver au quartier-général. Le colonel Gmür reçut aussi plus tard la nouvelle que la quatrième division avait pris position près de Root en-delà du Rootcrberg. Les feux de bivouac de l’artillerie de réserve Næff et de la demi-brigade de réserve Meyer, qui avaient suivi de Meiers- kappel pendant la nuit la brigade Isler sans en avoir reçu l’ordre exprès et qui s’étaient parquées en arrière d’Udligenscliwyl sur la hauteur contre le Rooterherg, avaient augmenté les inquiétudes du commandant de division, car il devait les prendre pour un corps ennemi stationnant sur ses derrières, jusqu’à ce qu'enfm il reçut avis de leur arrivée. Il résolut ensuite, d’après le vœu émis par le brigadier Rilter et le major d’artillerie Grinsoz de Coltens, qui dans son zèle infatigable avait accompagné la colonne et contribué pour la plus grande part aux succès de l’artillerie, de mettre le 2A, à la pointe du jour, ses forces ayant été augmentées par la réserve, une batterie et un bataillon d’infanterie de renfort à la disposition du colonel Ritter. Il conlia le commandement de cette colonne à l’adjudant de division major Br'àndli, en lui donnant l’ordre de faire signifier par des parlementaires au commandant des troupes ennemies stationnées près de Küssnacht qu’il eût à étaciier spontanément Küssnachl s’il voulait éviter l’effusion du sang, puisque cette localité se trouvait placée sous le feu de ses canons. Le major d’artillerie Næff et la demi-brigade Meyer durent rester jusqu’à nouvel ordre à Udligenschwyl pendant la marche sur Lucerne ; ils avaient en outre reçu pour direction d’assister la brigade ltitter si elle avait besoin de leur secours dans leur entreprise sur Küssnacht et Ober-Immensée, Pendant que les divisions Ziegler et Grnür s’avançaient le 25 contre Lucerne en suivant les deux rives de la Reuss et qu’elles s’emparaient des positions fortes près de Gislikon et de Meierskappel, l’aile droite de l’armée avait pris sa dernière potion en face de Lucerne et serrait la ville de près. Nous avons suivi jusqu’à Kriens et Horw la marche de la division bernoise de réserve sous le commandement du colonel m Ochsenbein ; nous nous occuperons maintenant de la deuxième division de l’armée Burkhardl, qui se rattachait à la division Ochsenbein. Le 22 novembre elle entra sur trois colonnes dans le canton de Lucerne, en passant par Zofingue, Langenlhal et Hutlwyl. Après avoir débarassé la route de tous les arbres dont elle était jonchée et comblé les nombreux fossés creusés partout, elle arriva dans la soirée du même jour sur la ligne de Willisau et d’EUiswyl qui lui était assignée *. Le lendemain la division se porta en avant sur deux colonnes, l’une par Grosswangen et Buttisholz sur Ilellbübl, l’autre par Menznau et VVohlhausen sur Russvvyl et Hellbiihl. Celte division bivouaqua dans la nuit du 25 près de Hellbiihl et sur le plateau situé près du Spitzhof. * A son entrée dans le canton de Lucerne, la brigade Bontems fut reçue avec joie par les habitants du village libéral de Reiden, qui arborèrent de petits drapeaux aux couleurs fédérales, saluèrent les confédérés comme leurs libérateurs et les logèrent et nourrirent gratuitement dans quelques maisons. Les habitants comblèrent eux-mêmes les fossés profonds creusés au-dessus du village, et dans une demi-heure ils eurent déblayé, à l’aide de chevaux, le» troncs de chêne étendus au travers de la route. Ses avant-posles furent portés jusqu’à l’Emine Thorenberg. Elle était destinée à faire l’attaque sur ; c’est pourquoi on détermina les points d’où l’on devait attaquer et prendre le plateau le lendemain malin. La troisième division Donalz était également entrée le 22 dans le canton de Lucerne par Sursée, Munster et Hitzkirch , et elle était destinée à établir la jonction de l’aile droite de l’armée avec l’aile gauche ; mais cette opération ne put se faire assez à temps, comme on a pu le voir d’après ce que nous avons dit sur le combat livré près de Gislikon. Comme on a beaucoup parlé des mouvements de cette division, nous reproduirons ici l’ordre du jour de l’armée publié le 20 novembre par le chef de l’état-major général, du quartier-général d’Arau , relativement à la destination qui lui était assignée La division Donatz se rassemblera le 22 de bon matin dans ses cantonnements , et sur trois colonnes elle marchera sur Sursée, Miinster et Hitzkirch. Dans la soirée du même jour, la seconde division de l’armée stationnera à Willisau, la troisième dans le Freiamt ; il faudra maintenir de3 communications avec ces deux divisions. La première division, après avoir laissé un bataillon à Sursée, se dirigera le 23 sur les bords de l’Emme, où elle rejoindra les troupes de la deuxième division, à moins qu’une partie de celle-ci ne suive de Sursée la marche des brigades de votre division. Deux batteries de votre division resteront dans ce détachement de vos troupes et chercheront, après avoir effectué leur jonction avec la division Burkhardt sur les bords de l’Emme, à détruire les fortifications que Lucerne a construites près du pont de l’Emme. En même temps, cette brigade se mettra, à l’aide de la cavalerie qui viendra à sa rencontre, en communication au-dessus du village d’Emmen avec les autres troupes de votre division qui sont stationnées près d’Inwyl. Votre deuxième brigade se dirigera sur Inwyl par le chemin le plus court et le meilleur ; la troisième brigade se rendra également de Hitzkirch à Inwyl. Là vous tenterez, à l’abri de votre artillerie qui se trouve dans ces deux brigades, de jeter un pont, opération pour laquelle il faudrait peut-être attendre la nuit. Si l'on parvient à jeter un pont dans un endroit commode où l'artillerie puisse passer, celle-ci traversera la rivière; dans le cas contraire il faudrait l’envoyer par Gislikon, où la quatrième division est stationnée et jette un pont. Le 24 votre corps s'avancera devant les murs de Lucerne, la première brigade par Emmen, les deux autres par le pont jeté près d’In- wyl ou de Gislikon, suivant qu’on aura réussi dans la construction de ce pont. 235 Le quartier-général de l’état-major général sera le 22 à Mûri; le vôtre sera le 22 à Menzikon et le 23 à Eschenbach. D’après cet ordre du jour, il est clair que la première brigade était destinée à rejoindre sur les bords de l’Emme les troupes de la deuxième division et à attaquer de concert avec celle-ci Lucerne du côlc occidental. 11 est également clair que la deuxième et la troisième brigades étaient destinées à opérer la jonction avec la division Ziegler et à prendre Gislikon par derrière. Mais la deuxième et la troisième brigades n’étant arrivées à Inwyl que dans la nuit du 25, il leur fut absolument impossible de prendre part au combat de Gislikon ou de faire taire le feu de l’artillerie de l’ennemi en attaquant celui- ci par le flanc gauche ou même sur ses derrières et de le forcer à prendre la fuite, ce qui aurait eu indubitablement pour effet d’encourager les troupes dans le combat qu’elles soutenaient près de Gislikon. 11 résulte d’un rapport officiel sur la marche de la deuxième brigade Hauser que celle-ci a suivi ponctuellement l’ordre de marche donné par le commandant en chef. Au moment où la compagnie d’artillerie Studer se disposait à attaquer Sursée, le colonel Ilauser apprit par son aile droite que la ville avait arboré le drapeau blanc. Un officier d état- major qui y fut délégué sous l’escorte de quelques dragons rapporta la nouvelle que Sursée recevra les troupes fédérales avec joie et leur donnera tous les secours possibles. Les troupes fédérales furent effectivement saluées avec acclamations à leur entrée dans la ville. Pendant la marche en montant de Büron les éclaireurs remarquèrent fréquemment sur les hauteurs des troupes ennemies et des landsturmiens, qui prenaient toujours la fuite avec la plus grande précipitation. Il n’y eut plus d’attaque pendant le trajet de Sursée à Munster, et les brigades, au lieu d’arriver à Munster vers deux heures , comme il était convenu, ne s’y trouvèrent qu’à cinq heures. L’état-major de division n’arriva à Munster qu’à onze heures, et à onze heures et demie la brigade se mit en marche sur Inwyl ; elle arriva vers cinq heures à un quart de lieue de cet endroit et y bivouaqua. Toute la division ne put se réunir à Inwyl que dans la nuit du 25, où elle bivouaqua en grande partie, et dans m la matinée du 2tt elle se mit en marche sur Lucerne, lorsque la position eut été évacuée par l’ennemi. Retournons maintenant à Lucerne, où, dans la nuit du 25 novembre, s’est décidé le sort du conseil de la guerre du Son- derbund et des gouvernements de la ligue qui lui étaient subordonnés. Dans la soirée du 25, le conseil de ville de Lucerne adressa une lettre au conseil exécutif, dans laquelle il le priait d’interposer son intercession puissante auprès du conseil de la guerre, à l’effet de l’engager à prendre des mesures telles que, dans le cas où les événements dussent prendre une tournure malheureuse, la ville fût épargnée autant que possible et ne fût pas exposée aux conséquences désastreuses de la guerre. Nous ignorons jusqu’à quel point le conseil exécutif a donné suite à cette lettre. Cependant, immédiatement après la réception de la première nouvelle que la redoute de Gislikon était prise, le conseil de la guerre du Sonderbund, et à sa tète Siegwart, prit les mesures les plus promptes pour se sauver et donna des pleins pouvoirs généraux au colonel de Salis le général avait licencié son état-major. On chauffa en toute célérité le bateau à vapeur et on s’empressa de porter à bord la caisse fédérale de la guerre, qui se trouvait à Lucerne, et d’autres caisses de l’État, sur lesquelles nous reviendrons, les documents les plus importants et les sceaux de l’État, la fortune des meneurs et une grande quantité de blé. Vinrent ensuite, sous l’escorte de vingt gendarmes, Siegwart et les autres sommités du gouvernement, environ cinquante nonnes de la campagne, une grande partie du clergé avec quatre jésuites, le fameux conseiller d’Élat Hautt avec son père, Bernard Meier et d’autres. Pendant que le bateau à vapeur fumait encore, accoururent à toutes jambes d’autres fugitifs, parmi lesquels se trouvaient deux aumôniers jésuites, le père Roh et le père Damberger ; vint enfin le père capucin Vérécond, qui dans chaque occasion prédisait comme une chose sûre la victoire du Sonderbund et qui a beaucoup contribué à enflammer l’esprit crédule des paysans. 11 avait assisté aux combats de Mûri et de Gislikon, mais, comme on peut bien le penser, à une respectable distance. Lorsqu’il vit que l’affaire était perdue, il leva le pied et dans l'obscurité de la soirée il se glissa tète baissée sur le bateau à vapeur. Ce bâtiment partit vers neuf heures du soir, et lorsqu’il fut arrivé à Flüelen , les gendarmes formant l’escorte durent s’en retourner sans paiement et louer à leurs propres frais une barque pour retourner à Lucerne. Le juge d’instruction Ammann ne fut pas aperçu sur le bateau à vapeur; c’est pourquoi on prétendit pendant plusieurs jours qu’il avait été fait prisonnier et enfermé dans le Kesselthurm, où il avait maltraité et tourmenté tant d’innocents d’une manière si cruelle. Mais déjà il se trouvait à Altorf le 25, et bientôt après il prit avec Siegwart et consorts la fuite par la Furka pour se rendre dans le Haut- Valais, et de là sur le territoire neutre du Piémont. Immédiatement après que les troupes qui battaient en retraite furent entrées à Lucerne sous la conduite du prince Schvvarzenberg à cause de la blessure du commandant en chef, à ce qu’on prétend, Salis se présenta en personne dans la ville revenant d’Ebikon et adressa au conseil de ville la lettre suivante Tit ! Je vous annonce par les présentes que j'ai l’intention de proposer un armistice aux troupes fédérales, afin de sauver la ville. J’y suis autorisé par le conseil de la guerre et par le conseil exécutif du canton de Lucerne. Agréez, etc. Le commandant en chef de l’armée, Signé J. U. de SALIS-SOGLIO *. Le conseil de ville de Lucerne, composé de libéraux à l’exception de l’imprimeur Raber, n’avait naturellement pas l’intention d’exposer la ville aux chances d’une prise d’assaut et de la plonger dans le malheur; su contraire, il était bien aise d’être débarrassé du régime de terreur qui pesait sur le canton ; c’est pourquoi il attendait, avec la grande majorité de la population de la ville, la présence des troupes fédérales; toutefois il craignait quelques excès. En conséquence, il adressa * Il est probable que Salis insistait tellement sur la capitulation pour se tirer de la mauvaise position dans laquelle il se trouvait ; mais il ne réussit pas. 238 au général Dufour une lettre clans laquelle il lui demandait que la ville fût traitée avec humanité, que les personnes et les propriétés fussent protégées. Une réunion eut lieu chez le général Salis , dans la chambre qu’il occupait à l’hôtel du gouvernement, réunion à laquelle assistèrent les chefs des bataillons qui se trouvaient dans la ville, les officiers lucernois de son état-major général, ainsi que quelques officiers supérieurs accidentellement présens , parmi lesquels on remarquait les commandants de brigade Kost et Schmid, les adjudants de division, le second commandant du landslurm, etc. Le général Salis doit leur avoir déclaré qu’il avait confié au conseil municipal le soin de veiller à la conservation de la ville et qu’il avait l’intention de déléguer un parlementaire au général Dufour pour obtenir un armistice à l’effet de négocier une capitulation , attendu qu’il était inutile de continuer ultérieurement la guerre. Salis doit en outre leur avoir annoncé que le conseil de la guerre s’était retiré dans les cantons primitifs avec le gouvernement de Lucerne et qu’il avait donné l’ordre d’y retirer aussi l’armée, que les troupes d’Uri et des deux Unlerwalden avaient reçu du commandant de brigade Schmid l’ordre de partir et qu’elles avaient immédiatement exécuté cet ordre en se dirigeant sur Winkel. Le bataillon valaisan de Courlen doit avoir été oublié. 11 est vrai que de Courten resta à Lucerne avec trois compagnies qui furent faites prisonnières de guerre ; trois autres compagnies partirent le 24 de bonne heure et regagnèrent leurs foyers par Winkel, Beckenried et Flüelen. Une querelle s’éleva parmi les officiers présens chez le général Salis; quelques-uns d’entre eux, furieux, criaient à la trahison commise par le gouvernement en fuite envers un peuple qui était résolu de verser jusqu’à la dernière goutte de son sang pour la défense de son indépendance et de sa liberté. Le général Salis assista avec le plus grand calme à tout le tapage que quelques officiers faisaient autour de lui ; il invoqua à plusieurs reprises les pleins pouvoirs dont il était revêtu et fil immédiatement adresser au général Dufour une lettre dans laquelle il lui demandait un armistice de 48 heures pour entamer des négociations ; il ordonna en même temps qu’il fut donné avis de cette démarche à tous les divisionnaires de l’armée fédérale 239 les plus rapprochés de la ville, en les invitant a suspendre les hostilités jusqu’à la réception d’une réponse. Mais personne ne voulut se charger de jouer le rôle de parlementaire. Dans des conjonctures pareilles, le général Salis vit qu’il n’était pas prudent de sa part de rester plus longtemps à Lucerne. C’est pourquoi , après avoir donné au colonel Elgger l’ordre de veiller à ce que les lettres fussent transmises, il partit à deux heures du matin par le second bateau à vapeur et se rendit à Stanstad dans le canton d’Unlerwalden, d’où il passa dans le canton d’Uri, et il prit également la fuite par la Furka. Lorsqu’il eut appris que Siegwart s’était sauvé à temps, il doit avoir dit au moment de s’embarquer Je suis peiné de m’être mêlé dans cette affaire avec d’aussi lâches coquins !» Le prince Frédéric de Sclrwarzenberg, adjudant de Salis, et le lieutenant de Sclnvei- nitz n’ont pu déployer leur bravoure ; ils s’associèrent avec le colonel Tsehudi et d’autres à la fuite du gouvernement. Personne ne voulut plus faire la guerre après la fuite du général Salis. Le colonel Elgger , qui peu de temps auparavant, donnant cours à ses bravades, prétendait que la capitulation ne devait être négociée que les armes à la main, déclara que le départ du général avait mis fin à ses fonctions de chef de l’état-major général. L’inspecteur des milices, général de Sonnenberg, fut d’avis qu’il rentrait dans la vie privée, attendu que le gouvernement s’était retiré en corps sans avoir conféré des pleins pouvoirs. Le commandant de brigade Kost déclara purement et simplement qu’il ne tirerait plus un coup puisque le gouvernement était parti. Il ne se trouva même personne qui fût en position de conclure une capitulation pour le canton de Lucerne. Le président du conseil municipal, M. Schumacher - Ullenberg, ne voulut rien avoir à faire avec ces gens; il déclara cependant qu’il ouvrirait des négociations, mais uniquement en faveur de la ville. Le président du grand conseil, M. Mohr, qui avait quitté son service d’avant-poste il était capitaine, déclara, sur l’invitation qui lui fut faite de convoquer le grand conseil, qu’il ne pouvait le réunir dans ce moment critique. Dans cet état de choses, le conseil municipal estima qu’il était de son devoir, dans le but d’éviter tout excès, d’adresser à ses administrés la proclamation suivante Habitants le la ville de Lucerne, Chers concitoyens ! Ensuite de la dissolution de fait i gouvernement du canton de Lucerne, le conseil de ville de Lucerne a cru de son devoir de veiller à l’ordre et à la tranquillité, et à la sûreté des personnes et des propriétés. A cet effet, le corps des gendarmes a été mis à la disposition de la police de la ville. Chers concitoyens! nous attendons de votre respect pour l’ordre et la légalité que vous nous seconderez dans nos efforts. Lucerne, le 24 novembre 1847. Au nom du conseil de ville Le président, SCHUMACHER-UTTENBERG. Le second secrétaire de ville, RIETSCHI. Les troupes qui revenaient le soir d’Ebikon apprirent aussi ïa fuite des autorités. La ville était en proie à une sourde fermentation , qu’interrompaient par intervalles les plaintes et les accès de fureur de ces gens sur la conduite des hâbleurs ambitieux qui les avaient plongés dans le malheur. La ville de Lucerne passa une nuit pénible. Comme on pouvait s’attendre qu’à la pointe du jour la ville serait attaquée ; comme la position d’Ebikon avait été abandonnée et qu’il n’y avait plus de commandant en chef dans le canton; comme l’artillerie d’Uri et le contingent des deux Unterwalden s’étaient retirés et que les troupes réglées ainsi que le landsturm ne recevaient plus de subsistance, il est tout naturel qu’on ne pouvait plus songer à continuer la lutte, et alors le premier lieutenant d’artillerie Mailler se rendit auprès du général Dufour en qualité de parlementaire. Des parlementaires donnèrent également avis de cette démarche aux commandants des divisions Ziegler et Donalz. Le , à trois heures du malin, on battit pour la dernière fois la générale les milices et le landsturm qui se trouvaient dans la ville reçurent l’ordre de déposer les armes et de rompre leurs rangs. Au moment de leur dissolution les compagnies poussèrent des cris de joie et une partie de celles-ci portèrent un Vivat à la Confédération. Entre quatre et sept heures du malin la division Rütliinann, qui avait occupé les positions de Littau et du pont de l’Emine, rentra également à Lucerne avec le landsturm et les avant-postes avancés pour déposer les armes. n\ Revenons à l’armée fédérale campée autour de Lucerne, el entrons d’abord au bivouac de la quatrième division Ziegler. La nuit s’y passa sans événements particuliers ; entre trois et quatre heures arriva le parlementaire délégué de Lucerne par le colonel Elgger, demandant qu’on reconnût l’armistice. Ce parlementaire fut transporté sous escorte à Sins auprès du général , d’où il rapporta à la pointe du jour la nouvelle que l’armistice avait été refusé, mais que les troupes fédérales ne s’empresseraient pas de marcher sur Lucerne. Le matin à dix heures on remit au conseil de ville une dépêche du général Dufour, datée du quartier-général de Sins à h 3 /i heures du matin , dépêche adressée au gouvernement de Lucerne, ou, en son absence, au conseil de ville. Celle dépêche portait en substance que les troupes fédérales, bivouaquant déjà aux portes de la ville, il était impossible d’accorder un armistice ; que le seul moyen d’éviter un malheur était d’ouvrir les portes de la ville aux troupes fédérales el d’arborer le drapeau fédéral sur quelques unes des plus hautes tours, qu’à cette condition les troupes fédérales entreraient sans commettre aucune violence et que la sûreté des personnes et des propriétés serait respectée ; qu’il fallait immédiatement déléguer des officiers d’ordonnance pour donner aux troupes les plus avancées connaissance des résolutions prises à Lucerne. Le conseil de ville, conformément à cette dépêche, envoya rois de ses membres au-devant des troupes fédérales pour leur donner , sur deux points différents , l’assurance qu’elles pouvaient pénétrer dans la ville sans craindre d’hostilités. Bientôt après ces délégués arrivèrent aux bivouacs des divisions de l’armée fédérale campées le plus près de la ville; ils les invitèrent à entrer à Lucerne , où il n’y avait plus de gouvernement et où, par conséquent, il était à désirer qu’on évitât des désordres. Déjà après la réception du premier parlementaire, le colonel Ziegler avait informé le colonel Gmür que Lucerne demandait à capituler, en ajoutant que peut-être on pourrait y consentir. Mais comme dans l’intervalle le colonel Gmür eut appris par la reconnaissance faite, dans la direction d’Adligen- schwyl, par un détachement de cavalerie sous le commandg- 16 242 ment du major Keiser que l’ennemi s’était relire de cet endroit; comme en outre il avait déjà donné à la deuxième brigade Isler l’ordre de marcher sur Lucerne, il ordonna à une forte avant-garde d’infanlerie et de cavalerie de s’avancer jusqu’à ce qu’elle rencontrerait l’ennemi. Le commandant de division suivit bientôt l’avant-garde avec la brigade Isler. Ces troupes furent reçues amicalement à Adligenschwyl et on leur offrit à boire. Le commandant de l’avant-garde, major Neher, annonça du sommet du Sonnenberg au commandant d e division qu’il n’avait pas encore rencontré l’ennemi et qu’on pourrait entrer à Lucerne sans résistance. A peu de distance du Sonnenberg, le même commandant envoya au commandant de division la déclaration suivante Le conseil de ville de Lucerne, En conséquence d’une dépêche de Son Excellence M. le général en chef de l’armée fédérale, datée de ce jour, à 4 heures % du matin, j de son quartier-général de Sins, déclare Que le gouvernement du canton de Lucerne s’est dissous de fait, hier au soir, et que la grande majorité de scs membres se sont éloignés, que les portes de la ville sont ouvertes, que les milices ainsi que le j landsturm sont désarmés et que, pour preuve visible de la confiance avec laquelle les troupes fédérales seront reçues dans la ville, le drapeau fédéral est déjà arboré sur deux tours principales de Lucerne. Suivent les signatures. Dans cet intervalle, l’avant-garde susmentionnée compagnie I de chasseurs n° % du bataillon Seiler, de Schaffhouse s’avança ; jusqu’aux portes de Lucerne. i i 243 CHAPITRE XI, Entrée des troupes fédérales à Lucerne. Mouvements de l’extrême aile gauche et ses suites. Capitulation des autres Etats du Sonderbund. L'avant-garde dont nous venons de parler est la première troupe qui soit entrée à Lucerne après que les portes de la ville furent ouvertes. Elle fut reçue avec de grandes marques de joie. j La division Ziegler sortit de son bivouac à huit heures du matin , et à Ebikon elle rencontra l’ancien avoyer Kopp, membre et délégué du conseil de ville de Lucerne ; il portait un drapeau blanc et venait solliciter qu’on épargnât la ville. A onze heures environ les troupes de la division Ziegler entrèrent dans la ville ' de Lucerne ; à leur tête se tenait le commandant de la division I avec la brigade Eglolï ; à ces troupes se joignirent celles de la division Donatz venant de Gislikon par la rive gauche de la Reuss. Bientôt après, le commandant de division Gmür entra à Lucerne à la tète de la deuxième brigade Isler. ; Dans la matinée du même jour, les sapeurs de la division t Burckhardt jeterènt promptement un pont volant sur l’Emme j pour remplacer celui qui avait été détruit près de Thorenberg, et tous les préparatifs étaient faits pour prendre Littau d’assaut lorsqu’on reçut la nouvelle de la reddition de Lucerne ; la division se dirigea ensuite sur la ville sans éprouver de résistance. Au milieu des vivat mille fois répétés de la population si longtemps maltraitée et courbée sous le joug, trois divisions entrèrent de tous les côtés en files indéfinies dans cette ville, dont i les tours , les portes et les maisons étaient pavoisées de bannières fédérales. L’entrée dura jusqu’à la nuit. L’encombrement à l’intérieur et à l’extérieur de la ville provoqué par la masse des troupes et des voitures de toute espèce, les efforts de l’artillerie pour pénétrer à travers celte masse de troupes causèrent 1 m bien du mécontentement, et dans la ville il y avait une grande confusion , car dans ses murs et hors de ses murs stationnaient environ 2â,000 hommes que la commune de la ville devait loger ee jour-là , et qui partirent le lendemain malin pour se répandre dans la campagne et se diriger sur les frontières du canton de Sehwyz. Le jeudi, 2b, la ville eut de nouveau 2â,000 hommes à loger. De même qu’à Fribourg , il fut impossible d’empêcher quelques excès , surtout de la part des citoyens qui avaient été maltraités précédemment et qui alors voulurent donner cours à leur vengeance personnelle. Mais le colonel Ziegler ayant été nommé bientôt après commandant de place, des gardes furent promptement établies pour maintenir l’ordre public et pour purger, de concert avec le conseil municipal, la ville d’une foule de militaires et de landsturmiens désarmés qui n’étaient pas encore rentrés dans leurs foyers. 11 y avait en outre un grand nombre de curieux qui s’élaient rendus dans la ville pour voir ee qui s’y passait. Le couvent des jésuites fut encombré immédiatement après l’entrée des troupes fédérales, les cellules en furent dévastées ; le Kesselthurm, ce donjon du despotisme de Siegwart, fut ouvert avec effraction et la liberté fut rendue aux détenus parmi lesquels se trouvaient quelques individus condamnés pour crimes, mais dont on put se saisir de nouveau; les maisons de Siegwart et du colonel Elgger furent saccagées à l’intérieur. On trouva dans les rues de Lucerne les trois compagnies valaisannes du bataillon de Courten qu’on avait abandonnées à leur triste sort; ces compagnies étaient composées pour la plupart de libéraux du Bas-Valais qui avaient été transportés en quelque sorte par force hors de leur canton dans celui d’Uri en traversant Ja Furka, traînés en Argovie lors de l’invasion qu’y fit le Sonderbund et où ils avaient été exposés dans les premiers rangs comme chair à canon ; mais au Kooterberg ils furent employés comme réserve. Ils excitèrent la compassion générale, notamment par la raison qu’ils étaient mal vêtus. Des officiers vaudois firent une collecte en leur faveur. On les envoya à Bâle en qualilé de prisonniers de guerre ; ils y furent amicalement traités et on les relâcha après la capitulation du Valais. 245 Revenons à la division Gmür et suivons les opérations ultérieures de la brigade Rilter contre Kiissnacht et le canton de Sclnvyz. Déjà dans la matinée du 24 , avant que la brigade Isler eût poursuivi sa marche sur Lucerne, le major Brândli était arrivé avec son renfort à Ilaltikon au-dessus de Kiissnacht et avait sommé le commandant des troupes schwyzoises d’évacuer Kiissnacht On l’obligea de se rendre à Arlh, quartier-général, où le colonel Ab-Yberg lui proposa un armistice indéfini avec la faculté de le dénoncer dans trois heures ; le major Brandi! déclara qu’il n’était pas autorisé à conclure un armistice, mais il promit d’en faire la proposition au divisionnaire Gmür. Mais comme celui-ci s’était rendu à Lucerne, le major Brândli ne put le voir que dans la soirée du 24. Le même soir le major Brândli écrivit au colonel Ab-Yberg que le divisionnaire Gmür n’acceptait point l’armistice. Ces négociations en vue d’un armistice, après le refus duquel la guerre continua contre le canton de Sclnvyz , forcèrent la brigade Rittcr et le bataillon Bernold, de la brigade Isler, ainsi que les balleries Heylandt et Scheller, de conserver encore pendant trois jours et trois nuits les positions avantageuses qu’ils occupaient sur le Kiemen et les hauteurs de Küssnacht et d’y bivouaquer, ce qui était d’autant plus onéreux pour ces troupes qu’elles avaient déjà bivouaqué la nuit qui avait précédé l’entrée à Cham , que pendant toute la journée du 25 elles avaient été au feu et qu’elles avaient eu à combattre l’ennemi tant au Rischerberg qu’au Kiemen. Enfin, celte brigade put être relevée dans l’après-midi du 26 par la brigade Isler qui revenait de Lucerne. Pendant que ces deux brigades opéraient contre les cantons intérieurs du Sonderbund et que la brigade Bernold occupait le canton de Zug, la brigade Blumer et la troisième brigade de réserve Keller avaient en même temps une lâche difficile à remplir à l’extrême aile gauche de l’armée. Le 25 novembre, à six heures du matin, elles reçurent l’ordre de marcher de deux côtés sur le canton de Sclnvyz, la première en partant de Rich- terschweil, la seconde de Bilten et de Benken, jusqu’à ce qu’elles eussent opéré leur jonction , de refouler les Schwyzois vers l’Etzel et la Schindelligi et de les occuper par des démon- 246 strations jusqu’à ce que Lucerne fût pris par les troupes fédérales. Le 23 la troisième brigade de réserve Keiler enlra dans la Marche sur trois colonnes venant de Bilten, de Benken, par le pont det Giessen, et de Grynau; elle s’avança jusqu’à Lachen. Dans cette première journée elle put occuper toute la Marche supérieure jusqu’à Lachen inclusivement sans avoir à déplorer la perte d’un seul homme. Les autorités du district de Lachen, pressées de toutes parts, accueillirent des ouvertures en vue d’une capitulation, et immédiatement après toute la Marche capitula sur les bases suivantes 1° Les troupes fédérales seront reçues amicalement et pacifiquement, entretenues et logées sur le pied fédéral. 2° Toute la population mâle sera désarmée. 3° Les armes des habitants du district de la Marche seront déposées à l’hôtel-de-vilie de Lachen, 4° Le district de la Marche se met sous la protection fédérale et se soumettra aux ordres de la diète. S° Les troupes fédérales s’engagent à appuyer les autorités pour le maintien de l’ordre et de la tranquillité, pour la sûreté des personnes et des propriétés. L’entrée des troupes à Lachen eut lieu entre cinq et six heures du soir, au milieu des démonstrations de joie d’une partie de la population. Sur leur passage ces troupes avaient eu à vaincre de nombreux obstacles et partout elles trouvèrent les villages presque déserts. Dans la matinée du 25 , le colonel Ab-Yberg, commandant de la landwehr schwyzoise, était arrivé de la Schindellegi à Lachen avec des troupes auxiliaires et s’était dirigé sur la Marche supérieure. Mais lorsqu’il eut reçu la nouvelle que sur tous les points ses adversaires obtenaient de brillants succès, il se retira promptement, à la grande indignation des partisans du gouvernement , sur les hauteurs de l’Etzel, ce qui permit au brigadier Keiler de pénétrer jusqu’à Lachen et de se maintenir dans cette position. Le lendemain à quatre heures, le district de Pfeffikon capitula sur les mêmes bases que le district de Lachen, et après un combat qui fut livré à Wollerau et dans lequel les troupes fédérales eurent trois moris et dix blessés, le gouvernement de Schwyz consentit enfin à capituler. Voici le texte même de la capitulation 1° Le canton de Schwyz déclare qu'il se retire du Sonderbund. 2° Toutes les milices du canton de Schwyz. seront immédiatement licenciées et leurs armes seront déposées dans les arsenaux de district. 3° De la même manière tout le Iandsturm sera désarmé et ses armes seront déposées dans les arsenaux de district jusqu’à ce que l’occupation du canton de Schwyz par les troupes fédérales ait cessé; elles pourront être remises aux propriétaires après celte occupation. 4° Le canton acceptera sans résistance les troupes fédérales et les traitera à teneur des règlements fédéraux. 5° Les troupes fédérales maintiendront la tranquillité publique et veilleront à la sûreté des personnes et des propriétés. 6° Toutes les questions politiques qui pourront s’élever seront soumises à la décision de la haute diète. 7° La présente convention, revêtue de la ratification du grand conseil du canton de Schwyz, devra être remise demain samedi, 27 novembre 1847, à deux heures de l'après-midi, à 31. le commandant de la cinquième division pour être transmise au commandant en chef à Meggen. Ainsi fait au quartier-général de Lucerne, le 26 novembre 1847, à deux heures de l’après-midi, expédié et signé en deux doubles conformes. Le commandant de Les délégués du canton de Sckicyz, l’armée fédérale, Sig. CETHIKER, président du grand conseil. Sig. G. II. MJFOUR. „ Jos. METTLER, membre du conseil cantonal. Nous, président et grand conseil du canton de Schwyz, certifions avoir ratifié la présente convention. Schwyz, le 27 novembre 1847. Au noin du grand conseil Le président, Sig. CETHIKER. Le secrétaire, Sig. A. EBERLI. Déjà le 25, à onze heures de la nuit, les deux Unterwalden avaient capitulé. Ils sentirent qu’il était inutile d’opposer plus longtemps de la résistance à l’exécution des arrêtés de la diète fédérale ; ils virent bien que le régime de Siegwart était perdu sans espoir de retour. Les capitulations de ces deux parties du 248 pays sont à peu près textuellement identiques à celle de Schwyz. üi'i, qui était destiné à servir de seconde résidence à ceux qui avaient enlevé les caisses publiques à Lucerne pour continuer, dans l’espoir que l’étranger interviendrait, la lutte contre la Confédération, comprit qu'il était plus avantageux pour lui de capituler. C’est un fait connu que le 22 novembre, la veille de la fuite du gouvernement de Siegwart, un envoyé français s’est rendu à Lucerne par la Furka, qu’il a donné au conseil de la guerre du Sonderbund des directions qui avaient pour but, dans le cas où la position de Lucerne ne serait plus tenable, de se retirer dans les cantons primitifs et de s’y maintenir dans une attitude armée, car l’intervention qui avait été promise ne devait plus se faire attendre longtemps. La proclamation que le gouvernement fugitif de Lucerne adressa au peuple , en date de Fluelen , le 25 novembre, concorde entièrement avec ce fait. 11 est dit dans celte proclamation que le gouvernement, ne se trouvant plus en sûreté sur le territoire lucernois, avait été obligé de se retirer à Uri; que néanmoins il se considérait toujours comme le gouvernement légitime du canton de Lucerne et que le temps pourrait revenir où il rentrera pleinement dans sa position légale. Les cantons intérieurs du Sonderbund furent alors successivement occupés par les troupes fédérales, qui furent partout reçues au milieu de joyeuses acclamations. Leur e*lrée fut saluée à Einsiedlen par des décharges d’artillerie et le son des cloches. Les habitants de Schwyz étaient tellement indignés contre les jésuites qu’ils pillèrent et dévastèrent en partie leur collège. Le commandant en chef des troupes fédérales ayant communiqué à la diète ces capitulations qui se succédèrent si promptement, cette autorité décida de nommer des représentants fédéraux dans les cantons soumis. Elle nomma Pour le canton de Lucerne MJI. le D r Kern , président du tribunal d’appel du canton de Thurgovie ; le conseiller d’État Bollicr, du canton de Zurich ; le juge d’appel Bürki, du canton de Soleure. 249 Pour le canton d’Unterwaldcn MM. le conseiller d’Étal D r Schneider, de Berne, el le grand conseiller Bruggisser, de Wohlen, canton d’Argovie. Pour le canton de Schwyz MM. le landaminann Hungerbühler, du canton de S-Gall; le landesslatthalter D r Heim, d’Appenzell Pour le canton d’üri MM. le président du tribunal criminel D r Trütnpy, de Claris ; le juge d’appel Paul Migy, de Porrenlruy Berne. Enfin pour le canton du Valais ; MM. le conseiller d’État Franscini, du canton du Tessin; le conseiller d’Élat Delarageaz, du canton de Vand; le président du tribunal d’appel D r Frei, de Bàle- Cainpagne. Deux jours après la fuite honteuse du gouvernement lucer- nois, les libéraux de Lucerne provoquèrent une assemblée populaire de citoyens des villes et des campagnes à l’effet de nommer un gouvernement provisoire, car chaque jour on attendait l’arrivée des représentants fédéraux. L’assemble pupulaire résolut de maintenir le conseil de ville en qualité de gouvernement provisoire jusqu’à la formation d’un nouveau gouvernement, en excluant toutefois l’imprimeur Ràber, dont les presses avaient publié loules*les honteuses diatribes dirigées par le Sonderbund et les jésuites contre l’honneur de la Confédéralion. Au conseil de ville furent en outre adjoints les membres suivants de la campagne MM. le juge d’appel Peier, d’Eschenbach ; le président de commune Al. Moser, de Hitzkirch ; l’ancien juge d’appel Paul Troxler, de Miinster; l’ancien président de tribunal Antoine Ruegger, de Biiron ; le lieutenant-colonel Henri Troxler, de Willisau; le greffier Staffelbach, de Dagmersellen ; l’ancien président de commune Portmann, de Schiipf- heim ; le D r Zemp, de Schüpfheim. 250 Le gouvernement provisoire fut ensuite chargé de prendre des mesures pour que les jésuites et leurs affiliés fussent expulsés du canton de Lucerne dans trois fois 24. heures. Il fut arrêté que dans aucun temps ils ne seraient plus appelés dans le canton de Lucerne ; que les auteurs de l’appel des jésuites et les fondateurs du Sonderbund seraient mis en état d’accusation pour avoir violé la constitution cantonale et excité à la révolte contre les décrets de la diète, et rendus responsables de toutes les conséquences qui en sont résultées. Enfin , il fut résolu que toutes les personnes condamnées depuis le 8 janvier 1848 ou encore à condamner pour délits politiques seraient immédiatement réintégrées dans la jouissance de leurs droits civils et politiques et que les procédures dirigées contre elles seraient déclarées nulles et non avenues. Le gouvernement provisoire fut encore chargé de faire procéder sans délai à la nomination d’un grand conseil à l’effet de reconstituer toutes les autorités cantonales. M. le colonel Schumacher-Uttenberg fut nommé président du gouvernement provisoire. Une sérénade splendide aux flambeaux fut donnée au général Défour en signe de cordiale amitié. Dans une proclamation, le gouvernement provisoire annonça à ses concitoyens qu’il manquait 221,773 fr. 70 rappes dans la caisse fédérale de la guerre confiée au directoire de Lucerne, caisse que les membres du gouvernement dissous avaient enlevée dans leur fuite à Uri, et que cette somme devait être restituée sans délai en vertu d’une sommation faite par les représentants fédéraux. Il lit connaître en même temps la somme énorme des frais de guerre qui frappaient le canton et décréta un emprunt à 5 p. % d’intérêts en mettant à cet effet tout le canton d’hypothèques La fortune des anciens membres du gouvernement fut mise sous séquestre; mais ils déclarèrent tous qu’ils ne possédaient pas de fortune on arrêta donc ceux qui se trouvaient à Lucerne. Le grand conseil prononça la dissolution de l’association de Russwyl. Le 10 décembre, un gouvernement provisoire fut également nommé à Scliwyz, dans lequel entra Nazar Reding, l’ami du Sonderbund , et avec lui les libéraux Banzinger, d’Einsiedlen, Dr. Diethelm, de Lachen, et Staheli, conseiller. En ce qui concerne les jésuites, le grand conseil proposa à l’assemblée can- tonale qu’elle se soumit à l’arrêté de la diète en date du 5 septembre 1847 relativement à l’expulsion de ce! ordre, sous la réserve que les droits de souveraineté du canton seront garantis. Le Dr. Dielhelm fut nommé président du grand conseil. Le 12 décembre, des landsgemeinden eurent également lieu dans les cantons d’Unlerwalden et d’Uri, et on y procéda à la nomination de nouveaux gouvernements. Dans le canton d’Uri, on abolit l’inamovibilité des fonctionnaires publics et on nomma un gouvernement provisoire de quinze membres pour élaborer une nouvelle constitution. Zug, qui avait été occupé le premier par les troupes fédérales, différa longtemps de nommer un gouvernement provisoire. Le gouvernement sonderbundien, à la tête duquel se trouvait le landammann Bosshard, eut même l’audace de parler au peuple comme gouvernement légitime dans une proclamation qu’il lui adressait, mais qui fut immédiatement suppimée et confisquée par le brigadier Bernold et remise par son intermédiaire aux représentants fédéraux, qui de leur côté ne voulaient et ne pouvaient entrer en relations avec un gouvernement coupable du crime de haute trahison. Enfin 23 hommes bien pensans, à leur tête le brave juge cantonal Keiser , se réunirent en comité et adressèrent un appel au peuple zugois , dans lequel ils déclarèrent que les choses étaient allées si loin que la diète, dans sa proclamalion à l’armée en date du h novembre, avait dû statuer ce qui suit Les gouvernements du Sonderbund ont violé d’une manière parjure leurs devoirs envers la Confédération en rompant avec elle et en prenant les armes.» En conséquence, on pouvait s’expliquer pourquoi les représentants fédéraux n’étaient entrés en aucune espèce de relations avec ce gouvernement et pour quel motif ils n’avaient aucun mandat à l’effet de le reconnaître ; c’est pourquoi il fallait prendre des mesures dans le but de soigner les affaires tant fédérales que cantonales afin que les intérêts du peuple n’eussent, pas à souffrir. Us convoquèrent donc une assemblée populaire à Zug pour le dimanche S décembre. Cette assemblée, qui fut très nombreuse , prit les résolutions suivantes Le canlon de Zug déclare qu’il se retire d’une manière absolue du Sonderbund et qu’il reconnaît la compétence de la diète dans la question des jésuites. .1 ».* ^ ?.r>z Elle prononça en outre la dissolution des autorités gouvernementales et nomma un gouvernement provisoire de 15 membres; elle maintint provisoirement les autorités cantonales et communales sous la surveillance de ce gouvernement. Enfin elle décréta que la constitution serait révisée et qu’à cet effet on nommerait une assemblée constituante composée de 05 membres. Celte constitution a été effectivement élaborée; un nouveau grand conseil fut élu et M. lieiser fut mis à la tète du gouvernement en qualité de landammann. Il eut pour collègues des hommes dont le patriotisme élait à toute épreuve et qui retireront le canton de la position malheureuse dans laquelle l’a plongé la funeste ligue séparée. Quoique le Valais ait capitulé plus tard que les autres États du Sonderbund, le peuple de ce canton a pris des mesures plus promptes et plus énergiques. Déjà le 2 décembre eut lieu à Sion une assemblée populaire , à laquelle assistèrent environ 4000 citoyens. Sur la proposition de M. Joris, cette assemblée décida 1° La dissolution du grand conseil et du conseil d’Étal; 2° La suppression des immunités du clergé; 5° L’incompatibilité des fonctions civiies et ecclésiastiques; h° Le retrait de la eollature des bénéfices paroissiaux aux abbayes de S-Maurice et du S'-Bernard ; 5° Que les biens du clergé et des corporations religieuses seront placés sous la haute surveillance de l’Étal et au besoin régis par lui ; 6° Que les dispositions législatives prises par le gouvernement provisoire seront sanctionnées par le grand conseil ; 7° Que le grand conseil sera nommé dans le courant du mois de décembre, sera revêtu de pouvoirs constituants, et que sa durée sera de cinq ans pour la première nomination; 8° Que le gouvernement provisoire décidera la question de savoir si les élections auront lieu par dixain ou par cercle, seront directes et par main levée ; 9° Que le grand conseil procédera immédiatement à la nomination du conseil d’Élat ; 253 10° Qu’une enquête sera faite pour constater la conduite des couvents et que ceux dont l’existence est incompatible avec la tranquillité publique seront supprimés ; 11° Que les lois, les décrets et les jugements ayant pour cause des délits politiques rendus depuis 184K seront mis à néant ; 12° Que les frais de la guerre seront supportés par les corporations religieuses et par les personnes qui l’ont votée, conseillée ou prêchée ; 15° L’assemblée recommande au grand conseil qu’il accorde la naturalisation aux citoyens qui ont pris les armes pour la défense du pays, de la cause de la liberté et du progrès ; lit 0 L’instruction civile sera surveillée et dirigée par l’État; ib° L’expulsion des jésuites du canton est ordonnée; 16° La séparation du canton aura lieu, si la Confédération n’y met pas d’obstacles. On nomma ensuite un gouvernement provisoire, qui fut composé de MM. 1° Maurice Barman, président; 2° Antoine de Riedmatlen; 5° Pignat\ 4° Zen-Uuffinen; 5° Fillier ; 6° Dufour, et 7° Alexandre de Torrenté. Le 29 novembre , ie général Dufour leva le blocus qu’il avait ordonné contre les cantons du Souderbund ; les relations postales avec le canton de Zug avaient déjà été rétablies le 25 novembre , et quelques jours après elles furent aussi rétablies avec le canton de Lucerne. Les feuilles libérales de la Suisse eurent de nouveau accès dans les cantons du Sonderbund. Le 6 décembre, le général Dufour était de retour à Berne, où une réception solennelle lui fut faite. Au pont de la Nydeck et à la rue Croisée on avait élevé des arcs de triomphe pa- voisés de drapeaux rouges et blancs. Le 11 décembre , la diète autorisa le directoire, suivant les rapports qui lui seraient faits par les représentants fédéraux, à procéder à la réduction des troupes fédérales. Ensuite de cette autorisation , les divisions Burkhardt et Donatz furent licenciées le 24 décembre, de sorte qu’il ne resta plus que trois divisions sur pied, savoir Première division, Rilliet brigades à Bundi, Kurz et Yeillon. Deuxième division , Ziegler brigades Bourgeois , Gerwer, Kcenig et Hauser. Troisième division , Gmür 234 brigades Blâmer, Isler et Hitter; outre les brigades détachées Frey et Millier et les armes spéciales nécessaires. L’année était encore composée de 40 bataillons d’infanterie, 19 compagnies de carabiniers , 11 batteries d’artillerie , 6 compagnies de cavalerie. La brigade à Bundi occupa le canton de Fribourg, la brigade Kurz le canton du Valais ; les divisions Ziegler et Ginür occupèrent les cantons de Lucerne, Scliwyz et Zug, la brigade Frey occupa le canton d’Uri et la bfigade Millier le canton d’Unterwalden. La diète dut ensuite songer à prélever, du moins en partie, les frais de la guerre sur les cantons du Sonderbund. D’après un budjet élaboré par le trésorier de la Confédération, M. le conseiller d’État Sl'àmpfli, de Berne , voici quelle est l’évaluation de ces frais 56,000 hommes jusqu’au 10 novembre à 11 bat/, par jour. 985,000 francs. 90,000 hommes jusqu’au 5 décembre à 11 balz par » L’occupation ultérieure des cantons du Sonderbund par 50,000 hommes pendant un mois » Total 5,011,000 francs. On était quelque peu inquiet sur la mise à exécution des arrêtés que prenait la diète quant au paiement des frais de guerre, d’autant plus qu’on savait que l’état financier des cantons du Sonderbund, et notamment du canton de Lucerne, était dans un délabrement complet. Les caisses étaient vides; dans la caisse fédérale de la guerre il manquait 221,775 francs; il y avait dans la caisse de l’État un déficit de 250,000 francs; les emprunts faits à l’étranger en Autriche, par exemple, s’élevaient à 500,000 francs. Cette dette aurait ruiné le canton si l’on n’avait eu la perspective de pouvoir faire contribuer les couvents au paiement d’une part considérable des frais de guerre *. * Dans la caisse de la guerre du Sonderbund, que l'on put égale- ment saisir, on trouva encore 10,000 francs environ. De cette caisse on avait fait à Fribourg et à Valais, contre hypothèques, 255 Dans des conjonctures pareilles, la dièle procéda avec beaucoup de modération. Voici la substance de ses arrêtés en ce qui concerne les frais de guerre 1° Ils seront supportés par les cantons du Sonderbund , sous réserve de leur recours contre les coupables; 2° ils sont solidaires pour l’acquittement de ces frais et ils paieront d’après l’échelle fédérale des contingents d’argent ; 5° ils paieront un million jusqu’au 20 décembre ; 4° le reste plus de quatre millions sera également payé comptant ou couvert par des titres hypothécaires ; 8° l’occupation militaire durera jusqu’à l’acquittement de ces frais ; 6° ils répareront les dommages causés par leurs troupes ; 7° le tout sans préjudice des arrêtés qui seront pris ultérieurement contre les Étals renitenls de Neuchâtel et d’Appenzell Les frais de guerre ont été répartis de la manière suivante entre les cantons du Sonderbund Lucerne . . . 2,132,000 francs Uri. . . 96,760 » Schwyz. . . 246,820 > Untervvalden-le-Ilaut . . . 90,610 » Untenvald-le-Bas . . . . 66,010 » Z ug. . . 102,800 » Fribourg. . . 1,825,200 » Valais. . . 787,200 » Total 8,047,100 francs. Or, si nous faisons la somme des deux déficits qui se sont trouvés dans la caisse fédérale de la guerre et dans celle de l’Élal de Lucerne, dont le montant est de . . 471,753 fr. et des frais de guerre imposés à Lucerne, dont le montant est de. 2,132,000 » ce canton a à payer. 2,603,733 fr. des prêts dont le montant s’élevait à 90,000 fr. Parmi les biens- fonds mis d’hypothèque se trouve le gymnase des jésuites à Brigue. D’après les papiers qui ont été trouvés, le montant total de la eaisse s’élevait à 175,400 fr. Jusqu’ici on n'a pu découvrir d'où est venu tout cet argent. Il est indubitable que l’emprunt autrichien ligurait dans cette somme. 256 Quelque considérables que soient les frais de guerre imposés aux canlons du Sonderbuud, ils sont loin d’égaler tous les frais qu’a causés l’expédition dirigée contre eux ; notamment on n’a pas porté en ligne de compte les dépenses faites par les cantons restés fidèles au pacte et par les soldats en particulier pour leur équipement, leurs achats, leur perte de temps, etc. Dans tous les cas on voit qu’on a procédé avec beaucoup de ménagement envers les cantons primitifs et qu’on a eu égard à leur situation financière ; car, d’après l’échelle fédérale des contingents d’argent, Lucerne doit payer 28 fois autant qu’üri. En comptant par tète, un Uranien paiera donc environ S 4 /s fr., un Lucernois 17 2 /5j un Unterwaldois b V 5 , un Schwyzois b 4 /s, un Zugois 8 2 /s, un Fribourgeois 17 2 /s, un Valaisan 8 4 /s pour couvrir les frais de guerre. On fit l’inventaire des biens des membres de l’ancien gouvernement de Lucerne. Celte mesure provoqua des déclarations intéressantes, et il est difficile d’admettre que le peuple lucernois ait cru qu’il était administré par des hommes n’ayant aucune fortune. Quoique la loi exige qu’un citoyen possède 4000 fr. au moins pour être éligible au conseil exécutif, les membres de l’ancien gouvernement persistèrent à dire qu’ils ne possédaient rien. Le général de Sonnenberg déclara que sa pension annuelle de 10,000 fr. était une rente viagère qu’on ne pouvait lui enlever, que son beau château du Steinhof près de Lucerne appartenait à sa femme , que sa maison en ville appartenait à son fils. Tout ce qui était à lui, disait-il, c’était la plus grande partie du mobilier, outre une somme de 500 fr. en argent comptant qu’il fallait lui laisser pour sa subsistance. 11 ajouta qu’il n’avait jamais possédé de bijouterie. Cependant le général de Sonnenberg passait à Lucerne pour l’un des propriétaires et des capitalistes les plus riches du canton. L’avoyer Rütlimann dit également qu’il était très-pauvre et qu’il avait vendu sa maison à ses sœurs. Hautt, d’après la déclaration de son père, n’avait pas même un lit qui lui appartint et il était encore sous la surveillance de son père. Il avait distribué en aumônes tout ce que son traitement lui avait rapporté, etc. En générai, les cantons du Sonderbund eurent beaucoup de peine à effectuer leurs paiements en argent comptant quel- i57 ques-uns voulurent payer en présentant des titres insuffisants. Ces litres ne furent pas acceptés et il fallut les menacer de convertir en voie d’exécution l’occupation militaire. Le nouveau gouvernement de Lucerne chercha de l’argent partout, mais il n’en trouva nulle part. 11 fallut donc que le couvent de S'-Urbain contribuât. Jusqu’au 28 décembre les cantons d’Uri, de Zug et d’Unterwalden payèrent leur part contributive au million dont l’échéance était fixée au 20 janvier; Valais paya également une partie de ce qu’il devait. Enfin, le 21 février 1818 Fribourg fit parvenir à Berne la somme de 300,000 fr. comptant. Le couvent d’Einsidcln donna aii gouvernement de Schwyz les titres nécessaires sur des biens-fonds situés en-dehors du canton, et les autorités schwyzoises se lièrent tellement les mains envers ce riche couvent qu’elles en seront désormais les esclaves. Lucerne couvrit le déficit de plus de 221,000 fr. qui existait dans la caisse fédérale de la guerre ; il paya sa part contributive de 133,000 fr. nous prenons des sommes rondes au premier million. Jusqu’au 20 février il paya de nouveau 800,000 fr., soit en argent comptant soit en titres; il déposa des litres pour la valeur de 878,000 fr.; il hypothéqua des biens du couvent de S'-Urbain pour la somme de 373,780 fr., et pour les 202,000 fr. qui restaient encore il mit en garantie les domaines de l’État, qui sont évalués à 600,000 fr. Les représentants fédéraux reçurent l’ordre de prendre des mesures pour la rentrée de tous ces litres et de licencier ensuite les troupes, puis leur mission fut déclarée terminée. Les représentants fédéraux dans les autres cantons du Sonderbund avaient déjà licencié une partie des troupes d’occupation par suite des paiements effectués, et jusqu’au 51 décembre l’armée fédérale fut de nouveau considérablement réduite. Il ne resta plus en Valais que ta brigade Kurz avec quatre bataillons et les armes spéciales , et dans le canton de Fribourg le colonel à Bundi avec deux bataillons et les armes spéciales comme corps détachés. La division Ziegler brigades Bourgeois, Genver et Kœnig occupa encore le canton de Lucerne avec douze bataillons et les armes spéciales. La division Gmür brigades Isler et Ritter occupa les cantons de Schwyz et de Zug avec huit bataillons et les armes spéciales, et une brigade détachée de deux bataillons, 17 258 sous le commandement du colonel Frey, occupa le canton d’Uri. Toute l’armée d’occupation était encore composée de 28 bataillons d’infanterie, 11 compagnies de carabiniers, 8 compagnies de cavalerie et 8 batteries d’artillerie. Jusqu’au A janvier, l’année fut de nouveau réduite à une division et deux brigades détachées. 11 y avait encore dans le canton de Lucerne, sous le commandement du colonel Kœnig, une brigade composée de trois bataillons avec les armes spéciales ; dans le même canton se trouvait aussi, sous le commandement du colonel Gerwer, une brigade forte également de trois bataillons , avec une compagnie de carabiniers. Une troisième brigade, sous le commandement du colonel Ititter, composée de quatre bataillons d’infanterie, avec trois compagnies de carabiniers, occupa ultérieurement les cantons d’Uri, de Schwyz et de Zug , et le canton de Fribourg demeura encore occupé par deux bataillons sous le commandement du colonel à Bundi. Une brigade détachée composée de deux bataillons stationnait en Valais sous le commandement du colonel Kurz. Ainsi, tout le corps d’occupation consistait en 1 4 bataillons d’infanterie et 7 compagnies de carabiniers. Enfin, toutes les troupes fédérales purent cire licenciées jusqu’au 24 février. Le 28 du même mois, l’état-major de la division Gmiir fut également licencié. Dans tous les cantons les troupes fédérales furent reçues avec beaucoup de solennité à leur retour dans leurs foyers. Il faudrait écrire un livre pour relater toutes les fêtes qui furent célébrées en leur honneur. Les salves d’artillerie se répétaient d’écho en écho, le son des cloches invitait toutes les populations à prendre part à ces joies patriotiques. Des banquets eurent lieu partout, et les toasts chaleureux qui y furent portés resteront profondément gravés dans la mémoire de tous les bons citoyens. La dièle, de son côté, ne resta pas en arrière, et elle exprima sa reconnaissance à l’armée fédérale en lui adressant la proclamation suivante Soldats-citoyens! Vous avez, la plupart, regagné vos foyers. La Diète ne veut pas tarder davantage à vous exprimer la reconnaissance nationale pour votre conduite et pour les services que vous avez rendus à la patrie. 259 Répondant à notre appel, vous êtes accourus sous les drapeaux de la Confédération avec le plus noble empressement. Quelle que fût votre ardeur à en venir aux mains, vous avez attendu l’ordre du combat avec ce calme qui caractérise le vrai courage. Vos marches longues et pénibles, vos veilles, vos bivouacs par des nuits froides dans une saison avancée, ont été dignes d’admiration. Votre patience, votre sérénité et votre animation au milieu des fatigues et des privations de tout genre, nous ont profondément émus et vous ont acquis l’estime des hommes expérimentés dans l’art de la guerre. Ces vertus vous les avez couronnées par votre intrépidité à l’heure du combat. Vous vous êtes illustrés dans maintes rencontres Limnern, Geltwyl, Mûri, le bois des Dailletes et le fort St-Jacques près de Ber- tigny, Ezchohmatt, Schüpfheim, Gislihon et Meyers-Kappel ont été les principaux témoins de votre enthousiasme et de votre courage. En face d’adversaires suisses et braves comme vous, mais égarés, vous avez remporté une victoire qui a d’autant plus de prix que souv ent vous avez rencontré une forte résistance. Par la vigueur et la rapidité avec lesquelles vous avez exécuté les résolutions des conseils de la Nation, par votre dévouement, votre persévérance , votre instruction militaire , votre discipline et l’habileté do vos chefs, la Suisse a vu sa gloire rajeunie, son nom respecté; elle a repris un rang honorable parmi les nations. Son indépendance a été entourée d’un nouveau rempart. Ce qui est tout aussi glorieux, c’est votre magnanimité envers les Suisses que vous aviez à combattre. Vous vous êtes souvenus que ce sont des frères et que les véritables coupables sont les hommes qui les ont fanatisés et entraînés dans une voie funeste. En épargnant le sang, en respectant les personnes et les propriétés, les temples, les autels, le culte et ses ministres, en les protégeant au besoin, en traitant avec bienveillance les habitans des cantons occupés, vous les avez convaincus de l’humanité et de la justice des confédérés, vous leur avez prouvé par le fait que la majorité n’en veut ni à leur souveraineté cantonale, ni à leurs droits, ni à leur liberté, ni à leur religion. En dissipant ainsi les erreurs et les préventions, vous avez contribué à les ramener à la Confédération et à rétablir l’harmonie entre ses membres. La bonne renommée que vous vous êtes acquise ne saurait être affaiblie par les désordres imputés à divers militaires traduits aux tribunaux, puisque l’armée fédérale n’est point solidaire d’actes isolés dont le nombre et la gravité, du reste, ont heureusement été fort exagérés. C’est pourquoi nous nous faisons un devoir aussi bien qu’un plaisir de rendre justice à la discipline exemplaire de l’armée fédérale et à l’excellent esprit dont elle est animée. Elle a montré ce que peuvent des milices républicaines mues par le sentiment du devoir; elle a fait ressortir ce que sont des soldats-citoyens qui ont la conscience éclairée de leur œuvre. ÎÙO On a pu se convaincre aussi combien une organisation militaire embrassant tous les hommes valides du pays est indispensable à la Confédération et que les exercices, les revues, les écoles, les camps ne sont point une vaine parade, ni une dépense de luxe. Officiers et soldats ! L’expédition militaire confiée à votre patriotisme a eu les plus heureux résultats. L’alliance séparée, ce germe destructeur qui menaçait l’existence de la Suisse, a été anéantie. Partout la bannière fédérale, arborée dans les sept cantons, a flotté victorieuse sur l’étendard de la séparation; partout elle a réuni les drapeaux des Etats confédérés en un seul faisceau surmonté des couleurs nationales. Délivrés du joug qui pesait sur eux, les cantons de Lucerne, de Schwyz, de Fribourg et du Valais ont expulsé les jésuites et les ordres qui leur sont affiliés, compagnie dangereuse qui, poursuivant un but politique bien plus que les intérêts sacrés de la religion, a précipité ces Etats dans le malheur, troublé la Suisse entière, et compromis sa sûreté au-dedans et au-dehors. A l’aide de l’armée, la diète a fait respecter le pacte fédéral, rétabli l’ordre, la tranquillité et la sûreté du pays, comprimé la révolte, ramené la minorité à l’obéissance aux lois et aux autorités fédérales, préservé la Suisse de l’anarchie et sauvé ainsi son indépendance avec sa liberté. En traversant heureusement une crise qui ne pouvait plus se résoudre que par les armes, la Confédération est sortie plus unie et plus forte de l’épreuve à laquelle elle a résisté. Le sentiment que la Suisse est une nation et que, après Dieu, elle ne doit son indépendance qu’à elle-même, est devenu plus profond et plus vif que jamais par la conscience acquise qu’elle possède les moyens de défendre ces biens précieux, conditions de son existence. A l’abri de la paix qui vient d’être cimentée , la Suisse pourra travailler à sa prospérité matérielle et au perfectionnement de ses institutions. Vous êtes fiers d’avoir si puissamment contribué à ces grands résultats. Et si, contre attente, quelque ennemi intérieur ou extérieur tentait de troubler cette paix, vous sauriez vous lever de nouveau, soldats- citoyens, et réduire au néant ses entreprises. Ces résultats, il est vrai, n’ont pas été obtenus sans d’énormes sacrifices de la part de la Confédération, des cantons, des communes, des militaires et des autres citoyens. Mais heureusement ils ne sont pas au-dessus de nos forces, et ces dépenses, qui seront bientôt réparées, sont amplement compensées par l’élan qu’ont pris toutes les forces nationales et la considération dont la Suisse est entourée. Un sacrifice plus douloureux, c’est celui de la vie d’un certain nombre de militaires suisses et les blessures graves reçues par beaucoup d’en- tr’eux. Il est vrai que la quantité des morts et des blessés est faible en comparaison de ce qui aurait pu arriver et des forces mises en avant. Mais la patrie ne porte pas moins le deuil de ses fils ; elle ne ressent pas moins l’affliction des veuves et des orphelins, les souffranees des i'ôi blés,ses. Elle 11 e se console qu’en contemplant les lauriers qui ceignent le front de ces guerriers et le lustre qu’ils ont jeté sur le nom suisse. Honneur donc aux braves qui ont péri ou qui ont été blessés sur le champ de bataille. Ils ont scellé de leur sang- précieux la cause de la commune patrie. Leurs noms gravés en traits ineffaçables dans le cœur des contemporains seront transmis à la postérité. Les dons qui abondent de la Suisse et même de l’étranger en laveur des victimes, les sommes que la Confédération a consacrées à cette œuvre de justice et de piété témoignent assez que les républiques ne sont pas ingrates et que , lorsqu’il s’agit de la bienfaisance, les peuples savent se tendre une main fraternelle. La mention particulière qui vient d’être faite des morts et des blessés ne diminue en rien la gratitude du pays envers tous les citoyens qui ont pris les armes pour la Confédération , tant miliciens que volontaires. Officiers, sous-officiers et soldats, militaires de toutes armes et de tous grades ! Vous vous êtes montrés dignes de la confiance illimitée que la nation a placée en votre courage et votre dévouement. Vous avez rempli l’attente que la diète vous a exprimée dans sa proclamation du 4 novembre dernier. Ainsi nous le déclarons au nom de la Suisse L’ARMÉE FÉDÉRALE A BIEN MÉRITÉ DE LA PATRIE. Vous recevrez chacun un exemplaire de la présente proclamation comme témoignage de la pleine et entière satisfaction de l’assemblée fédérale. Et afin d’exprimer à l’armée ce contentement d'une manière plus éclatante encore dans la personne de son chef, nous avons décerné une marque particulière d'honneur au général Dufour. La diète ne se séparera pas de vous, soldats-citoyens, sans vous exprimer aussi sa vive reconnaissance de ce que votre courage a prêté main forte à l’énergie qu’elle a dû déployer dans des circonstances difficiles. Les représentants de la Suisse se félicitent d’avoir été à l'unisson avec l’armée, si bien compris et secondés par elle. Au moment de terminer, nous nous sentons pressés d’adresser les plus vives actions de grâces à Celui sans le secours duquel les efforts de l’homme sont impuissans et ses tentatives vaines. Dieu a visiblement protégé la Suisse et béni notre cause. Il vous a couverts de son invincible bouclier et c’est par la force de son bras que vous avez vaincu. Honneur et gloire soient donc à jamais rendus à Dieu Tout-Puissant! Ainsi arrêté dans notre séance à Berne, le 22 janvier 1848. La diète fédérale ordinaire En son nom, Le Président du Conseil-Exécutif du Canton de Berne, Directoire fédéral, Président de la Diète IL. S. OCHSENBEIN. Le Secrétaire d’Etat de la Confédération SLIIIESS. m La diète se réunit de nouveau le 10 janvier; pour la première fois depuis la retraite des députés du Sonderbnnd elle se trouva au complet, à l’exception de Zug, dont le siège resta encore vacant. Les nouveaux députés des cantons de l’ex-Son- derbund exprimèrent, au nom de leurs Étals respectifs, la joie qu’ils éprouvaient de ce que la ligue rebelle avait été réduite en fumée. Le président fit alors observer que le temps était venu d’exprimer au général Dufour la reconaissance de la patrie. Les députations furent unanimes à rendre justice aux services signalés rendus par ce brave officier; les députations de l’ancien Sonderbund lui exprimèrent en particulier leur reconnaissance pour l’humanité dont il avait fait preuve, et l’assemblée lui vola un sabre d’honneur ainsi qu’une gratification de 40,000 francs de Suisse. La ville de Genève lui fit don d’une pièce de terre, Berne et Tessin lui accordèrent gratuitement le droit de cité. La victoire de la Suisse libérale lit une profonde sensation dans toute l’Europe, car à l’étranger on n’était pas accoutumé à voir la Suisse déployer une force militaire si imposante. Aussi l’admiration sc traduisit-elle par des dons nombreux faits en faveur de l’armée. Voici ceux qui ont été versés jusqu’au 15 février ; A. BONS RECUEILLIS ET ENVOYÉS PAR DES SUISSES. I. A l’intérieur de la Suisse. Rp. i. Du canton de NeuchiUel . 21,126. 80 2. » » » Berne . 0,652. 7b 5. » » » Genève y coin- pris 4000 fr. du général Dufour 4,07t. 22A 4. Du canton des Grisons 5,000. — 8. » V de Fribourg . 2,502. 40 6. » » » Zurich . 1,165. 80 7. » » » S'-Gall . . . 382. 80 8. » a » Vaud 550. 71 0. » » » Schafïhouse 147. — 10. » » d’Appenzell 100. — A reporter . , . . 30,227. 18V* m Rp. Rp. Report ... — — 59, “227. 18*/2 il De Suisses à l'étranger. i. De Suisses à Lyon 7,199. 15 2. H Bergame . . 5,281. 20 3. » Trieste . 5,088. — 4. » Marseille 5,658. 55 S. » Londres . 3,367. 60 0. 9 Turin 925. 09 7. » Hambourg . 924. — 8. 9 Odessa . 676. 90 9. M Besançon 570. 40 10. Rome 515. 05 11. 1 inspruck 366. - 12. » Ilâvre 529. 70 15. » Lüllicli . 518. 15 14. » Alger . . . 280. — 15. » Lemberg 279. — 16. » Florence 272. — 17. » Venise . 267. — 18. » Cologne . 240. — 19. Feslli . . . 171. — 20. > ltocliefort 167. 63 21. De Suisses droits . dans différents en- 167. 63 22. De Suisses à Heidelberg . . 95. 35 23. Kenelbacb . 55. — 51,1941. 40 B. REÇUS DE L’ÉTRANGER. 1 . Du grand-duché de Bade . 3,056. 65 2. Du royaume de Bavière . 1,181. — 5. » Saxe . 871. 20 4. De différentes contrées 596. 49 5. De la Hesse électorale . 367. 50 6. Du royaume de 'Wurtemberg . 200. — 7. De l’Angleterre. 140. — 6,412. 75 Total 70,834. 31 Va Tous les dons versés ont été placés à la banque cantonale de Berne et rapportent 3 p. % d’intérêts. Le dernier jour de l’année 1847, la commission de secours nommée par la diète a fait distribuer, par l’intermédiaire de M. Flügel, chirurgien en chef de l’armée, la somme de 2800 fr. aux malades qui se trouvaient dans tous les hôpitaux militaires, afin de satisfaire aux besoins les plus pressants. Pour être à même de mieux remplir sa lâche, la commission a ensuite invité tous les gouvernements cantonaux, d’abord le 13 décembre 1847, et plus tard le 7 janvier 1848, à lui faire rapport sur les points suivants 1° Indiquer le nom et le lieu d’origine des militaires qui ont été blessés ou qui sont malades par suite des fatigues et des étapes qu’ils ont eu à supporter pendant le service militaire; 2° désigner la nature et l’importance des blessures ou de la maladie 3° spécifier les rapports de famille, la profession et l’étal financier des personnes que cela concerne. En reconnaissance des services rendus avec tant de fidélité à la patrie, un grand nombre de communes dans plusieurs cantons ont fait distribuer aux militaires qui sont leurs ressortissants des subsides en argent et en habillements. f -ÏH» HHt- CHAPITRE XII, Applaudissements des peuples étrangers à l’heureux succès des armes fédérales, et tentatives des puissances étrangères de s’immiscer dans les affaires de la Suisse. La victoire remportée par les armes suisses a produit une impression profonde sur les peuples et les potentats étrangers. Partout les peuples se réjouirent sincèrement des succès que venait d’obtenir la bonne cause et ils exprimèrent leur joie par de vives acclamations. Déjà le 8 novembre, immédiatement après que la dièie eut rendu l’arrêté d’exécution contre le Sonderbund, on publia à Mannheim une invitation à l’effet de signer une adresse à la diète et de lui faire connaître les sentiments de la population de cette ville ainsi que la part active qu’elle prenait aux évènements de la Suisse. La police prohiba cette assemblée par le motif qu’elle mettrait en péril la tranquillité publique. Un commissaire étant allé jusqu’à faire la menace de recourir à des voies d’exécution, la population réserva ses droits en protestant contre cette mesure arbitraire. L’adresse fut rédigée et dans une demi-heure couverte de 548 signatures. Pendant que toutes les contrées de l’Allemagne applaudissaient aux heureux succès des armes suisses et envoyaient de toutes parts des adresses de félicitation à la diète, la Gazette générale de Prusse publiait la honteuse missive suivante que le président et les députés des quatre bourgeoisies de Landeron , Valangin, Neuchâtel et Boudry avaient fait parvenir au roi de Prusse Très gracieux Seigneur ! Dans les pénibles conjonctures où se trouve notre patrie, incertain sur Tissue de la lutte sanglante qui a commencé en Suisse, menacé d’une occupation militaire de la part des cantons révolutionnaires, qui sont hostiles à nos institutions et se montrent disposés à appuyer dans notre patrie les intentions d’une minorité rebelle, le peuple iidèle de votre principauté de Neuchâtel et Yalangin met son espoir en la protection du Très-Haut et en Votre Majesté, dont il a déjà éprouvé si souvent les effets salutaires. Mais, comme les président et députés des quatre bourgeoisies supposent le cas où la force et la violence pourraient remporter instantanément la victoire, ils ont voulu profiter du moment où ils peuvent encore se réunir librement et faire connaître leurs sentiments pour protester d’avance contre toute attaque qui serait dirigée contre les institutions de notre patrie et tout particulièrement contre les liens qui nous unissent à Votre Majesté, liens qui font notre bonheur et qu’aucune puissance ne peut arracher du cœur des vrais Neuchâtelois. Nous prenons respectueusement la liberté de déposer entre vos mains, très gracieux Seigneur, l’original de notre protestation que nous avons adoptée à l’unanimité et signée suivant les formes légales, etc. Cette missive porte la date du 10 novembre. Déjà le refus de Neuchâtel de remplir ses obligations fédérales était contraire à l’acte d'annexion de ce canton à la Confédération suisse, en 266 date du 19 mai 181b art. 2 , 5 et II, acte en vertu duquel il était tenu à fournir ses contingents en hommes et en argent et à observer toutes les dispositions du pacte fédéral. En soumettant cette affaire au prince, l’ancien gouvernement de Neuchâtel a violé l’art. 1 er de cet acte d’annexion, dans lequel il est dit en termes clairs et précis que l’admission de Neuchâtel dans la Confédération a lieu sous la condition expresse que la ratification et l’exécution des arrêtés de la diète concernent exclusivement le gouvernement résidant à Neuchâtel, sans qu’une sanction ou une approbation ultérieure soit nécessaire à cet effet. Quel était le but de l’intervention sollicitée auprès du roi de Prusse? Le 26 novembre, ce monarque adressa effectivement au directoire et à tous les gouvernements cantonaux une note dans laquelle il déclarait donner la plus haute sanction à la résolution de neutralité prise par le gouvernement de Neuchâtel; il s’offre comme médiateur entre la Confédération et le Sonder- bund , et il déclare enfin qu’il considérerait une violation de cette neutralité comme une rupture de la paix et un acte d’hostilité envers Sa Majesté.» Les cantons repoussèrent celte note comme ne rentrant pas dans leur compétence. D’un autre côté, la diète démontra dans sa réponse que le roi de Prusse n’avait pas le droit de s’immiscer dans les rapports de droit fédéral existant entre Neuchâtel et la Suisse ; elle réserva ses droits contre une intervention de celte nature ; elle repoussa la présomption d’une offense faite au roi de Prusse et déclina la proposition de médiation en alléguant que le Sonderbund se trouvait déjà dissous par les voies légales; en même temps elle persista dans ses droits de régler elle-même les affaires de la Suisse. Quant à la conduite de Neuchâtel, qui a mendié une lettre de franchise et cherché à amener l’intervention étrangère dans le sein de la patrie , les mots manquent pour la flétrir. I/État de Neuchâtel envoie un député à la diète pour délibérer, avec les autres États, sur le bonheur et le malheur de la patrie; il réclame tous les droits et toute la protection de la Confédération; mais aussitôt qu’il est requis de remplir ses devoirs, il tourne le dos à la Confédération, se déclare neutre , se cache derrière son prétendu prince souverain, et sous cet abri il m préleiul èlre inviolable. Neuchâlel s’était offert comme siège sur lequel devaient s’asseoir les puissances alliées pour prononcer l’arrêt de mort de la Suisse libre. Le sang bout dans les veines en songeant à ce crime de haute-trahison commis envers la Confédération ! La meilleure réponse que la diète eût pu faire à la missive du roi de Prusse, eût été l’occupation immédiate de Neuchâlel. L’ancien gouvernement de Neuchâtel, que l’histoire flétrira un jour, n’a pas été seul à invoquer l’intervention étrangère, mais il a été appuyé dans son œuvre liberiicide et criminelle par tout le parti du Sonderbund. Et si la Suisse n’a pas été envahie par les hordes autrichiennes, ce n’est certes pas la faute des meneurs du parti, mais on le doit au génie de la patrie qui n’a cessé de veiller un instant sur les troupes fédérales. Dieu et le bras puissant des confédérés ont sauvé la Suisse de la trahison du Sonderbund. Les documents suivants, qui témoignent de la trahison commise envers la Suisse par le parti de l’étranger, sont d’une telle importance historique qu’ils méritent de recevoir la plus grande publicité pour la confusion des traîtres. Nous rapporterons d’abord une pièce officielle qui est une réponse de l’ambassadeur d’Autriche au conseil de la guerre du Sonderbund relativement à la communication qui lui avait été faite du manifeste des députés de la ligue au moment où ils quittèrent la diète. 1. La lettre de l’Autriche au conseil de la guerre du Sonderbund est uinsi conçue Bregenz, le 11 novembre 1847. Très honorés Seigneurs! J’ai présenté à la cour de mon souverain la missive que vous m'avez adressée, le 31 du mois dernier, au nom du conseil de la guerre des sept cantons, et j’ai reçu l'ordre d’y répondre ce qui suit La cour impériale et royale a appris avec un profond regret la nouvelle, contenue dans la missive indiquée ci-dessus, de la rupture effective qui a lieu en Suisse, et elle prend une part sincère au triste sort qui menace le territoire, si heureux jusqu’ici, de la Confédération. Le point de vue sous lequel Sa Majesté l’empereur considère cette rupture et les circonstances qui l’ont amenée, ne saurait être un secret pour quiconque sait dans quels termes se trouve l’Autriche, depuis maintes années, vns-à-vis de la Confédération. Sa Majesté l’empereur a toujours 263 déclaré et fait déclarer qu’elle considère la position privilégiée qu’a pris» la Confédération suisse dans le système politique européen , par suite du congrès de 1815, comme dépendante du maintien des principes fondamentaux du pacte entre les 22 cantons souverains de la Suisse, tel que ce pacte existait lorsque la Confédération a accédé aux conventions faites entre les puissances européennes. Sa Majesté a toujours déclaré en outre que, parmi ces principes fondamentaux, elle donnait la première place au maintien de la souveraineté de chacun des cantons en particulier, souveraineté limitée seulement dans quelques cas déterminés et clairement exprimés. Si donc, par suite des documents présentés à la cour de Sa Majesté l’empereur et roi, il ressort indubitablement que des décrets, destinés à détruire la souveraineté des sept cantons dans des points essentiels et nullement restreints par le pacte, seront exécutés à main armée contre ces sept Etat, Sa Majesté l’empereur croirait agir contre ses sentiments innés pour le droit et contre la sincérité qui forme la base de sa conduite, si elle tardait à faire déclarer ce qui suit Les sept Etats de Lucerne, Uri, Sclvwyz, Untervvalden, Zug, Fribourg et Valais ne sont pas, selon la manière de voir de Sa Majesté, ceux qui ont cherché à détruire les fondements de l’édifice fédéral tel qu’il a été reconnu par l’Europe ; ce ne sont pas eux qui assument la responsabilité des conséquences qu’entraînerait pour la Suisse un commencement d’action aussi funeste. En suite des ordres exprès de Sa Majesté impériale et royale, j’ai l’honneur de porter à la connaissance de l’honorable conseil de la guerre des sept Etats l’exposé franc et sincère de ses vues, et je saisis en même temps l’occasion de vous donner, très honorés Seigneurs, l’assurance de la considération distinguée avec laquelle je suis, etc. Signé Baron de KAISERSFELD. 2. Voici la réponse à la communicalion qui précède Excellence ! Lucerne, le 15 novembre 1847. Nous voyons avec plaisir par la note que vous nous avez transmise, sous la date du 11 novembre, que Sa Majesté l’empereur reconnaît la position prise par les sept cantons, et qu’elle ne les rend nullement responsables des conséquences que cette position entraînera pour la Suisse. En vous exprimant notre vive gratitude à l’égard de cette bienveillante reconnaissance, nous ne saurions nous empêcher de faire encore une fois à Votre Excellence l’observation que nous avons déjà eu l’honneur de lui soumettre dans notre missive du 13 de ce mois, savoir que le puissant empire d’Autriche, par suite de la reconnaissance de nos droits, ne manquera pas de prendre les mesures propres à nous protéger contre une oppression qui nous menace et ù nous affermir dans la position légale que nous avons prise. Agréez, etc. Au nom du conseil de la guerre des sept Etats Le président Signé SIEGWART-MÜLLER. Le secrétaire Signé B. Meier. 3. Dépêche de M. Borner, président du grand conseil du Valais, excitant surabondamment le conseil de la guerre du Sonderbund à commettre un acte de haute trahison envers la Suisse. Nous la reproduisons textuellement Monsieur Ferdinand de Montheys, commissaire de guerre à Lucerne, Service militaire pressée. Confidentielle. Sion, le 23 novembre 1847. Monsieur, Je m’empresse de vous faire part, Monsieur, que le Valais ne peut bientôt plus entretenir ses troupes faute de vivres. Je crains au reste que le Sonderbund ne soit trop faible pour résister. Je vous engage de parler aux membres du Conseil de la Guerre à Lucerne pour qu’il sollicite l'intervention de la France et de l'Autriche, pour empêcher un épouvantable massacre. Veuillez s'il vous plaît m’écrire aussi souvent- que possible pour me tenir au courant de ce qui se passe à Lucerne. Recevez, Monsieur, l'assurance de ma considération distinguée. Signé Le Président BOVIER. Les sollicitations faites auprès de l’étranger par les coryphées du Sonderbund eurent pour résultat de nouvelles tentatives d’intervention. Bois-le-Comle, ambassadeur de la France , ou , si l’on veut, du ministre Guizot, avait depuis longtemps promis tous ses services au chef du Sonderbund, Siegwart-Mülier. Son souverain très chrétien avait depuis longtemps fourni des armes et des munitions en abondance à la ligue rebelle; il lui avait donné huit beaux canons Paixhans portant l’empreinte de son nom Louis-Philippe, lesquels se trouvèrent dans l’arsenal de Lucerne et qui doivent avoir été extraits des arsenaux de Strasbourg, Déjà depuis longtemps la France avait mis en mouvement toutes les puissances dans le but d’intervenir en Suisse, mais elle n’avait pu amener l’Angleterre à y donner son adhésion. Néan- 270 moins on obtint cette adhésion par des concessions menluelles, toutefois d’une manière qui entraîna des retards tels que les tentatives d’intervention échouèrent. Des notes furent adressées au directoire par la France et l’Autriche en date du 30 novembre. Ces notes contenaient en substance l’offre de tenir une conférence entre cinq délégués des puissances, un représentant du directoire et un représentant du Sonderbund, dans le but de vider les points en litige, qui étaient d’un côté les jésuites et le Sonderbund, de l’autre les corps francs et la souveraineté cantonale menacée. Mais ces notes arrivèrent trop tard pour opérer une médiation et empêcher l’explosion de la guerre civile. La guerre était terminée, les chefs du Sonderbund avaient pris la fuite, les sonderbundiens avaient formellement rompu avec les rebelles et s’étaient soumis à la Confédération. C’était désormais un fait accompli. Le rôle joué par la diplomatie pendant toute la crise a été le comble du ridicule. D’abord elle a offert ses services au Sonderbund et l’a excité au point qu’il osa tenter les chances de la guerre; mais dans le moment décisif elle le laissa dans l’embarras ; l’affaire terminée, elle voulut jouer le rôle plaisant de médiatrice ; or, personne ne voulant plus l’écouter, elle plia bagage en se bornant à faire des menaces. Les délibérations de la diète font voir qu’il y eut unanimité pour repousser l’intervention étrangère sous quelque forme qu’elle se présente. Dans la réponse que lit la diète le 7 décembre à la note du ministre français, elle démontra d’abord que le fait admis par la note était erronné et que la médiation proposée manquait d’objet; elle fit ressortir la position illégale du Sonderbund qui venait d’être dissous, la légalité des mesures d’exécution, les rapports relatifs de la souveraineté cantonale, et repoussa énergiquement la proposition de traiter de puissance à puissance avec le Sonderbund, qui d’ailleurs n’existait plus. Elle exprima en même temps sa douloureuse surprise de ce que le ministre avait assimilé le président du Sonderbund à celui de la diète, fait un gouvernement rebelle l’égal d’un gouvernement légitime. La note ajoutait Il ne se trouverait dans le plus grand nombre des États confédérés pas un seul magistrat qui consentît à siéger dans une conférence avec un individu qui a 271 dû fuir devant la juste colère des citoyens des cantons qu’il avait entraînés dans la ligue de funeste mémoire. Le sentiment national se trouverait profondément blessé de la supposition qu’il pût en être différemment.» En terminant, la diète déclare qu’une intervention est d’autant moins fondée que les événements survenus en Suisse n’ont compromis en aucune manière la sûreté des États voisins. Le sentiment national manifesté avec tant de force et de vigueur prouve que c’est non seulement la diè te mais encore la nation entière qui a parlé dans cette réponse. L’issue de toutes ces machinations de la France confirme la supposition que l’attaché à l’ambassade française qui a été arrêté par les troupes fédérales, avait l’ordre de conseiller au Sonderbund de traîner la guerre en longueur jusqu’à ce que les cinq puissances pussent intervenir. La note de l’Autriche, qui élait identique à celle de la France, reçut aussi une réponse identique. L’Angleterre, qui avait délégué un chargé d’affaires spécial dans la personne de Sir Stralford Canning pour faire des offres de médiation , eut assez de tact pour ne pas remettre sa dépêche , qui d’ailleurs élait conçue en termes plus bienveillants. La Prusse vint aussi avec une note, qui concordait avec celles de la France et de l’Autriche ; elle était toutefois adressée au président du conseil de la guerre du Sonderbund. 11 serait curieux de savoir où l’on aurait pu trouver ce Monsieur-là. La Russie était indécise, tandis que toutes les puissances continentales faisaient mine d’ouvrir une conférence à Neuchâtel, lors même que des représentants aussi bien du côté de la Confédération que du côté du Sonderbund n’y prendraient pas part. Les tentatives d’intervention ayant échoué, puisqu’il n’y avait plus sujet à intervenir, on voulut alors donner de bons conseils à la Suisse. Elle aurait pu les admettre si les puissances avaient reconnu l’état réel des affaires en Suisse et si ces conseils eussent respecté le sentiment national ; mais il n’en a pas été ainsi, comme on le verra par ce qui va suivre. Après ce déluge de notes, les affaires de Neuchâtel étaient incontestablement une tâche difficile pour la diète. Le roi de Prusse avait sanctionné la résolution prise par cet État relativement à la neutralité, et le gouvernement neucliâtelois défendit celte résolution dans les colonnes de la Gazette générale de Prusse du 13 décembre, en alléguant que, conformément au pacte fédéral, il fallait en diète les deux tiers des voix pour déclarer la guerre ; or, comme les mesures d’exécution n’avaient été votées que par I2V2 voix, l’État de Neuchâtel Déconsidérait pas cette décision comme revêtue d’un caractère obligatoire et avait le droit de maintenir sa neutralité justifiée par sa souveraineté cantonale , par sa conviction morale et politique. S’il s’était agi d’une gueçpe à l’étranger, Neuchâtel aurait été en droit de tenir un pareil langage; mais ce qu’il plaît à la Prusse de qualifier de guerre n’était qu’une expédition armée ayant pour but de rétablir l’ordre public dans la Confédération. Il n’y avait pas en présence deux parties belligérantes, mais la lutte existait entre une minorité rebelle et l’autorité légitime de la Suisse. Toute l’argumentation prussienne frappait donc à faux. Neuchâtel n’a pas été plus heureux dans sa défense de la sanction royale ; aussi la diète l’a-t-elle repoussée , attendu que l’acte d’annexion de cet État à la Suisse dit positivement que la ratification des arrêtés de la diète concerne exclusivement le gouvernement siégeant à Neuchâtel, sans qu’il soit besoin d’avoir à ce sujet une sanction ou une approbation ultérieure. Le 11 décembre , l’affaire de Neuchâtel fut soumise aux délibérations de la diète. La discussion, on le comprendra sans peine, fut animée, et des expressions un peu vives furent adressées à cet Étal prévaricateur. On blâma en termes sévères ses menées souterraines, l’appui qu'il avait donné au Sonder- bund, son opposition opiniâtre à tous les arrêtés de la diète •et surtout l’intervention qu’il avait sollicitée d’une manière si honteuse auprès du roi de Prusse. Quelques États lui reprochèrent d’être l’auteur des articles mensongers qui paraissaient dans le Journal des Débats contre lesquels la Dièle porta plainte et des articles venimeux du Constitutionnel neuchdtelois publie sous ses auspices. En présence de tous ces faits, la diète prit l’arrêté suivant L’État de Neuchâtel a, en expiation du non-accomplisse- »menl de ses devoirs fédéraux , à payer à la Confédération, jusqu’au 20 décembre de cette année , une somme de 500,000 fr. de Suisse en argent comptant ou en titres de créance valables. Celle somme sera employée à créer un fonds de pension dont les intérêts serviront à fournir des secours convenables aux militaires blesses, ainsi qu’aux veuves et orphelins de ceux qui ont péri au service de la Confédération.» Le député de Neuchâtel fit peu d’objections contre l’amende pécuniaire qu’on lui imposait; il se plaignit seulement du montant de la somme qui lui paraissait trop élevé et du délai qui était trop court. Le député d’Argovie fit observer à ce sujet que les sacrifices faits par les milices de son canton en argent et en perte de temps excédaient la somme de 800,000 fr. de Suisse. Le corps législatif de Neuchâtel décida cependant à l’unanimité que l’amende imposée à cet État serait payée dans le terme fixé, et il effectua ce paiement sans aucune espèce de difficulté. Neuchâtel était bien aise de sortir sain et sauf d’embarras en ne payant qu’une amende qui n’avait rien d’onéreux pour lui. La manière dont cette affaire a été vidée a attristé bien des Suisses fidèles à leur patrie. Neuchâtel avait pu racheter par de l’argent les suites qui devaient résulter pour lui de sa désobéissance aux ordres de l’autorité fédérale, et la douceur de la diète semblait faire croire qu’elle s’était laissé intimider par les menaces du roi de Prusse. Tandis que les braves milices fédérales avaient été obligées d’exposer leur vie et leur santé, de se soumettre à des privations et de faire des sacrifices nombreux pour mettre un terme à la révolte contre l’au- loriié fédérale, Neuchâtel pouvait se soustraire à toutes ses obligations en versant quelques deniers entre les mains de la Confédération! Finalement la diète était fatiguée des tracasseries de Neuchâtel et il est probable qu’elle n’aimait pas employer à l’occupation de ce canton une partie de ses troupes qui avaient fait une longue et pénible campagne. Toutefois on a pu être généralement satisfait de la solution de cette question épineuse. L’Etal d’Appenzell se trouvant dans le même cas que Neuchâtel, la diète lui imposa une amende de 18,000 fr. qui furent également affectés à constituer un fonds de pension pour les blessés, les veuves et les orphelins de ceux qui ont succombé dans les rangs de l’armée fédérale. De même que la France, l’Autriche et la Prusse virent eehouer leurs tentatives d’intervention, de même aussi avorta 18 274 leur conférence dite de médiation qui devait avoir lieu à Neuchâtel. Il s’agissait pour ces puissances en partie de rétablir le Sonderbund dissous, en partie d’empêcher la révision du pacte fédéral, laquelle avait pour but d’amener en Suisse une centralisation plus forte. A cette fin , la France, l’Autriche et la Prusse adressèrent de nouveau à la diète des notes identiques portant la date du 18 janvier 1848, dans lesquelle ces puissances déclarèrent 1° Que la souveraineté cantonale ne peut être considérée comme réellement subsistante dans les cantons militairement occupés par d’autres cantons et au milieu des actes qui accompagnent cette occupation; 2° Que c’est seulement lorsque les susdits cantons, rendus à leur complète indépendance , auront pu constituer librement leurs gouvernements, que la Confédération pourra être considérée comme, étant dans un état régulier et conforme aux traités ; 5° Que le rétablissement sur le pied de paix des forces militaires dans tous les cantons est la garantie nécessaire de leur liberté mutuelle et générale; 4° Qu’aucun changement dans le pacte fédéral ne saurait être légitimement accompli qu’autant qu’il réunirait l’unanimité des voix de tous les cantons qui composent la Confédération. Dans sa séance du 1S février 1848, la diète répondit énergiquement à cette note collective et démontra jusqu’à l’évidence que l’étranger n’avait aucune qualité pour s’immiscer dans nos affaires intérieures; que les faits sur lesquels les puissances signataires de la note fondaient leur raisonnement étaient erron- nés, et que d’ailleurs la Suisse, comme État libre et indépendant, avait le droit de modifier ses institutions et de les approprier à ses besoins. La Russie et le pape adressèrent également des notes à la Suisse ; mais on leur donna la même réponse qui avait déjà été faite à la note collective des trois puissances. Vu les maux que le Sonderbund avait attirés sur la Suisse, la diète crut devoir prendre des mesures pour éviter le retour de pareilles calamités. En conséquence, elle rendit l’arrêté suivant dans sa séance du 10 février 1848 La diète fédérale, Après avoir pris connaissance de différents rapports officiels des représentants fédéraux, et notamment de ceux de Lucerne, portant la date du 18 décembre 1847, ainsi que des pièces qui y sont annexées, rapports et pièces desquels il résulte avec une grande probabilité que le conseil de la guerre de l’ancien Sonderbund ou quelques membres et employés de ce corps ont Invoqué l'intervention étrangère pour appuyer la résistance armée aux arrêtés de la diète; Considérant qu’un acte pareil constitue un crime de haute trahison, aussi bien d’après les idées générales de droit qu’en vertu du code pénal du canton de Lucerne, où cet acte à été commis, et que les dangers auxquels il exposait les plus grands intérêts de la patrie, ainsi que l’indignation qu’il inspire à la nation suisse imposent à la diète le devoir de faire procéder à une enquête contre les coupables et leurs complices ; Considérant que c’est au canton de Lucerne, qui a souffert de grands dommages par le détournement de la caisse fédérale de la guerre dont il était dépositaire responsable, qu’il doit appartenir d’atteindre les coupables; Considérant que, pour ie reste, la tranquillité de la patrie exige impérieusement que toutes les autres personnes qui, en vertu de leurs tendances politiques, ont contribué à la fondation ou à la défense de la ligue des sept cantons, ne soient pas poursuivies ultérieurement; ARRÊTE article premier. L’État de Lucerne, auquel il sera communiqué les actes nécessaires, est invité à ouvrir une enquête juridique contre les personnes suspectes de haute trahison, et à faire à la diète un rapport sur le résultat de celte enquête. art. 2. Il est recommandé à tous les États formant l’ancien Sonderbund d’accorder une amnistie générale, à l’exception des personnes désignées dans les considérants 1 et 2. Les temps calamiteux que nous venons de traverser doivent nous donner de précieux enseignements. Partout l’Europe est dans la plus grande fermentation ; n’oublions pas que la concorde fait la force, et si un jour l’absolutisme expirant tentait d’écraser la démocratie, qui doit faire le tour du monde, la Suisse, sous l’égide des institutions fédérales qu’elle vient de se donner librement, saura maintenir son indépendance et sa liberté; peut-être aussi sera-elle appelée, dans un avenir peu lointain, à jouer en Europe un rôle qui lui méritera la reconnaissance de tous les peuples émancipés du joug des despotes. 276 CHAPITRE XIII, Réveil de la démocratie à Neuchâtel et installation de la république. La révolution républicaine française a eu pour effet immédiat la révolution de Neuchâtel ; mais depuis de longues années, la cause existait déjà, et si les événements de Paris ne fussent arrivés, un changement politique n’aurait pas lardé à avoir lieu à Neuchâtel, car le peuple était préparé à conquérir sa liberté. Quand le fruit est mûr, il se détache de l’arbre. C’est à 1851 qu’il faut plus particulièrement reporter l’époque où le besoin de l’émancipation se fit ressentir dans la principauté, par l’accomplissement d’un mouvement armé dont la hardiesse terrifia le pouvoir et le mit à deux doigts de sa perte; mais l’idée d’indépendance, neuve encore parmi les populations , ne fut pas suffisamment appuyée. Elle dut succomber, mais le germe était semé et l’arbre devait grandir et prospérer. Dix-sept ans s’écoulèrent depuis cette levée de boucliers du château, et malgré des efforts inouis, le pouvoir ne put arrêter les progrès du républicanisme. Assassinats juridiques, assassinats de rue , cachots, exil, persécutions, procès de presse, dénis de justice, tout fut employé en vain le cauchemar qui pesait sur la tête gouvernementale devenait de jour en jour plus pesant et lui faisai pressentir une ruine prochaine, quand sa politique le porta, à l’occasion du Sonderbund, à jouer un rôle dont, à cette époque, on ne pouvait calculer la portée, mais que la correspondance de M r Du Bois à M r de Pfuel a complètement mis à nu. Les patriotes neuchâtelois voulaient être suisses ; ils allaient être les maitres; comment les en empêcher? 11 fallait tuer la Suisse, et c’est ce que l’on tenta avec l’appui promis de la Sainte-Alliance réunie; mais la rapidité d’action de la Suisse 277 légale déjoua tous ces projets et le gouvernement neucliàtelois en fut réduit à payer sa lâcheté et sa perfidie envers ses confédérés par un peu d’argent. Cependant celle politique révolta tout ce qui, dans le pays, portait un cœur honnête et patriotique par un mouvement sympathique, des comités patriotiques se formèrent spontanément sur tous les points du canton et prirent le nom de Comités des pétitions. C’était par la voie légale que le peuple entendait généralement encore manifester ses opinions et voulait tenter d’arrêter les élans rétrogrades et insensés de celte aveugle domination qui ne mettait plus aucun frein à son ardeur de réaction. Différentes réunions eurent lieu pour concerter les moyens d’arrêt à opposer à la politique gouvernementale celui de protestation par forme de pétition fut adopté par plusieurs comités de localités comme le plus convenable, et la rédaction de deux pièces à adresser, l’une au corps législatif, l’autre à la diète, fut arrêtée par plusieurs délégations. Une assemblée générale des comités de tout le pays se réunit à la Chaux-de-Fonds dans le courant de janvier 18â8 , et approuva les mesures déjà prises, sauf à en remettre l’exécution à la première occasion favorable. Pendant que la résistance légale s’organisait ainsi dans certaines classes libérales, les populations , guidées par un esprit de liberté qui les entraînait avec une force irrésistible, se soulevaient aussi contre la politique du gouvernement. Des réunions bruyantes se formaient sur les places publiques dans les grandes localités; dans les plus petites, où l’on pouvait plus facilement les comprimer, l’expression du mécontentement et du dégoût se faisait jour malgré tous les efforts. En vain réorganisa-t-on les comités de sûreté et arma-t-on leurs séïdes ; en vain voulut-on comprimer les manifestations par des assassinats, comme au Locle, par des prises de corps et par des emprisonnements, l’heure avait sonné ; le sourd mugissement de la révolution perçait de toutes parts et n’attendait pour éclater que le premier prétexte. Ce fut dans ces dispositions d’esprit que la révolution française trouva les populations neuchàteloises la commotion devait être instantanée; elle le fut, 278 Le courrier de Bâle apporta la nouvelle de la république française, le samedi 26 février, à 8 heures du soir ; aussitôt elle se répandit avec la rapidité de l’éclair; les patriotes se réunirent dans les cercles et dans les cafés ; ils saluèrent la nouvelle république par des toasts et des vivats ; les jeunes gens qui, la veille, avaient célébré la défaite du Sonderbund par un bal, préparèrent leurs armes et se promirent mutuellement de venger les patriotes de 1831. La journée du 27 se passa assez tranquillement ; mais un fort rassemblement eut lieu sur la place de l’hôtel de ville, depuis 10 heures du soir jusqu’à 1 heure du malin. Les cris mille fois répétés de Vive la république ! nous la voulons ! nous l’aurons! Vive la Suisse! Vivent les Parisiens ! étaient interrompus par la Marseillaise et le Sonderbund est mort. Ces manifestations causèrent de vives inquiétudes aux partisans de l’étranger et une vive joie aux patriotes. Tandis que les royalistes se préparaient à soutenir le roi de Prusse et les privilèges , les patriotes se promettaient de profiter de la stupéfaction causée par les immortelles journées de février pour renverser la domination étrangère. Le comité des patriotes de la Chaux-de-Fonds se rassembla pendant la matinée du 28; il se composait de MM. Louis Brandt- Stauffer, Georges Du Bois, docteur , Edouard Robert-Theurer, Isaac Charles Ducommun , Alfred Droz, docteur, Louis Sandoz- Morlhier, Céleslin Nicolet, Justin Billon, Edouard Sandoz et Frédéric Courvoisier. Quelques mesures furent prises en cas d’attaque de la part des royalistes ; on convint que le signe de ralliement serait un brassard blanc. Les délégués des comités des pétitions furent immédiatement invités à se rencontrer à La-Chaux-de-Fonds le mercredi 1 er mars. Le comité eut ensuite une conférence avec les délégués des patriotes du Locle MM. Grandjean et Perret. A deux heures les membres du comité patriotique de la Chaux-de-Fonds furent mandés à l’hôtel de ville; ils eurent une conférence avec MM- O. Jacot, lieutenant, Vuilhier, Delachaux, major, Malhey, ancien mailre bourgeois, Eugène Savoye et C. Perret. Ces messieurs ne firent aucune proposition il s’agissait seulement des mesures à prendre pour éviter les démonstrations de la veille et assurer l’ordre et la tranquillité dans la nuit. 11 fut décidé que l’on organiserait une garde de surveillance non armée, composée de citoyens des deux opinions, propriétaires, chefs de maisons de commerce ou chefs d’ateliers. Les patriotes mirent pour condition de leur concours , qu’on ferait rentrer le lendemain les armes et les munitions qui avaient été délivrées par le gouvernement aux royalistes. M. le major Delachaux promit d’en demander de suite l’autorisation au conseil d’État, et comme les patriotes ne s’étaient engagés que pour un jour à donner ce concours, ils déclarèrent le retirer si les ordres du gouvernement, qui devaient arriver à cinq heures, n’étaient pas dans le sens des mesures prises; le rendant, en cas de refus, responsable des événements. — Les patriotes déclarèrent ensuite avec franchise que la position mixte, la conduite anti-fédérale de Neuchâtel, étaient la cause des rassemblements nocturnes, et que pour mettre un terme à ce fâcheux état de choses, une décision importante serait prise par les délégués des comités patriotiques du pays. Le courrier attendu arriva ; c’était un baron, M. Alexandre de Chambrier, chevalier de l’aigle rouge de Prusse, conseiller d'État; une lettre du conseil d’Élat, en date du 1 er mars, lui donnait le titre de commissaire du gouvernement. L’arrivée du commissaire jeta la consternation dans la population ; ses fâcheux antécédents de 1851 n’étaient pas oubliés, car ce personnage avait été vindicatif, cruel, tyran même envers les patriotes de cette époque et notamment envers M. l’avocat Bille. Dès neuf heures du soir, un fort rassemblement se réunit devant l’hôtel de ville et y stationna jusqu’à une heure du matin ; il se composait d’environ 5 à 600 personnes; ils proférèrent les cris de la veille et firent partir quelques pétards. Des royalistes au nombre de 50 environ, adossés contre l’hôtel de ville, répondaient de loin en loin, aux cris de Vive la patrie suisse! par de vigoureux cris de Vive le roi! Une garde composée de royalistes et de libéraux siégeait à l’hôtel de ville; ces messieurs firent quelques efforts inutiles pour dissiper le rassemblement. M. le commissaire du gouvernement lit observer que les radicaux de la rue étaient des cannibales et il témoigna de 280 son mépris pour le parti libéral en termes peu mesurés ; on lui dit que les libéraux tranquilles repoussaient les manifestations de la rue , mais qu’ils s’armaient. La nuit se passa dans une agitation difficile à décrire. Le lendemain, 29 février, le comité se réunit à une heure du matin. Un courrier expédié par le comité patriotique du Locle apporta une grande nouvelle Une bannière fédérale arborée à l’hôtel de la Fleur-de-lis du Locle, prise par les royalistes , puis reprise par les libéraux, avait été le signal de l’insurrection. L’hôtel de ville était occupé par les patriotes, les membres du comité de défense s’étaient démis de leurs fonctions et avaient signé la pièce suivante Sur la promesse faite par MM. Henri Grandjean et David Perret, fils, au nom du comité patriotique du Locle, par laquelle ils prennent l’engagement de maintenir l’ordre et la tranquillité publique, et de faire respecter les personnes et les propriétés, les soussignés s’engagent à prêter leur concours passif aux mesures provoquées par l'imminence de la révolution en renonçant à la mission dont ils étaient investis. Signé Emile Favre-Bille, — Henri Ilouriet, — J. Jacot- Baron, — F. L. Favarger, — S. H. Brandt-Girardet, — L. Dubois-Dubois, — Henri Houriet fils, — Jules Huguenin, — Villemin, —Fritz Courvoisier, — Pli. Henri Mathey-Doret, — J. Dubois, — François Calame, — A. F. Huguenin. Cette nouvelle causa une vive sensation ; le moment de l’épreuve était arrivé. A 10 heures les membres du comité patriotique se rendirent à l’hôtel de ville pour conférer avec les membres du comité de défense, conformément à une décision prise la veille; mais les membres de ce comité, après une courte séance présidée par le commissaire du gouvernement, s’étaient déjà retirés ; la conférence dut avoir lieu entre les patriotes et quelques membres du comité de défense et de la cour de justice. M r le baron de Chambrier ouvrit la séance en disant entre autres aux patriotes qu’il avait pu se couvaincre par les scènes de la veille qu’il existait rois partis à la-Chaux-dc-Fonds ie parti royaliste, le parti dit libéral, et le parti de la rue. Vous nous aviez promis, continua-t-il, de réprimer les manifestations i 281 de celui-ci, mais vous êtes sans influence sur les hommes de ce parti. Une discussion très longue s’engagea sur les moyens à employer pour empêcher les manifestations de la veille puis les patriotes demandèrent au commissaire s’il avait des propositions à leur faire il répondit par un non bien formulé. Les membres du comité de défense ne firent non plus aucune proposition et déclarèrent seulemen l qu’ils avaient sollicité l’entrevue pour s’entendre et prendre de concert quelques mesures propres à réprimer ces rassemblements nocturnes. Questionné sur la présence d’hommes armés à la Sagne, M. le baron répondit qu’il ignorait le fait. Les membres du comité patriotique demandèrent ensuite que les armes de l’État, qui avaient été remises aux royalistes pendant les événements d’octobre, leur fussent retirées et fussent déposées à l’hôtel de ville nouveau refus très net et très cassant du commissaire du gouvernement ; sur quoi les membres du comité patriotique se retirèrent en chambre d’avis. Pendant cette conférence, les patriotes de la-Chaux-de-Fonds avaient appris les événements du Locle trouvant la conférence trop longue et impatients d’en connaître le résultat, ils se réunirent sur la place de l’hôtel de ville bientôt après, ils déployèrent une enseigne fédérale sur ia fontaine, et le cri aux armes ! s’étant fait entendre, b ou 600 hommes armés, portant le brassard blanc ou le brassard fédéral, s’emparèrent du clocher et de toutes les issues de l’hôtel de ville. Pendant que ces choses se passaient à la rue, les membres du comité patriotique discutaient sur l’ultimatum à donner à M. le commissaire. Rentrés en séance, l’un d’eux, M. L. Brandt- Slauffer, porta la parole et déclara que la mission qu’il remplissait était grave et solennelle ; qu’il ne s’agissait pas seulement de sauvegarder les vies et les biens, mais de la patrie entière ; que dans l’état actuel des choses, en présence de l’émeute qui révélait le caractère de la révolte, il n’y avait de salut pour tous qu’en proclamant la république. Celle proposition fut repoussée par le commissaire qui déclara être lié au roi de Prusse depuis 37 ans par le serment ; qu’il était royaliste et qu’il mourrait royaliste. 282 Dès ce moment les patriotes cessèrent de traiter avec le commissaire; ils s’adressèrent à leurs concitoyens royalistes et les pressèrent de se démettre de leurs fonctions une copie de l’acte de démission de leurs confrères du Locle fut mise sous leurs yeux et enfin, après une longue hésitation, ils signèrent la pièce suivante Sur la promesse faite par MM. Louis Brandt-Stauffer, » Georges Du Bois, docteur, Edouard Robert-Tlieurer, IsaacCharles Ducommun, Alfred Droz, docteur, Louis Sandoz-Morthier, Cé- leslin Nicolet, Justin Billon, Edouard Sandoz et Frédéric Cour- voisier, par laquelle ils prennent l’engagement de maintenir l’ordre et la tranquillité publique et de faire respecter la sûreté des personnes et des propriétés, les soussignés s’engagent à prêter leur concours passif aux mesures provoquées par l’imini- nence de la révolution , en renonçant à la mission dont ils étaient investis. »Chaux-de-Fonds le 29 février 1848.» Suivent les signatures. Pendant ces pourparlers, les patriotes envahissaient l’hôtel de ville; ils s’emparèrent des drapeaux aux couleurs prussiennes, bavaroises, prusso-orange, avec lesquels les royalistes pavoisaient l’hôtel de ville et d’autres édifices publics dans leurs fêtes -dites nationales; ces emblèmes furent successivement jetés par les fenêtres et lacérés par les soldats et le peuple, aux cris mille fois répétés de Vive la Suisse ! A midi, les membres du comité patriotique, réunis sur le perron de l’hôtel de ville, annoncèrent l’heureuse nouvelle aux patriotes, et l’un d’eux, M r le docteur Du Bois, donna lecture de l’acte de démission des membres du comité de défense. Une commission militaire fut immédiatement improvisée sous la présidence de M. Fritz Courvoisier elle s’occupa à organiser tous les citoyens qui s’étaient rendus en armes sur la place pour la défense du village et coopérer au mouvement qui devait se propager dans toutes les vallées et se résoudre par une descente à Neuchâtel. L'enthousiasme était à son comble; chaque citoyen voulait servir et demandait, avec instance, des armes; la commission militaire ordonna le dépôt à l’hôtel de ville, dans un délai de 283 deux heures, de toutes celles qui avaient été délivrées par l’État aux royalistes. Cet ordre étant resté sans effet, on commença le désarmement des Eplalures et de la-Chaux-de-Fonds. D’un autre côté, les Neucliâtelois habitant le Val-S’-lmier, informés de ce qui se passait, vinrent offrir leur secours pour renverser le pouvoir tyrannique qui précédemment eu avait frappé plusieurs d’entre eux leur demande de coopération fut acceptée avec reconnaissance. Pendant ce temps-là, la population toute libérale des Bre- nels adhérait avec unanimité au mouvement du Locle, arborait la bannière fédérale et offrait au Locle l’appui de ses braves citoyens. Le comité du Locle, qui s’était formé avec promptitude et qui avait aussi organisé des moyens de défense militaire, lit successivement paraître dans la journée trois proclamations. Les habitants de Travers, en apprenant ces mouvements, arborèrent aussi immédiatement la bannière fédérale les hommes valides prirent les armes, s’emparèrent de la salle de justice , désarmèrent un gendarme et un justicier, et le comité qui se forma à l’instant reçut la démission du lieutenant civil, M. Jean Louis Monlandon. Une réunion des délégués de tous les comités patriotiques du pays avait été convoquée pour le mercredi i er mars; des lettres annonçant les événements de la journée leur furent expédiées. Deux courriers porteurs de dépêches qui avaient été momentanément retenus à La Sagne, rapportèrent au comité que les Sagnards étaient sous les armes et se préparaient à soutenir la •paternelle et légitime domination du roi. Du reste, les nouvelles qui parvinrent à la-Chaux-de-Fonds sur le reste du pays, entre autres celles sur le Val-de-ltuz, donnèrent au comité l’assurance que l’on pouvait s’organiser avec sécurité. La nuit se passa donc tranquillement, mais le temps était affreux. La neige fouettée par un vent violent, tombait par tourbillons et en abondance le qui vive des sentinelles, mêlé aux éclats de la tourmente, ajoutait quelque chose de grave et de solennel à celte première nuit de la république. Les patriotes neuchàlelois domiciliés au Val-S'-lmier arrivèrent à la-Chaux-de-Fonds dans celte nuit orageuse du 1 er mars. 284 à trois heures du matin, au nombre de 280, sous le commandement de M. Ami Girard, originaire de Chézard et S'-Martin. Ni les vents, ni la neige, ni les chemins affreux n’avaient ébranlé leur courage, car il s’agissait d’aider leurs frères à affranchir le pays. Cette petite troupe n’était pas exclusivement composée de Neuchâtelois il s’y trouvait quelques confédérés de l’Erguel. Les nouvelles que l’on reçut le matin du grand jour où le pays allait saluer sa liberté, n’étaient plus aussi satisfaisantes que celles de la veille ; le comité de Fontainemelon fit savoir à celui de la Chaux-de-Fonds que des agents de l’autorité avaient parcouru, pendant la nuit, tous les villages du Val-de-Ruz et invité tous les fidèles à se rendre en ville pour porter secours au gouvernement ; que ces démarches n’avaient pas eu grand succès ; mais que cependant un poste de 50 à 40 hommes s’était établi aux Hauts Geneveys et retenaient prisonniers deux délégués du vignoble qui se rendaient à l’assemblée du grand comité patriotique, à la Chaux-de-Fonds, MM. Piaget et Benoit, ainsi que plusieurs autres patriotes. La même dépêche ajoutait que les libéraux du village s’organisaient pour culbuter ce poste et délivrer les prisonniers, ce qui eut effectivement lieu de grand matin. Une autre missive annonçait que les Sagnards avaient établi, pendant la nuit, un poste à la Corbatière ; qu’ils avaient franchi la montagne de grand matin au nombre de 270 en passant par Tète-de-Rang ; que leurs rangs s’étaient grossis en route par la jonction des royalistes du Locle , des Planchettes, des Epla- tures et de la Chaux-de-Fonds et qu’ils s’acheminaient du côté de Valangin avec une constance et un courage dignes d’une meilleure cause. Suivant une troisième missive arrivé du vignoble et venue par exprès, le comité était prévenu que le conseil d’Élat et la bourgeoisie de Neuchâtel étaient décidés à maintenir la domination étrangère par la force des armes. Dans de pareilles circonstances le parti à prendre n’était pas douteux ; on était trop compromis pour reculer ; il était extrêmement important de ne pas laisser au gouvernement le temps d’organiser des moyens de résistance et il fallait tomber 285 sur lui comme la foudre, avant qu’il fût revenu de la stupeur qu’avait dû lui causer cette soudaine rébellion. Le prompt départ des libéraux, vivement conseillé par M. Girard , fut la mesure adoptée par le comité et immédiatement la commission fut chargée d’en préparer l’exécution. Le rappel battit dans les rues; tout ce que la Chaux-de-Fonds comptait de républicains valides et armés se rendit sur la place des colonnes s’organisèrent sous la direction de chefs improvisés, et à dix heures du malin, au commandement de En avant! que fit entendre M. Fritz Courvoisier, chargé de diriger l’expédition, la petite troupe, au nombre de près de 800 hommes, se mit en marche au milieu de la foule qui les accompagna longtemps par les cris de Vive la république neuchdteloise ! Vive la Suisse! Vivent les patriotes ! Au moment où la troupe s’ébranlait, arriva une lettre de Neuchâtel apportant la nouvelle que le gouvernement s’était décidé à ne pas résister, que le conseil de ville avait pris la résolution de s’en remettre aux événements ; qu’en conséquence la garde soldée avait été licenciée et qu’ordre avait été expédié aux hommes réunis à Valangin de se disperser. 11 fut un moment question de retenir les braves patriotes du Val de S* Imier et de leur épargner les fatigues d’une expédition; mais ils s’étaient montrés si décidés, si dévoués à la cause de la liberté, si peu affectés de leur voyage, d’une nuit tout entière passée sans sommeil, qu’il eût été cruel de les priver du bonheur d’entrer en libérateurs, en hommes libres , dans la cité monarchique où la liberté allait s’asseoir en maîtresse et pour toujours. Pendant que la colonne républicaine traversait péniblement la montagne, affrontant une tempête terrible et des chemins tellement remplis de neige, que les soldais étaient obligés de se suivre un par un pour avancer, les délégués des communes libérales du pays s’étaient réunis en comité et discutaient sur le choix d’un gouvernement provisoire. Ce n’élail pas là la partie du drame la moins importante et ce ne fut pas sans difficulté que l’on obtint, après deux heures de supplications , le con- sensement de citoyens dévoués qui consentirent à former le conseil d’Etat provisoire. Ils partirent à h heures pour leur deslination. ü286 Cependant la troupe continuait sa marche, précédée par des éclaireurs; arrivée à Malvilliers, elle arrêta et désarma une trentaine de Sagnards qui s’étaient arrêtés dans l’auberge de ce lieu et qui ne se rendirent pas sans difficulté. Le commandant fit placer les prisonniers dans les rangs et la marche sur la ville continua. Près de Boudeviiliers une halte se fit ; les prisonniers furent alignés sur un petit tertre et une compagnie de carabiniers fut placée en face d’eux avec des apprêts menaçants. Si les rôles étaient changés, leur demanda alors M. Courvoisier, et qu’au lieu d’être nos prisonniers, nom fussions les vôtres, que feriez-vous maintenant de nous ? Vous nous fusilleriez , n’est- ce pas, ajouta-t-il d’un ton brusque? Ces malheureux, se croyant à leur dernière heure, répondirent en pleurant qu’ils ne le feraient pas et le priaient à genoux de leur conserver la vie. Cette scène était vraiment pathétique! et la conscience dut parler bien haut à ces malheureux, pendant que d’un ton colère l’assassinat de l’innocent Polibe Nicolet, leurs cruautés en 1851, leur étaient brusquement reprochés, et surtout quand M. Courvoisier, en terminant, leur dit Oui, à notre place, si vous y étiez, vous nous fusilleriez! ... Ils se croyaient déjà morts, quand celui-ci ajouta après un moment de silence Eh bien, nous républicains, nous vous relâchons; partez, retournez à la maison et surtout évitez une seconde colonne qui s’avance, car vous pourriez n'êlre pas si bien traités. Les prisonniers ne se le firent pas dire deux fois et, ivres de joie, reprirent le chemin de leur village. Ce furent probablement ces Sagnards que le gouvernement provisoire rencontra aux Hauts Geneveys et avec lesquels, écrivit-il au comité de la Chaux-de-Ponds, il fraternisa. Valangin n’ayant opposé aucune résistance à la colonne républicaine, celle-ci continua à s’avancer sur Neuchâtel, toutefois après s’être emparée de deux canons que la bourgeoisie tenait de la munificence royale, ainsi que de quelques vieilles hallebardes. A six heures et demie du soir, elle fit son entrée en ville dans un ordre parfait au milieu de la foule qui s’était portée sur son passage et saluait sa présence par les cris de Vive la république ! Vive la Suisse ! 287 Les patriotes, après avoir défilé devant l’hôtel de ville et devant le gymnase, firent halte sur le quai. Le commandant Courvoisier, accompagné de MM. Girard et Cunier, se rendit immédiatement auprès des Quatre-Minislraux et leur signifia la déchéance du gouvernement prussien, la proclamation de la république et la mise de la ville en état de siège. Une partie de la colonne se rendit ensuite au château dont elle prit possession et où une compagnie de soldats fut installée ; l’autre partie reçut des billets de logement et fut réparlie chez les bourgeois. Une heure après l’arrivée des troupes en ville, le gouvernement provisoire était installé au château à Neuchâtel. — La royauté avait vécu. Le lendemain, des détachements d’hommes armés, partis de toutes fes localités du pays, arrivèrent en ville pour se mettre à la disposition du gouvernement. A midi le drapeau fédéral fut arboré sur la tour de la cathédrale et fut salué par vingt et un coups de canon. L’ancien conseil d’État s’étant obstinément refusé à signer son abdication et ayant fait répandre une proclamation où il annonçait que la ville ayant été envahie par des bandes, il avait réclamé du Directoire l’assistance fédérale, sa mise en arrestation fut décidée par le gouvernement provisoire et opérée par un peloton de carabiniers, qui conduisit ces anciens gouvernants dans les appartements du gouverneur. Le 5 mars à midi, MM. les commissaires fédéraux se rendirent au château et reconnurent solennellement la république neuchâteloise au nom de la Confédération suisse. M. Migy consacra cette importante incorporation par le discours suivant Chers et fidèles Confédérés ! Nous éprouvons une véritable joie de venir en ce jour, en vertu des pouvoirs qui nous ont été conférés, saluer au nom du Directoire fédéral votre arrivée au pouvoir, assister à la naissance et présider en quelque sorte au baptême de la république neuchâteloise. Cette joie est d’autant plus vive que les derniers événements nous ont prouvé que la politique du gouvernement déchu était non seulement contraire à tout esprit national, mais n’obéissait plus qu’à des inspirations hostiles à la patrie suisse. L’heure de la régénération a sonné pour vous, Neuchâte- lois, l’heure de la rentrée au sein de leurs familles a sonné pour des proscrits qui peuvent aujourd’hui saluer librement les couleurs fédérales arborées sur tous les édifices publics par le patriotisme bridant et courageux des citoyens du pays. Une nouvelle vie politique s’ouvre devant vous ; que votre dévouement ne se laisse ni affaiblir ni abattre par les difficultés dont vous allez être environnés, qu’il grandisse au contraire à la pensée des intérêts précieux qui sont entre vos mains! Ces intérêts sont ceux de la nouvelle république que vous venez de fonder; ces intérêts sont ceux de la Confédération ; ces intérêts sont ceux de l’humanité. A l’œuvre, donc, chers confédérés, soyez prudents, mais aussi sachez être fermes et énergiques, et n’oubliez pas, dans les épreuves que vous pourriez avoir à traverser, que notre concours vous est assuré comme déjà vous possédiez toutes nos sympathies. Continuez à l’avenir à vous rallier en phalange serrée autour de la bannière fédérale ; car ce drapeau, c’est le drapeau de la patrie, c’est le drapeau de la liberté. Le principe démocratique ayant obtenu un éclatant triomphe, on a immédiatement élaboré une constitution , qui peut marcher de pair avec les constitutions les plus libérales de la Suisse. Neuchâtel a pris enfin dans la Confédération la position que lui assignent les sentiments élevés et l’industrie de ses habitants, et il marche d’un pas assuré vers un avenir prospère. Nos vœux l’accompagnent dans la nouvelle ère politique qui vient de commencer pour lui. - TABLEAU DES MORTS 1T DIS BLESSÉS DI L'ARMÉI FÉDÉRALE. -o-o-0-0-0^5>5Ç»- O-O-C-oc- a ce ^ Jz o fl., 2 ^ b S fl fcp .s-c -g a " 4 -* U ni G -fl H J- O S-ai= fl fl f. m ^ -fl 3 - fl fl S 5 OO QO o o O o O >n -fl 'fl o 8 c o -a 'S* bJD G O O "î}* irt iO l> GO fli 0$ CO '*4 i *- 0 •W CS O V © © © © HS •2 ° » S 3 *3 ê'S $ 00 i! Une des brigades détachées de la division n° 3, placée sous le coin- inandenient du colonel fédéral Müller, de Zug, avançait le 12 jusqu’à Avenches et environs pour former le lendemain la garde de l’artillerie de réserve. L’autre brigade détachée, commandée par le colonel fédéral Hauser, arrivait le 12 à Morat et y passait la nuit. Le général en chef avec son état-major, escorté par une compagnie de cavalerie vaudoise, arrivait à Avenches le 12 à 11 heures du matin dans l’intention de se porter à Grolley le même jour; mais comme il ne trouva dans cette ville aucune troupe d’infanterie et qu’on lui dit que les bois étaient remplis de landsturm, il crut devoir retourner à Morat, pour prendre le lendemain la route de Courtepin que devait suivre la deuxième brigade détachée. Dans la nuit, il envoya à Fribourg un officier, porteur d'une sommation, dans le but d’épargner, si possible, l’effusion du sang. Le commandant de la division de réserve bernoise avait concentré ses troupes le 10 et le 11 sur la rive gauche de l’Aar, entre Thurnen, Kehrsatz et Berne, détaché le 11 un bataillon à Schwarzenbourg pour occuper les passages de Gouggisberg et d’Albligen, et fait marcher ses autres troupes, dans la nuit du 11 au 12, en deux colonnes, sur Neuen- egg et Laupen. La première brigade, avec une batterie l’artillerie et deux compagnies de carabiniers, bivouaqua à Neuenegg; la troisième et la quatrième brigade à Laupen. Une brigade, moins le bataillon, qui se trouvait à Schwarzenbourg, gardait la ville de Berne. L’armée fédérale cernait donc le soir du 12 novembre la ville de Fribourg et telles étaient ses positions La première division, avec son quartier-général à Matran, occupait l’espace entre la Sarine et Belfaux; la seconde division, avec son quartier- général à Pansier, bivouaquait depuis Belfaux à la Sarine au- dessus de Fribourg. L’artillerie de réserve, avec les deux brigades de réserve d’infanterie, se trouvait à Avenches et Morat, où était aussi le grand quartier-général. La division de réserve bernoise bloquait les frontières du canton de Fribourg du côté de Berne et de Schwarzenbourg. Le 13, avant le jour, le général avec son état-major, quitta Morat pour se rendre à Belfaux et à Grolley. Le temps était pluvieux, mais néanmoins les soldats étaient gais et ne semblaient avoir souffert en rien du bivouac qu’ils venaient de passer. Les villages de Pansier, la Corbaz et Belfaux, par lesquels il fallait passer, ne communiquent entre eux que par des chemins et sentiers à peine frayés et très-escarpés sur la berge de la Sonnaz. La route de Belfaux se trouve de l’autre côté de la Sonnaz, au pied de l’autre berge. Ce 320 dernier revers est presque partout boisé, et les bois étaient occupés par ie landsturm, de manière que la communication ne put être établie avec Bel fa m v pie par les mauvais sentiers sus-mentionnés. En arrière des bois du flanc méridional, sur des hauteurs plus rapprochées de Fribourg, se trouvaient les fortifications qui défendaient la ville. Le terrain, entre Belfaux et Cormanon, n’est pas moins accidenté; il est couvert en plusieurs endroits de bois fort épais; partout les chemins de communication sont à peine praticables. Ce fut par un fort mauvais sentier, et à travers des marais, où les chevaux s’enfonçaient, que le grand état-major, avec sa compagnie de cavalerie, put enfin arriver à Belfaux. A peine avait-on mis pied à terre pour faire reposer un peu les chevaux, qu’il arriva un parlementaire fribourgeois demandant, de la part du gouvernement de Fribourg, un armistice jusqu’au lendemain matin à 7 heures, pour que le conseil d’Etat pût se compléter en appelant dans son sein ceux de ses membres qui se trouvaient à l’armée et pour délibérer avec eux sur la sommation qui lui avait été adressée. Cet armistice fut accordé, le général comptait l’employer aussi à terminer ses dispositifs, pour le cas où une attaque eût été nécessaire. Les ordres pour annoncer l’armistice aux différents corps furent expédiés, et l’état-inajor se rendit ensuite à Grolley. On trouva ce village occupé par un bataillon bernois mais abandonné par les habitants. Il n’offrait aucune ressource; il fallut même envoyer à Avenches chercher des chandelles précaution indispensable dans une nuit aussi longue, sans clair de lune et pendant la durée de laquelle on avait à craindre les alertes du landsturm. Cependant l’artillerie de réserve était arrivée au complet par Doro- didier. Dans sa marche elle eut à franchir plusieurs obstacles qui ne purent l’arrêter. Elle vint parquer en avant de Grolley, à gauche de la route de Fribourg, près du château de la Rosière; les deux brigades de réserve la suivaient, celle du colonel Millier prit son bivouac à proximité de l’artillerie, celle du colonel Hauser poussa jusqu’à Belfaux et bivouaqua derrière ce village. Les dispositions pour l’attaque du lendemain 14 novembre eurent pour but d’envelopper les positions de l’ennemi lesquelles bien que judicieusement choisies et fortement retranchées, devaient finir par céder à une artillerie plus nombreuse et d’un plus gros calibre ; elles furent les suivantes A la lisière du bois de Cormanon, vis-à-vis de la redoute dite de Bertigny, devait être construit pendant la nuit un retranchement pour recevoir quatre pièces de six à côté desquelles seraient placées encore deux pièces de canon de douze et deux obusiers de vingt-quatre. Ces batteries ouvrent le feu et l’infanterie de la première division se 321 tient prête à se jeter sur la redoute au moment convenable ou à la tourner par la gorge. Elle doit s'efforcer d’acculer l’ennemi dans l’angle formé par la ville et la Sarinc. Deux batteries de canons de douze avancent sur la route de Belfaux, prennent position en avant de ce village et un peu à gauche pour diriger leur feu sur le fort n° 2 ou du Quindzet. Deux batteries de canons de douze et une batterie d’obusiers de vingt-quatre se rendent à Pansier et de là, en suivant la route de Morat, à Grange-Paccot, d’où elles battent la redoute n° 3 de Tori ou de Bounefontaine. Tous les boulets dépassant les forts, frappent le terrain en arrière jusqu’à la ville et forment un feu croisé qui balaiera nécessairement en peu de temps tout cet espace. La première brigade de la deuxième division doit devancer l’artillerie de réserve et emporter Grange-Paccot, ensuite elle s’étend à gauche jusqu’à la Sarine. La seconde brigade avance tout droit par un chemin parallèle à la route de Morat et pratiqué entre deux des bois qui couvrent le revers de la colline sur l’autre bord de la Sonnaz. La troisième brigade se porte en avant de Belfaux pour soutenir l’artillerie ou l’infanterie suivant le besoin. L’artillerie des divisions cherche des positions favorables et opère de manière à appuyer l’infanterie dans ses mouvements ou à joindre son feu à celui de l’artillerie de réserve. Tels furent les arrangements pour le lendemain; en attendant, les soldats préparaient leur bivouac pour la seconde nuit; le temps s’étant amélioré, les distributions de vivres purent se faire avec plus de régularité, et la confiance régnait partout. Le commandant du génie s’était rendu auprès du commandant de la première division, pour diriger en personne la construction du retranchement en avant de la lisière de Cormanon. Un parlementaire fribour- geois vint à Viliars demander au commandant de cette division un armistice d’une heure, alléguant pour motif de sa démarche que son gouvernement était en négociation avec le général. Cet armistice ne fut accordé qu’à condition que le Iandsturm quitterait le bois de Cormanon , condition qui d’ailleurs n’était plus nécessaire puisque ce bois venait d’être occupé par un bataillon fédéral. Cependant le flanc droit de la division fut inquiété par du Iandsturm placé dans un bois très-rapproché de Viliars et qui se lie au bois de Péraulés. Les ordres furent donnés de le balayer et le commandant de la division retournait à Matran. Arrivé là il reçut la nouvelle de l’armistice accordé par le général jusqu’à 7 heures du lendemain et il expédia les ordres à sa division de ne pas dépasser ses positions. Malheureusement 21 322 cet ordre ne put pas, à cause des distances et [de la nature des chemins, arriver partout en temps opportun. Les avant-postes se trouvant trop rapprochés de la redoute de Ber- tigny, deux officiers de l’armée eurent, à ce sujet, une explication avec le commandant du fort. Ils se retiraient chacun de son côté. Mais avant que nos officiers fussent hors de portée, ils reçurent une décharge de l'ouvrage; les carabiniers fédéraux ripostèrent, le canon gronda, et l’action se trouva engagée. Le bataillon Bolens s’avança sous la conduite du commandant de brigade et flanqué de la compagnie Eytel qui répondait aux Iandsturms placés dans un bois sur la gauche. Cette troupe montra beaucoup de bravoure; elle s’avança jusqu’au bord du fossé qu’elle ne put pas franchir et le bruit, qui venait de se répandre, que le fort était miné l’obligea à se retirer et à reprendre ses positions. Elle eut sept hommes tués et une cinquantaine de blessés. Cette perte est bien regrettable puisqu’elle était sans nécessité. On peut accuser nos troupes de trop de témérité; mais cela même prouve le cas qu’on en doit faire pour une action sérieuse ; et du moins on ne peut pas leur reprocher d’avoir violé un armistice dont elles n’avaient aucune connaissance quand l'attaque a commencé. Il y a eu de la fatalité dans cette affaire, et il paraît que ce sont des coups de fusil partis d’un bois voisin qui ont fait croire aux défenseurs de la redoute qu’ils étaient tournés et allaient être pris par la gorge et les ont engagés à commencer le feu. C’est du moins ce qui résulte de l’enquête ordonnée par le commandant en chef qui fut bien péniblement affecté de cette échauffourée. Le reste de la nuit se passa tranquillement dans la division n° 1 et on put transporter les blessés à Avenches. Le grand quartier-général à Grolley fut, au contraire, inquiété par des alertes et, deux fois, on s’y vit contraint à sortir du bivouac. Des coups de fusil tirés à la lisière des bois voisins firent présumer la présence du landsturm et son intention d’attaquer le grand quartier-général. On établit de fortes avant-gardes et des postes avancés pour s’en garantir. Dès-lors il n’y eut plus d’alerte. Vers les 3 heures du matin il se présenta un parlementaire fribour- geois pour demander une prolongation de l’armistice, mais cette demande dut être refusée vu que les troupes fédérales ne pouvaient plus être contraintes à une troisième nuit de bivouac. Le parlementaire reçut pour réponse que le commandant attendrait jusqu’à six heures et demie du malin la dernière résolution du conseil d’État de Fribourg, suivant laquelle il prendrait des mesures ultérieures, mais qu’il désirait, de tout son cœur, que cette décision fût de nature à empêcher l’effusion du sang et de grands malheurs. 323 A peine le parlementaire était-il parti, qu'un courrier apportait la nouvelle que le Sonderbund avait fait des excursions sur le territoire d’Argovie, qu’on y réclamait des soutiens, que l’on devait se hâter devant Fribourg et ne pas oublier les autres parties de la Confédération. On semblait croire que le général avait un seul instant pu perdre de vue cette importante partie de sa mission, et ne pas savoir que, dans les cantons de Zurich, d’Argovie et de Berne, il y avait plus de 40 bataillons placés aux frontières, sans compter les armes spéciales, force certainement assez considérable pour tenir le Sonderbund en échec. Le cas était urgent; il fallait en finir avec Fribourg et porter toute son attention vers l'aile gauche de l’armée fédérale. Cependant on ne put, pour le moment, faire autre chose que recommander un redoublement de vigilance aux commandants de la quatrième et de la cinquième division, et leur ordonner de repousser vigoureusement toute attaque qui serait dirigée contre eux. A six heures du matin le grand état-major monta à cheval et partit pour Belfaux. Toutes les troupes étaient en mouvement pour se rendre aux positions prescrites; le retranchement du bois de Cormanon avait été construit pendant la nuit et un chemin avait été ouvert dans le bois pour le passage de l’artillerie. Deux mandataires des autorités de Fribourg, munis des pouvoirs nécessaires pour conclure une capitulation, se trouvaient déjà à Belfaux lorsque le général y arriva; c’étaient M3I. Miislin, avocat, et Odet, syndic de Fribourg. On fut bientôt d’accord sur les conditions de la reddition des forts et de la ville de Fribourg, et on signa la convention suivante 1 Le gouvernement de Fribourg, prend ici l’engagement formel de renoncer absolument à l’alliance, dite le Sonderbund ; 2 Les troupes fédérales prendront possession de la ville de Fribourg dans la journée, en commençant par les forts extérieurs qui seront occupés dans la matinée, puis les portes de la ville, ensuite les postes intérieurs ; 3 La ville fournira les logements et la subsistance nécessaires d’après les règlements fédéraux; 4 Le gouvernement de Fribourg licenciera immédiatement ses troupes. Les armes du landsturm devront être déposées à l’arsenal et un inventaire en sera dressé pour être remis à l’autorité fédérale; 5 Les troupes fédérales garniront tous les postes occupés, garantiront la sûreté des personnes et des propriétés et prêteront main forte aux autorités constituées pour le maintien de l’ordre public. 6 S’il devait s’élever des difficultés autres que celles qui sont du ressort militaire, elles seront décidées par la haute diète. Fait à double à Belfaux, le 14 novembre 1847. On voit, par ce qui précède, que le commandant des troupes fri— bourgeoises est resté tout-à-fait étranger à la capitulation et que c’est bien à tort qu’on a fait courir sur son compte des bruits calomnieux à ce sujet. Le général en chef n’a eu avec lui, pendant toute la durée de la campagne, aucun rapport direct ni indirect. C’est un hommage qu’il doit à la vérité. Aussitôt la convention signée, les ordres nécessaires furent donnés pour acheminer vers Lucerne toutes les troupes, excepté la première division; celle-ci dut cependant céder une de ses brigades à la seconde division et recevoir en échange une brigade de celle-là. On voulait par ce moyen éviter une occupation du canton de Fribourg par des troupes d'un seul canton. La brigade Kurz passa donc dans la division du colonel Uilliet, et une brigade vaudoise, sous les ordres du colonel Bourgeois, dans la division du colonel Burckhardt. Un bataillon de la première division dut, le 14, prendre possession du fort de Bertigny, et deux autres bataillons durent occuper les portes de Romont et des Etangs; la seconde division fut chargée de fournir deux bataillons pour occuper les forts de Quindzet et de Bonncfontaine, deux autres bataillons pour augmenter la garnison de la ville ; eu tout sept bataillons, dont trois pour les forts extérieurs et quatre pour la ville. Trois batteries devaient, d’après les mêmes ordres, être cantonnées en dehors des portes de la ville. Le commandant de la première division fut chargé du commandement supérieur de toutes les troupes destinées à rester dans le canton de Fribourg et reçut l’ordre de préparer une dislocation plus étendue sans dépasser la route de Belfaux, vu que la partie occidentale dut être occupée, pendant quelques jours encore, par la deuxième division, qui ne pouvait évacuer le canton que peu à peu. Le commandant de la réserve bernoise reçut, dès le 14 novembre, l’ordre de porter sa division sur la frontière orientale du canton de Berne vers Lucerne, c’est-à-dire à Langnau, Signau et Iluttwyl. Les deux brigades détachées partirent le jour même de la capitulation pour retourner à la division n° 3. Disons un mot des opérations de la division n° 7 sur la rive droite de la Sarine. Le soir du 12 un bataillon fit plusieurs mouvements pour faire croire à une attaque du côté de Schwarzenbourg et, le lendemain à la pointe 325 du jour, la division passait la Singine à Laupen et à Neuenegg, pour s'avancer en deux colonnes sur Bosingen et Flamat. Les avant-gardes avec les sapeurs éloignaient les obstacles, consistant en abattis et encombrements divers, et comblaient les fossés profonds qui traversaient la route. Ceci retardait la marche, et la troisième brigade ne put pénétrer dans l'intérieur que l'après-midi. Alors le cennnandant de la division reçut par un officier fribourgeois un billet du général de l’armée fédérale, écrit au crayon, qui lui annonçait l’armistice accordé. Il arrêta la marche de ses troupes et eut le soir du 13 ses avant-postes à Pontel et en avant de Schmitten. Resté sans nouvelle ultérieure pendant la nuit et ayant quelques doutes sur la réalité du billet, il fit avancer le lendemain sa division; il eut de grands obstacles à surmonter par le fait des abattis, mais ses colonnes arrivèrent vers midi à Düdingen sans avoir rencontré un adversaire, à l’exception de quelques soldats du landsturm ; il reçut, dans ce village, la nouvelle de la capitulation et l’ordre de marcher dans l'Emmenthal. L’occupation de la ville de Fribourg fut exécutée dans l’après-midi, et, comme le commandant de la première division y fit entrer toute sa division, il y eut un très-grand encombrement. Des désordres, impossibles à éviter totalement dans une pareille occasion, eurent lieu; mais le récit en a été beaucoup exagéré et l’on sait que les soldats n’en ont pas été les seuls auteurs. La ville fourmillait do gens peu intéressés au maintien de l’ordre, et il fallut, le lendemain, prendre des mesures très- énergiques pour la purger. Peu à peu l’ordre se remit, de nouvelles autorités furent constituées en remplacement des anciennes, qui avaient pris la fuite, et la sûreté des personnes et de la propriété ne fut plus menacée. Pendant ce temps, les troupes destinées à marcher sur Lucerne s’étaient mises en chemin. Deux batteries de canons de douze partirent le jour même du 14, l'une se dirigeant sur Giimminen, l’autre sur hlorat, les autres les suivirent le lendemain et leur marche se fit avec toute la célérité possible. Le grand état-major se rendit le 14 à Faoug, le 15 à Berne et le 16 à Arau. Rapportons maintenant ce qui s’était passé dans une autre partie de la Suisse. Dans une proclamation du 25 octobre 1847 le commandant en chef des troupes des sept cantons alliés, JI. le général J. U. de Salis-Soglio, avait annoncé à ses troupes son acceptation du commandement supérieur. Il rassemblait son armée et déjà le 3 novembre la certitude qu’on en viendrait aux mains était si grande dans le canton de Luperne que beau- coup de Lucernois quittèrent leur canton et vinrent chercher un asile dans les cantons voisins. L’expédition du Saint-Gothard eut lieu et le 6 novembre 900 Schwyzois, 400 Uraniens et 400 hommes d’Untenvalden entrèrent dans le canton de Zug pour le défendre. Sur toutes les routes du canton de Lucerne on avait construit un grand nombre d’abattis et de mines; des fortifications défendaient les approches de la ville. Les principales étaient celles du pont de Gislikon, celles du pont de l’Emme, celles sur la route de Littau et la redoute de Saint-Charles à Lucerne. Les troupes d’élite et de réserve avaient été augmentées, autant que l’état de la population le permettait, et un nombreux landsturm avait été organisé et placé sous des chefs particuliers. Dans le nombre se trouvait le fameux corps des vengeurs. Au commencement de novembre on avait aussi songé dans le canton de Schwyz à des obstacles artificiels ; on avait construit des retranchements à la Schin- dellegi et près de Grynau; et, par une ouverture faite dans le bord du canal de la Liuth, on inonda une grande partie des terrains adjacents. Les ponts de Grynau et de Rapperschwyl furent découverts. Au Brünig, dans le pays d’Unterwalden, on éleva des murailles et des remparts ; et l’ancienne redoute au passage de Sustcn, canton d’Uri, fut réparée. Des télégraphes furent établis; on convint de signaux d’alarme, d’adresses simulées et d’un chiffre pour la correspondance secrète. Comme, le canton de Zug semblait le plus accessible, on détruisit les ponts de la Silil et celui de Ilütten. Les troupes fédérales occupaient toute la partie méridionale du canton d’Argovie, les préfectures de Knonau et de Kichterschweil dans le canton de Zurich et la rive droite de la Linth, dans le canton de Saint- Gall ; seulement les environs de Zofingen et la frontière entre les cantons de Berne et Lucerne étaient faiblement garnis pendant la marche sur Fribourg. La première brigade de la quatrième division reçut l’ordre de marcher dans cette partie du pays. Heureusement le Sonderbund ne dirigea aucune attaque de ce côté. Le 9 novembre, les carabiniers de la deuxième brigade de la quatrième division fédérale, stationnés àSins, remarquèrent que le pont couvert qui, à cet endroit, passe la Reuss, avait été rempli avec de la paille, des fagots, de la poix et qu’il s’y trouvait des obus; tout ce materiel fut jeté par eux dans la rhière; mais le lendemain, et à l’approche de deux pièces d’artillerie, le commandant du détachement qui n’avait pas l’ordre de soutenir une affaire sérieuse et trop faible pour cela, se retira sur Meyenberg. Alors la moitié du pont qui joignait la rive droite fut entièrement détruite par les troupes du Sonderbund. 327 Le même jour, 10 novembre, à 7 heures du matin, un détachement lucernois , fort d’environ 300 hommes, entourait le village de Elein- Dietwyl, occupé par une compagnie d’infanterie zuricoise; environ 45 hommes de cette compagnie, qui avait négligé les mesures de sûreté et s’était laissé surprendre, furent faits prisonniers ; les quatre officiers de la compagnie furent du nombre ; quatre-vingts hommes purent se sauver, mais la plupart sans armes, ni bagages. La demeure du gendarme argo- vien de Klein-Dietvvyl fut pillée. La leçon ne fut pas perdue pour nos troupes qui se gardèrent ensuite avec plus d’attention. Encouragé par ces petits succès, le général Salis projeta une invasion plus étendue sur le territoire argovien, dans le but de s’emparer de Mûri et de gagner ainsi la population du Freiaint. Le 12 novembre fut désigné pour cette entreprise. L’armée du Sonderbund s’avança en quatre colonnes ; la première sur la route de Rappel, la seconde sur celle de Merenschwand, la troisième sur le chemin de Hitzkirch par Geltrvyl vers Mûri, et la quatrième marcha sur la grande route de Munster vers Menzikon. La première et la quatrième colonnes ne firent que des fausses attaques et ne dépassèrent pas de beaucoup la frontière de Lucerne. La première brigade de la cinquième division fédérale avait son quartier-général à Albis-Affoltern ; une compagnie de carabiniers occupait Rappel; la première colonne ennemie, peu nombreuse, ne fit aucune attaque, se contenta de quelques coups de fusils tirés et s’éloigna ensuite. La deuxième colonne, commandée par le général de Salis en personne, consistait en quatre bataillons d’infanterie, plusieurs compagnies de carabiniers et deux batteries d’artillerie, l’une de canons de huit, l’autre d’obusiers longs de quinze centimètres. Elle avança, favorisée par un fort brouillard, sur la rive gauche de la Reuss, et le général fit sonner le tocsin dans chaque village argovien qu’il traversait pour attirer à lui le landsturm argovien, mais personne n’arriva; au contraire, une vingtaine d’habitants du Freiamt devancèrent la colonne pour annoncer l’approche de l’ennemi aux gardes du pont de pontons que les troupes avaient construit près de Lunnern pour établir une communication entre les deux rives. Il n’y avait à Lunnern, outre la compagnie de pontoniers zuricoise Huber, qu'une batterie zuricoise de six Scheller, une compagnie de carabiniers Huber et trois compagnies d’infanterie, nombre trop faible pour recevoir de front une colonne aussi forte que celle qui lui fut annoncée. Ces troupes se retirèrent donc sur la rive droite , se mirent en bataille et commencèrent à défaire le pont ; l’opération était à peine entamée que des carabiniers d’Unterwalden arrivèrent en criant „ Haut-Unterwalden ! “ L’artillerie les suivit de près et ouvrit 323 le feu ; la batterie zuricoise riposta et démonta bientôt une pièce ennemie ; les puntoniers firent faire au pont une conversion ; les carabiniers soutinrent l’artillerie et le feu continua de part et d’autre sans faire grand mal. Pourtant cette affaire a coûté la vie à trois soldats fédéraux et il y eut une douzaine de blessés; la perte de l’ennemi a dû être plus forte. Le bruit du canon avait attiré une batterie zuricoise Zeller, mais déjà la colonne lucernoise commençait sa retraite; une partie de ses troupes avait continué sa marche et était arrivée, vers les 3 heures" de l’après-midi, devant JIuri-Egg. Prévenu de l’attaque, le colonel fédéral Kônig, cnmmandant de la seconde brigade, qui avait son quartier- général à Mûri, avait fait avancer sous la direction de son adjudant, le capitaine fédéral Streiff, le bataillon Benzinger d’Appenzell et la compagnie de carabiniers Kustcr de St-Gall ; ces carabiniers et une compagnie de chasseurs du bataillon, placés en chaîne en avant de Muri-Egg, reçurent leurs adversaires avec un feu si prompt et si efficace qu’ils ne tardèrent pas à rebrousser chemin. Cet échec, joint à celui de Lunnern, et l’incertitude sur le sort de sa troisième colonne, décidèrent le général Salis à battre en retraite et à retourner à Lucerne. La troisième colonne, commandée par le colonel Elgger, composée comme celle de M. de Salis et ayant avec elle des volontaires argo- viens sous le commandement de l’Argovien Wiederkehr, était partie de llitzkirch, à 8 heures du matin, pour marcher par le Lindenberg sur Mûri, où elle dut se réunir avec la seconde colonne. Doux compagnies du bataillon argovien Berner faisaient le service d’avant-postes à Gelt- wyl et se trouvaient à dîner lorsque le village fut attaqué. Mais les soldats avaient leurs armes sous la main et ils répondirent à la sommation de se rendre par des coups de fusils. Les deux compagnies se replièrent sur la droite du village et 31. Elgger dirigea toute son infanterie contre elles; un fort brouillard peut l’avoir empêché de reconnaître leur petit nombre; ils tinrent ferme et la colonne Elgger n’avança pas plus loin; son artillerie, qui n’avait pas encore passé la montagne, fit le tour et la colonne ne tarda pas à la suivre. Les deux compagnies argoviennes ne se retirèrent vers Mûri qu’à- près la cessation du combat qui leur avait coûté trois morts, parmi lesquels le brave capitaine Fischer, et plusieurs blessés; mais l’adversaire aussi avait des morts et des blessés en plus grand nombre et plusieurs chevaux d’officiers restaient sur la place. La quatrième colonne, composée d’infanterie et d’artillerie, parut vers midi, devant Menzikon, et ouvrit son Jeu contre le village ; une maison ne tarda pas à être incendiée et des chaînes de chasseurs s’efforcèrent d’avancer. Mais trois compagnies du bataillon de réserve argovien 329 Üelhafenj, cantonnés à Menzikon et à Reinach, se rassemblèrent bientôt et, sous la bonne direction de leur chef, chassèrent l’ennemi sans éprouver aucune perte. Les attaques du 12 furent donc repoussées sur tous les points et le résultat de ces combats partiels fut encourageant pour les troupes fédérales. Le lendemain, 13 novembre, le commandant de la cinquième division concentra ses forces dans l’espace compris entre la Reuss et le lac de Zurich, et y rassembla douze bataillons avec les armes spéciales nécessaires. Le commandant de la quatrième division concentra les siennes dans le Freiamt, et appela au service le reste des réserves du canton d’Argovie. Le 15 le pont de bateaux fut transporté de Lunnern à Ottenbach où il était moins exposé et où le terrain se prêtait à l’établissement d’une tête de pont, laquelle fut de suite exécutée dans des proportions convenables. L’artillerie de réserve et la division n° 2 ayant quitté Fribourg marchaient sur Lucerne. Le général avec son état-major arriva à Arau le 16 novembre. En ce moment l’armée avait atteint sa plus grande force. Les cantonnements suivants lui furent assignés. La première division occupait Fribourg et les frontières du Valais, son quartier-général était à Fribourg. La septième division ou division de réserve bernoise, formant l’extrême droite de l’armée contre Lucerne, avait deux détachements dans l’Oberland bernois pour garder les passages contre le Valais, Uri et Unterwalden. Le gros de la division se concentrait dans l’Emmenthal, ayant Sumiswald pour quartier-général. La seconde division se rattachait à la division de réserve bernoise en venant prendre ses cantonnements depuis Huttwyl par Langenthal jusqu’à Zofingen ; son quartier-général fut Berthoud. La troisième division se rangeait à la gauche de la seconde dans les vallées de la Sure et de la Wine, et ayant Kulm pour quartier-général. La quatrième division, ayant son quartier-général à Mûri, occupait le pays entre le lac de Iiallwyl et la Reuss; les réserves d’Argovie, incorporées dans cette division, cantonnaient autour de Lenzbourg. La cinquième division enfin se concentrait en majeure partie entre la Reuss et le lac de Zurich; son quartier-général se transportait de Zurich à Albis-Alfoltern. Les réserves des cantons de Zurich, et Thurgovie renforçaient cette division. SI * 330 L’artillerie de réserve s’approchait du Kreiamt et arrivait dans les villages de Wohlen, Yilmcrgcn, Sarmenslorf et Bremgarten; une batterie de canons de douze restait à Langenthal pour renforcer l’artillerie de la seconde division ; une autre batterie s’acheminait sur Knonau. Le corps de cavalerie quitta ses cantonnements dans le canton de Solcure et vint occuper la ligne entre Suhr et Othmarsingen, ayant son centre à Lenzbourg. Cette disposition des troupes devait être terminée le 20 novembre de manière que le 22, après un jour de repos, l’attaque des cantons de Zug et de Lucerne pouvait être commencée. Les ordres furent donnés en conséquence. La division de réserve bernoise, destinée à passer par l’Entlebuch, reçut l’ordre de marcher le 22 jusqu’à Schüpfheim, le 23 par la Bramegg jusqu’à Schachen ou Maltors, en envoyant un détachement par Wol- liausen, le 24 devant Lucerne, en faisant passer au besoin une partie de la division par Schwarzenberg et Hergottswaid pour tourner la position de Renggloch. La seconde division dut le même jour, comme la précédente, franchir en deux colonnes la frontière du canton de Lucerne et se concentrer autour de Willisau; la communication avec la troisième division dut être établie par Ettiswyl. Le lendemain 23 novembre la division eut à marcher sur Russwyl, en tâchant d’arriver vers midi sur la ligne derrière l’Emme, afin d’avoir le temps de choisir une bonne position pour la batterie de canons de douze, marchant avec la division et destinée à battre les fortifications de Litlau et du pont de l’Emme. Si possible, la division dut occuper ce même jour Littau et le Sonnenberg, et le 24 marcher sur Lucerne. La troisième division fut chargée d’occuper le 22 Sursée, Münster et Hitzkirch, et d’envoyer le 23 sa première brigade et deux batteries d'artillerie vers le pont de l’Enune pour ruiner, conjointement avec la batterie de douze de la seconde division, les retranchements établis près de ce pont. Les deux autres brigades devaient marcher sur Inwyl pour passer la Reuss sur un pont à la Birago que le génie devait construire dans la nuit du 24, ou, si cela ne se pouvait pas, de marcher le lendemain sur Gislikon et de se réunir là aux troupes de la quatrième division. Deux brigades de la quatrième division, avec deux batteries de canons de douze, furent chargées de passer la Reuss près de Sins, dans la nuit du 22 au 23, de se réunir aux troupes de la cinquième division qui se trouvaient sur celte rive, d’attaquer Honau, et de prendre à revers les fortifications de Gislikon. La troisième brigade de la division, avec le reste de l’artillerie, dut marcher sur Gislikon par la rive gauche de la Reuss et soutenir l’attaque de la rive droite. Le pont de Gislikon enlevé, la division devait prendre possession de Roth, y établir son bivouac et se lier par le Rothenberg avec la cinquième division. Le lendemain elle dut marcher sur Lucerne. La cinquième division reçut l’ordre d’entrer le 23 de grand matin dans le canton de Zug, avec trois brigades, son artillerie et deux batteries d’artillerie de réserve qui arrivaient de Breingarten. Pour assurer ce mouvement, un bataillon d’infanterie et une compagnie de carabiniers de la brigade de réserve stationnés près du lac de Zurich, durent s’avancer par le pont de la Slhl. Six bataillons de la division, avec des carabiniers et une batterie de six, devaient prendre position derrière la Lorze près de Steinhausen, puis s’emparer de Baar et de Zug. Le reste de la division, partagé en deux brigades, dut marcher par Chain et Buonas à Meierskappel, d’où les troupes, après avoir pris position devant Kiissnacht, devaient se lier par le Rothenberg avec celles de la quatrième division, et occuper Udligenschwyl par une avant-garde ; puis marcher le lendemain 24 sur Lucerne. Le commandant de l’artillerie reçut les ordres nécessaires pour les mouvements de l’artillerie; le commandant du génie, ceux qui avaient rapport à son arme et surfont pour la construction des ponts ; le commandant de la cavalerie enfin fut chargé d’envoyer le 23 deux de ses brigades à Sursée pour balayer le pays en arrière do l’armée, la troisième à Wohlen pour pouvoir être appelée au soutien si cela devenait nécessaire. Ces ordres étaient donnés, lorsque le général reçut à Bremgarten, où il s’était rendu pour expliquer de bouche l’exécution des mouvements prescrits aux commandants de la quatrième et de la cinquième division, la nouvelle d’un échec que la sixième division avait éprouvé dans le ïessin. Une forte colonne, profitant d’un épais brouillard, avait surpris les troupes fédérales à Airolo ; l’artillerie et les carabiniers tessinois tinrent ferme; mais l’infanterie, composée en grande partie de recrues, fléchit, ce qui occasionna une retraite précipitée. Le commandement de la division demandait du renfort. Le général ne put cependant rien faire de plus, que de presser la deuxième brigade de cette sixième division qui se trouvait encore dans le canton des Grisons, d'avancer dans le Tcssin, et de détacher deux bataillons de la réserve de la cinquième division, lesquels, placés sous le commandement du colonel fédéral Millier, de Zug. eurent l’ordre de 332 partir de suite pour les Grisons et de inarcher dans le Tessin, suivant le besoin. D’un autre côté des réfugiés valaisans ayant formé un corps de volontaires, pressaient le général d’ordonner l’attaque du Valais; le commandant de la première division jugeait aussi le moment favorable pour marcher contre ce canton; mais le général ne voulant pas compliquer la situation, ni se laisser distraire de son but principal, donna l’ordre à cet officier supérieur, de calmer l’impatience des troupes, de se rendre de sa personne sur les bords du Rhône et de rapporter ; mais de ne faire aucune attaque sans un ordre formel. En attendaut, les autorités de Zug, voyant s’accumuler les troupes de la Confédération autour de leur canton et craignant les suites d’une lutte disproportionnée, envoyèrent deux députés, JIM. le conseiller Schmied et le secrétaire Schwerzmann, pour conclure une capitulation. Cette capitulation fut signée à Arau le 21 novembre, sous réserve de ratification par le conseil supérieur de Zug; elle était conçue à-peu- près dans les mêmes termes que celle de Fribourg. La ratification réservée dut être remise au commandant de la cinquième division, à Knonau, le lendemain 22 novembre, jusqu’à 2 heures de l'après-midi. Ce commandant de division fut avisé de la convention dont la ratification ne pouvait que faciliter les mouvements à lui ordonnés pour le 23, et il fut chargé d’entrer dans le canton de Zug aussitôt après la réception de l’acte ratifié, de faire avancer jusqu'à Zug et Menzingen la brigade qui était destinée à prendre position derrière la Lorze. Avant de commencer les opérations, le commandant en chef adressa aux troupes la proclamation suivante „Soldats confédérés! ,.Yous allez entrer dans le canton de Lucerne. En en passant les frontières oubliez vos rancunes pour ne vous tenir qu’à l’accomplissement „des devoirs que la patrie nous impose. Jlarchez à l’ennemi, combattez „vaillaminent, défendez vos drapeaux jusqu’à la dernière goutte de votre „sang. Mais aussitôt que la victoire se déclare pour vous, plus de ressentiments; conduisez-vous en guerriers généreux; épargnez les vaincus; „rien ne relève davantage le véritable courage. „En toutes circonstances faites ce que je vous ai recommandé ,. respectez les églises et les bâtiments dépendants du culte. Ce serait „pour vous une tache ineffaçable que des outrages à la religion. „Prenez sous votre sauve-garde toutes les personnes inoffensives ,,ne permettez pas qu’on les maltraite ou qu’on leur adresse des injures. 333 „Ne faites aucun dégât sans nécessité; point de 'dilapidations. En un „mot conduisez-vous de manière à vous relever à vos propres yeux et „à vous rendre dignes du nom que vous portez. 11 L’entrée des troupes fédérales dans le canton de Lucerne eut lieu le 22 novembre par un temps de neige. La division de réserve bernoise, destinée à former l’extrême droite, s’était concentrée le 21 novembre aux environs de Langnau; elle quitta cet endroit le 22 de grand matin et prit le chemin de l’Entlebuch. Le long défilé depuis Weissenbach jusqu’à Escholzmatt fut tourné par un détachement composé d’un bataillon, de deux compagnies de chasseurs et d'une compagnie de carabiniers; ce détachement prit son chemin à gauche par la montagne du Bock ; il rencontra des avant-postes lucernois, lesquels se retirèrent sans attendre * et allèrent porter la nouvelle de l’invasion dans les villages, ce qui eut pour suite que l’on sonna le tocsin et que les troupes lucernoises purent se concentrer autour d’Escholzmatt; elles quittèrent pour cela plusieurs positions favorables près de Wiggen où elles avaient même construit un retranchement. Le but de ce détachement fut donc parfaitement atteint ; la marche de la division qui s’avançait par la grande route avec toutes les précautions usitées devant l’ennemi, ne fut pas inquiétée, elle fut seulement retardée par de nombreux abattis qu’il fallut ouvrir et par la nécessité de rétablir plusieurs ponts. A Escholzmatt elle rencontra la première résistance, mais l’action ne s’engagea qu’entre les tirailleurs. Les troupes lucernoises se replièrent dès qu’elles virent paraître la colonne principale. Le soir la colonne arriva devant Schiipfheim ; c’est là que l’attendait la plus grande résistance; elle dut d’abord enlever un plateau occupé par l’ennemi au débouché de la vallée latérale de Flühli et défendu par des carabiniers et de l’artillerie. Elle bivouaqua en cet endroit pour reconstruire les ponts sur l’Einme qui avaient été détruits et pour élever à gauche deux retranchements, l’un pour six, l’autre pour deux pièces d’artillerie. Vu la grande proximité de l’ennemi, on passa la nuit sans feux ; ils ne furent allumés qu’à quatre heures du matin pour cuire la soupe. A la pointe du jour et lorsque l'artillerie était placée, le commandant de la division dirigea un bataillon et une compagnie de carabiniers contre le flanc droit de Schiipfheim, pendant qu’une brigade entière se portait de l’autre côté. Celle-ci fut vivement attaquée par les troupes qui débouchaient de la vallée de Flühli ; elle fléchit même un moment. Cependant le commandant de la division, la ranimant de ses paroles et de son exemple . elle revint à la charge et soutenue par les carabiniers m et l’artillerie, elle enleva la colline qu’occupaient les Lucernois. Ceux-ci sc retirèrent, partie sur les montagnes, partie dans le village de Schiipf- heim où la résistance continuait et se concentrait autour d’une chapelle, sur une hauteur où l’artillerie Iucernoise s’était placée et au couvent des capucins qui, par sa forme et ses murs d’enceinte, présentait un bon réduit. Le reste de la division suivit de près en passant l’Emme à gué et après divers combats acharnés sur les deux rives, l’ennemi, reconnaissant l’inutilité d’une résistance plus prolongée, se dispersa de tous côtés. Cependant le cimetière et le couvent des capucins tenaient encore; ils ne furent abandonnés qu’à l’approche de toute l’artillerie et lorsque les bataillons se formaient en colonnes pour pénétrer dans le village. Il était midi et demi. Après un court repos la colonne reprit son chemin; des coups épar- • pillés de quelques granges au bas de Schiipfheim l’inquiétèrent peu, mais plusieurs de ces granges furent incendiées pour cela. Des abattis entre Schiipfheim et Ilasle ne furent pas défendus, la position d’Entlebueh ne fut point occupée ni les retranchements garnis, on ne voyait plus personne et il ne restait à vaincre que des obstacles matériels accumulés sur le chemin. Cependant, comme on devait s’attendre à une forte résistance sur la Bramegg et comme le jour était trop avancé pour forcer ce passage, la division bivouaqua à Entlebuch, et elle prit les dispositions nécessaires pour le lendemain. Le matin du 24 la Bramegg se trouva abandonnée mais le commandant n’étant point encore instruit de ce qu’avaient fait les autres divisions, dirigea un détachement par Schwarzenberg à Kriens et, s’avançant avec le gros de sa division, il reçut enfin à Schachen la nouvelle de l’occupation de Lucerne. Il envoya alors ses bagages à Wohlhausen pour prendre la route de Willisau et il alla occuper Ifriens et les environs ; il y resta la journée du 25 et en repartit le 26 pour retourner à Berne par Sursée et Langenthal. Cette division a fait preuve de courage et d’aplomb dans les différents combats qu’elle a eu à soutenir. Elle a eu 7 morts et 38 blessés. On porte le nombre des tués du côté des Lucernois à 19 et celui des blessés à 48. La seconde division de l’année fédérale, manœuvrant à la gauche de la division de réserve bernoise, avait aussi accompli sa tâche. Sa deuxième brigade, soutenue de deux batteries, d’un détachement de sapeurs et d'un détachement de cavalerie, formait l’aile droite. Elle eut l’ordre de se rassembler le 22 novembre à Huttwyl et de marcher ce même jour à Willisau. La première brigade formait l’aile gauche deux batteries lui étaient adjointes , ainsi qu’une compagnie de cavalerie et un détachement de sapeurs. Elle marcha le 22 de Zofingen à Ettiswyl, où elle se lia avec l’extrême droite de la troisième division qui arrivait le même soir à Sursée. La troisième brigade enfin, à laquelle était réuni un détachement de sapeurs, fut chargée d’entretenir la communication entre les deux autres brigades de la division et de former la réserve. Elle marcha par Gross-Dietwyl, Kischbach et Zell jusqu’à Kastelen où elle bivouaqua. Aucune des trois colonnes ne rencontra l’ennemi, mais elles trouvèrent beaucoup d’abattis et des mines en grande partie non chargées. Le 23 la division continua sa marche en deux colonnes; l’une formée de la seconde et de la troisième brigade passa en partie par Menznau et Wohlhausen, en partie par Kusswyl. L’autre colonne, formée par la première brigade, prit sa direction par Grosswangen, Buttisholz, HcII- hühi et environs. A cause des nombreux obstacles, les corps n’arrivèrent qu’au soir dans leurs positions derrière l’Einme; le commandant de la division fit une reconnaissance des environs du pont de Thorenberg et prit ses dispositions pour passer le lendemain l’Emme et attaquer Littau. Mais aucun ennemi ne se présentant, le matin du 24 on put, sans en être empêché, construire un pont de chevalets au-dessous de l’emplacement de celui de Thorenberg qui avait été rendu impraticable. Les retranchements sur la rive droite de l’Emme, au-dessus de Littau, étaient abandonnés; les brigades fédérales passèrent la rivière sur le pont de chevalets; l'artillerie suivit à gué. La première brigade arriva sans obstacle devant la ville de Lucerne et y entra ; la troisième brigade occupa Littau; la seconde, qui ce jour-là formait la réserve, marcha à Malters et s’y logea. Suivons maintenant la marche de la troisième division. Sa première brigade avait l’ordre de quitter Schoftland le matin du 22 novembre et de marcher avec la batterie Fischer par la rive gauche de la Suhre jusqu’à Sursée, d’où elle fut prendre à Munster une batterie d’obusiers et continua le lendemain, avec les deux batteries, la marche vers le pont de l’Emme. Elle vit des bandes de landsturm sur les hauteurs, mais aucune ne l’inquiéta. Elle opéra le désarmement à mesure qu’elle avançait. Avant d’entrer à Sursée un parlementaire fut envoyé dans la ville pour en demander la reddition et l’on ne tarda pas à y voir flotter le drapeau blanc. Le landsturm s’était retiré dans les bois à droite, les troupes Iucernoises en , arrière. La nuit se passa tranquillement et la colonne quitta Sursée le 23, à 7 heures du matin, en y laissant une garnison. A 9 heures on rencontra des bandes de landsturm qui reculèrent devant les chaînes de tirailleurs qu'on déploya contre elles; le canon qui se faisait entendre de tous côtés engagea à n’avancer qu'avec prudence; on arriva à Neuenkirch à 3 heures et demie et on prit position en avant de Ilolzhof. Une reconnaissance, poussée jusqu’à Gerlischwyl, y fit apercevoir des troupes lu- cernoises, commandées par un officier supérieur et placées derrière des ondulations de terrain. Comme la nuit tombait on ne voulut pas entreprendre une attaque ; on s’arrangea pour bivouaquer eu avant de Holzhof et on se mit en communication à droite avec la seconde division, dont un fort détachement était à Hellbühl. Après minuit, arriva un parlementaire avec la demande d’un armistice de quarante-huit heures ; le commandant de la brigade le refusa quant à lui. mais il expédia une dépêche au commandant de la division pour avoir ses instructions. Cependant d reçut à la pointe du jour la nouvelle du licenciement des troupes lucer- noises et du landsturm. En effet, lorsque la brigade arriva vers les retranchements du pont de l’Emme, il ne se présenta personne pour les défendre et on put, en toute sécurité, remettre les planches du pont que l’on avait enlevées. Vers 11 heures, la brigade commençait à passer le pont, lorsqu’une députation de Lucerne se présenta avec un drapeau blanc et annonça la soumission de la ville. La brigade y entra à une heure et quart. La seconde brigade dut, avec la batterie Studer, quitter Staffelbach le matin du 22 et avancer parallèlement avec la première brigade, en suivant la rive droite de la Suhre, jusqu’à Sursée, pour marcher ensuite par la gauche sur Münster; le lendemain elle se rendit à Eschenbach et Iuwyl, avec l’état-major de la division. Elle vit aussi quelques bandes de landsturm qui se dispersaient à son approche. Le bruit du canon de Gislikon fixa son attention et elle avançait toujours. C’est à tort qu’on lui aurait reproché d’être restée en arrière; elle a parfaitement exécuté ses ordres et elle est arrivée de bonne heure, dans la soirée du 23, aux environs d’Eschenbach, où elle a bivouaqué. Le 21 elle a marché par Gislikon sur Lucerne, après avoir rallié la trioisième brigade. Celle- ci partit le 22 de Reinach et se dirigea par Münster sur Hitzkirch; elle laissa à Münster la batterie d’obusiers que devait y prendre la première brigade et continua sa marche avec la batterie Karrer. Les avant-postes furent poussés à Gelfmgen et à Heidegg; de nombreuses patrouilles dispersèrent le landsturm. Après une nuit assez tranquille la brigade se mit en route le 23 au matin ; elle ne trouva d’autres obstacles que des abattis et des mines pour la plupart non chargées, et arriva à 3 heures à Invvyl, après avoir empêché l’incendie du couvent d’Eschenbach auquel des malveillants essayaient de mettre le feu. 337 A Jnwyl le commandant de la brigade, .s’informa d’un emplacement convenable pour jeter le pont dont il attendait le train et ce ne fut que vis-à-vis du couvent de Rathhausen que l’on put le trouver. Mais le train n’arriva pas et la brigade se mit au bivouac en avant d’Inwyl. Le train de chevalets à la Birago, destiné à ce pont, avait stationné la veille à Fahrwangen ; il reçut l’ordre de prendre le 23 la route de Hitzkirch pour arriver le soir à Inwyl. Au lieu de suivre cet ordre, le commandant de ce train ne sachant pas la route de Hitzkirch libre , et se croyant sans garde, prit le chemin de Mûri, ce qui, vu le grand encombrement de voitures et de troupes dans le Freiamt, aurait déjà suffisamment ralenti sa marche pour l’empêcher d’arriver à temps, sans compter le détour qu’il faisait; il ne put donc arriver à Inwyl que dans l'après-midi du 24; néanmoins on construisit encore le pont pour avoir une communication de plus, mais il ne servit à rien pour l’attaque de Lucerne. Dans la nuit du 23 au 24, le commandant de la troisième division reçut la nouvelle du succès de la quatrième division sur l’autre rive de la Reuss et de la disponibilité du pont de Gislikon ; il rassembla donc sa seconde et sa troisième brigade le 24, à quatre heures du matin, marcha sur Gislikon, passa le pont et suivit la quatrième division pour la soutenir au besoin. La troisième ne fit que traverser Lucerne et reprit, le 24, ses cantonnements sur la rive droite de la Reuss. Passons aux opérations de la quatrième division. Le capitaine de pontoniers Yôgtlin fut chargé de construire dans la nuit du 22 au 23 et sous la protection de tirailleurs, un pont de pontons au-dessous du pont de Sins qui avait été détruit; il fut terminé vers les huit heures du matin du 23 et aussitôt la première brigade y passa. Les quatre bataillons de cette brigade avaient été partagés en huit demi- bataillons pour leur procurer une plus grande mobilité; ils furent suivis par les deux compagnies de carabiniers de la brigade et par une compagnie de cavalerie, plus une demi-compagnie de sapeurs, une batterie de canons de douze et une batterie de six. Cette colonne s’avança vers Hünenberg et Berchtwyl et se lia avec la cinquième division, qui manœuvrait à sa gauche. Un autre train de pontons, commandé par le capitaine Huber, avait marché jusqu’à Eyen, près de Klein-Dietwyl, où elle jeta un second pont qui fut terminé à onze heures, malgré le canon de Honau qui était trop éloigné pour produire grand effet. La seconde brigade passa la Reuss sur ce pont. Ses quatre bataillons étaient aussi divisés en demi-bataillons pour la commodité des manœuvres dans un pays très-accidenté ; elle fut suivie de deux compagnies de carabiniers, de deux batteries, l’une de six, l’autre d’obusiers de '22 douze; d’une compagnie de cavalerie et dune denii-ooniKignie de sapeurs. Cette brigade passa derrière la brigade Egloff et se plaça à sa gauche. Les deux brigades avancèrent ensemble et la première brigade avec toute l’artillerie se dirigea sur Ilonau en étendant son aîle droite jusqu’à la llcuss, son aîle gauche jusqu’à la montagne de Roth. Des chaînes de tirailleurs marchaient en avant. Le terrain était difficile, il fallait franchir des ravins et gravir des collines couvertes d’arbres. Le feu de l’artillerie lucernoise placée dans les retranchements de Honau inquiétait beaucoup l’attaquant. I’our s’en débarasser, quatre batteries fédérales prirent position sur un plateau en avant de Bàchtwyl et repoussèrent l’adversaire jusque derrière Ilonau; ce hameau fut occupé par la brigade Egloff et par l’artillerie, et la colonne poursuivit son chemin vers Gislikon; mais un bataillon arrivant sous le feu direct d’un redan, établi à Gislikon, fut reçu par une telle grêle de mitraille, qu’il recula ; un second bataillon le suivit jusque derrière une gravière voisine. En attendant un autre bataillon Hausler, conduit par le commandant de la brigade et par la batterie Rust et devancé par une chaîne de tirailleurs avait pu s’avancer à gauche jusque sur un plateau joignant immédiatement le village de Gislikon ; il y fut joint par le quatrième bataillon Biinzinger qu’amena l’adjudant de division. Ces troupes avancèrent et serrèrent étroitement le village , en se plaçant à gauche et un peu en arrière de la batterie Rust qui s’était portée jusqu’aux premières maisons. Mais tout-à-coup il se déploya contre cette troupe un tel feu d’infanterie et d’artillerie, que les tirailleurs ne tinrent plus; la batterie ne se voyant plus soutenue se vit obligée à la retraite. Il fallut toute l’énergie du commandant de la brigade et de l’adjudant de division pour retenir les bataillons; ce fut surtout le bon exemple de ce dernier, qui engagea les tirailleurs à retourner sur leurs pas vers Gislikon et à prendre de bonnes positions d’où ils purent continuer leurs feux avec effet ; une compagnie du bataillon Hausler avança, le capitaine à la tête, et les troupes, cessant de reculer, revinrent à l’attaque. Dans ces entrefaites, le capitaine Rust avait aussi réussi à rassembler ses artilleurs et à reprendre l’offensive, et la batterie Moll canons de douze, avait pris position et joignait son feu à celui des pièces de six. Malgré des pertes notables en hommes, le combat était donc parfaitement rétabli et, comme les deux bataillons qui avaient été repoussés au commencement de l’affaire derrière une gravière, de même que les deux autres batteries s’empressaient d'arriver et de prendre part au combat, l’ennemi ne tint plus et quitta ses fortifications et le village de Gislikon. Sur le cri de l’adjudant de division que l’ennemi se retirait, on avança de nouveau et, en peu d’instants, les retranchements de Gislikun et le village furent occupés par les troupes fédérales. Le pont de Gislikon n’était pas détruit, on avait seulement éloigné les planches; leur replacement fut de suite ordonné et exécuté et la communication avec l'autre rive fut rétablie. Dans ce combat acharné, 19 hommes de l’armée furent tués sur la place et 76 furent blessés; au nombre de ces derniers était un commandant de bataillon Biinzinger. La perte do l’adversaire n’est pas bien connue, mais on a trouvé dans quelques granges un bon nombre de morts et de blessés, ces derniers furent soignés comme les blessés de l’armée fédérale. Dans cette lutte, plusieurs maisons et greniers ont été malheureusement incendiés. C’est ici le lieu de reconnaître les grands services qu’une société zuricoise a rendus, en venant chercher avec des voitures très-bien construites et accompagnées de personnes dévouées , une grande quantité de blessés pour les transporter à l’hôpital militaire de Zurich ; ces dignes personnes étaient infatigables et prodiguaient leurs soins aux malheureux blessés. Pendant que la première brigade combattait dans la vallée, la seconde, placée à sa gauche, avait aussi une rude tâche à remplir. Cette brigade, appuyant à gauche au-delà de Rothkreuz, se dirigea contre la montagne de Roth ; elle franchit les ravins et se vit bientôt saluée par des coups de fusils tirés des broussailles environnantes. Les tirailleurs de la brigade ripostaient, mais sans effet, vu la grande distance et l'impossibilité de découvrir des ennemis cachés. On gagna néanmoins le milieu des pentes. Depuis là, la montagne s’élevait en terrasses successives très-escarpées et couvertes de bois d'où partaient des coups très- dangereux; il fallait pour enlever la troupe l’exemple et l’encouragement du commandant de la division, qui depuis longtemps était descendu de cheval et marchait à sa tête; les plateaux furent escaladés l’un après l’autre et l’adversaire se retira de toutes parts. Cependant un bataillon de Schwyz tenait encore sur la crête de la montagne. On l’y laissa, faute de pouvoir rassembler, au momqnt, les forces nécessaires pour le chasser. Les pentes septentrionales du Rothenberg étaient balayées; les deux brigades se réunirent à Roth et y préparèrent leur bivouac. La troisième brigade avait eu l’ordre de quitter le malin du 23 ses cantonnements d’Auw et de marcher en avant de Diettvyl, en laissant un ou deux demi-bataillons dans cet endroit et de se tenir prête à rétablir le pont de Gislikon, si ce village était pris ; elle dut aussi servir d’appui à l’artillerie de réserve qui avait pour tâche d’attaquer les retranchements de Gislikon par la rive gauche dp la Reuss. Cette artillerie, dont on avait tiré plusieurs batteries pour les adjoindre aux divisions Nos. 4 et 5, était encore composée de six pièces de canons de douze et de six obusiers de vingt-quatre. Après avoir cherché en vain une position favorable aux environs d’Eyen pour opérer contre Ilonau, elle trouva enfin, en avant de Dietwyl et an-dessus de la tuilerie, une petite hauteur où elle put se mettre en batterie, ce qui fut fait avec les six pièces de douze vers les dix heures et demie. La batterie de Ilonau ne tarda pas à lui jeter des boulets de huit et des olnis de 15 centimètres; mais les premiers, faute de pointage que la grande quantité d’arbres rendait impossible, donnaient trop bas ou trop haut, et les obus, d’ailleurs bien dirigés, ne crevaient pas. Mais, après une heure, ces pièces quittèrent Ilonau pour se retirer en partie dans les retranchements de Gislikon. Le commandant de l’artillerie, voyant le combat de Ilonau, fit mettre ses six obusiers de vingt-quatre en position. Ce feu du flanc produisit un grand effet et décida l’évacuation de Honau. Mais l’artillerie de réserve ne put point parvenir à trouver de position favorable pour battre les fortifications de Gislikon qui, si elles n’eussent été tournées, pouvaient offrir un grand obstacle. Il eût fallu passer du côté de Pfaffwyl; mais la forêt voisine était occupée par le landsturm, et les troupes de la troisième division n’arrivaient pas encore. Ces fortifications furent évacuées dans l’après-midi, par suite des succès des première et deuxième brigades sur la rive droite de la Reuss. La troisième en prit possession vers les quatre heures et l'artillerie de réserve retourna bivouaquer à Iïlein- Dietwyl. Le gouvernement et l’autorité militaire de Lucerne avaient quitté la ville pendant la nuit; leurs troupes étaient licenciées et se retiraient; le landsturm se dispersait; des parlementaires vinrent, au nom de la municipalité de Lucerne, recommander la ville à un traitement fédéral qui protégeât les personnes, la propriété et l’ordre public. Le lendemain 24 toute la division entrait à Lucerne vers les 10 heures du matin. Le drapeau blanc était arboré aux tours et aux principaux édifices. Reste à décrire la marche de la cinquième division. La première brigade de cette division avec une brigade de réserve stationnées, la première aux environs de Richterschweil, la dernière derrière le canal de la Linth, devaient menacer la partie septentrionale du canton de Schwyz, et occuper les troupes de ce canton, pour détourner leur attention de Kiissnacht et de Schwyz. Une méprise et un accident imprévu retardèrent d’un jour les opérations de la première et, au lieu d’entrer déjà le 23 dans le canton de Schwyz, elle ne le. fit que le 24. Les Schwyzois purent alors, à la Schindellegi et à Hütten, opposer plus de forces aux troupes fédérales qu’ils ne l’auraient fait le jour précédent, ce qui occasionna quelques pertes en morts et blessés; cependant la brigade réussit à occuper, vers le soir, les districts de Wollrau et de Pfâffikon et à ouvrir la communication par le pont de Rapperschwyl. La brigade de réserve avait pénétré dans la Marche déjà le 23 et le commandant conclut ce même jour à Lachen, avec les autorités de ce district, une convention suivant laquelle, cette partie du canton de Schwyz déposait entièrement les armes se mettait sous la protection de la Confédération, en se soumettant aux arrêtés de la diète , et déclarait vouloir recevoir amicalement les troupes fédérales, en retour de quoi, celles-ci promettaient le maintien de l’ordre public et la garantie de la sûreté des personnes et de la propriété. La seconde brigade, avec une compagnie de cavalerie, une demi- compagnie de sapeurs et la batterie de canons de six Heylandt avait été chargée de se rassembler le 22 aux environs de Maschvvanden, d’entrer dans le canton de Zug et de pénétrer jusqu’à Saint-Wolfgang pour protéger la construction du pont près de Sins par lequel la brigade Eglolf devait passer la Reuss. La capitulation de Zug, ratifiée le 22, rendit l’exécution très-facile. Cette même capitulation permit à la troisième brigade de passer le même jour la frontière de Zug, près de Knonau et de s’avancer jusqu’à Chain. La brigade de réserve n° 1 allait en même temps occuper la ville de Zug, avec Baar et Menzingen. Partout elle fut bien reçue. Les deux batteries d’artillerie de réserve, sous le commandement du major fédéral Kæff, et deux bataillons de landwehr zuricois, formaient la réserve de la seconde et de la troisième brigade. La nuit du 22 au 23 fut passée par la seconde et la troisième brigade dans leurs positions près de Cham, Saint-Wolfgang et Sins; elles quittèrent le bivouac aussitôt que la brigade Egloff eut passé la Reuss et se dirigèrent sur Meierskappel; la seconde brigade marcha à gauche en longeant le lac de Zug; la troisième suivit par Holzhàusern en entretenant les communications. Les deux batteries de l’artillerie de réserve qui avaient couché à Knonau eurent bientôt rejoint la colonne et s’avancèrent avec elle; au moment où la quatrième division était engagée avec l’ennemi à Honau, la troisième brigade de la cinquième division, arrivée à Buonas, fut arrêtée par une vive fusillade. La batterie Heylandt ouvrit son feu, la brigade se forma en bataille sur deux lignes couvertes par les tirailleurs; un bataillon zuricois martha à droite pour tourner la position par Ebikon; ce mouvement fut exécuté malgré une vive résistance qui força le bataillon à se replier momentanément, en laissant en arrière un capitaine blessé ; le major, le porte-enseigne et le capitaine du génie le ramenèrent. L’explosion de deux mines au défilé d’Ebikon ne put arrêter le bataillon zurieois renforcé par un détachement de carabiniers; le feu de la batterie avait aussi ébranlé l’adversaire; il reculait; les brigades avançaient et entraient à Meierskappel. La troisième brigade se dirigea vers Küssnacht en prenant le chemin de Bôschenroth et du Kiemen, poussant devant elle deux bataillons schwyzois qui ne purent pas même prendre position derrière un retranchement près du pont de Bôschenroth, lequel d’ailleurs était détruit en partie et encombré par un abattis. Pendant que le pont était réparé pour le passage du canon, l’infanterie montait le Kiemen où elle fut reçue par les boulets de l'artillerie schwy- zoise ; celle-ci ne recula que lorsque la batterie Heylandt arriva et ouvrit son feu, et lorsqu’elle se vit tournée par un bataillon fédéral marchant sur Immensée et la chapelle de Guillaume Tell. La brigade fédérale occupa le Kiemen et prépara son bivouac sur la pente méridionale de la montagne, d’où la batterie dominait les routes de Küssnacht et d’Arth. Cette position fut gardée jusqu’au 26 novembre pendant deux jours et trois nuits, jour de la capitulation de Schwyz. La deuxième brigade avait tourné à droite et pris le chemin d’Ud- ligenschwyl, mais à peine avait-elle quitté Meierskappel, que trois bataillons du Sonderbund, avec le corps des vengeurs, s’opposèrent à sa marche et ouvrirent leur feu. le forts détachements de tirailleurs, envoyés "dans le flanc de cette troupe, l’obligèrent à quitter ses positions et à se retirer sur Lucerne, par les crêtes de Rothenberg. La perte n’a été que de quatre hommes tués et huit blessés. La brigade arriva à Udligenschwyl sans résistance et elle prépara son bivouac en avant de ce village. L’approche d’un détachement de landsturm causa bien une alerte dans la nuit, mais la tranquillité fut bientôt rétablie. Le commandant de la division avait pris son quartier-général à Ud- ligenschvvyl, où le rejoignit son artillerie pendant la nuit; il y reçut avis, vers le matin, des succès obtenus par la quatrième division; il ordonna en conséquence de marcher en avant, et sa colonne était déjà en mouvement quand il apprit la suspension des hostilités. Une députation de la ville se présenta pour demander le maintien de l’ordre et la sûreté dans la ville. La division y entra vers les 10 heures. Le grand état-major avait quitté Arau le 22 pour aller à Mûri ; le lendemain il s’avança jusqu'à Sins pour être plus près des opérations; le soir un billet • PILLAGE. FRAUDE. w O TC -'y \>&h / /?;A ; - - .V' *• V-'- - •; • •- '.vS /Yx -'»' Brie™*// /, ' • v,^ -7 *\ V ' Bottfigteec. \Cor$&liï6ÙS \ _ ï- ; ,' '' jCî£lïett£fOÿl^ Y4 t • ' T'v .'^.'» ' »* *'“'* "'- r îïôerrüijï SJ5W'^ r/iftïr-^fêÿ / Wv •/ -53 Jetsehmÿl t , jî-^ kïCjéîl'- mm wmsÆmmsmm -Kmvxy; ,M!tâ?fïJY-, jj °' Blorittkitf . ? 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